Robes noires contre blouses blanches
Quand deux logiques corporatives s’affrontent… Pour ma part, je verrais bien un programme de logements sociaux à l’Hôtel-Dieu, histoire de faire revivre cette île de la Cité à l’électroencéphalogramme plat.
La décision a été prise de déménager le tribunal de grande instance. Ce qui pour les avocats est un crève-coeur car cela fait 2000 ans que la justice se rend ici et huit siècles que les avocats de Paris y ont leur Ordre. Et accessoirement le Palais de Paris est magnifique. Mais l’évidente nécessité nous a fait accepter sans rechigner le principe.
[Eolas.]
N’est-il pas un peu excessif de faire remonter la justice sur l’Île aux magistratures romaines ? L’Hôtel-Dieu, dont la présence est attestée au début du IXe siècle, a tout autant de légitimité historique, il me semble. Mais dans ces querelles de chapelles, les passéistes de l’aval, qui en ont une bien Sainte, risquent bien de l’emporter sur les soigneurs de nécessiteux de l’amont. Vues de l’extérieur, ces histoires de Palais prêtent au sourire.
Quant à penser “le 1er arrondissement, passe encore, mais le 13e, quelle horreur ! C’est loin et c’est plein de pauvres !”, si la machine du bon M. Guillotin existait encore, j’y mettrai ma tête à couper que des centaines de membres de l’Ordre l’ont pensé très fort.
Daniel Glazman
Et la PP ? Si la PP déménageait ? La PP qui est surnommée la Maison Poulaga (d’où les “poulets”) uniquement parce qu’elle est construite à l’emplacement de l’ancien marché à la volaille ? On pourrait dire aussi que la flicaille, ça caquète depuis 2000 ans ?-)
Veuve Tarquine
Les seules règles qui gouvernent à la future vacuité de l’hôtel Dieu sont celles de l’AP-HP et de sa restructuration des établissements hospitaliers…
Les avocats n’y sont strictement pour rien dans la décision de “le vider”…
Une fois vide, je ne vois pas exactement ce qu’il y a d’inconvenant à ce que les magistrats, tous les personnels judiciaires, et les auxillaires de justice (dont les avocats) souhaitent que le Tribunal de Grande Instance soit déplacé plutôt dans ces locaux en face du Palais, plutôt qu’à l’autre bout de la ville.
Franchement, est-ce que j’accuse le Génie de la place de la Bastille d’être à l’origine de la destruction du bastion fortifié du même nom ?
Veuve Tarquine
Et pour information c’est depuis Saint Julien l’Apostat que l’on rend la justice en l’île de la Cité, précisément en l’an 357 après Jésus-Christ.
Laurent
Excellente idée la Préfecture de Police !
Matoo
Oh mais si tu le prends comme ça, je pense que la Bernadette et ses airs de Marie-Antoinette (ou Sherry Palmer selon les références) passerait aussi largement la tête dans le coupe-cigare ! :))
Mozinet
Le Chat, la Belette et le Petit Lapin
Du palais d’un jeune Lapin Dame Belette un beau matin S’empara ; c’est une rusée. Le Maître étant absent, ce lui fut chose aisée. Elle porta chez lui ses pénates un jour Qu’il était allé faire à l’Aurore sa cour, Parmi le thym et la rosée. Après qu’il eut brouté, trotté, fait tous ses tours, Janot Lapin retourne aux souterrains séjours. La Belette avait mis le nez à la fenêtre. O Dieux hospitaliers, que vois-je ici paraître ? Dit l’animal chassé du paternel logis : O là, Madame la Belette, Que l’on déloge sans trompette, Ou je vais avertir tous les rats du pays. La Dame au nez pointu répondit que la terre Etait au premier occupant. C’était un beau sujet de guerre Qu’un logis où lui-même il n’entrait qu’en rampant. Et quand ce serait un Royaume Je voudrais bien savoir, dit-elle, quelle loi En a pour toujours fait l’octroi A Jean fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume, Plutôt qu’à Paul, plutôt qu’à moi. Jean Lapin allégua la coutume et l’usage. Ce sont, dit-il, leurs lois qui m’ont de ce logis Rendu maître et seigneur, et qui de père en fils, L’ont de Pierre à Simon, puis à moi Jean, transmis. Le premier occupant est-ce une loi plus sage ? - Or bien sans crier davantage, Rapportons-nous, dit-elle, à Raminagrobis. C’était un chat vivant comme un dévot ermite, Un chat faisant la chattemite, Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras, Arbitre expert sur tous les cas. Jean Lapin pour juge l’agrée. Les voilà tous deux arrivés Devant sa majesté fourrée. Grippeminaud leur dit : Mes enfants, approchez, Approchez, je suis sourd, les ans en sont la cause. L’un et l’autre approcha ne craignant nulle chose. Aussitôt qu’à portée il vit les contestants, Grippeminaud le bon apôtre Jetant des deux côtés la griffe en même temps, Mit les plaideurs d’accord en croquant l’un et l’autre. Ceci ressemble fort aux débats qu’ont parfois Les petits souverains se rapportants aux Rois.
Jean de LA FONTAINE (1621-1695) (Recueil : Les Fables)
Blah ? Touitter !