« La femme d’un violeur n’a aucun droit, aucune aide, dénonce-t-elle. Elle ne peut pas en parler, elle a zéro empathie. Je vis de l’aide sociale. Je ne peux même pas me payer une thérapie parce que ça coûte 80 $. »
Sylvia sursaute.
« Mais c’est écoeurant ! Vous, les gars, vous êtes en prison et vous avez droit à des dentistes et des lunettes gratis. Pas nous !
- Vous faites du temps en dedans ; nous, on fait du temps dehors », ajoute Diane.
[…] Sylvia se jette à l’eau. Elle est fébrile. Elle se méfie des hommes, elle a peur d’eux. Elle a préparé son témoignage. Dans ses mains agitées, des feuilles couvertes d’une fine écriture.
Elle avait 3 ans la première fois qu’elle a été violée. Puis il y a eu une succession de viols collectifs perpétrés par sa famille. « Tout le monde me passait dessus , dit Sylvia.
« Quand j’avais 5 ans, mon père m’a emmenée à la rivière. Il m’a demandé : “Tu vas être fine avec papa ?” J’ai dit non. Je savais ce qu’il voulait. Il a plongé ma tête dans l’eau. Il l’a ressortie, puis il m’a de nouveau posé la question : “Tu vas être fine avec papa, hein ?” J’ai dit non. Encore. La troisième fois, il m’a laissé la tête tellement longtemps sous l’eau que j’ai craqué. »
Elle lui a finalement dit oui. Il l’a violée.
[La Presse, Michèle Ouimet : “Une justice improvisée”.]
Blah ? Touitter !