Shakespeare techno
Hier soir, je suis tombé sous la magie de La tempête, au Théâtre du Nouveau Monde. Une magie qui tient autant du jeu des acteurs (impressionnant Denis Bernard qui joue Prospero) que du jeu des éclairages, projections, hologrammes. Car l’événement de cette pièce, c’est la fantasmagorie électronique qui s’unit aux acteurs, ce sont ces apparitions qui nous font renouer avec l’illusion féerique du théâtre qui charmait les spectateurs au temps où; les effets de scène mystifiaient encore. Pour peu que l’on ne passe pas la soirée avec un “comment ça marche” dans la tête, l’enchantement opère rapidement après un début un peu laborieux et on se laisse porter par les vagues de cette “tempête techno”.
Quelques bémols cependant : les prouesses technologiques ont par moments tendance à faire oublier le texte, ce qui est vraiment dommage, et les rôles d’Ariel et de Caliban joués par le même acteur ajoutent une touche de confusion (sans parler de la gestuelle un peu trop “gollumnesque” de Caliban). Avec cynisme, on pourrait penser que le but de cette débauche technique soit le montage à l’économie de La tempête avec seulement 4 acteurs sur le plateau. Et si cette Tempête nous donnait une sorte de préfiguration d’un futur théâtre sans comédiens sur scène ? Est-ce que les moyens traditionnels du théâtre ne peuvent plus capter l’attention du public d’aujourd’hui ?
Mon lapin et moi sortîmes cependant heureux du Théâtre du Nouveau Monde et nous nous dirigeâmes sous les flocons vers la rue Laurier pour un excellent souper chez Leméac, établissement qui sert une cuisine impeccable et généreuse et cantine d’une certaine jeunesse dorée d’Outremont. (S’il faudrait critiquer, on pourrait parler du service qui, bien qu’efficace et rapide, manque singulièrement de chaleur à l’image de la décoration dénudée et froide de la salle.)
Une excellente soirée.
Bladsurb
Cette description de spectacle me fait penser à un autre québécois : Robert Lepage, qui en 1995, montait un faux “MacBeth” en solo, entouré de fantasmagories de mises en scène. http://epidemic.cicv.fr/geo/art/lepage/prj/els.html C’était très impressionnant (comment avec des miroirs et de la vidéo jouer un duel contre soi-même…). Il y a peut-être une spécificité québécoise vers ce genre d’expérimentations théâtrales ?
silongtemps
S’il fallait critiquer…
Blah ? Touitter !