Agrégateur humain
La première fois que je suis allé à la République des blogs (une réunion de blogueurs politiques qui se tient chaque mois dans un bar), j’ai rencontré un des blogueurs “historiques”, donc influent, Laurent Gloaguen. Il m’avait confié qu’il était un agrégateur humain.
J’avais pris sa remarque comme une boutade pour souligner l’importance de lire beaucoup, et d’être capable de relayer les informations. Je n’avais pas compris la profondeur de cette définition. Pour bloguer vraiment, il faut lire beaucoup, et l’aggrégateur de flux RSS devient rapidement un outil indispensable. Et sans un tri très sélectif, on finit par “lire” plus d’un centaine de blogs, de flux de sites, et on est submergé par le flot d’informations.
Si l’on est organisé, on parvient à gérer ce flot gigantesque, et à en tirer des extraits, des liens, que l’on propose à ses lecteurs. On devient, finalement, éditeur plutôt qu’auteur, aggrégateur humain plutôt que blogueur, relais d’information plutôt que producteur de contenu. On ne lit plus vraiment ce qu’on lit : on le survole, on l’appréhende en fonction de notre besoin uniquement, on n’est plus ouvert à la pensée de l’autre. […]
Lomig Unger : “Agrégateur humain”.
Beaucoup oublient aujourd’hui que le “web log”, littéralement “le journal de ma navigation sur la Toile”, était un format de filtrage et de partage. Il s’agissait alors d’échanger autrement que par courriel ou IRC des découvertes potentiellement intéressantes pour une petite communauté. Un archétype encore vivant de cette activité “web log” me parait être le communautaire Metafilter (“méta-filtre”).
Un “web log” sans liens vers l’extérieur n’en était alors pas un. Ainsi, Dave Winer, l’un des premiers “web loggers”, faisait en avril 1997 de l’agrégation sélective (et le terme “web log” n’existait pas encore pour encadrer cette activité, puisqu’il fut créé fin 1997).
Les outils développés pour le “web logging” ont été progressivement détournés pour d’autres usages, comme le diarisme en ligne, qui partageait avec le “web logger” le désir de publier facilement des archives chronodatées. Depuis, le “web log”, raccourci en “blog” est devenu un outil de publication générique. Seul subsiste un morceau de l’ADN weblog : la datation (n’oublions pas que les commentaires sont venus bien plus tard, souvent comme service externe).
(Si certains voient Brigitte Gemme comme ancêtre lointaine dans la francophonie, elle n’a jamais été “weblogueuse”, parce que le “weblog” n’existait pas en 1995 et qu’elle était diariste.)
Bref, dans les gènes du “blog”, il y a l’activité d’agrégateur humain. Et ce gène a de nos jours sauté sur twitter…
(Je revendique d’être plus “éditeur qu’auteur” comme l’observe Lomig, et je ne lui ai peut-être pas dit ma seconde boutade favorite : “le seul truc intéressant sur Embruns, c’est les commentaires”…)
Xavier
“Antichronodaté”, non ? :) #capillotractage #drosophiliphilie
Laurent Gloaguen
@Xavier : l’antichronodatation n’est elle pas un sous-ensemble de la chronodatation ? #laisserlesmouchestranquillesyamieuxàenculer
Damien B
Sauf qu’au moins dans les weblogs, on pouvait espérer avoir un peu de contexte autour des liens. Avec twitter, on n’a plus ni lien ni contexte (à moins de considérer “mouarf” comme du contexte :-)).
Xavier
@Laurent : je souhaite juste te voir durcir ton texte.
@Damien_B : lol
Laurent Gloaguen
@Xavier : toi, tu me fais durcir d’autre chose.
Olivier
Pour les diaristes, je n’ai qu’une chose à conseiller : le Smecta. Et une flasque de Febreze.
xave
Laurent, t’es quand même vachement rapide pour saisir les perches qu’on te tend, je trouve…
nv
C’est quand même marrant, de découvrir comme ça aujourd’hui que ces fonctions rudimentaires, basiques, et toujours valables, partagées également par d’autres moyens (facebook, twitter, sont pour une bonne part du même ordre).
Ceci-dit, la prise de conscience n’intervient jamais trop tard…
(je ne commente pas les testicules de courgettes, je risquerais de dériver)
nv
(ah ben j’ai créé un compte, c’est marrant, ce truc)
Blah ? Touitter !