The Coolitude Of The Blogoshere
Les anglicismes, quel merveilleux et inépuisable sujet… La pauvre québécoise Neige déclare dans toute sa candeur, trolleuse comme M. Jourdain faisait de la prose : “N’empêche que ceux parmi les blogueurs, blogueuses de France, devraient savoir que c’est très désagréable de lire tout cet anglais dans leurs pages, ça écorche les yeux et l’esprit.” Et d’enfoncer le clou chez la Mouche : “Pas surprenant que t’aimes pas courriel — comme bcp de français, l’anglais vous attire comme des ’mouches’. Un complexe d’infériorité ? — Faut plus compter sur la France pour la promotion du français - et surtout pas dans le domaine des sciences et de l’informatique. Ça fait pitié.” Il s’en suit une petite explication ici, reprise par là.
Il se trouve que je comprends tout à fait l’effarement d’un québécois qui irait, par exemple, consulter le DicoBlogue :
A black sky and dead stars - A Frog in the Valley - A Place Nearby - Access Granted - Addy’s - Anadema’s Story - Archiguy - Arkadia’s diary - Ataraxy - Athmosfear - Bad News From The Stars - Being be-rewt - BeOne’s Show - Better Things - Between The Darkness And The Light - Beyondthesunset - Bi yourself - BiteGirlz - Blog My Day - Blog Of Filou - Blog out - Blue ashes - Blue Sky - sometimes behind clouds - Bubblegumperfume - Camstory - Cerise’s diary - ChessBlog - Chiken suicide - CityZen - Climb to the stars - Cool Blog - Counting Sheeps - Crazy Teenagers - Cybelia’s Cottage…
Oh là ! J’arrête là. Allô, la francosphère ? Quel navrant paysage. Ca vous fait quoi d’avoir un nom de blogue en anglais ? C’est plus cool ? C’est plus in ? C’est plus hype ? Ça fait djeun ? Écrivez-vous anglais pour autant ? Pensez-vous avoir l’air plus intelligent ou espérez-vous ajouter du sens à des pensées creuses ? À chaque époque ses modes et son snobisme… Mais il est vrai que celui de la carpette anglaise à l’excès m’agace.
PS. Au moins, même si elle n’est pas de mon avis, il y en a une qui ne s’appelle pas The Fly. ;-)
The Cool Fly qui remarque judicieusement qu’il y a encore bien pire : “Ha bon, moi c’est le sms qui me détruit les yeux et le cerveau.”
PS. bis. Le cultissime Bonbourret n’est plus à jour depuis de 18 juin…
JLR
Le SMS n’a rien a voir. il est base sur des onomatopees et des simplifications qui creent un meta-langage (j’ai etudie le concept de meta-langage en linguistique durant 5 annees a l’unversite). autrement dit, comparer le langage SMS a une langue comme le francais… pour parler crument, c’est comme si je compare des poireaux a un bateau (excuse Laurent!)… cela n’a rien a voir ! et surtout ce n’est pas du tout sur le meme plan…
j’ai echange avec “neige” par mel et je lui ai explique differentes choses : deja que les francais ne sont guere preoccupes par la sauvegarde de leurs langues et de mon point de vue cela s’explique en partie que les francais parlent peu de langues etrangeres (c’est statistique - voir les chiffres de francoscopie 2003).
ici, il n’y a pas d’office pour la terminologie. qui sait si nos academiciens auront fini leur dictionnaire dans 3 siecles ;-)
ici, c’est bien l’edition annuelle du Larousse et eventuellement du Petit Robert qui fait foi et les linguistiques qui y travaillent pour introduire de nouveaux mots se basent avant tout sur l’observation sur l’evolution de la langue telle qu’elle est pratiquee plus qu’a une recherche de traduction a tout prix de termes anglais en francais…
il m’apparait en tous cas important (et c’est a quoi, j’essaye de m’attacher sur mediaTIC) d’eviter les fautes d’orthographe et de grammaire… Car on oublie trop souvent que c’est ceci et inversement (d’ailleurs aussi) qui structure la pensee… Autrement dit, la langue…
PS : ah si mes anviens profs lisent ce message un jour, ils seraient fous de voir ce que j’ecris moi qui etait si hostile a la pragmatique du langage, a la logique linguistique et tutti quanti (excusez pour le terme espagnol)
PS2 : je n’aurai pas de honte a introduire des termes anglophones dans le glossaire blogospheriqu e que je vais reveler en fin de semaine car celui-ci est base plus l’observation quantitative et qualitative de ce qui s’ecrit. donc, evidemment, il y aura des surprises plaisantes et aussi deplaisantes!
Laurent
Orthographe, SMS, anglicismes, créole, sont des symptômes d’une dégradation de la langue, j’y vois donc une certaine parenté… Pour le reste, à quelque nuance près (sur le rôle des dictionnaires), je suis d’accord.
Tiens, sur le sujet des dcitionnaires, je me cite moi-même : “Même si ce texte n’en est pas la plus flagrante illustration, je ne peux pas m’empêcher de sourire quand je relève des marques du “fanatisme du dictionnaire”. Le petit Robert n’est qu’un reflet imparfait de la langue et est le résultat de décisions du très estimé Alain Rey. Un dictionnaire n’officialise ou ne légitime en rien quoique ce soit. (À cet égard, je suis consterné par les campagnes marketing annuelles de Larousse sur les nouvelles entrées du dictionnaire, souvent très contestables et vite oubliées). Une impropriété qui entre dans un dictionnaire ne signifie en rien une zone de transition réelle, les dictionnaires n’ont RIEN de scientifique et ne peuvent servir de base qu’à des études de lexicographie. Ce ne sont que des photographies imparfaites (et très incomplètes) de l’état de la langue à un instant et un lieu donnés. Et les dictionnaires sont toujours en retard sur l’usage et se doivent de conserver des impropriétés vieillies pour la compréhension de textes plus anciens. La définition d’une zone de transition est propre à chaque dictionnaire, ce qui relativise beaucoup l’usage de ce concept.”
Laurent
PS. Tutti Quantti, je crois bien que c’est de l’italien ;-)
Concernant les anglicismes et le rapport entre la structuration de la pensée et le langage, je t’invite à (re) lire mon billet : http://navire.net/archives/quebec/austopilyaleparkingpourle_shopping.html
TDD
Ce qui m’ennuie avec la mode “SMS à l’orthographe débilitative”, c’est que sous prétexte de condensation en raison de ces maudits 160 caractères, même les opérateurs, au premier rang desquels SFR (tout heureux de voir son appellation commerciale “texto” devenir un nom commun), encouragent cette dérive. Voir leurs nombreuses affiches donnant des exemples du genre.
Le résultat net, c’est l’appauvrissement des compétences orthographiques et grammaticales, si l’on en juge par le rapport de volume chez les jeunes entre SMS et autres formes écrites.
La mode SMS n’appauvrit pas le vocabulaire (dont le volume conditionne la capacité de réflexion, je suis bien d’accord avec les linguistes là-dessus), mais détruit l’orthographe du vocabulaire acquis.
JLR
excuse oui ! shame on me… houlala ! bien spur que c’est italien (ma grand-mama va me tuer ;-)
JLR
Le creole n’est pas une degradation de la langue… Alors la pas d’acord du tout, Laurent… C’est du vernaculaire mais c’est surtout UNE langue… Il y a d’ailleurs des creoles et pas un seul… Les langues vernaculaires, les langues regionales enrichissent le francais… Et l’ont toujours fait ! Le francais, c’est d’abord une langue regionale si on remonte dans les siecles : langues d’oil, langue doc. On l’oublie bien trop souvent!
la langue ne se degrade pas car la langue n’est pas normée tout simplement… car elle évolue tout le temps. c’est l’usage qui fait la langue et pas le contraire. autrement dit les references (dicos, offices de langue and co) servent de balises et pas grand-chose d’autres ! Ce ne sont pas eux qui imposent…
j’adore le français parlé en Louisiane… c’est un mélange… c’est une langue qui a peu evolue (comme des etudes de linguistes le montrent)… mais c’est terriblement beau dans un univers tres anglophone… savoir qu’une langue peu perduree en terrain “hostile” durant plus de 2 siecles ; n’est-ce pas le signe d’une terrible vitalite ? tout simplement parce que la culture est la !
le travail sur les dictionnaires n’est pas le travail d’un seul homme mais d’une equipe. cela m’a ete confirme il y a quelques annees car j’avais un prof linguiste qui travaillait pour le Robert…
maintenant, que cela serve de base, c’est beaucoup plus discutable…
Laurent
Je ne souhaite pas entrer dans cette discussion (celle de la créolisation qui est avant tout un phénomène linguistique dans mon esprit). Elle est riche et complexe. En linguistique, la notion de créolisation est bien plus large que les créoles antillais. Quant à la déclaration “Le francais, c’est d’abord une langue regionale si on remonte dans les siecles : langues d’oil, langue d’oc.” Je m’incris en faux, mais je n’ai hélas pas le temps de développer ce passionnant sujet.
Laurent
PS. Et oui, les langues se dégradent, elles disparaissent même. La moitié environ des quelque 6 000 langues parlées dans le monde sont en danger de disparition. Et des centaines ont déjà totalement disparu au cours du siècle dernier. Évolution et dégradation, ce n’est pas la même chose, si l’avenir du français, c’est du phonétique Bonbourret mêlé de texto et d’anglais, alors oui, il y a substancielle dégradation ;-)
NomFictif
Passant la semaine dernière à Domrémy-la-Pucelle, j’admirais le kitsch absolu de la basilique. Tiens s’y glisse une statue manifestement plus récente (trente ans au plus) d’où vient-elle, allons voir la plaque “offert par le gouvernement de la Province du Québec”… ouarf. J’ai du mal à percevoir la moindre réalité aux arguments linguistiques (savants) développés par les uns ou les autres pour défendre e-mail contre courriel ou réciproquement. Notez que je suis un inculte en linguistique, donc que mon incrédulité ne prouve rien. J’ai tendance à y voir des questions tout à fait politiques. La question derrière “courriel” c’est qu’il y a des gens qui aimeraient être ambassadeurs du Québec à Washington, de même que s’il faut maitenant écrire “Monte Cintu” plutôt que “Monte Cinto” c’est que ambassadeur de Corse à Rome, c’est une sacrée promotion. Et très politiquement, mon utopie reste l’union mondiale, avec des communistes chinois qui m’imposeraient de passer par un proxy pour répondre sur ce blog, et le courriel ne serait plus “facultatif”, et que je me repentirais sévère de mes opinions politiques de relative jeunesse. Donc tout pas vers l’uniformisation par l’anglais, la langue officielle de l’union indienne et de son milliard d’habitants me semble politiquement souhaitable.
neige
De JLR « PS2 : je n’aurai “pas de honte a introduire des termes anglophones” dans le glossaire blogospherique que je vais reveler en fin de semaine car celui-ci est base plus l’observation quantitative et qualitative de ce qui s’ecrit. donc, evidemment, il y aura des surprises plaisantes et aussi deplaisantes! »
C’est ce qui me fait peur ! Je n’y vois aucun avantage. MediaTIC a une large audience, je crois, et dans le monde francophone presque exclisevement, donc une certaine ’obligation morale’ de s’en tenir au français. - Sinon une obligation éducative.
karl
Laurent,
il faudrait que tu comptes également le nombre de « weblog », donc anglophone, qui ont des noms français pour titre afin de voir si les carnets Web sont tant que cela anglais.
Karl qui assume le vieux titre de son Carnet… Le Boring Weblog.
Martine
Man, c’est trop cool ton post, dear Laurent. Faut que je t’envoie un mél ou que je post un trackback là-dessus!
Laurent
Je te savais bilingue, Martine, mais pas trilingue français, anglais, franglais, je suis admiratif… ;-)
JLR
Désolé “Neiges” mais je n’ai aucune obligation… Je ne suis pas une reference et ne me considere pas comme tel d’ailleurs.
Mon glossaire sera le reflet de ce qui se dit et non pas de (eventuellement) ce qu’on voudrait qu’on dise… C’est mon projet, donc ca me regarde avant toute chose… Si ca ne plait pas, on me lit/lie pas… Il n’y aucune obligation. L’important la-dedans et ce qui me motive, c’est de ne pas trahir ce qui se dit sur les blogs… Je n’ai aucune pretention a une notion de “terminologie” ou un truc du genre…
Je ne fais pas de l’educatif non plus… Je ne porte pas cette casquette…
Enfin, sur l’audience, elle est plus cosmopolite que tu ne le penses…
neige
Laurent.
Je ne crois pas saisir tout à fait ton allusion à la carpette anglaise, texte que j’ai lu et avec lequel je ne suis pas d’accord, ou du moins j’y ai de très sérieuses réserves. D’abord, on ne peut comparer les deux sociétés, Québec et France quant à la promotion du fait français dans le monde. L’un irradie plus que l’autre mondialement (la France bien sûr - de par sa population, son rôle historique, ses territoires étrangres et anciennes colonies etc.). C’est aussi la France qui dispose des dictionnaires qui font références. Hors, ce que je dis, concernant la promotion du fait français, est que la France est paresseuse (lente) d’une part et d’autre part, elle se perd dans des discussions sans fin au moment où des décisions doivent être prises (on dit que la France perd les guerres mais gagne les débats). - Alors, qu’il y ait beaucoup d’anglais par miettes dans les carnets (blogues) est révélateur du laisser aller français. D’accord, ce n’est pas qu’en France, c’est aussi au Québec. Mais au Québec n’avons nous pas cette excuse d’être noyé dans un continent anglais, y compris notre propre pays et la ville la plus importante de la province (Montréal). Ensuite, la France est extrêmement lente à réagir pour défendre sa langue, pour y incorporer les mots qui réflètent les nouvelles tendances. C’est vrai en informatique, c’est vrai en science (chimie, pharmacologie, optométrie etc), c’est aussi vrai pour la société. Ce sont de vieux croutons qui régissent la langue, qui la font devenir immobile à force de parlementer et de discourir sur les mots et leur usage, leur sémantique, etc. etc. Pendant de temps, des pays comme la Suisse, la Belgique et le Canada produisent des lexiques à jour, féminisent les titres et professions, font évoluer la langue française à leur manière. - C’est de cette façon que des mots comme courriel, pourriel, réseautage, blogue (qu’on aime ou pas), docteure, caporale, ingénieure … etc. etc. sont en usage courrant au Québec et en Belgique, alors qu’en France ils sont encore sujets à discussions dans des Commissions de terminologie. Dans ma profession (chimie) il existe au Québec des guides de francisation depuis 10 ans, rien en France où on se contente de la terminologie anglaise. Le Québec a un guide de francisation de titres et professoins depuis 1986, la Suisse, 1991, la Belgique 1994. La France a publié le sien en 1999, à partir d’emprunts des 3 autres. Et encore, la féminisation des titres ne fait même pas l’unanimité au parlement francais ou l’on préfère dire le ministre, le directeur, etc. même s’il s’agit de femmes.
Ce n’est pas un excès de carpette, c’est la réalité.
Pour terminer, et je m’adresse à ceux qui font des carnets intégrateurs (comme MediaTIC, Navire, et plusieurs autres) - moi, bien humblement (sans toute ma candeur -hein navire ), je crois que vous vous devez de donner l’exemple, au moins en utilisant vous même les bons termes, les bonnes terminologies. C’est un minimum de rôle social - puisque l’état n’y fait rien et que tout chavire vers l’anglais ou ce mélange indigeste de miettes de français et de miettes d’anglais.
mdp-neige
Et puis: « La pauvre québécoise Neige déclare dans toute sa candeur, trolleuse comme M. Jourdain faisait de la prose »
C’est pas ironique un peu ? et qui est Jourdain.
D’une pauvre sans culture. mdp
JLR
M. Jourdain, personnage de Jean-Baptiste Poquelin plus connu sous le nom “de scène” de Molière.
ne dit-on pas la langue de Molière ??? ;-)
manu
Juste un petit commentaire rapide : Auteur de blog out, je revendique le droit de l’appeler ainsi, tout en défendant l’usage du français partout où je le peux.
Il s’agit de rester raisonnable : blog out est une référence à blockout, un vieux jeu de tétris en trois dimensions. Le sous-titre du blog est lui-même explicite, et intégralement en français. Le reste du blog est traduit, partout où il est possible de le faire.
Voilà, je voulais corriger une petite injustice :) Bisous à tous les francophones.
Laurent
Je ne voulais pas stigmatiser telle ou telle personne, juste montrer l’effet de masse car les blogues français au nom en anglais ou pseudo-anglais, il y en a vraiment beaucoup… Alors, si dans le lot, il y a des personnes qui ont de meilleures raisons que d’autres, c’est fort possible.
manu
Bien entendu. Je voulais juste relativiser un peu. Parce qu’au fond, je suis bien d’accord avec ton constat, mais je trouve nos amis québecois mal placés pour nous critiquer sur la langue.
Bien sûr ils défendent avec le fond de leur coeur une langue pour laquelle ils se battent, mais beaucoup d’entre eux pratiquent la soupe de langage au même titre que nous.
Par exemple, c’est drôle de constater que, parmis les quelques blogs québecois qu’on peut voir sur ta liste, on trouve : “One, Archie St”, “Blork Blog”, et “I never knew”.
Je rejoins vraiment la grande rousse quand elle dit que, plutôt que de se moquer les uns des autres, nous ferions mieux de travailler ensemble, en bon français.
Laurent
(Juste une précision : Blork est un anglophone, et I newer knew est un blogue bilingue).
Damien
Pas de “suivi de retour” sur votre carnet navire. On va en faire un manuel : http://www.freeroller.net/page/kame/20030801#reacutecupeacuteration
Blah ? Touitter !