Le regard
Je connais ce regard et je sais que je ne l’aime pas. Il y a ce je ne sais quoi d’incomplétude, de vague, de flou. Cette discréte et vitreuse lacune de mauvais augure.
Ces yeux un peu ailleurs, à contre-courant de la parole. Décidément, je n’aime pas ça.
Ce voile-là, j’en connais déjà la texture, j’en sais la signification. L’espoir est que l’air lourd se mute en bourrasque afin de le faire voler au loin.
Je suis pétri d’angoisse et l’angoisse me pétrit.
Pourquoi se rendre là pour me rendre compte que j’ai besoin de ma maman.
Je voudrais croire pour prier, mais, mon dénuement est total face à ces événements. Ma rationalité en prend des coups…
Je pleure, sans doute sur moi-même comme me le martelait l’anachorète, mais, je ne peux y surseoir. Qui pleure ne pleure-t-il pas que, jamais, sur lui-même ?
Je me suis senti si seul dans cette petite gare à attendre le train du retour. Je me suis senti si vieux de trop de poids successifs accumulés sur mon dos. Et je me suis découvert liquéfié comme un yaourt passé de date. Il y a un ordre à toutes choses, la sagesse est de laisser passer le ruisseau, sans barrages enfantins et dérisoires.
Les choses vont, nous en sommes le spectateur immobile, plus ou mois conscient, mais, tellement impuissant.
Sur le quai de la gare, il y avait une marguerite superbe rasée de lumière couchante. Quelle gare ne devrait-elle pas avoir sa marguerite ? J’ai voulu faucher sa beauté insolente, mais, je me suis dit qu’elle pourrait être utile à d’autres. Et que le meilleur à prendre en était son souvenir.
Alors, je suis à la maison, le visage illuminé du bleu de l’écran, et je souris à ma marguerite.
Putain de marguerite.
Touitter !