Mêlé dans la pelotte
J’y vois surtout un fait plus sociologique : ce député qui se veut le chantre de l’amitié franco-québécoise estime que le Québec est forcément exotique (peuplé de rudes bûcherons et trappeurs à chemises à carreaux qui sacrent tout le temps), que les expressions québécoises sont forcément toutes savoureuses et anciennes, que pour s’adresser à des Québécois il faut établir la complicité par l’emploi des savoureuses et anciennes expressions québécoises, comme lorsque les colons s’efforçaient de parler petit-nègre face aux Africains, car c’était se mettre à la portée de compréhension de ces grands enfants, ou comme certains hommes politiques français emploient un faux verlan pour s’adresser aux populations de banlieue. Peu importe qu’on lui ait joué un mauvais tour ou qu’il révèle son ignorance du parler québécois : ce qui est plus important, ce sont les présupposés à la base de ce genre de discours. Vouloir faire couleur locale à tout prix par le discours quand on est face à quelqu’un d’ailleurs, c’est le renvoyer à son étrangeté, nier qu’il ait lui aussi des codes sociaux aussi hiérarchisés que les siens, s’imaginer que l’autre s’exprime en toutes circonstances dans une langue familière unique, qu’il comprend alors bien mieux que si on lui parle en français standard et qu’il attend une certaine dignité ou une forme de respect par le niveau de langue utilisé. Réduire l’autre à ce qu’il a de pittoresque et de prétendument charmant dans son parler est une manière de le méconnaître.
[Le Petit Champignac : “Encore un grand malentendu avec le Québec“…]
À mon grand désapointement, le Québec n’est pas peuplé de rudes bûcherons et virils trappeurs à chemises à carreaux (sauf peut-être du côté de la rue Sainte-Catherine, à hauteur du Stud Bar, mais ce n’est que des fake…), toutes les expressions québécoises ne sont pas savoureuses ni anciennes (beaucoup sont en fait des anglicismes), et l’exotisme est une perception qui ne dure qu’un temps (c’est la France que je commence à trouver exotique…).
Contrepêt du jour : “La flotte de la Reine est prête”, ce que nul ne doute.
C’est Raoul
Très bonne analyse!
Mais il parle duquel des 2 abrutis? Sarkozy ou l’autre?
Suricat
A défaut de bucherons…
http://www.bearforce1.nl/
(via http://www.patricecassard.com/2009/02/06/des-barbus-des-vrais/)
Martine
J’ose à peine imaginer ce que ça aurait donné s’il avait dit ça à une femme au lieu d’un homme.
(J’en ris encore. C’est d’un ridicule!)
Blah ? Touitter !