« On peut reprocher beaucoup de choses à Jack Lang, mais on doit lui reconnaître son engagement de toujours pour réformer la constitution et son honnêteté intellectuelle devant la réforme qui nous est soumise lundi », a écrit Frédéric Lefebvre dans un communiqué.
Jack Lang, député du Pas-de-Calais, qui fut membre de la commission Balladur sur les institutions, avait déclaré jeudi qu’il excluait de voter contre, tout en soulignant qu’il n’avait « pas encore arrêté (son) choix » entre vote pour, abstention et non-participation au scrutin. « Il est hors de question que je vote non. Ce serait contraire à ma conscience, contraire à mes convictions. La cohérence, la rigueur intellectuelle, ça compte, non ? », avait-il affimé.
Selon Frédéric Lefebvre « quand Jack Lang souligne que cette réforme est plus ambitieuse que celle bâtie par les socialistes en 2006, il se contente de dire une vérité parfaitement vérifiable par tous les observateurs de notre vie politique ».
[Le Figaro / AFP : “L’UMP salue l’« honnêteté intellectuelle » de Lang”.]
Quoiqu’insatisfaisante, la réforme votée par le Parlement présente des améliorations. Ne serait-ce que sur le fonctionnement de la procédure parlementaire et l’exception d’inconstitutionnalité.
C’est pourquoi la position rigoriste du Parti socialiste me paraît emprunte d’opportunisme. Elle ressemble à celle de certains adversaires du Traité Constitutionnel. Puisque le bien est impossible, il faut refuser le mieux.
Cette chose étant dite, le député du Pas-de-Calais pourrait montrer un peu moins de désinvolture.
Cet article de Libération nous apprend en effet que Jack Lang laisse planer le doute sur ses intentions de vote lors de la session du Congrès à venir.
Et de fait, il hésite à revenir de Mykonos où il passe quelques jours de vacances.
Je tique.
[Diner’s Room : “Jack Lang en vacances et les institutions”.]
Grâce à Jack Lang, la réforme des institutions est adoptée avec une voix supplémentaire. François Fillon se réjouit d’un “succès pour le pays et la démocratie”, une victoire par 3/5e des suffrages exprimés.
François Hollande déclare que “le perdant, c’est Sarkozy” (un perdant à 60 %…). Jean-Marc Ayrault parle de “résultat pathétique”. Ils ont le résultat amer.
Suis-je seul à voir que le Parti socialiste a perdu des plumes et de la crédibilité dans cette histoire ? Et que s’il y a “résultat pathétique”, c’est bien pour eux ?
Je suis, une fois n’est pas coutume, sur la même longueur d’onde, qu’Hugues Serraf :
C’est sûr, j’aurais préféré Badinter à Lang. Comme soutien de gauche à la réforme constitutionnelle, monsieur Abolition-de-la-peine-de-mort, ça fait tout de même plus présentable que monsieur Fête-de-la-musique. Mais Badinter a choisi de godiller et Lang est apparemment le seul à se souvenir des engagements réformistes du PS. Bon, d’accord, les changements sont « insuffisants » : la question du cumul des mandats n’est pas réglée (n’est-ce-pas Montebourg ?), ni celle de la légitimité des sénateurs (n’est-ce-pas Mélenchon ?) et encore moins celle du 49.3 (n’est-ce-pas Mauroy, Fabius, Rocard, Cresson, Bérégovoy ?)… Encore d’accord : Lang est une girouette et les promesses qui ont pu être faites au vice-président de la commission Balladur ont peut-être quelque chose à voir avec son retour précipité de Mykonos… Ca n’empêche pas Laurent Joffrin de résumer parfaitement la situation dans l’attaque de son édito du jour :
« Dans cette affaire de réforme constitutionnelle, les socialistes sont-ils de bonne foi ? Difficile de le croire. »
Clairement, le nonisme est devenu le mode d’expression privilégié des gens de progrès.
[Hugues Serraf : “Girouettes”.]
Comme le remarque ce bon juriste qu’est Jack Lang, ils rejettent un projet dont les principaux points sont tirés de leur programme. Depuis des décennies, la gauche demande un renforcement des droits du Parlement et de meilleures garanties pour l’opposition. La droite les donne en partie : la gauche les refuse. Quelle logique ? Le projet est insuffisant ? Mais que la gauche ne l’a-t-elle fait quand elle était au pouvoir ! Et, surtout, que dirait-on d’un syndicat qui refuse des avantages nouveaux pour les salariés sous le prétexte qu’il en voulait plus. Telle est pourtant la position socialiste : nous n’avons pas tout, donc nous ne voulons rien. [Libération, Laurent Joffrin : “Contraire”.]
Ne manquez pas non plus le point de vue de ce cher Authueil, qui souligne le rôle des Radicaux de gauche…
(Oui, désolé, petits blogueurs ségolénistes minables et étriqués, je parle de politique et de cul, et je vous emmerde royalement… Et désolé, chroniqueur de LePost.fr, j’ai un avis sur beaucoup choses et je ne me prive pas de le partager et le confronter — c’est l’esprit du blogue — même si je n’ai pas fait une thèse en sciences politiques et grenouillé dans le monde des mass-médias pendant des années… Enfin, désolé pour certains, je ne suis pas Versac, je me marre toujours beaucoup avec mon carnet Web et vous n’êtes pas encore débarrassé de moi.)
P.S. Ségolène Royal dénonce la “trahison” de Jack Lang. Qu’est-ce qu’on rigole.
P.S. bis. Et allez chez Celui pour se marrer avec Marie-George Buffet.
Mais, dans les couloirs du Congrès, pas de Jack Lang pour expliquer son vote. Le député du Pas-de-Calais, d’ordinaire si prompt à répondre aux journalistes, est aux abonnés absents. Tout le monde le cherche et tous ses camarades pestent contre lui. « Faut l’empaler ! », lâche même en privé un député socialiste désespéré. [20Minutes.fr : “Un succès étriqué pour l’UMP”.]
Historiquement, il se pourrait que ce monopole fut un rasoir 3 lames, vraisemblablement en rapport avec les 3 grammaires de Lemieux :
- monopole de la capacité à accoucher, fabriquant l’illusion que le journaliste est, cela va de soi, le seul digne de confiance à qui se confier ;
- monopole de la capacité à restituer avec fiabilité les faits, fabriquant l’illusion que seul le journaliste, cela va de soi, est à même de raconter la vérité ;
- monopole sur la capacité à mettre en forme le contenu, fabriquant l’illusion que seul le journaliste, cela va de soi, est capable de maîtriser titraille/format/timing/etc.
Je crois qu’il serait envisageable de positionner dans un diagramme en 3 dimensions chaque pratique journalistique individuelle.
C’est drôle et impertinent. C’est à lire chez Nonövision : “Blogueurs vs journalistes : à la fin les blogueurs gagnent”, sous la plume de Cédric Errero. Amateur de Bourdieu, j’apprécie les références.
JD
En matière d’honnêteté intellectuelle, on me permettra de préférer Robert Badinter (sa tribune dans le Monde)
Car Jack Lang est l’homme des convictions successives voire inverses, tant qu’elles lui permettent d’occuper le devant de la scène.
C’est quand même celui qui a été capable de signer un pétition scélérate dans les années 70 (affaire Dugué, un pédophile alors emprisonné, qui a récidivé dans les années 90).
Et de hurler avec les loups contre un innocent accusé de pédophilie (affaire Hodique)
Bon, il faudra remercier Nicolas Sarkozy de nettoyer le PS de ses vieux débris.
tooptoop
Mais oui Jack, on te donnera un poste dans le prochain gouvernement. Sois patient. Regarde Claude (Allègre), Eric (Besson), et tous tes petits camarades…
Mry
Ce Jack… quel bel homme !
Vicnent
sans rentrer dans les détails, “ne pas voter” ou “s’abstenir = voter blanc”, c’est donner quand même du pouillième de voix POUR.
D’ailleurs, d’après les chiffres de 20minutes.fr, je “montre” que pour 1 CONTRE qui voterait POUR et 1 abstention supplémentaire, on passe de .59… à 0.6. et 0.6 = 3/5
détails ici
D’un autre coté, savoir que ce député est en vacance à Mykonos alors que le président demande à réunir le congrès, je ne fais pas que tiquer…
Celui
@Vicnent, vous connaissez l’art de la litote parfaitement maitrisé par Jules.
Marie Ségolène
Jack Lang est peut-être un homme bouillonnant d’idées et une voix singulière dans la politique. Mais on ne peut lui reprocher de n’avoir pas fait jusqu’au bout la campagne à fond pour la candidate socialiste en 2007, contrairement à certains hauts memebres du partis qui seraient prêts aujourd’hui à en faire un traitre.
Quel engagement pour la victoire était le plus important celui d’aujourd’hui ? ou celui d’hier pour l’élection présidentielle ?
Théo
Jack part chasser des maroquins… En attendant, cela montre à quel point on a besoin d’une réforme institutionnelle qui remette à plat les élections sénatoriales! Mais… quoi ? C’était déjà une réforme institutionnelle ? Qui a oublié d’y toucher ?
Bref, tout ça pour dire que la majorité des 2/3 n’est pas justifiable : la droite, grâce au Sénat aura forcément les 2/3 (bon, là ils ont failli merder, mais il faut dire que ce sont des manches!). La gauche, jamais à cause du Sénat.
P.S. : il y a un problème, il faut s’y reprendre à plusieurs fois pour poster des commentaires
redanka
Y a donc dès mecs qui supporte et qui propage la voix de Frédéric Lefebvre ? MDR.
Manque plus qu’une photo de lui et la c’est la totale.
Blah ? Touitter !