Résumé des tribulations
Jeudi : quitté Montréal en fin de matinée. Dépassé l’Assomption, nous nous enfonçons dans la campagne brumeuse aux bonnes odeurs de lisier frais. Déjeuné au restaurant La Belle Province de Saint-Gabriel, bourgade au bord du lac Maskinongé. Puis, nous avons poursuivi la route en direction de Saint-Alexis-des-Monts. La destination surprise, c’était le lac Sacacomie et son hôtel déguisé en “cabane au Canada” version luxe.
Vendredi : direction le Parc national du Canada et de la Mauricie. Le Québec des grands espaces dans toute sa variété : un érable, un sapin, un lac, un érable, un sapin, un lac, un érable, un sapin, un lac, un érable, un sapin, un lac, ok, vous avez compris le pattern… Pas vu d’ours noir, ni même un orignal (élan d’Amérique). Ah, et j’oublie de parler des fameuses couleurs de l’automne, déjà bien présentes en Mauricie, des rouges et des oranges fluo qui font mal aux yeux et qui pousseraient au suicide un aquarelliste délicat. Bref, c’était tellement beau en tabarouette qu’on n’y est resté jusqu’à la fin de journée, malgré le temps gris à averses.
Après, mon courageux lapin a décidé de faire la route jusqu’au lac Saint-Jean, soit 250 km, avec pause dîner à la Tuque. Ah, voir la Tuque by night et mourir… Dîner en amoureux au Subway du coin. Nous serions restés 20 minutes de plus, que j’aurai sans doute fait une dépression nerveuse. Et puis, la route, interminable et sinueuse, avec des portions en terre et d’innombrables chantiers. La seule animation plaisante de ce périple nocturne étant les divers accidents de la route, car le conducteur mauricien ne semble animé que par un seul but dans la vie : se tuer au volant de son auto. Yves, qui, grand fou, avait décidé de respecter les limitations de vitesse, non seulement se faisait dépasser par tous les véhicules sans exception aucune, mais, en plus, klaxonner furieusement au passage. Notre jeu était alors de repérer un automobiliste qui respecte un tant soit peu le code de la route (vitesse, dépassements interdits, …), et nous avons tous perdu : pas un seul. J’ai donc trouvé la solution pour que le budget de la Province ressemble à celui de l’Alberta : mettre un radar automatique sur la 155.
Arrivé tard dans la nuit à Hébertville, à l’Auberge Presbytère, au décor fait de bondieuseries plus ou moins kitsch.
Samedi : Mouais, fait frette au Lac Saint-Jean… Après avoir quitté rapidement l’auberge cauchemar de bouffeur de curés, nous nous dirigeâmes vers le village “fantôme” de Val-Jabert, non sans avoir contemplé l’immensité du lac Saint-Jean. Ambiance mélancolique dans ce village abandonné qui donnera mon souvenir général du Saguenay : délicieusement déprimant. Sentiment renforcé par cette fin de saison où tout va fermer après le lundi de l’”Action de grâces” et le temps gris, humide et froid. Mais, il était déjà temps de se diriger vers Tadoussac, via Jonquière et Chicoutimi. Nous avons découvert le charmant village Sainte-Rose-du-Nord, en bordure de la rivière Saguenay, dans un paysage grandiose. J’y ai mangé un Pogo, meilleure spécialité culinaire du Québec selon moi.
Puis, nous suivîmes la 126, magnifique route au fond de la vallée encaissée de la rivière Sainte-Marguerite, une centaine de kilomètres au milieu de nulle part, sans village, presque sans croiser une voiture.
Arrivée en soirée à l’Hôtel Tadoussac. Heu, comment résumer Tadoussac ? Par un conseil : n’y allez pas. C’est un piège à touristes. Pour preuve : il n’y a que des Français (et pas qu’un peu), des Ontariens et des États-Uniens dans ce Dysneyland de la baleine. C’est la grosse déception de notre périple.
Dimanche : nous n’avons qu’une hâte, quitter Tadoussac. Ce que nous ferons de bon matin avec le bac qui traverse la majestueuse rivière Saguenay, pour longer le fleuve Saint-Laurent, fleuve monumental, qui me rappelle bien des souvenirs de mon trajet en cargo. Car, tous les endroits où nous passerons désormais, je les ai déjà vus de l’eau. Nous nous arrêterons souvent, pour découvrir de charmants petits coins comme Port-au-Persil. Arrêt à la fromagerie Saint-Fidèle, pour acheter du cheddar en grains, le fromage qui fait scrountch. Passons rapidement la Malbaie pour déjeuner à Saint-Irénée, au Café Saint-Laurent, excellente adresse beau-bon-pas-cher. Promenade sur la plage où un local genre bûcheron me déclarera tout de go : “elle est bonne ta pipe”. Dieu, comment est-il au courant ? Notre point de chute du soir sera Baie Saint-Paul, village avec quelques belles maisons dont la spécialité est la vente de croûtes locales la galerie d’art et la petite franciscaine de Marie.
Lundi : Retour sur Saint-Joseph-de-la-Rive pour visiter son musée maritime (je ne pouvais vraiment pas faire l’impasse sur ça), puis, prendre le bac pour l’Île-aux-Coudres où nous fîmes provision de cidre et autres plaisirs alcoolisés. Hélas, le temps s’est dégradé, pluie froide, vent et très mauvaise visibilité. Nous décidâmes d’écourter le voyage et de retourner sur Montréal, nonobstant une pause gastronomique au Saint-Hubert de Berthierville qui me mit en joie avec mon quart-poulet, mes côtes levées, mes frites et ma pinte de Molson Ex dans un décor thème Formule 1. Retour à la civilisation (Montréal) vers les 22 heures.
(Les photos, pour plus tard…)
C’est Raoul
Moi, j’ai déja fait une dépression au St-Hubert de Berthierville.
C’est triste toutes ces histoires de junkfood de franchise. Je déteste ca. j’essaye d’encourager les Kings de la patate locaux quand je le peux. Mais ca se fait souvent a mes dépents: dimanche, j’ai gouté la pire deuxième pizza du Qc, a Saint-Donat (la pizza/crémerie sur la principale). La pizza végétarienne: moi, je le savais déja, mais le cook l’a peut-être appris: si tu mets des tranches de tomates sur la pizza (par dessus le fromage). Après 5 a 10 minutes au four, elles sont toujours crues. les piments aussi. et la pizza est pleine d’eau…
MQ
Je connais bien le coin du St-Hubert de Berthierville, à 500 mètres du musée Jean Villeneuve, juste à la sortie de l’autoroute. Charmant décor.
J’ai de la famille qui vit tout près. J’ai pas eu le plaisir de visiter le St-Hubert, mais je t’avoue que je ne le regrette point.
Je pense que la seule raison valable de s’arrêter à Berthierville, c’est de faire le plein pour éviter la panne sèche. Parce que t’as vraiment pas envie de tomber en panne sur la 40.
grégoire
Saint[-]Laurent, merci pour toute cette splendeur…
Avis aux Québécois fidèles lecteur du capitaine :
sur Wikipedia en fraçais le pogo a un goût de Sex Pitols et ressemble plus à mes souvenirs de “should I stay or should I go”
sur Wikipedia on a le droit à : “Pogo is a hotdog on a stick covered in corn batter and deep fried. It is the commercial tradename of a brand of corn dog and also the Canadian term for corn dog, having Pogos become ubiquitous, and thus the name transferring from the specific to the generic. (c.f. Kleenex, Band-Aid, Aspirin)”… ce qui ne semble pas à la hauteur de “J’y ai mangé un Pogo, meilleure spécialité culinaire du Québec selon moi.” dixit un grand marin gastronome français
sur ’je google le lapin gourmand’ : “Plus intéressant encore, le syndicat soutient que dans le but de réduire ses frais d’exploitation, Sodexho a fait disparaître la soupe des menus pour la remplacer par des portions de croustilles ou des pogos.” ( http://lapingourmand.com/actualites/000285.html )
Alors, qui nous donne sa recette de la meilleure spécialité culinaire du Québec ?? Et avec en bonus le vin qui va avec :o)
Martine
Ah ben maudit câline que j’ai l’goût d’un bon Pogo moi là!
Jean-Pierre Martineau
Whoa! L’auberge du presbytère, j’y suis allé il y a quelques années. Cet endroit nous a foutu la trouille et nous a donné les blues. En fait, je n’arrive pas à mettre le doigt sur ce qui n’allait pas. Peut-être était-ce le thème religieux, qui malgré une apparence superficielle, impréignait l’endroit d’une odeur de vieux que je ne saurais décrire autrement qu’affirmer que ça sent comme la chambre de mamie. Peut-être était-ce le silence lourd qui régnait là. Peut-être était-ce le vieux lit trop bruyant qui assurait la chasteté des lieux. Peut-être était-ce l’endroit où on pouvait supposément se baigner - une plage où les locaux regardent les zétranges du porche de leur tente roulotte stationnée sur un terrain loué à la saison.
Plus jamais je ne retournerai là, vil endroit où on entretient l’illusion du bonheur d’une époque sombrement triste.
Michel D.
Vous avez été finalement à Port-au-Persil? soupirs
Etolane
Tadoussac, il faut y aller début juin lors du Festival de la chanson! ;) Si on a pas peur d’être pris dans une marée de musiciens marginaux des plus locaux aux vibrations québécoises au boute! Le meilleur moment de l’année pour s’y réfugier lorsque l’été étale ses promesses et que le beat emporte le village en un méchant délire…
Blah ? Touitter !