Journal de bord

dimanche 5 décembre 2004

Un gnou dans la pomme

Un dossier sur X11 et les principaux logiciels qui y tournent (OpenOffice, The Gimp, PyMOL), ceux nécessitant Fink (Scribus, Denemo, Maxima, Scilab, Gnuplot), XFree86 et .xinitrc, KDE, Gnome, par Cyrile Delestre sur Adnpc.net [via Sylvain Carle].

ITMS Canada

iTunes Music Store Canada, enfin. Et à 99 cennes canadiens la toune, c’est la boutique la moins dispendieuse. Mais les Québécois, fatigués de Céline Dion, attendent toujours ITMS Québec…

1. Le 5 décembre 2004,
Guy

J’ai lu un intéressant article dans la Presse à propos de l’achat en ligne de musique. Nous avons déjà Archambaultzik.ca, bien pourvu en contenu francophone. L’arrivée d’Apple au Canada est la bievenue car elle créera sûrement un effet d’entraînement. Toutefois, jusqu’à maintenant, on est loin du succès espéré. Les gens boudent encore ces services.

2. Le 5 décembre 2004,
Hoedic

> Mais les Québécois, fatigués de Céline Dion, attendent toujours ITMS Québec…

Ouais… parce qu’en matière de musique québécoise, c’est pas ça ! En fait, on a trouvé plus de trucs québécois dans la version France que la version Canada.

Quant à Archambaultzik, c’est uniquement compatible avec Win + WMP… alors marche pas chez nous (y a aussi futureshop qui a un truc)

3. Le 5 décembre 2004,
Michel Dumais

À moins d’un Québec indépendant, on ne verra jamais un ITMS Québec s’afficher sur la toile. ;-) Toutefois, pour expliquer l’absence de matériel local dans ITMS Canada, il faut savoir que contrairement au reste de la planète, l’industrie du disque au Québec est principalement le fait des indépendants et non pas des majors comme Sony, EMI et tutti quanti. Apple se doit donc de négocier avec chaucune des étiquettes (Audiogram, La Tribu et autres). D’où ce ITMS à saveur “canadian”.

Blah ? Touitter !

Guerre de Sécession

Fuck the South. Une certaine radicalisation du dialogue nord-sud.

Fuck X-mas

Parce qu’il y en marre de cette méga-fête de la consommation à tout va, parce que mes oreilles n’en peuvent plus de ces sirupeuses mélodies qui envahissent le moindre magasin, parce que ces troupeaux lobotomisés d’acheteurs frénétiques dans les centres commerciaux me font peur, parce que maintenant Noêl commence dès le 1er novembre, parce qu’on en fait trop pour les enfants, parce que je suis athée : aux chiottes Noël.

Une seule solution : Boycott Christmas!

nina-boycott-xmas-sticker.gif

You know holiday shopping is offensive and wasteful. You know Christmas “wish lists” and “gift exchanges” degrade the concept of giving. You know Christmas marketing is a scam, benefiting manufacturers, stores, and huge corporations, while driving individuals into debt. You know this annual consumer frenzy wreaks havoc on the environment, filling landfills with useless packaging and discarded gifts.

Yet, every year, you cave in and go shopping.

The relentless onslaught of advertising exerts constant pressure. So do the unified bleatings of herds of shoppers, who call you “Scrooge” if you fail to enthusiastically join their ritual orgy of consumption. Friends and family needle you with gift requests, store windows beckon with shiny colorful packages, the same “classic” holiday jingles are piped constantly through every speaker in town.

How can you resist?

Join the Christmas Resistance Movement!

Et, pitié pour nos yeux, arrêtez avec vos habillages de blogue spécial Noël…

Santa target

[Via Le Roncier.]

1. Le 5 décembre 2004,
Maïa

Et à part être “contre”, tu es “pour” quelquechose ? P’tain, on dirait moi :)

2. Le 5 décembre 2004,
Dam

“parce que je suis athée” Techniquement Noel n’a rien a voir avec Dieu … c’est à l’origine une fete païenne qui célébrait la nouvelle année … Mais bon les créthiens ca leur plaisaient pas les fêtes païennes alors ils ont collé dessus la naissance d’un gars connus, même le pere Noël a l’origine est païen … (http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A8re_No%C3%ABl) Je vote pour la réintégration de la signification originelle (ca leur fera les pieds a piquer les fete à tout le monde … zont fait la meme chose avec le fete des morts) http://fr.wikipedia.org/wiki/No%C3%ABl

3. Le 5 décembre 2004,
vally

Ah mais vous n’êtes pas au courant ? Noël est annulé: Joseph a avoué !

(c) frh ;o)

vally .

4. Le 5 décembre 2004,
Le lapin

Vous n’avez encore compris Laurent est un être génétiquement modifié créé à partir de cellules du Schtroumpf grognon. ;-)

5. Le 5 décembre 2004,
Asajj

Je suis athée, je fête Nôel surtout car cela rassemble ma famille et surtout pour manger des plats qui ne sont pas ou peu fait en dehors de cette date. Chez moi, sanglier, lièvre, faisan, chevreuil et autres viandes sont de la partie. On se rempli la panse pendant 5h deux jours durant sans compter le nouvel an :)

6. Le 5 décembre 2004,
turnover

Ah oui, j’ai oublié l’éternel foie gras. Et j’ajoute que je ne consomme pas. Tout cela n’est apporté que par la nature ou par élevage d’un de mes oncles.

7. Le 5 décembre 2004,
Asajj

Je me suis embrouillée avec les cookies de la machine à mon mari !! désolée !!!

8. Le 5 décembre 2004,
Raoul

Etre anti-noel, c’est tellement conventionel…

9. Le 5 décembre 2004,
Raymond

Plus que conventionnel … [bâillement d’ennui] …

10. Le 5 décembre 2004,
Laurent

Raoul et Raymond, c’est pas les deux pépés du Muppet Show ?

11. Le 5 décembre 2004,
Lunar

Tu veux en profiter pour visiter un lieu sympa sur Dijon ? ;)

12. Le 5 décembre 2004,
C’est Raoul

Voila une question qu,elle est bonne! selon google, c’est Statler et Waldorf (a ne pas confondre avec Starsky et Hutch).

Raymond, c’est ma tournée! Grog pour tout le monde!

13. Le 6 décembre 2004,
wam

lunar> un lieu sympa à dijon ?? où ??

14. Le 6 décembre 2004,
Martine

Laurent, bon d’accord, je retourne ton cadeau au magasin alors.

15. Le 7 décembre 2004,
Hashar

Je ne fête pas noel mais la saint nicolas :p

16. Le 7 décembre 2004,
lithium

Merde, t’es un vrai anti tout toi alors… Bon, tu l’auras voulu, une fois de plus, je rentre en résistance…. Fais attention, ça va se terminer en Laurent Résistance.

17. Le 7 décembre 2004,
Guillaume

On voit que c’est la saison ! J’ai fait un article sur mon propre blog.

Heureux de voir que je suis loin d’être seul ;)

18. Le 14 décembre 2004,
Blaise

Et si on fete Noel d’abord pour des rasions religieuses, on trouve grace a tes yeux?

Blah ? Touitter !

Citation du jour

Au l’aut’ zy-va, ta rom en maillot de bain fraise. Mon lascar, si tu m’les petes, j’te tire ta meule ou ta meuf… t’as le choix dans la date.
Karl Dubost, (qui a un gros nez en grand angle).

P.S. Il y a toujours des trucs amusants à trouver chez Flickr, comme cette sécheuse à linge, mais on y trouve aussi ça (6887 photos!) et ça (1021 photos).

P.S. bis. Trop mignon (le IBook, bien sûr).

1. Le 5 décembre 2004,
Martine

Tiens, y’a Laurent qui passe ses weekends à faire des recherches pour trouver des photos de chat.

2. Le 5 décembre 2004,
C’est Raoul

Wow!

C’est Noel avant l’heure!

Merci Laurent!

3. Le 6 décembre 2004,
karl

Et voila comment les grosses bétises passent à la postérité. Je recopierai 10 fois, le Web est un espace publique, le Web est un espace publique, le Web est un espace publique, le Web est un espace publique, le Web est un espace pubique, le Web n’est pas un espace pudique, …

4. Le 6 décembre 2004,
K

Ouai, ben tu peux le recopier cent fois en écrivant “public” ce coup-ci.

5. Le 6 décembre 2004,
karl

certains devraient ouvrir leurs dictionnaires ;) Les deux orthographes sont utilisées et acceptées

6. Le 6 décembre 2004,
S.

Je l’ai ouvert, et je n’y trouve que public (masculin) et publique (féminin)…

7. Le 7 décembre 2004,
karl

d’une je raconte des bêtises, et en plus je vais des fautes, je me fouetterai ce soir avec un grévisse la tête coincée entre deux Robert.

tiens j’aurais dû mettre des “e” à “un”. Une espace publique en typographie, partageons cette espace entre deux mots, créons l’ouverture, oublions nos querelles et nos débats, et pratiquons la liaison.

Blah ? Touitter !

Un 6 décembre, à Polytechnique

J’avais déjà entendu parler du drame de l’école polytechnique à Montréal où 14 étudiantes furent assassinées par un tireur fou. Mais je n’étais jamais tombé sur la lettre de l’auteur de la tuerie, Marc Lépine (les passages mis en relief le sont par moi), je n’avais aucune idée de ses motivations :

Excusez les fautes. J’avais 15 minutes pour l’écrire.

Voir aussi Annexe

Veuillez noter que si je me suicide aujourd’hui 89/12/06 ce n’est pas pour des raisons économiques (car j’ai attendu d’avoir épuisé tout mes moyens financiers refusant même de l’emploi) mais bien pour des raisons politiques. Car j’ai décidé d’envoyer Ad Patres les féministes qui m’ont toujours gaché la vie. Depuis 7 ans que la vie ne m’apporte plus de joie et étant totalement blasé, j’ai décidé de mettre des bâtons dans les roues à ces viragos.

J’avais déjà essayés dans ma jeunesse de m’engager dans les Forces comme élève-officier, ce qui m’aurais permit de possiblement pénétrer dans l’arsenal et de précédé Lortie dans une rassia. Ils m’ont refusé because associal. J’ai donc attendu jusqu’a ce jour pour mettre à exécution mes projets. Entre temps, j’ai continué mes études au grès du vent car elles ne m’ont jamais intéressée sachant mon destin à l’avance. Ce qui ne m’a pas empêché d’avoir de très bonnes notes malgré ma théorie de travaux non remis ainsi que la carence d’étude avant les examens.

Même si l’épitète Tireur Fou va m’être attribué dans les médias, je me considère comme un érudit rationnel que seul la venu de la Faucheuse on amméné à posé des gestes extrémistes. Car pourquoi persévéré à exister si ce n’est que faire plaisir au gouvernement. Etant plûtot passéiste (Exception la science) de nature, les féministes ont toujours eux le dont de me faire rager. Elles veulent conserver les avantages des femmes (ex. assurances moins cher, congé de maternité prolongé précédé d’un retrait préventif, etc) tout en s’accaparant de ceux des hommes.

Ainsi, c’est une vérité de la palice que si les Jeux olympiques enlevaient la disctinction Homme/Femme, il n’y aurait de Femmes que dans les compétitions gracieuses. Donc les féministes ne se battent pas pour enlever cette barrière. Elles sont tellement oportunistes qu’elles ne négligent pas de profiter des connaissances accumuler par les hommes au cours de l’histoire. Elles essai toutefois de travestir celles-ci toute les fois qu’elles le peuvent. Ainsi l’autre jour j’ai entendu qu’on honoraient les canadiens et canadiennes qui ont combattus au front pendant les guerres mondiales. Comment expliquer cela alors que les femmes n’étaient pas autorisés à aller au front ? ? ? Va-t-on entendre parler des légionnaires et galériennes de César qui naturellement occuperont 50 % des effectifs de l’histoire malgré qu’elles n’a jamais exister. Un vrai Casus Belli.

Désoler pour cette trop compendieuse lettre.

Marc Lépine

Annexe

(Suit une liste de dix-neuf noms)

Ont toutes Failli disparaitre aujourd’hui. Le manque de temps (car je m’y suis mis trop tard) à permis que ces féministes radicals survives.

Alea Jacta Est

Rosalie, âgée de 11 ans, revient sur l’histoire dans Les petits carnetiers du Devoir : Je n’étais pas née le 6 décembre 1989.

P.S.
À lire : Quinze ans, quatorze femmes et tant d’autres… par Micheline Carrier.

1. Le 6 décembre 2004,
Reidid

En fait, pour ajouter au sentiment de malaise, je pense qu’il faut lire “La tuerie de Polytechnique” par Gary Caldwell (lien provenant du blog de Jean-Pierre Cloutier)

Faisant partie de la minorité “bourgeoise” citée (j’étudie à l’Université de Montréal, qui est à côté), je me demande depuis ce matin quelle aurait été ma réaction face à ces événements… Je ressens un profond malaise en me disant que je n’aurais sans doute pas fait mieux.

2. Le 6 décembre 2004,
Laurent

J’avoue que ce texte de Gary Caldwell, non seulement fait froid dans le dos par son récit clinique des événements, mais aussi pose bien des questions, pas évidentes à aborder.

Par contre, le côté glorification du mâle ouvrier ou rural, versus le petit bourgeois intellectuel sans couilles, est un peu caricatural. Et dans son analyse extrême, que l’auteur ne mène pas jusqu’à son bout, il pourrait démontrer que le drame de Polytechnique est justement la faute de l’avancée des mouvements féministes, dévirilisants et castrateurs. Je trouve Gary Caldwell terriblement machiste et caricatural dans ses idées.

3. Le 6 décembre 2004,
Reidid

En fait, je suis partiellement d’accord avec lui sur certains points.

Il est vrai que le culte de la performance tend à rendre les gens inaptes à éprouver de la compassion. L’auteur touche du doigt un problème global de la société québécoise.

Le mâle québécois est en crise profonde quant à son identité, ce qui explique probablement cette attitude de l’auteur. Cette crise d’identité affecte surtout les mâles les plus éduquéw (dont il fait sans doute partie) qui ne peuvent pas s’associer à l’image du “mâle ouvrier ou rural”.

4. Le 6 décembre 2004,
Maïa

Vous allez lui trouver des excuses ? Finalement ce n’est pas si grave ??

5. Le 6 décembre 2004,
karl

Pour Maia et les autres, attention le manque de contexte dans une discussion comme celle-ci est vouée dans les commentaires à une opération garantie casse-gueule. Il y a des choses qui sont difficiles à discuter dans une foule, un plateau de télévision ou un carnet Web, parce-qu’on ne peut assumer de tout le pré-requis de chacun des participants.

  1. L’acte est inexcusable qu’elle qu’en soit les motivations.
  2. Faire le procès de la société qui mène à ces actes n’est en rien dédouaner l’auteur de l’acte de la gravité de cet acte. Ce sont deux sujets en relations mais déconnectés dans leur causalité éthique (morale).
  3. Le choc et la douleur collective qui en ont résulté sont un drame qui ne pourra jamais s’effacer et qui n’est pas propice aux discussions calmes, car ne pouvant pas être sujet à discussions pour certains.

Je ne dis pas cela pour clore le débat, mais si vous discutez ici du sujet ici, évitez les procès d’intention, les trolls, etc. Ajoutez du contexte à vos propos, et ne sortez pas des phrases faciles, car le sujet est particulièrement difficile et douloureux.

(De quelqu’un qui a étudié à l’université de Montréal, juste un an après les faits.)

6. Le 6 décembre 2004,
Laurent

Je n’ai pas eu le temps de développer dans mon dernier commentaire, aussi j’y reviens en résumant les idées de Gary Caldwell :

  1. Les étudiants de Polytechnique sont représentatifs d’une élite (“Ces jeunes femmes et ces jeunes hommes représentent la fine fleur de notre nouvelle méritocratie, lucide et perspicace, sensible à l’importance de la science et de la technologie dans notre société contemporaine.”).

  2. Dans le parcours de l’assassin, il y a eu des moments propices à une intervention en vue de la maîtriser.

  3. Les hommes ne se voient plus en protecteurs des femmes. (“Je veux simplement constater que la profonde révolution des rôles sexuels qui s’opère depuis les années 60 a donné au moins un résultat: les jeunes hommes, ceux au moins qui sont très scolarisés, semblent avoir perdu le réflexe de vouloir protéger les femmes en danger!”)

  4. Ensuite, il faut vraiment lire les conclusions de l’auteur (je mets en gras les passages les plus significatifs de mon point de vue) :

Cette nouvelle attitude sociale du chacun-pour-soi est-elle généralisée ou appartient-elle plutôt à une classe, à une strate de la société. Dans le milieu ouvrier et rural, après le choc et l’horreur de la tuerie, la réaction spontanée à mesure que le déroulement de l’affaire était connu en était une d’incrédulité qui s’exprimait ainsi: “Mais qu’est-ce qu’ils foutaient, tous ces gars-là ?” Effectivement, on observe encore, dans le milieu ouvrier et rural, une solidarité communautaire et une fierté masculine qui auraient peut-être permis l’action conjuguée et spontanée de deux ou plusieurs hommes. L’élément pertinent de cette conscience masculine, dans le contexte qui nous concerne, c’est celui qui permet une réaction spontanée et une communication non verbale en vue d’une action concertée. Si nous avions raison de postuler ainsi, il nous faudrait alors envisager un profond embourgeoisement de notre jeune méritocratie ; embourgeoisement qui préparerait en effet cette jeunesse à assumer son rôle au sein de la technocratie québécoise. On n’est plus conditionné, socialement, à se porter à la défense du groupe, on est plutôt conditionné à penser à soi, à veiller sur ses intérêts, à rechercher sa sécurité et son bonheur personnels… Tout cela est bien le propre de notre nouvelle mentalité québécoise. C’est précisément ce pour quoi, petit-bourgeois que je suis, je n’ose prétendre que j’aurais réagi autrement que les hommes présents le 6 décembre.

Mais j’ose cependant croire que mes fils, parce qu’ils sont issus d’un milieu rural, auraient agi autrement.

Un indice de plus de l’embourgeoisement de l’intelligentsia québécoise se trouve dans le comportement des médias autour de cette tragédie. Très vite, sous prétexte qu’on ne voulait pas culpabiliser les jeunes hommes en question, des réactions comme celle que j’exprime aujourd’hui furent éliminées de la couverture des événements. Quelques-unes, il est vrai, échappèrent à la censure dans les premiers jours. C’est ainsi qu’André Beaulieu, professeur de CEGEP affecté à la formation professionnelle, fut cité dans La Presse du 11 décembre 1991: “Que 50 à 60 gars n’aient pas réagi pour tenter de le maîtriser prouve que notre société est décadente. Je veux bien que l’on excuse ces jeunes garçons, mais de là à se cacher dans le corridor, c’est anti-naturel. Je ne comprends pas. Ça me dépasse.”

L’autocensure dont firent preuve les médias a peut-être eu, comme l’ont prétendu certains, un motif humanitaire louable, mais une telle justification est inadéquate quand il s’agit d’écarter de la nouvelle et du reportage la réaction d’une bonne partie de la société à un événement dont le sens collectif et le caractère social ne font aucun doute. Cette censure — et il y en a une — demeure un peu trop intéressée, car toute la classe moyenne supérieure est complice de notre embourgeoisement. Un exemple du bâillon qu’on a voulu mettre sur cet aspect crucial de la signification sociale de l’événement, c’est le silence relatif entourant le suicide d’au moins un des jeunes survivants qui, malgré la bienveillance des médias gagnés au ménagement de leur amour-propre et du “moi” fragile de ces derniers,, ne pouvait plus vivre avec son remords. Ce fait fut presque passé sous silence dans la presse québécoise.

Nos nouveaux bourgeois scolarisés ont-ils une conscience si individualiste et un moi si fragile ? Et nos médias, dont le personnel est issu de la même bourgeoisie, seraient-ils devenus complaisants à leur égard?

Bref, l’auteur estime que l’attitude sociale du chacun-pour-soi et le manque de courage viril ne sont pas généralisés dans la société, mais appartiennent à une classe sociale, celle la plus privilégiée, la plus bourgeoise. Il nous dit aussi en filigrane que l’explication doit en être cherchée dans la révolution sexuelle des années 60. De fait, la conclusion logique, c’est que le drame de Polytechnique aurait pu être empêché, ou limité, si les jeunes hommes citadins et intellectuels s’étaient comportés en vrais “gars” de la campagne ou du milieu ouvrier (comprendre “avoir des couilles”). J’y vois une glorification du mâle mal assumée.

Je trouve ce texte contestable, et je ne pense pas que le courage soit une affaire de lutte des classes. Par ailleurs, en confinant les rapports hommes/femmes au rapport dominant-protecteur/dominé-protégé, l’auteur fait preuve à mon avis de machisme inconscient. Même si l’auteur amorce des questionnements intéressants, je trouve son exposition caricaturale et simpliste.

Je crois aussi que ce fait divers met en relief des spécificités propres à la société québécoise, et c’est ce qui en fait tout son intérêt au-delà du simple drame de la folie meurtrière. Il illustre, dans ses analyses mêmes, le profond malaise des rapports hommes/femme qui persiste aujourd’hui.

7. Le 6 décembre 2004,
Laurent

J’ajoute que quand l’auteur dit :

“Je veux simplement constater que la profonde révolution des rôles sexuels qui s’opère depuis les années 60 a donné au moins un résultat: les jeunes hommes, ceux au moins qui sont très scolarisés, semblent avoir perdu le réflexe de vouloir protéger les femmes en danger!”

Il dit à la fois que la révolution sexuelle a eu peu de résultats (au moins un seul, mais guère plus, et s’appliquant principalement aux classes les plus scolarisées) et que ce maigre résultat est en fait négatif (perte du réflexe de protection des femmes). On y voit la culture du mythique “bon gars” si vivace au Québec et un regret de la perte du rôle de mâle protecteur. À la lumière de cette phrase, la pensée de l’auteur devient assez claire. Et très symptomatique avant même d’être critiquable.

8. Le 6 décembre 2004,
Martine

Je crois être assez d’accord avec ton analyse de ce texte, Laurent, mais je me questionne sur ta dernière phrase: “très symptomatique” de quoi?

Et si le tueur avait fait sortir toutes les filles de la classe au lieu des gars, est-ce que l’on se serait demandé pourquoi les filles ne s’étaient pas portées au secours des gars?

9. Le 6 décembre 2004,
Laurent

Symptomatique du malaise des rapports hommes/femmes qui perdure encore aujourd’hui…

Un reflet parmi d’autres : http://www.canoe.qc.ca/artdevivresociete/fev2002hommes_a-can.html

10. Le 6 décembre 2004,
Fogara

Je suis désolée de te dire cela Laurent mais se n’est pas un problème de genre qui fait en sorte que le mâle ne vient plus au secour de la belle. Mais un problème de société tout court. Et ne venez pas dire que c’est différent en France, je ne vous crois pas. Un exemple de comportement de pleutre typique de notre modernité: Jeudi soir mon copain et moi passions en voiture dans les rues d’un quartier pour se rendre à une soirée. Un camelot de 16 ans se faisais taper dessus par deux garçons du même âge. Je demande à mon copain d’arrêter, il dit non, pas sûr, ils sont deux, problèmes, etc. J’exige qu’il fasse demi tour. Un fois sur place il est sorti de la voiture et je l’ai suivit. Un autre automobiliste est arrêté et après quelques bousculades et engueulades, les garçons se sont séparés. J’ignore se qu’ils ont fait plus tard, s’ils ont attendu notre départ, mais bon. L’idée c’est que les gens ont peurs, ils se cachent au lieu d’intervenir. S’ils ne sont pas en cause, ça ne les consernent pas. Ils ne feront pas d’efforts. Faire un effort, se motiver. Vouloir mettre du temps pour définir notre société. Les gens sont bien trop occupé à acheter leur ciné maison et créer leur micro-société, leur bulle contrôlée, pour mettre des efforts dans la plus grande bulle, celle qui appartient à tous. Ils n’ont pas compris que l’on est rien tout seul. Nous somme rendu à un moment où notre manque d’investissement personnel à des conséquences sur les autres, les autres bulles individuelles. Plus de grande famille, plus de terre, plus de travail valorisant, plus de vrai. Ça dois être la lecture de tout ces textes qui me mettent à l’envers. Je doute que ça se soigne ces folies…

11. Le 6 décembre 2004,
Laurent

Fogara, tu n’as pas à être désolé, puisque tu ne me contredis pas vraiment. Je gage que les victimes de Polytechnique eut été choisies sur n’importe quel autre critère que le sexe que la réaction des épargnés aurait été la même. En fait, il y a deux débats : - le manque de courage, - la violence faite aux femmes.

En filigrane, Gary Caldwell semble penser qu’il y avait plus de raisons de porter secours aux victimes car c’était des femmes, et que le rôle de l’homme est traditionnellement de protéger les femelles. Un peu dépassé, non ?

12. Le 6 décembre 2004,
Fogara

De veilles mentalités, basés sur le principe du plus fort protège le plus faible. Ce n’est pas nécessairement la femme qui est la plus faible, elle a démontrée qu’elle peut se défendre. Maintenant et depuis toujours, d’ailleur, n’importe qui peu être le faible. C’est tout simplement son prochain. Défendre l’autre.

13. Le 6 décembre 2004,
Reidid

Je vais répondre rapidement à Maïa ici:

1.Je n’avais pas l’intention de minimiser le crime de Lépine, mes commentaires ne visaient même pas son acte. Je tentais d’exposer mes impressions sur la réaction des autres hommes présents et celles de l’auteur cité.

2.Tenter de comprendre un comportement criminel et/ou déviant n’est pas la même chose que le justifier (du moins j’espère. Si c’était le cas, beaucoup de criminologues et de sociologues auraient des problèmes.

Je ne sais pas si vous avez essayé de me faire un procès d’intentions (qui étaient de toute façon absentes), mais bon…

Pour Laurent: désolé d’avoir introduit ici un sujet aussi problématique

14. Le 7 décembre 2004,
Maïa

Je ne fais pas de procès, je préviens les dérapages.

15. Le 7 décembre 2004,
chris

Ce qui provoque un malaise, du moins chez moi, dans les propos de Gary Caldwell, c’est le raccourci entre une hypothétique intervention conjuguée des personnes presentes sur les lieux et la solidarité/fierté masculine. Dans ce cas précis, effectivement, où c’était les femmes qui étaient visées (que les femmes et toutes les femmes), cela aurait plutôt été aux hommes de stopper le tueur. Mais dans une société et égalitaire et solidaire je m’en moquerais du sexe des gens qui se concertent et agissent.

Gary Caldwell semble ici même rejoinde Marc Lépine, qui n’a pas non plus l’air de s’offusquer que des hommes se fassent tuer à la guerre sous condition que c’est les mâles qui en recoltent les honneurs et la reconnaissance de la patrie. Et ce trait d’union, sûrement involontaire, rend le texte de Caldwell problématique et, pour certains, insupportable.

(Combien de fois je n’ai pas voulu dire quelque chose quand un individu, souvent passablement ivre, déverse un flot d’injures racistes, homophobes, sexistes ou autres sur, disons, les voyageurs dans le métro. Chaque fois, j’ai vu tout le monde baisser la tête et regarder ailleurs. Et comme je n’avais pas envie de me faire taper dessus, je n’ai rien dit, moi non plus. Mais n’est-il pas déplorable qu’une douzaine ou plus de gens préfèrent s’exposer à des saletés verbales alors qu’ils sont suffisamment nombreux pour intimider un ivrogne qui dérape?)

16. Le 7 décembre 2004,
Laurent

Je suis sur ta longueur d’onde, Chris. Malaise est le terme approprié pour ce texte.

17. Le 7 décembre 2004,
magoua

Notez que le Caldwell en question était candidat conservateur dans mon coin aux dernières élections fédérales. Et depuis 15 ans ce massacre horrible est prétexte à un déluge de revendications féministes bien légitimes, toujours relayées par les médias; une sorte de journée annuelle contre la violence faite aux femmes. Je ne sais pas pourquoi mais cette récupération d’un évènement aussi tragique m’a toujours semblé déplacée. Me semble qu’il y a d’autre moyens. Ca doit etre parce que je suis un gars que je pense ca.

18. Le 7 décembre 2004,
temps

Avant toutes choses, je trouve cet acte condamnable sans restriction. Pour construire nul besoin de détruire. Ceci dit, je lis dans cette déclaration : ” Puisque la société ne veut plus de moi, je ne partirai pas tout seul, et comme un homme même si cela doit être mon dernier acte, je prouverai que j’existe.” Dans l’esprit ce qui a mon sens est une erreur, la société n’est pas composée d’hommes, mais d’une élite. La première remarque est que ceci n’est qu’une croyance colportée et parfois conditionnée par ceux qui se croient supérieurs et essaient d’imposer l’élitisme. Ceci est oublié que pour qu’il y est un maître, il faut qu’au moins une personne accepte d’être son exclave. Les principes en eux même n’ont que la valeur que nous leurs accordons. Ce drame est de toutes évidences, l’enfant d’une non-culture, ou le produit d’une société ayant abandonnée ses enfants. Au moins un, c’est sur. le piège est de classer l’affaire, ou plutot l’individu comme fou, mais ceci n’est qu’un effet, la réalité est qu’il faut rechercher la cause, et le pourquoi cette folie a put se développer. Ma réponse est la société au service d’une autre cause que des individus qui la compose.

Blah ? Touitter !