L’objectif de la Russie n’est pas vraiment d’annexer ni la petite Ossétie du Sud, ni l’Abkhazie aux belles plages de sable blond, s’accordent la plupart des analystes russes. « L’idée russe jusqu’à maintenant était plutôt d’entretenir ces conflits pour les utiliser comme un moyen de pression sur la Géorgie » note Alexandre Konovalov, de l’Institut des évaluations stratégiques à Moscou. Petits, sans grandes ressources, ces territoires sont plus utiles à Moscou en tant qu’abcès de fixation, déstabilisant la Géorgie, plutôt que dissous dans l’immense Russie. […]
Un autre but de guerre de la Russie semble être de liquider Mikhaïl Saakachvili, bête noire de Moscou depuis la « Révolution des roses » de 2003. « On a envie de punir Saakachvili, ce mal absolu, ce nouveau Hitler du Caucase » avoue le député Sergueï Markov, proche du Kremlin, tout en reconnaissant que cette haine est un « piège ». Le régime autoritaire de Poutine s’est senti agressé par la révolution démocratique de 2003 en Géorgie (suivie de l’Ukraine en 2004) et résiste difficilement à la tentation de prendre une revanche. […]
« Moscou fait une démonstration de force destinée à l’Occident, analyse Maria Lipman, du centre Carnegie. Dans les années 1990, personne ne s’intéressait à ce que pensait la Russie, tant elle était faible. Au début des années 2000, quand Moscou a commencé à élever le ton, on continuait à ne pas tenir compte de ce qu’elle disait, au sujet de l’élargissement de l’Otan ou du Kosovo par exemple. La rhétorique n’a pas marché, maintenant la Russie passe à l’action ». Elle le fait d’autant plus résolument qu’elle a vu ces dernières années comment les Occidentaux n’avaient pas grand-chose d’autre que leurs divisions à opposer à ses bravades.
[Libération, Lorraine Millot : “Géorgie : que veut la Russie ?”]
« Le principal but des Russes est de changer le régime actuel, de montrer que la Russie est le patron, et que le Caucase, c’est eux, ils veulent se débarrasser du président Saakachvili, parce que c’est un leader national, qui refuse de se soumettre », résume le politologue Rondeli. « Poutine, qui est aux commandes de cette opération, dit qu’il apporte la paix, mais la Russie a toujours dressé les peuples du Caucase les uns contre les autres », poursuit-il, enrageant de voir Poutine donner des leçons humanitaires, « alors qu’il a sur la conscience les dizaines de milliers de morts de Tchétchénie ». Neslan, la journaliste de 24 Heures dit que « ce qui se passe aujourd’hui lui rappelle d’ailleurs beaucoup le début de la guerre avec les Tchétchènes, où au début, nul ne pouvait croire ce qui arriverait à Grozny ».
« Les Russes ont provoqué cette opération, en plein été, pour nous empêcher d’entrer dans l’Otan en décembre prochain, voilà toute l’histoire », juge pour sa part Nodar, un policier de 37 ans, qui colle là aussi aux thèses de Saakachvili. Ce point de vue est partagé par un diplomate européen de passage à Tbilissi, qui explique que « la Géorgie reste le seul vrai pays démocratique et pro-occidental de la région, une situation que la Russie ne peut accepter » dans son ancien pré carré. « Ils veulent revenir. Pour des raisons psychologiques, car les gens au pouvoir, dont Poutine, n’ont jamais accepté l’effondrement de l’URSS. Mais aussi pour contrôler les routes énergétiques du Caucase du Sud, où passent les seuls oléoducs que les Russes ne contrôlent pas. » Vladimir Poutine ne vient-il pas de déclarer haut et fort de Vladikavkaz, en Ossétie du Nord, que la Russie avait « toujours joué un rôle très important et très positif au Caucase, comme facteur de progrès et de stabilité ».
[Le Figaro : “La Géorgie, repliée sur sa capitale, s’attend au pire”.]
Selon un officiel polonais, les présidents de cinq pays de l’ancienne sphère soviétique, la Pologne, l’Ukraine et les trois états baltes, vont se rendre à Tbilissi pour soutenir la Géorgie.
Les salariés du site internet du quotidien gratuit 20 Minutes ont entamé une grève reconductible lundi en fin d’après-midi pour protester contre la « mise à pied » de leur rédacteur en chef, Johan Hufnagel, ont-ils indiqué mardi dans un communiqué.
« La rédaction du site internet 20minutes.fr a voté une grève de vingt-quatre heures reconductible, par solidarité avec son rédacteur en chef, mis à pied ce lundi 11 août pour une raison que la direction a refusé de communiquer aux salariés », indique le communiqué.
La rédaction, qui précise que le site 20minutes.fr « n’est plus mis à jour depuis lundi 18 heures », réclame la levée de la mise à pied. La grève a été votée « à l’unanimité » de la vingtaine de salariés présents, a précisé à l’AFP un représentant des grévistes. Les salariés doivent se réunir mardi en fin de journée pour décider de la suite du mouvement.
[AFP.]
Attendons d’en savoir plus sur les raisons de ce lourdage.
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Mise à jour : le rédacteur en chef de 20minutes.fr aurait été viré pour une histoire de boules, selon Marianne.fr. Le traitement humoristique d’un fait divers, la mort d’un joueur de pétanque qui a reçu une boule sur la tête, n’aurait pas été bien vu par les lecteurs et la direction. La phrase incriminée était : “D’après les premiers éléments de l’enquête, on ne sait pas s’il avait effectivement gagné son point”.
Est-ce pour avoir plaisanté sur la mort d’un joueur de pétanque par chute de boule que le rédacteur en chef de 20minutes.fr a été mis à pied par sa direction ? […]
Le surlendemain, lundi 11 août, Johan Hufnagel, responsable du site, se voit signifier une « mise à pied » par Corinne Serin, directrice de la rédaction du journal. Cette sanction est-elle liée, comme on a toutes les raisons de le croire, à cette affaire d’humour noir ? Toujours est-il que la direction de 20 minutes refuse de s’exprimer sur les raisons de cette décision. Hufnagel assure, pour sa part, n’avoir rien à se reprocher. Solidaire de son rédacteur en chef, la rédaction de 20minutes.fr s’est mise en grève lundi à 18 heures.
Hmmm… Je n’arrive pas à croire que ce soit le vrai motif. Ou bien il s’agit d’un prétexte.
Sur les traces de Mélenchon, un article caricatural et polémiste chez Rue89, sous la plume de Patrick Hutin : “Pékin et le dalai lama ne peuvent se passer l’un de l’autre”.
Il faudrait que les Chinois s’en aillent, certes… Mais il fallait sans doute qu’ils viennent. Sinon, les Tibétains seraient encore des serfs — ce qu’ils étaient, que cela plaise ou non. Le régime communiste est détestable à beaucoup de points de vue, à commencer par celui des droits de l’homme. Mais le régime qu’il a blackboulé au Tibet était bien pire encore, spécialement de ce point de vue, en raison du degré d’assujettissement du Tibet à la classe des prêtres pour reprendre l’expression de Giuseppe Tucci.
Jusqu’à 1950, le Tibet était une théocratie obscurantiste maintenant le peuple dans un état d’ignorance et d’aliénation invraisemblables.
En 1950, le Tibet était sans doute une théocratie obscurantiste… Mais est-il raisonnable de penser qu’il n’aurait pas évolué en 60 ans ? (Le Québec était aussi assujeti à la classe des prêtres en 1950…) Et peut-on se féliciter que les Chinois aient imposé un autre modèle au prix de la coercition, de la violence et du sang ? Et la Révolution culturelle (combien de millions de morts ?), ça vaut mieux qu’un régime théocratique et moyen-âgeux ? Je n’ai pas les certitudes de Patrick Hutin.
Un être éveillé peut-être, mais éclairé ? Après soixante ans de « règne » de l’actuel dalai lama, au vu des résultats — la Chine est plus que jamais chez elle au Tibet —, on est en droit de se poser la question. Gyalpo Rinpoché, « Souverain très précieux » (dénomination employée par les Tibétains), a échoué. Comment ? En prônant, en imposant même la non-violence, seule voie possible. Tout en soulignant que la lutte armée serait suicidaire parce qu’inégale. Les Israéliens, les Palestiniens, les Irlandais, pour ne citer que ceux-là, s’en voudront d’avoir agi différemment. […]
L’erreur de la non-violence n’est pas seulement due à une défaillance du jugement. Elle tient aussi à une certaine hypocrisie du bouddhisme tibétain qui, sur ce point, ne se distingue guère des autres religions. Il réprouve la violence, mais comment s’est-il imposé contre le bön, la religion qui prédominait au Tibet au XIe siècle, sinon par la force et l’assassinat ? Et comment la lignée des gelugpa, les Vertueux (dite aussi des bonnets jaunes) à laquelle appartient le dalai lama, a-t-elle pris l’avantage sur les autres au XVIIe siècle (notamment celle des nyingmapa, les Anciens, dont le chef est le panchen-lama, deuxième autorité religieuse du Tibet) si ce n’est par le fer et par le sang… et avec l’aide des Chinois ? Et une fois sur le trône, histoire de ne pas se faire déloger, on trompète que la non-violence est sacrée. Malin, là encore.
Autant dire que Benoit XVI est l’héritier de la Sainte Inquisition et qu’il n’est donc pas légitime à prêcher la paix. Caricatural vous disais-je.
Au-delà du trait grossier, l’article de Rue89 souligne cependant un phénomène grandissant, la politique de “non-violence” martelée par le Dalaï Lama est de plus en plus contestée au sein de la jeunesse tibétaine, elle n’a effectivement pas fait ses preuves. “N’est pas Gandhi qui veut”, souligne acidement Patrick Hutin.
Sinon, pour terminer sur une note plaisante, ça m’a fait penser à Ségolène Royal qui disait que le Dalaï Lama était opposé au boycott parcequ’il était citoyen chinois… (Si, si, elle l’a dit.)
P.S. Pierre Haski, actuellement en Chine, s’émeut de cet article dans les commentaires. “Si on veut faire passer la cause du Tibet pour un affrontement entre deux monstres, l’un mystique, l’autre matérialiste, au moins qu’on expose les méfaits des deux.”
Comme tous les métiers, le journalisme a ses bons et ses mauvais éléments. Comme tous les métiers peu valorisés et mal payés, il a une proportion significative de gens qui le pratiquent sans passion, pour une raison purement alimentaire. Il faut le savoir, et toujours partir du principe qu’un journaliste fera n’importe quoi avec vos propos. Et dès lors, sans être paranoïaque, rester vigilant sur ses intentions et celles de son journal. […]
Certains journalistes se plaignent qu’il devient de plus en plus difficile de recueillir des témoignages. Ils n’ont pas à chercher bien loin pour savoir pourquoi, et ce qu’ils doivent faire pour regagner une confiance qui se perd de plus en plus et qu’ils détruisent par eux-mêmes.
[Padawan.info/fr : “Pierre Le Coz, vice-président du Comité national d’éthique, piégé par Le Point”.]
Non, tous les journalistes ne sont pas des stagiaires de 22 ans qui chassent en meute derrière leur clavier, il y en a qui prennent des risques pour rapporter de la matière brute plutôt que de traficoter des dépêches d’agences. Ce qui n’est définitivement pas le même métier. Deux journalistes, un Néerlandais et un Géorgien, seraient morts ce matin sous un bombardement russe.
En parlant de journalistes courageux, une pensée pour Anna Politkovskaïa (1958-2006) qui dénonçait le “système Poutine” et les exactions en Tchétchénie.
Et nous n’avons toujours pas d’images de Tskhinvali, ville soit disant rasée par les “méchants Géorgiens”…
P.S. Et à 20 heures, la rédaction de France 2 ouvre son journal sur… Laure Manaudou.
P.S. bis. Et je ne sais pas si France 2 était bien inspirée d’inviter Salomé Zourabichvili en plateau, femme qui milite pour le retour de la monarchie en Géorgie. Au moins, Salomé Zourabichvili s’est abstenue de déclaration outrancière comme elle a déjà fait. C’est déjà ça de gagné.
Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.
Au Parti Socialiste, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Au Parti Socialiste, tout le monde a beaucoup de bonnes idées, tout le beau monde respecte toutes les belles idées de ses beaux camarades. Il est venu le temps d’ouvrir les yeux, et de rendre hommage à ce merveilleux parti que nous devrions tous soutenir. Une grande injustice que de ne pas avoir encore vu le Parti Socialiste être récompensé du Prix Nobel de la Paix.
Au Parti Socialiste, les militants s’aiment. Comme à l’église, les socialistes aiment communier dans la sérénité pour aider le monde à aller mieux. Il arrive parfois, mais alors très rarement, qu’un socialiste médise sur un autre socialiste. Alors il s’en veut tellement qu’il ne peut supporter ce lourd fardeau, et comme la culpabilité est trop pesante, il ne tarde guère à présenter ses excuses, lesquelles sont bien rapidement acceptées. Point de rancune ni de conflits enfouis au Parti Socialiste, l’union et la paix des esprits prévalent.
Etc. Allez lire le reste, c’est dans la même lignée et gentiment méchant. Ça se boit comme du petit lait.
Cela dit, lorsque nous pensons à certains blogueurs étiquetés socialistes, nous sommes vraiment loin du Club Med… Violences, insultes, propos orduriers, procédés avilissants, attaques dégradantes, coups fourrés, absence de morale, haines instestines et règlements de comptes à tout va (je n’ai pas dit “procès staliniens”, hein…), politique du “tout est permis” du moment que c’est pour la bonne cause… Rien de très bisounours.
Je ne fais pas de “name dropping”, je suis persuadé à 100 % que les principaux interessés vont se reconnaître.
Il ne viendrait à l’esprit de personne, cette semaine, de remettre en question les subventions versées aux athlètes canadiens afin qu’ils représentent leur pays aux Jeux olympiques. Mais pour les artistes qui se produisent à l’étranger en faisant rayonner la culture canadienne, il semble que ce soit une autre paire de manches.
Est-ce pour contester le non-respect de la liberté d’expression par le gouvernement chinois que Stephen Harper a refusé d’assister à la cérémonie d’ouverture des Jeux de Pékin? Espérons que non. Couper les vivres aux artistes canadiens, sous prétexte qu’un groupe au nom de Holy Fuck a touché 3000 $ pour une tournée en Grande-Bretagne, si ce n’est pas de la censure, c’est que je m’appelle Mao Tsé-toung.
Savez-vous combien ont coûté aux contribuables canadiens, en huit mois, les dépenses de voyage de Maxime Bernier alors qu’il était ministre des Affaires étrangères? Exactement 140 000 $. La belle image qu’il a donnée du Canada à l’étranger…
Plutôt que de tenter de bâillonner les artistes canadiens en décidant de ce qu’il est ou non de bon ton de présenter hors de nos frontières, plutôt que de soutenir un discours réactionnaire en nourrissant volontairement les préjugés envers les artistes, Stephen Harper devrait se concentrer sur une mission beaucoup plus importante: cesser de ternir la réputation du Canada à l’étranger. C’est bien mal parti.
[La Presse, Marc Cassivi : “Fuck (encore)”.]
Il est plus que grand temps que j’ouvre mon carnet Web dédié aux affaires canadiennes ; j’attends juste la sortie de la version finale de Movable Type 4.2. Tant à dire…
JP
Faut-il donc que le pouvoir souverain appartienne aux femmes?
Blah ? Touitter !