« Dans ma polyvalente, il avait Jean-Yves. Probablement gay. Il n’a pas eu le temps de s’en rendre compte tout seul, on le lui a garroché en pleine face. Tous les jours : “hey, le fif”.
Le fif a essayé de disparaître dans “surtout ne pas se faire remarquer, surtout se fondre dans les murs, surtout ne pas chercher l’attention”.
Il a tenu un an.
En secondaire II, après un exposé oral sur les poissons rouges — il y a quelque chose de plus neutre que des poissons rouges ? — Jean-Yves s’est pendu dans le garage de la maison familiale. Pour être sûr de ne pas se rater, il avait aussi laissé tourner le moteur de la voiture de son père.
Ses tortionnaires sont venus à l’enterrement, avec le reste de l’école. Personne n’a rien dit.
D’un point de vue académique, je suis sortie de cette polyvalente complètement ignare.
Sur la nature humaine par contre… »
[Chroniques blondes : “Attention, fragile…”.]
Le Québec s’émeut actuellement de la disparition depuis deux semaines du jeune David Fortin, souffre-douleur à l’école, probablement considéré comme “fif” dans une société imprégnée de “valeurs viriles” ou la trajectoire d’un “gars” va du violent hockey à la “cage aux porcs”.
Certains reconsidèrent des initiatives comme la célèbre école Harvey Milk d’un œil nouveau, d’autres s’étonnent de la permissivité du corps enseignant québécois, qui tiendrait du “ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire”, et s’interrogent sur le retour à des instruments pédagogiques traditionalistes comme l’autorité, la punition, le vouvoiement, etc.
Rien de neuf dans le mécanisme du rejet, ce qui est neuf, c’est cette pathogène impuissance des directions d’école, incapables qu’elles sont de gérer leur cour et les alentours. Nouvelle dynamique, nouvelle ère, l’école est malade de son refus de sanctionner. Chercher à comprendre quand il faudrait exclure, discutailler avec des petits tortionnaires, les excuser, leur donner une dernière chance… Écoutez-les les pédagogues, écoutez-les depuis la disparition du petit David nous asséner à pleins micros: tolérance zéro. Mon cul. Ils tolèrent justement n’importe quoi plutôt que de sanctionner et d’exclure.
Sont prêts, sans qu’on sache très bien si c’est par pédagogie ou pour avoir la paix, sont prêts à tolérer cette jungle qu’est devenue la cour de l’école, une jungle où les règles sont dictées par des babouins tarés qui ont la haine de l’étude.
Les tourmenteurs du petit David étaient connus. Ma question: et ils continuaient de tourmenter?
[La Presse, Pierre Foglia : “Les rejets, les lettres”.]
Setebos
Ahahah !
“En ces temps de crise, vous ne pouvez plus acheter de pain ? Pas de souci, grâce à la générosité de la SARL Marie-Antoinette & Cie, bénéficiez de promotions sur la brioche !”
Jean
Ils sont vraiment à l’ouest au Figaro. En période de crise, le must have, c’est la Rolex…
Blah ? Touitter !