Journal de bord

mardi 11 novembre 2003

Immigrer.com

Le Québec, l’Amérique en français, une société multiculturelle et accueillante, la qualité de vie, les grands espaces, la chaleur humaine (qui soigne les rigueurs de l’hiver)… Bonjour la carte postale ! C’est ce que vend à grand renfort de jolies photos panoramiques, de publicité et de marketing, la Délégation générale du Québec à Paris. À cet égard, je m’étonne toujours que l’on nous commercialise le Québec en faisant miroiter le rêve américain. Le Québec n’aurait pas plutôt intérêt à communiquer sur des spécificités propres (si elles existent) plutôt que se montrer comme la porte ouverte au continent nord-américain et son mode de vie, que de racoler dans des atours qui ne lui appartiennent pas ? Le Québec se pose ainsi comme une immense zone de transit, un Ellis Island de l’Amérique du Nord tout entière. Si les gens viennent pour l’Amérique plutôt que pour le Québec, je ne suis pas sûr qu’ils restent bien longtemps.

Au-delà de la carte postale, le Québec est un pays comme les autres, une société avec ses problèmes, et le rêve ne résiste pas longtemps à l’épreuve de la réalité. Ce qui m’amène à la pathétique affaire Immigrer.com, vitrine privée de l’immigration au Québec (site qui propose également des inscriptions pour la Green Card, cherchez l’erreur…), qui donne une vision dorée et lissée de l’immigration et qui ne supporte pas la contestation, les voix dissidentes et la liberté d’expression. En savoir plus :
Kicou :
- Sites d’immigration, Le masque tombe, Liberté d’expression et intimidations
- L’affaire immigrer.com
Hoëdic :
- Coup de gueule
- Le masque tombe

PS. Je propose d’envoyer des messages de protestation à l’hébergeur de vivreaquebec.com : CitéGlobe , information@citeglobe.com, téléphone : (514) 282-9686.

PS bis. Moralité de cette histoire : Vous voulez exercer sur Internet votre liberté d’expression sur le sujet Québec ? vous voulez avoir droit à la présomption d’innocence, ne pas subir les effets d’une procédure d’intimidation même pas encore jugée recevable par la Justice ? N’hébergez pas votre site au Québec ! N’importe qui peut y faire fermer votre site pour 300 CAD.

1. Le 11 novembre 2003,
O.

C’est bien sordide à souhait, toute cette affaire.

2. Le 11 novembre 2003,
neige

Je propose cette nouvelle politique d’immigration pour le Québec (en cours de rédaction):

  • Que les immigrés soient accueillis à titre d’engagés.
  • Que leur passage au Canada soit gratuit en redevance d’un travail de 36 mois en guise de remboursement. -Qu’à leur arrivée, ils passent au service d’un propriétaire qui paiera aux compagnies d’aviation ou armateurs le coût de la traversée et des frais de dossier, douanes, et futures injonctions ou actions au civil.
  • Que l’engagé soit logé et nourri de mets québécois pour la durée de ce service.
  • Que durant le printemps et l’automne, il soit affecté à des services spéciaux dans les champs (récolte des fraises, sirop d’érable, pommes).
  • Que les médecins de professions soient dirigés en Urgence vers les régions éloignées.
  • Il ne pourra quitter son maître, sans encourir des peines sévères, par exemple la déportation dans son pays d’origine, aux États-Unis ou pire, en Ontario.
  • Les Unions Civiles précoces et les enfants qui en découleront se verront récompensés de cadeaux (tours d’hydravion au-dessus du Mont-Royal ou d’une réserve indienne) ; les célibataires endurçis se verront passible de taxations et de brimades publiques.
  • On favorisera les honnêtes filles célibataires
  • Le port du voile et de la cigarette se verra interdit.
3. Le 11 novembre 2003,
Martine

À la première lecture de ton billet, j’ai cru que le site immigrer.com était un site officiel, maintenu par le gouvernement. C’est un site privé, comme tu le sais, bien sûr. Ton texte peut porter à confusion et faire croire que c’est le gouvernement québécois qui a demandé la fermeture du site en question. (Ce qui n’enlève rien au ridicule de toute cette histoire, j’en conviens.)

Tous les pays et provinces qui veulent attirer des immigrants finissent par faire une certaine propagande, séduire les nouveaux venus avec des yeux doux et leur faire de belles promesses. Qui voudrait venir vivre au Québec si on leur disait: “Notre accent est complexe, la plupart d’entre nous sommes blancs et catholiques et n’avons rien connu d’autre, nous mangeons de la poutine et nous regardons TVA 12 heures par jour?” Et est-ce que ça serait un portrait plus juste?

Tu dis: “Le Québec n’aurait pas plutôt intérêt à communiquer sur des spécificités propres (si elles existent) plutôt que se montrer comme la porte ouverte au continent nord-américain et son mode de vie, que de racoler dans des atours qui ne lui appartiennent pas ? “

L’Amérique, comme les français aiment bien appeler les États-Unis, n’a pas le monopole des grands espaces et du multiculturalisme. Les atours dont tu parles nous appartiennent aussi. Le Québec n’est pas une porte ouverte au continent nord-américain: il fait partie du continent nord-américain! Je vis en amérique du nord, mon mode de vie est américain du nord, même si je parle français. Oui, les images exagèrent mais c’est ça, le marketing.

4. Le 11 novembre 2003,
neige

Et puis je suis d’accord avec Martine.

Et ça ressemble à un autre Québec Urbain… (l’affaire sur la langue). Beaucoup de mauvaises langues en fait.

5. Le 11 novembre 2003,
Hoedic

En fait, l’important dans cette histoire, c’est plus le fait d’être poursuivi à hauteur de 30.000$ pour l’équivalent d’un billet sur un carnet, de se voir fermer son site sans que la moindre décision juridique n’ai été pris et ce, que ça vienne d’un site privé ou non (en l’occurrence, immigrer.com est un site privé “proche” du ministère en charge de l’immigration).

Moi, c’est plus la facilité de baillonner un site internet, de faire de l’intimidation qui m’inquiète que la situation de l’immigration au Québec (qui est un sujet récurrent et sans réelle solution). La question de l’immigration n’est qu’une toile de fond assez propice car c’est un sujet sensible.

6. Le 11 novembre 2003,
Laurent

Martine, mon image de porte ouverte de l’Amérique (le continent nord-américain dans mon esprit), cela veut dire qu’il est beaucoup plus facile d’immigrer légalement au Québec que dans n’importe lequel des États des USA et que j’ai bien peur que pas mal d’immigrants choisissent le Québec comme porte d’entrée et zone de transit (notamment les allophones). Je rajoute “vitrine privé” pour qu’il n’y ait aucune confusion possible.

7. Le 11 novembre 2003,
Martine

J’ai lu les différents billets sur le sujet de cette fermeture et c’est vrai que c’est une histoire sordide. Les gens de vivreaquebec.com vont-ils faire des démarches légales pour protester? On dirait bien que Citéglobe a pris peur à la vue de l’hussier (ce qui est ridicule) mais il doit bien y avoir des recours, non?

8. Le 11 novembre 2003,
Martine

Laurent, oui, il paraît qu’il y a beaucoup d’immigrants qui passent par ici pour pouvoir ensuite aller aux États-Unis ou au Canada anglais. Ils ne sont donc pas très intéressés par la “spécificité” québécoise et par l’apprentissage du français puisque ce n’est pour eux qu’un passage temporaire. Je dois cependant dire que tous les immigrés que je connais ont fait le choix du Québec, mais je ne peux pas prétendre que mon échantillon de connaissances soit représentatif!

Si les deux femmes qui maintiennent le site qui a été fermé font des démarches de protestation, je suis certaine que plusieurs personnes se joindraient à elles, dont moi! Mais on a besoin de plus de détails. Il va sûrement y avoir un journaliste là-dessus très bientôt… Michel, Michel, où es-tu?

9. Le 11 novembre 2003,
Hoedic

Pour le moment, elles réfléchissent à l’attitude à adopter et consultent un avocat. Si elles décident de communiquer plus de détails et de contre-attaquer, l’information fera le tour des carnets et bien plus ;)

Heu, qui est Michel ?

10. Le 11 novembre 2003,
Martine
11. Le 11 novembre 2003,
neige

Hé… j’oubliais .. ma politique d’immigration est inspirée de celle de Jean-Talon (1604)

Justement, cette affaire va faire le tour des carnets .. c’est ce que je crains. Que des petits problèmes, des tempêtes dans des verres d’eau, qui font le tour des carnets. Avec plein de déformation, d’interprétation et de trackback .. ah.. que c’est futile parfois l’internet.

12. Le 11 novembre 2003,
Hoedic

Il me semble qu’il y a plus à faire dans ce cas-ci que dans d’autres… tempêtes.

C’est certain que lorsqu’on est proche de l’action, on a tendance à exagérer la situation, mais il me semble que pour le coup, ça va plus loin que de simples allégations envers tel ou tel carnet qui a été vilain parce qu’il a retiré tel autre carnet de sa liste…

13. Le 11 novembre 2003,
Laurent

Neige la fataliste, il s’agit de l’importance que l’on accorde à l’affaire… pour ma part, la fermeture d’un site pour ses opinions, cela est assez grave pour que l’on se bouge cul, mais je peux comprendre que de la haute sphère où tu te positionnes, cela te paraisse anodin et dérisoire. Le verre est petit mais l’eau est précieuse.

14. Le 11 novembre 2003,
neige

Laurent - je pourrais aller chez un avocat lui demander de faire fermer ton blogue pour quelque raison que se soit - disons parceque tu me trouves fataliste et atteinte du mal des hauteurs (peu importe si c’est vrai ou non). Bon, il va examiner très brièvement la situation et proposer comme première démarche d’écrire une lettre invitant ton hébergeur (ou toi) à fermer le site. C’est environ 300$ et vite fait. Si tu est assez ’pissou’ (peureux), ou encore ignorant de tes droits, tu vas le faire. Voir arriver un huissier, un avocat, ça ébranle, ça fait peur sans doute. Pourtant, il n’y a aucune démarche en justice encore. -

Il y a à Québec, une station de radio qui profane des saloperies 3 heures par jour sinon plus, des calomnies et médisences, des propos homophobes et racistes, de la diffamation (il y en a pour des millions en recours, libellés et recours collectifs), Ça dure depuis plus de 10 ans. Des dizaines de personnes, des maires, des députés, des politiciens ont demandé des injonctions, ont exigé la fermeture de la station, on fait de multiples recours en justice. JAMAIS ils n’ont réussi à faire faire taire les animateurs ou obtenir la fermeture de la station. On est pas en Russie ici.

Alors, quant tu parles de liberté facilement brimée au QUébec, et que pour quelques centaines de dollards on peut faire taire un site internet pour ses opinions - tu fais fausse route. Ce n’est pas du tout facile. Dans le cas concerné (immigration québec), c’est tout simplement que l’hébergeur a eu la trouille devant un petit chien aboyeur. Un cas isolé (mais désolant quand même). Et voilà que toute cette affaire va se voir déformer et prendre des proportions énormes au gré des carnets.

15. Le 11 novembre 2003,
Kicou

Je pense que ça n’a rien à voir avec l’immigration au Québec ou la DGQ… tout ceci n’est qu’une toile de fond.

On a ici une organisation (immigrer.com) qui fait usage d’intimidation pour faire fermer un site gênant (vivreaquebec.com).

Légalement on sait très bien qu’il n’y a pas de matière suffisante à remporter un procès en diffamation, mais la victime est un individu isolé qui ne pourrait pas faire face à une procédure judiciaire, et a donc toutes les chances de laisser tomber l’affaire rapidement.

Ce que je trouve regrettable c’est que cette action a été menée sans tentative de discussion préalable, ce que je trouve surprenant de la part d’une journaliste qui participe régulièrement à des reportages de plusieurs pages dans l’Express, édite un livre dans les éditions l’Express et fait des piges chez Radio-Canada. On ne me fera pas croire qu’elle n’est donc pas capable d’écrire une lettre ou un courriel privé, si ça l’embête de s’exprimer sur le site web qui lui déplaît. Juste histoire d’exprimer son mécontentement et de demander poliment le retrait du texte.

Les choses en seraient restées là et aujourd’hui tout le monde vaquerait tranquillement à ses occupations. Au lieu de celà, une jeune femme apeurée consulte aujourd’hui un avocat et se demande comment elle va pouvoir trouver 30000$.

Je trouve le procédé détestable et dangereux pour la liberté d’expression : il n’y aurait alors plus que les gros requins et leurs armées d’avocats qui pourraient s’exprimer sur le web.

16. Le 11 novembre 2003,
Karl Dubost

Je pense que Laurent était en mal de commentaires si je vois la liste des derniers sujets traités.

Je pense un peu comme Neige, la vivreaquebec.com a baissé les bras trop vite. Cela est souvent compréhensible quand on est un individu face à une entité commerciale. L’argent entraîne des déséquilibres de pouvoir certains.

Il suffit également de transférer le nom de domaine et le site ailleurs et c’est bon.

(Je n’ai aucun intérêt dans les deux ou trois sites cités, car je crois que je n’y ai mis les pieds qu’une fois ou deux et n’ai rien trouvé. Le Québec se découvre très bien dans la rue au contact de sa population ;))

17. Le 11 novembre 2003,
Laurent

Karl : Moi, en mal de commentaires ? Mais que vas-tu chercher là ? De toutes façons, pour faire du commentaire, j’ai la recette : parler du québec ou du libéralisme, ou mieux des deux à la fois ;-) Avec un petit troll sur les standards du Web glissé en passant, on approche l’extase.

Neige, navré d’avoir encore une fois dit du mal du Québec et de toi, fais moi un procès. ;-) Plus sérieusement, on ne peut pas parler de “proportions énormes” données à cette histoire. Franchement, s’il m’arrivait la même affaire, je serais réconforté de voir 3 ou 4 blogues parler de mon cas… Et pour Vivreaquebec, ce n’est pas plus de quelques blogues qui en parlent. Tous les autres s’en foutent.

18. Le 11 novembre 2003,
Kicou

Tiens en passant… c’est vrai, comme le souligne Neige, qu’il s’agit d’un tempête dans un verre d’eau qui n’est pas sans rappeler le cas de Quebecurbain. Mais justement, suite à cette mini-tempête, l’OQLF a admis avoir fait une bourde (qui n’en fait pas ?) et a présenté ses excuses. L’honneur est sauf, et un particulier a su faire entendre sa cause. OK, une menace de l’OQLF n’aurait pas mené bien loin, mais on a rapidement désamorcé une situation qui aurait pu être consommatrice en temps et en argent.

Je trouve que nous avons là un outil formidable qui nous permet de rétablir un équilibre et de faire entendre la voix d’un individu qui se ferait autrement facilement balayer en silence.

19. Le 11 novembre 2003,
neige

« Je trouve que nous avons là un outil formidable qui nous permet de rétablir un équilibre et de faire entendre la voix d’un individu qui se ferait autrement facilement balayer en silence » [Kicou]

Ça je te l’accorde, et souhaite que ça ait son impact pour le cas présent.

Mais ça crains parfois… de voir tous et chacun se transformer en petit CNN maison. Faut que ça soit crédible tout de même (je ne parle pas du présent cas), non plus déformé d’un carnet à l’autre.

20. Le 11 novembre 2003,
Martine

Entendons-nous: ce qui est déformé, c’est de dire que toute les politiques sur la langue ne valent rien parce qu’un fonctionnaire s’est trompé dans l’application d’une loi. Ça ne veut cependant pas dire qu’il n’est pas important de noter l’erreur du fonctionnaire.

Même chose avec ce cas-ci, bien qu’il ne s’agisse pas du gouvernement mais d’un site privé: il ne faut pas déformer le tout en disant que l’immigration au Québec est impossible et corrompue parce qu’une personne croyant avoir tous les droits a fait fermer le site Web de quelqu’un d’autre. Mais il est important de noter ce trou dans la justice et l’absurdité du fait que quelqu’un puisse avoir un tel contrôle sur les propos de quelqu’un d’autre.

Nous sommes tous des adultes capables de nuance, non? Ce que je suis naive moi, parfois…

21. Le 11 novembre 2003,
Le lapin

Et moi, je me suis fâché avec le Capitaine pour pas grand chose. Il y a de ces jours ! … maudite marde !

22. Le 12 novembre 2003,
Laurent

Mise au point et éclaircissements.

Bon, j’ai visiblement heurté quelques sensibilités québécoises (les québécois sont des gens très sensibles, surtout quand on parle d’eux…) dans la rédaction de ce billet en faisant l’agrégation rapide de choses qui n’ont pas de rapport direct.

Donc je reformule de manière synthétique :

Point n°1. Je me pose des questions sur la communication faite en France par le Québec pour recruter des candidats à l’émigration, basée principalement sur “l’Amérique en français” (je cite).

Point n°2. L’incident relatif au site Vivreaquebec.com où la simple visite d’un huissier sans décision de justice réussit à intimider un hébergeur, ce dernier fermant immédiatement un site, sans courriel d’avertissement, sans aucune discussion, ni tentative de conciliation, sur des faits qui demeurent vraiment minces (dans la mesure des informations dont je dispose via les blogues d’Hoëdic et de Kicou). Ce qui pour mon opinion constitue un fait assez grave, autrement plus important que le ridicule dans lequel un employé de l’OQLF trop zélé et connaissant mal l’Internet est tombé récemment.

Mais il n’y a pas de relation de cause à effet entre les points 1 et 2. Le n°2 aurait pu sans doute se produire dans bien d’autres pays.

Manque de chance, il se trouve que cet incident arrive au Québec et met justement en jeu des sites proposant différentes visions de la question de l’immigration.

Quant à ma recommandation finale, peut-être excessive dans la forme, elle tombe sous le coup du bon sens. S’il est aussi facile de vous créer des ennuis au Québec, mieux vaut héberger son site ailleurs, surtout si son sujet prête à la polémique. De façon plus large, cette affaire dresse le problème de la responsabilité des hébergeurs et du rôle de juge que l’on veut parfois leur voir tenir. La question a été beaucoup discutée en France, et il en ressort que le principe fondamental à défendre est la liberté d’expression.

Le Droit ne doit pas déléguer à des sociétés commerciales la responsabilité de faire justice, de dire ce qui est bien ou mal, sauf dans certains cas évidents et bien définis (je pense à la pornographie infantile par exemple). S’il y a censure, elle doit être l’affaire des juges dans le cadre des lois. Si il y réparations, elles doivent énoncées par la Justice.

Mais quand tout l’éclairage nécessaire sera fait, l’histoire se résumera peut-être à celle d’un mauvais hébergeur qui brille par son amateurisme.

Donc, je réitère : ce billet fait un amalgame maladroit entre deux choses distinctes qui auraient dû faire l’objet de deux billets diiférents. Cependant, certains me lisent trop vite ou basculent un peu facilement dans le procès d’intention. La “cerise sur le sundae” a sans doute été le fait que je cite Kicou, qui a mauvaise presse chez certains de mes lecteurs québécois, et en particulier chez mon lapin et chez Neige.

23. Le 12 novembre 2003,
Laurent

Seconde mise au point : certains disent que je n’arrête pas de critiquer le Québec, ce qui est absolument faux. Les hasards de la vie m’ont mis le Québec sur mon chemin, je ne suis pas allé le chercher, il m’est tombé dessus. Résultat : j’aime le Québec, il me passionne, il m’interroge. Sinon, pourquoi croyez vous que je passerais autant de temps sur le sujet ? Mais ne croyez pas que je réserve un traitement de faveur au Québec, j’en parle avec mes mots et mon esprit volontiers provocateur comme de tout autre sujet. Il se trouve que je suis Français, et que ce genre de regard venu de France est parfois très mal vu de la part de certains Québécois, traumatisés par certains exemplaires de la race des Maudits Français qui critiquent tout. (Pourtant, les Québécois sont loin d’être les derniers à critiquer leurs lointains cousins…). J’ai un blogue d’humeur, volontiers critique voire acerbe, où je traite de sujets qui m’intéressent. Pas de chance, le Québec en fait partie. Alors je veux pouvoir dire que Michel Tremblay est un très grand auteur et que la poutine, c’est de la merde, comme je peux dire que Michel Beigbeder, c’est de la merde et que les tripoux sont délicieux. Et si en disant ça, j’écorche des sensibilités, faudra faire avec.

24. Le 12 novembre 2003,
Kicou

Ben… euh pareil pour moi.

S’il m’arrive de parler du Québec c’est que quelque part j’y suis attaché quand même :) Même si c’est pas toujours pour le caresser dans le sens du poil.

25. Le 12 novembre 2003,
Martine

En général, ça me plait bien que tu parles du Québec. Je crois à l’adage qui dit que qui aime bien châtie bien. Je ne me considère pas particulièrement sensible, mais quand tu dis une chose avec laquelle je ne suis pas d’accord je te le dis, et ça s’arrête là. Tu es un carnetier en qui j’ai confiance et je ne suis pas prête à te rayer de ma blogoliste (même si ça te plairait bien, va ;-)

Pour ce qui est de la poutine, c’est vrai que c’est dégueu, mais il y a un endroit où elle est bonne et originale et je compte bien t’y emmener quand j’aurai enfin la chance de te rencontrer en vrai. Au fait, ce sera quand?

26. Le 12 novembre 2003,
karl

Laurent:

[troll] ;) descend de ton arbre ou de ton mât. Tu vas voir auprès des gens il fait bon vivre [/troll]

Point 1: “l’Amérique en français”. Oui c’est vrai. Le Québec est une province d’amérique du Nord (Canada+Etats-Unis) et a un mode de vie différent de celui des français. Rien de choquant là.

Et puis tout le monde sait que le Québec est parfait ;) sourires

C’est très difficile de faire des analyses comparées entre les deux provinces et je trouve que l’on oublie bien trop souvent les autres pays.

Je me suis livré la semaine dernière à un petit test. Que dois faire une personne pour :

1) Immigrer en France 2) Devenir citoyen français

http://grioo.com/info149.html http://www.vie-publique.fr/decouverteinstit/citoyen/citoyen110_q3.htm http://vosdroits.service-public.fr/ARBO/080707-NXETR137.html (5 ans pour être naturalisé et jouir de ses droits civiques pour être citoyen) http://www.justice.gouv.fr/publicat/gnationae.htm

Comique: 2eme lien immigration Quebec http://www.google.com/search?q=devenir+citoyen+francais

28. Le 13 novembre 2003,
Kicou

Merci pour le lien, Neige. Je l’ai fait suivre à l’une des deux intéressées, ça pourra peut-être leur être utile dans leurs démarches…

29. Le 13 novembre 2003,
Guillermito

Laurent, je note ta mise au point finale, mais je te donne quand même un exemple en France du même type de mésaventure:

Un internaute français publie sur sa page web une analyse critique d’un logiciel français. L’éditeur du logiciel porte plainte, parle de terrorisme, de piratage, de DST, de FBI, convainc un juge français de faire donner la grosse artillerie (blocage d’une redirection chez le registrar français, descente de police chez l’hébergeur qui décide de fermer le serveur entier - tous les hébergeurs ne sont malheureusement pas de la trempe de Valentin Lacambre). L’internaute n’est officiellement coupable de rien jusqu’à présent, la plainte risque fortement de ne rien donner, mais le mal est fait, et l’entreprise peut se frotter les mains: la page incriminée a disparu de la surface du web.

Cet internaute, c’est moi. Mon nouveau site est maintenant hébergé aux USA.

http://www.guillermito2.net/archives/20031010.html

Blah ? Touitter !

Invasions pas barbantes

Avec beaucoup de retard, je suis enfin allé voir Les invasions barbares. Quelques réflexions en vrac sur ce film québécois qui a fait sensation lors de sa sortie :

Un mauvais départ. Devant nos yeux mi-navrés, mi-amusés, Denys Arcand s’égare dans la première partie du film dans une charge au vitriol de l’état de grand délabrement du système de santé québécois et une caricature féroce de syndicalistes maffieux, trafiquants de prébendes. Trop long et au trait trop forcé, cette exposition, qui se situe dans l’anecdotique, ne colle pas avec le thème principal du film.

On prend cependant plaisir, lors de cette même première partie, à retrouver les héros du Déclin de l’empire américain , 17 après, mais ils nous prennent en traître : ils n’avaient pas vieilli dans notre souvenir et les voilà, empâtés, fatigués et désenchantés, qui nous rejettent par effet de miroir notre propre image du temps passé. La réunion de tous nos héros dans la chambre d’hôpital scellant le grand tournant du film.

Cynique et amer quand il s’agit de la perte des illusions, de la faillite des idéologies, le réalisateur s’en donne à coeur joie avec son petit échantillon d’intellectuels. Existentialisme, marxisme, structuralisme, situationnisme, etc. nos héros sont tous passés par ces étapes, mais chacune marquait le glas de la précédente pour aboutir enfin comme à un grand vide. “Et voilà qu’un gros épais de Canadien français, parce qu’il avait vu les films de Jean-Luc Godard et lu Philippe Sollers, prétendait que la Révolution culturelle chinoise était for-mi-dable. Dans la crétinerie, on ne peut pas descendre plus bas.” nous raconte Rémy dans un accès tragico-comique.

Douloureux et fort quand il parle de la vie, et surtout de la mort, c’est là que Denys Arcand atteint notre fibre émotionnelle et laisse échapper quelques beaux moments, entre deux farces caustiques. Voilà, c’est ici aussi que le réalisateur nous laisse d’intenses regrets, il frôle les choses, approche certaines vérités, mais se fourvoie dans l’anecdote, sans jamais se laisser aller, comme par pudeur ou raideur face à ce qu’il effleure du bout des doigts. Il se paume dans la critique sociale comme pour s’excuser, ou masquer sa sensibilité écorchée. J’ai comme le sentiment que Denys Arcand est passé à côté de son chef d’oeuvre en ne sachant pas faire de choix délibérés.

D’un point de vue stylistique, les fondus au noir sont une facilité un peu décevante, mais Arcand n’est en rien un styliste. On lui pardonnera aussi des paraboles un peu lourdes comme celle du téléphone cellulaire au feu. Par contre, on ne lui fera pas de reproche pour son sens du casting, même si le gros de l’équipe lui été imposé par son premier opus. Arcand aime les acteurs et cela se sent. L’intense Marie-Josée Croze, lumière du film, est une découverte, on regrette de ne pas la voir assez, et Stéphane Rousseau est vraiment impeccable.

Quant à ceux qui ont vu dans ce film une apologie des bienfaits du capitalisme, de la mondialisation et des nouvelles technologies (si, si, il y en a, même de soi-disant critiques de cinéma), ils nous prouvent encore la persistance de certaines idéologies et utopies (libérales pour ne pas les nommer) et n’ont semble-t-il pas vu le même film que moi. On a fait trop de faux procès à Denys Arcand et nombreux ne firent pas l’effort de le comprendre pour utiliser son oeuvre comme le reflet de leurs propres obnubilations politiques. Ils sont passés à côté du film en se limitant à l’écume et à l’insignifiant.

Pour terminer, un film qui vous parle du sens de la vie, de la mort et de la faillite des idéologies, qui sait vous prendre aux tripes sans pathos exagéré, cela ne se rencontre pas tous les jours, alors, malgré ses imperfections, il faut vraiment voir les Invasions barbares. Et n’oubliez pas les mouchoirs.

1. Le 11 novembre 2003,
Martine

Tout à fait d’accord avec toi, Laurent. J’ai aimé le film mais je n’ai pas crié au chef-d’oeuvre, comme certains. Je n’ai vraiment apprécié le film qu’à partir du moment où le vieux groupe d’amis est réuni. C’est là que la magie revient.

Autre constatation cependant: j’ai eu l’impression que Arcand ne comprend absolument rien de notre génération et qu’elle lui fait un peu peur. Il semblait à la fois attiré et repoussé par cette génération et ça semble l’avoir empêché d’en parler autrement qu’en superficie. Il est vraiment le baby-boomer par excellence, dans sa forme la plus “pure”. C’est un film d’une immense (mais nécessaire) tristesse, l’oeuvre d’un cinéaste autrefois rempli de convictions qui semble maintenant apeuré et perdu devant l’éventuelle fin de sa vie.

2. Le 13 novembre 2003,
Guy

Moi, je trouve que ce film est proche du navet. Purement et simplement. À part Croze et Rousseau… je n’ai pas cru au retour de ces amis parvenus. Leur discours était tellement accessoire, et la mort de Rémi tellement mal préparée. J’sais pas… si Arcand avait pu donné un regard neuf là-dessus… Si vous voulez voir un bon film québécois: Gaz bar blues.

Blah ? Touitter !