Leveraged buyout
Le site d’Hénin-Beaumont fabriquait des kilomètres de rouleaux de papier, fin comme du papier bible, qui servait à imprimer en vingt secondes des motifs sur les tissus synthétiques par thermo-impression une sorte de décalcomanie. Des dessins façon zèbre, panthère, fleurs, cachemire, gravés sur 11 000 rouleaux différents en acier chromé. Le procédé avait été inventé à Hénin, les carnets de commandes étaient pleins, pourtant l’usine a coulé.
Autrefois propriété de la Lainière de Roubaix, le site a subi trois leveraged buy out (LBO) depuis 1992. Ce processus consiste à acheter un site en s’endettant, puis en se remboursant sur la bête, privant, du coup, l’entreprise des fonds qui lui permettraient d’investir. En cas de coup dur, comme l’actuelle concurrence du marché asiatique, l’usine n’a plus de marge de manoeuvre. Pompée jusqu’à l’os, Sublistatic est liquidée.
«Le premier LBO a rapporté aux actionnaires plus de huit fois leur mise de départ. Pour les deux autres, on n’en sait rien, on n’avait plus accès à l’information», estime David Katarzynski. Que faire ensuite ? «L’actionnaire s’était barré, le patron s’était barré, explique le délégué CFTC. La médiatrice de l’Etat nous disait : “On n’a pas à entrer dans les affaires privées.” On n’avait aucun interlocuteur. La menace de pollution était notre seule arme.» Et ils n’ont pas eu le coeur de s’en servir.
[Libération : “Amère liquidation chez Sublistatic”.]
Wikipedia (en) : Leveraged buyout.
Anne Onyme
Je bosse dans une boîte rachetée en LMBO, qui fait de la croissance, des profits ET qui distribue intéressement et participation aux salariés ET qui embauche EN FRANCE. Le LBO n’est qu’un outil, qui peut vraiment aider une entreprise. Ce sont les gens qui sont derrière qui le dévoient…
padawan
Il y a une différence entre LMBO et LBO, la lettre M = Management, le MBO étant par ailleurs un concept très différent du LBO.
Jerome
Il faudrait savoir : “les carnets de commande étaient pleins” et plus loin “En cas de coup dur, comme l’actuelle concurrence du marché asiatique” : si la concurrence asiatique avait fait si mal à Sublistatic, comment l’entreprise aurait-elle conservé des carnets de commande pleins ?
La seule façon que l’entreprise soit victime de la concurrence asiatique ET ait des carnets de commande remplis serait qu’elle ait vendu ses produits moins cher que leur coût de fabrication (pour s’aligner sur les prix chinois) - vendre moins cher que ses coûts, ça s’appelle vendre à perte, une faute de gestion qui met le futur de l’entreprise en péril, LBO ou pas.
Enfin, rarement lu autant de conneries en si peu de mots sur le LBO : n’oublions pas que pour financer un LBO, il y a un (ou plusieurs) banquier(s). Or ces banquiers ont surtout intérêt à récupérer l’argent prêté, et pas à mettre l’entreprise en faillite. Regardez, toutes proportions gardées, la saga Eurotunnel : celui qui menaçait de liquidation, ce n’était pas le banquier, mais le patron…
cédric
Et oui maintenant pour ma boite faut trouver un autre fournisseur d’imprimé… Ca va devenir de plus en plus compliqué. Mais ca va on finit par être rodé dans le textile.
Blah ? Touitter !