L’opinion publique? Chassez-la, cette intruse, cette prostituée qui tire le juge par la manche! C’est elle qui, au pied du Golgotha, tendait les clous aux bourreaux, c’est elle qui applaudissait aux massacres de septembre et, un siècle plus tard, crevait du bout de son ombrelle les yeux des communards blessés…
[Attribué à l’avocat Vincent de Moro Giafferi.]
Il semblerait aujourd’hui que notre Garde des Sceaux, Rachida Dati, agisse sous l’emprise d’une prostituée… Nul ne pensera que la justice y gagne.
Il est difficile de placer des concepts politiques essentiels sur la pensée de SR. D’après ce que Zorglub comprend des sources, il s’agissait essentiellement de refonder la religion du royaume et la nation, en organisant de grandes cérémonies communes appelées « États Généraux ». De transes mystiques réalisées à l’occasion de ces grandes messes devaient sortir des prophéties montrant le chemin. Plutôt qu’une politique, SR offrait un mode de vie, une morale : il fallait être « utile », « serein » ; on se devait de « désirer l’avenir » ; on doit sourire en toute occasion, même en cas de défaite. D’où tirait-elle ces règles de vie ? Une hypothèse a été émise par le doyen Ubarg Gargl, qui pense que les terres poitevines, d’où venait le baron UMP Jean-Pierre Raffarin, avaient été traversées par un courant culturel et religieux nommé la « positive attitude ». En s’emparant des terres de Raffarin, SR avait sans doute repris à son compte l’œuvre des intellectuels ayant conçu ce courant. On a souhaité, semble-t-il, transmettre au bas peuple ces perles de la pensée française, en chargeant les chansonniers qui divertissaient les foules de répéter ce mot d’ordre. D’après Trâbg d’Ufol la Première, SR aurait même rédigé une règle monastique. Mais Zorglub pense que le « Pacte présidentiel » qu’elle aurait écrit était plus probablement une charte octroyée à ses partisans : de même que les français se cachaient à eux-mêmes qu’ils n’étaient plus une nation, et que leur république était un royaume, ils n’auraient jamais reconnus clairement que leur politique tenait plutôt du culte.
[Raveline : “Histoire du royaume de France dans l’antiquité terrienne, par Zorglub d’Ufol la Troisième (4)”.]
J’aime bien Raveline, on dirait du Stanislas Lem.
Au MoDem, il y a des dizaines de milliers de militants. Et puis il y en a une poignée, enfin à peine, qui s’épanchent publiquement sur leurs états d’âme. Ils sont très peu nombreux et très peu représentatifs mais l’effet blogosphère les rend très bruyants et ils croient avec une naïveté confondante que le bruit qu’ils génèrent est proportionnel à leur importance. Ils appartiennent à trois groupes : les dramaturges, les suffisants et les dépressifs. [Christophe Ginisty.]
Christophe Ginisty doit avoir un talent de cumulard, puisque je le percois parfois comme dramaturge, suffisant et dépressif. Blague à part, au Modem, comme ailleurs, il y a la ligne du parti… Un esprit libre peut-il s’exprimer sans censure dans le cadre d’un parti politique…
Être encarté, c’est un peu être serf.
Bunnyhero dev: “Scaring people with fullScreen”.
[Via John Gruber, Padawan.]
(Incidemment, je découvre que non seulement j’ai en commun avec François, alias Padawan, l’année de naissance, mais aussi le mois de début de blogage…)
Reçu aujourd’hui :
Je crois qu’il faut que je me désabonne de ton blog, ça me prend un temps monstrueux en ce moment (et le temps pris, ça touche à l’intime et à ma liberté individuelle donc c’est proprement inacceptable donc je devrais te poursuivre pour ça).
Et pendant ce temps, mon blog se meurt.
X
Je crois que je vais rajouter à ma page de mentions diverses :
Je décline toute responsabilité pour quelconque assuétude morbide à ce site. Vous reconnaissez visiter ce site de votre plein gré en connaissant les risques éventuels. Toute réclamation pour baisse de productivité, perte d’activité sexuelle, disparition de vie sociale, etc. ne saurait être prise en considération.
[…] Lui est un Français né au Maroc, à Fez, âgé d’une trentaine d’années. Ingénieur, il est bien intégré professionnellement, tout comme son frère, qui occupe un poste de direction dans une société. Elle, aussi d’origine marocaine, est née en 1983 dans le nord de la France où elle poursuit des études d’infirmière. Tous deux sont de confession musulmane et une petite dizaine d’années les sépare. Avant de s’unir, Aïcha et Nouredine ont pris le temps d’apprendre à se connaître. Leur attachement a grandi sous le regard bienveillant de leurs proches pendant près de deux ans. Mais Aïcha, qui n’avait sans doute pas parlé à sa famille d’une précédente relation, n’a pas la force d’expliquer qu’elle n’est pas vierge.
L’échéance de l’union approchant, la jeune femme aurait songé à faire appel à la chirurgie pour reconstituer son hymen. Opération imparfaite ou non effectuée ? Quoi qu’il en soit, le soir même des noces, le scandale éclate. Vers quatre heures du matin, le marié annonce la nouvelle aux invités qui partageaient le dernier thé à la menthe. Accusée d’avoir humilié son époux et leurs deux familles, Aïcha aurait été reconduite chez ses parents dans la foulée. Pour Nouredine, la procédure de nullité de l’union de venait la seule façon de laver son honneur. Une annulation qu’il demande non pas au nom d’un « droit à la virginité » mais du mensonge de sa future épouse.
[…] Effrayée de voir l’affaire se prolonger pendant des années, la jeune femme accepte alors d’entamer la procédure. « Il ne s’agit pas d’une soumission, souligne Maître Mauger. Son acquiescement lui permettait de sortir techniquement d’une procédure. Le juge l’a compris et a entériné cet acquiescement. Ma cliente était malgré tout très contente, car cette décision lui a permis de retrouver sa liberté. C’est un soulagement. » C’est ainsi que l’union d’Aïcha et de Nouredine a été « effacée ».
[Le Figaro, Agnès Leclair : “Mariage annulé, l’épouse a cédé aux pressions”.]
Et pourtant. Les médias s’emparent de cette affaire. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit de musulmans ? Parce qu’il est question de virginité ?
Encore une polémique qui stigmatise la religion musulmane alors que le problème n’est pas là à mon avis.
[…] Une jurisprudence de 2004 avait décidé sur ce même fondement d’annuler un mariage parce que l’un des époux n’avait pas fait mention d’une union antérieure et donc d’un divorce. Une décision révélant elle aussi une vision archaïque des relations homme-femme mais qui, elle, n’a pas fait couler d’encre. Pour moi, dans l’affaire récente, c’est cette médiatisation qui est discriminatoire et renforce encore plus l’islamophobie qui sévit dans notre pays.
[…] La lutte pourrait par exemple passer par une interdiction pure et simple de délivrer des certificats de virginité. Je sais que parfois les familles brandissent fièrement le certificat de virginité de leurs filles avant le mariage. Pour certains, c’est un «diplôme» plus important que le bac. Il existe des médecins qui refusent catégoriquement de délivrer ces certificats ou d’autres qui le délivrent en fermant les yeux sur la jeune fille souvent apeurée. La mise en place d’un numéro vert spécialement pour celles qui auraient peur de subir un mariage forcé ou arrangé pourrait être aussi une solution. Cela pourrait par exemple aboutir à une médiation avec les membres de la famille…
[Nadera M., Jours tranquilles à Clichy-sous-Bois : “Like a virgin”.]
Pendant ce temps là, Rachida Dati pète un câble à l’Assemblée. L’annulation, elle sait ce que c’est.
Pour le dire très vite : un jour, j’ai accepté de me marier. Je me suis mariée avec un homme avec lequel je n’avais rien à partager. Une connaissance, en Algérie, avait fait une demande officielle, pendant des vacances. Ce n’était pas un mariage forcé. […] J’étais adulte, je vivais à Paris et nul ne me forçait à rien. Mais je l’ai décidé sans le vouloir. Je l’avais fait par abandon, […] pour faire plaisir à ma famille. […] Il n’y avait pas d’amour, pas de vrai choix… C’était impossible. L’homme que j’épousais n’y était pour rien. […] Je me suis mariée et aussitôt, j’ai voulu effacer cela. J’ai demandé l’annulation du mariage. […] Aujourd’hui, juridiquement, c’est comme si je ne m’étais jamais mariée. […] Je sais ce que cela représente pour une femme d’être submergée au point de céder sur le plus précieux : l’intégrité. J’y ai échappé, mais on ne reste pas indemne quand on a frôlé cela.» [Rachida Dati.]
[Dessin Mélody Denturck pour Jours tranquilles à Clichy-sous-Bois.]
JP
ben oui, lorsque quelque chose la touche, l’opinion publique est prompte à insulter et stigmatiser, au lieu d’analyser calmement.
Vincent de Moro Giafferi fonctionne-t-il si différemment de l’opinion publique?
koz
Non, c’est trop facile de tomber encore une fois sur Rachida Dati. Si on veut se payer du sarkozyste, payez-vous Devedjian, payez-vous Paillé, payez-vous Lefebvre. Sans oublier qu’à gauche, les réactions ont été aussi unilatérales. Mais Rachida Dati a eu la seule réaction sobre et juste. Aujourd’hui quoi ? Le Parquet fait appel ? So what ? Si on se pique de juridisme, on notera que cela ne préjuge pas de la décision rendue, surtout si l’on a affaire à des magistrats exaspérés par l’ingérence politique.
Politiquement, alors que 99% de l’échiquier politique s’est prononcée contre elle (à l’exception notable de Christine Boutin mais ne la mentionnons pas), qu’elle a été mollement défendue, que sous l’influence des medias et des politiques, l’opinion publique s’est effectivement scandalisée, pouvait-elle ne rien faire ?
Encore une fois, cette décision ne préjuge de rien. Elle n’interdit pas une confirmation en appel, ni en cassation.
Ploum, ploum
Je n’avais pourtant jamais pensé que la République était une de ces prudes jeunes filles. Renaud chantait même en son temps que son maquereau était le pharmacien.
Vancho’Nul
Les professionnels de la profession, par essence conservateurs, aiment à expliquer la profondeur de la complexité du Droit, sa “technicité” et par là même démontrer l’ignorence des “indignés” et du bon peuple.
Les professionnels de la profession oublient bien souvent qu’il ne sont que des marionnettes ayant appris leur textes par coeur dans des “écoles-moules” pensées et structurées pour être au service du bon peuple ignare et des “indignés”.
Ce n’est pas un hasard si on ne laisse pas ces clowns tristes habillés en noir (mais qu’ils sont rigolos dedans !) indépendants de toute tutelle. Le Ministère est là pour être les yeux et les oreilles de la Justice vers l’extérieur, légitimé, LUI, par les urnes (oui monsieur !) et qui sans lui serait une machine “pleine de vices”(©Trust) tournant sur elle même…
Rubin
Je ne serais pas trop dur avec Rachida Dati dans cette affaire. C’était l’une des rares personnalités politiques a avoir un avis lucide sur le jugement, et il me semble surtout qu’on l’a forcée à manger son chapeau.
Gus
L’avocat de l’intéressée laisse la presse dire que sa cliente aurait été victime de pressions internes au cercle familial. Sauf erreur de ma part, la justice peut difficilement ignorer l’existence d’une telle affirmation, surtout rendue publique, et probablement nouvelle, à moins d’imaginer que la Cour n’ait annulé le mariage en pleine connaissance de l’existence de ces pressions.
narvic
@ Koz
L’opinion “sous l’influence des medias”… Il faudrait parvenir à sortir de ce lieu commun qui n’est qu’une paresse de la pensé.
Les médias sont un épouvantail commode. Cette simplification abusive aboutit à faire des médias un grand manipulateur, totalement abstrait, désincarné, purement fantasmé. Et ça conduit à mal interpréter ce que l’on a sous les yeux.
La réalité c’est que les rapports entre les médias et l’opinion fonctionne généralement de manière inverse de ce que voudrait croire et faire croire les tenants cette théorie de “l’influence des médias”.
Les médias de masse sont à la remorque de leur audience et pas l’inverse. Les médias de masse n’ont pas d’objectif politique. Ils ne cherchent qu’à séduire leur audience, à lui tendre un miroir dans lequel elle se reconnaît. Ils sont en permanence à l’écoute de leur audience, pour tenter de deviner et devancer ses attentes.
Les médias s’écoutent aussi beaucoup les uns les autres, pour ne pas se faire distancer par un concurrent qui aurait saisi une tendance de l’air du temps avant les autres.
Bien sûr ce miroir est déformant, ce qui pose des problèmes. C’est un miroir grossissant et focalisant. C’est un miroir simplificateur, qui à toujours tendance à faire ressortir des formes et des couleurs constantes, quitte à faire entrer de force la réalité dans ce cadre a priori.
Quoiqu’il en soit, les médias ne cherchent pas à influencer, ils cherchent à plaire.
JP
Ah oui, on l’a bien vu lors du TCE, les médias ont servi à l’opinion uniquement ce qu’elle avait envie d’entendre. Aucune tentative d’influence.
Enfin, presque…
Autre exemple: la tentative de renversement du premier ministre lors de Clearstream 2, organisée par les usual suspects, libé, lemonde, lobs, lepoint, lexpress, à partir de conneries montées en épingle.
Ce n’est pas parceque bien des médias ne sont que des caisses de résonnances, qu’il n’y a jamais d’entreprises manipulatoires de la part de quelques uns. Au contraire, cela rend leur organisation plus facile.
Sinon, eolas semble en rade (son serveur, je veux dire)
Damien B
@narvic #7
Serge Dassault se voit ici reconnu dans sa facette narcissique. Ce qui me choque dans ce raisonnement (et dans ceux que vous avez exposés dans les posts précédents), c’est qu’à chaque fois, vous escamotez le cas particulier auquel on à affaire, et imposez un cas général comme seule vérité, sans montrer dans votre raisonnement en quoi ce cas particulier cadre avec le cas général.
En suivant votre conclusion, cela revient à dire que Laurent Joffrin dans son éditorial ne cherche pas à influencer mais à plaire : ça me laisse dubitatif.
Et dans le cas particulier de cette affaire, tout est parti de l’article de Libé (une pleine page), écrit par Charlotte Rotman. Charlotte Rotman ne cherche pas à convaincre, elle cherche à plaire c’est bien connu. Il n’y a qu’à voir les articles qu’elle signe : son but, c’est d’anticiper les désirs du lectorat, ça se sent, c’est évident, parce que c’est le cas général, donc c’est sûr et certain. Mais laissons cette journaliste de côté, ce n’est que la source, et elle n’a pas participé de manière visible à l’amplification de l’affaire.
Enchaînement dans les médias, au 13h de France 2, ils choisissent de donner la parole à Elisabeth Badinter (deuxième actionnaire de Publicis et présidente du comité de surveillance, encore une personne tout à fait neutre qui ne cherche pas à influencer). C’est le choix de la rédaction de donner une tribune à quelqu’un qui n’est pas neutre, et (sa position est connue avant l’interview) qui va d’emblée partir sur la piste du consentement sous contrainte (ie qui est réglé par une autre partie de l’article 180) :
Je découvre ce qu’a dit Elisabeth Badinter en retranscrivant le journal… Et ce qui me frappe c’est de voir que tous les arguments que j’ai vu ici reposent sur la même hagiographie de l’histoire de cette jeune femme. Quand on se réclame de la réflexion, c’est impressionant de voir toutes ces voix qui promulguent l’évangile selon Badinter. Son intervention télévisuelle continue, je continue la retranscription :
Quelques remarques sur la fin de l’intervention. Un mariage, c’est la création d’une nouvelle entité, le couple, qui s’ajoute aux deux individus qui le forment. Cette nouvelle entité va avoir sa liberté et son intimité propre, qui va naître des intimités et des libertés de ses constituantes. Donc l’argument que l’intime ne doit pas être utilisé pour casser un mariage, qui est la forme institutionnalisé de mise en commun des intimes, me paraît un peu faible. Et qui est ce nous dans lequel elle nous englobe de force ?
Pour en revenir au début de ce commentaire, qui est pire qu’une digression talonienne, Koz disait :
Narvic répond :
Je ne suis pas sûr qu’en l’espèce on puisse nier l’effet de la parole d’Elisabet Badinter mise en avant par les médias, qui se situe chronologiquement avant la scandalisation de l’opinion publique. Que d’une manière générale, les médias soient à la traine, soit. Qu’ils le soient systématiquement, ça me semble absurde.
Une dernière remarque, Laurent disait en #96 de “La menteuse déflorée” :
Tout était dans l’intervention d’Elisabeth Badinter.
e-cedric
M’est avis que l’on va tout droit vers la simple disparition de la mention de la virginité, ainsi l’opinion sera contente, les politiques auront donné l’impression qu’ils entendent, les éditorialistes seront confortés dans leur positionnement, l’honneur du pays des droits de l’homme sain et sauf, les gueulard(e)s satisfaits d’avoir conformément à la fonction qu’ils se sont assignés gueulé (voire éructé), et la justice n’aura qu’à bien se tenir la prochaine fois cette biatch, qui s’entête à vouloir écrire noir sur blanc les faits.
Que c’est beau un pays qui s’entête à maintenir intacte l’image (d’Epinal) qu’il a de lui-même, et tant pis pour la réalité.
Une France pure ma bonne dame, une France virginale.
Mais la réalité est têtue. La question vaguement posée reste celle du vivre ensemble, quand nous sommes plus de 60 millions, réunis par hasard dans le même Etat-Nation laïc.
Faut-il définir les totems et tabous acceptables pour tous et toutes, issus de familles différentes ? Et si oui qui doit le faire ? Et qui le fait quoi que l’on réponde de façon légitime ?
Je ne suis pas certain que ce débat aura lieu.
Que les institutions, républicaines ou auto-proclamées, profitent d’un tel fait divers pour du branding, quitte à surjouer et/ou singer ce qu’elles sont/étaient (Libé, pathétique), idéologie et business as usual.
Mais au-delà du fait que l’on va purger le jugement de la mention qui fâche, sans rien changer d’autre, il serait de bon ton que les politiques ne s’engouffrent pas dans la brèche en souhaitant légiférer et définir une norme. On peut me rétorquer qu’il ne s’agit que de la virginité, certes, mais le pied sera dans la porte, et symboliquement le coup de canif sera clair.
Tout ce qui serait à un moment donné jugé trop déviant par l’opinion pourrait être rappelé à l’ordre par la loi. En attendant les barbares …
narvic
@ Damien-B
L’attitude de Joffrin : clairement tentative de séduction, oui, certainement ! Après le divorce enregistré par le journal Libération avec son audience traditionnelle (perte d’un lecteur sur cinq en cinq ans sous les dernières années de July), un phénomène assez exceptionnel dans les médias, l’action de Joffrin est clairement aujourd’hui de tenter de reconquérir une légitimité vis à vis de ce lectorat perdu. Si ça ne justifie pas, ça explique bien des démagogies de ses prises de positions. Alors oui, Joffrin est tout à fait dans une stratégie de séduction et pas d’influence..
La reprise rapide de la position d’Elizabeth Badinter : la philosophe a montré qu’elle avait clairement senti avant les autres le caractère choquant de ce jugement pour une bonne partie de l’opinion publique, et ceux qui l’ont relayée ont joué ce pari que la mettre en avant leur permettait de prendre un coup d’avance sur les autres médias.
Les faits leur ont donné raison. Ils avaient bien vu venir le coup ! C’est comme ça que se passe.
C’est sûrement plus confortable intellectuellement d’imaginer que l’opinion publique serait aussi facile à manipuler. La réalité, c’est que l’opinion publique est très difficile à contrôler, et qu’il faut des moyens de propagande gigantesques pour espérer avoir un tout petit peu de résultat en la matière. Voir à ce sujet, l’ampleur des moyens mis en oeuvre par les publicitaires pour tenter d’influencer l’opinion : plusieurs fois le budget de l’ensemble des médias réunis, et avec des résultats incertains…
Quant à Dassault : il a bien tenté de mettre Le Figaro au service de son usage personnel (cf. des pressions pour faire publier des infos sur la ville dont il est élu). Il a rapidement réalisé, que c’est Beytou qui avait raison et qu’il était en train de tuer son propre investissement. Il laisse désormais le Figaro jouer son propre jeu: tenter d’être le miroir de son propre lectorat, le séduire et lui plaire, exactement comme le fait Joffrin à Libération (et comme font tous les autres sans exception : même le Canard enchaîné est dans ce rapport avec son lectorat).
@ Laurent
Sur le titre : “de l’opinion publique”… Rappelons-nous que les juges sont censés rendre la justice “au nom du peuple français”. Les Français ont peut-être quelque légitimité à s’exprimer quand il ne sont pas satisfaits de ce que la Justice dit en leur nom.
Ou alors, admettons la victoire de la technocratie et confions le pouvoir aux experts. Platon, ce vieux réac, n’appelait-il pas cela… l’aristocratie ?
narvic
@ Laurent
Intéressante analyse de jurisprudence de Malakine sur une autre affaire (cour d’appel d’Agen, le 4 juillet 2006 ):
Une telle solution n’est-elle pas envisageable dans le cas de Lille ?
Anne Onyme
“La réalité, c’est que l’opinion publique est très difficile à contrôler, et qu’il faut des moyens de propagande gigantesques pour espérer avoir un tout petit peu de résultat en la matière. “
Narvik, la réalité c’est que vous défendez une monstrueuse contre-vérité, étayée sur un argument insensé, le faible rendement de la publicité. Vous ne faites au fond rien de plas qu’une analogie avec la publicité. Mais une analogie n’a jamais rien démontré, et la votre n’est même pas correcte, le faible impact de la publicité ne résulte de rien d’autre que de la loi des rendements décroissants.
Juste pour mettre en exergue la fausseté de votre raisonnement, je vous propose d’imaginer un monde dans lequel un petit cartel d’entreprises détiendrait le monopole de la publicité. De toute l’année, le consommateur ne verrait qu’une ou deux campagnes publicitaires. Le rendement de la publicité serait très bon, vous en conviendrez. La publicité peut efficacement influencer lorsqu’il n’y a aucune saturation de la cible. Et imaginez en plus qu’il ya aurait dans cet univers chaque jour 30 Badinter fabriquant trente sujets d’indignation différents. L’impact serait bien faible. L’influence médiatique n’a pas d’impact lorsque la cible est saturée (sarko ne semble pas l’ignorer, lui qui crée des sujets d’indignation en quantité telle que l’on n’y réagit pas autant que l’on devrait). Mais il s’y trouverait bien quelque sophiste au service du cartel publicitaire pour user d’une analogie aussi incorrecte que la votre, et prétendre qu’ici la publicité ne pourrait influencer, puisque les médias polémistes ne le peuvent pas.
Sinon, faudrait un peu vous renseigner: le “yellow journalism” existe depuis un peu plus d’un siècle. Et vous pourriez au moins ne pas oublier l’histoire récente: l’Irak et la manipulation de l’opinion américaine.
JP
(je suis l’anonymous précédent)
re @narvik
Selon votre logique, si libé avait choisi de ne pas publier le papier initial, ca n’aurait rien changé au résultat final? (je sens que vous répondrez à coté)
Selon votre logique, les médias doivent nécessairement faire du tam tam sur l’absence de référendum pour le traité de Lisbonne, puisque 70% de l’opinion ne trouve pas cela normal. Expliquez donc pourquoi les médias sont inertes sur ce sujet.
La théorie que vous défendez ne vous permetra pas de répondre avec cohérence à ces deux questions à la fois.
Damien B
@Narvic #11
Dans mon esprit, la légitimité ne sert pas à grand chose dans une stratégie de séduction, dont le propre est justement de gommer l’aspect “légitime” du sujet abordé.
Sur Elisabeth Badinter, l’hypothèse “senti avant les autres le caractère choquant de ce jugement pour une bonne partie de l’opinion publique” ne peut être évaluée que si l’opinion publique se fait indépendamment de l’intervention de madame Badinter. Or, à la vue des arguments, et en particulier de l’argument de pression, martelé par Badinter, mais qui ne sert pas à grand-chose (cf. Art 180 alinéa 1) dans l’affaire en cours, on ne peut pas raisonnablement estimer qu’en l’absence de la diffusion de masse de sa thèse majeure sans opinion contradictoire, le résultat aurait été le même. Car si on enlève cet argument massu (le jeu des pressions) de côté (parce que traité à part dans le même article 180 et l’avocat de la femme a jugé préférable de partir sur l’option “mensonge” plutôt que sur l’option “pression” cf. interview du Figaro), alors la rhétorique de Badinter perd complètement de sa puissance et de son impact sur l’opinion (si on estime que l’opinion publique n’était pas encore complètement formée avant son intervention, ce qui est mon cas).
Dassault :
On était sur la dialectique séduction / influence, et je ne pense pas que restreinte l’”influence” à la mise en avant de ses actions publiques soit suffisante. Il laisse le Figaro jouer son propre jeu, tant que le jeu lui convient : il n’a pas non plus acheté un canard qui allait à l’encontre de ses théories économique, industrielle et politique. Et ensuite vous allez dans mon sens, en disant que oui, il y a des médias qui souhaitent influencer, même si ça n’est que ponctuel.
Pour Joffrin, je suppose que son livre avec Delanoë c’est principalement pour séduire les delanoïstes ? Ca ne veut pas dire que des articles ne surfent pas sur la vague, comme ce magnifique Tous unis pour les marier de force sur Libé, du même auteur que l’article initial. Mais à mon interrogation sur son éditorial, votre réponse est : “clairement tentative de séduction, oui, certainement”. Mais ce n’est pas parce que Joffrin à pour volonté prinicipale de séduire qu’il n’influencera pas l’opinion (et plus il séduit, plus ses idées sont diffusées, plus son influence potentielle augmente).
Pourquoi est-ce que vous mettez systématiquement les avis des autres sur le compte de la paresse intellectuelle ?
Il y a une énorme différence entre essayer de convaincre la population de dépenser leur argent pour changer durablement de marque de lessive (“accessoire” et payant), et provoquer l’indignation de la population (“fondamental” et gratuit). Et tant qu’à faire dans le nauséabond, je ne prendrais qu’un seul exemple, qui ne sera pas l’excision ou l’étoile jaune pour changer : Marie-Léonie Leblanc.
Blah ? Touitter !