À la bonne soupe
Ça pose, évidemment, un très gros problème quant à l’indépendance d’une presse française aussi largement subventionnée par l’État, qui plus est de manière particulièrement opaque dans le cas de la presse en ligne. La liste des bénéficiaires, comme le montant des subventions publiques à la presse en ligne (aux anciens guichets réservés aux sites adossés à un média présent également hors ligne, comme à ce nouveau guichet auquel ont cette fois accès les pure players eux-aussi) n’ont jamais été rendus publics !
C’est plus qu’étrange, c’est plus qu’une anomalie. C’est un scandale. Le fait même que la presse, dans son ensemble, se refuse délibérément à jouer son rôle d’information des citoyens-contribuables sur l’utilisation des fonds publics, dès lors qu’elle en est elle-même la bénéficiaire, suffit, à mon avis, à pointer la gravité du problème : la presse a donc bel et bien des choses à cacher, à nous cacher, sur notre argent et sur ce qu’elle en fait !
Mais le fait que les pure players, à leur tour, acceptent de telles règles du jeu pose un autre problème de fond auquel des blogueurs comme Thierry Crouzet ou moi ne pouvons qu’être extrêmement sensibles. Cette manne publique est en effet placée sous conditions. Et ces conditions (il faut aller y voir dans le détail) consistent bel et bien pour la presse en ligne pure players à rentrer dans le rang du bon vieux journalisme « à l’ancienne ». Ça conduit bien à renier, le mot n’est pas trop fort selon moi, ce qui faisait l’originalité de ces expérimentations d’information en ligne, ce brouillage des frontières traditionnelles du métier de journaliste, cette hybridation entre amateurs et professionnels si caractéristique du net. C’est la restauration pure et simple d’un Mur de Berlin de l’information sur internet, la bunkérisation du journalisme professionnel. C’est, à mes yeux, une trahison pour un plat de lentilles.
Novövision : “Subventions à la presse en ligne : une trahison pour un plat de lentilles”.
unouveaucompte
rue89 projette de réaméanger sa plateforme technique je n’y vois pas de perte d’indépendance comme le monde ou libé aidés pour réinvestir dans des imprimeries
narvic
@ unnouveaucompte
Pour obtenir la subvention, il faut commencer par signer ce statut d’éditeur de presse en ligne, qui est juste le reniement de cette “info à 3 voix: journalistes, experts, internautes”, qui était le programme initial de Rue89.
Ce statut ne dit pas autre chose que : l’information est une affaire trop sérieuse pour la confier à d’autres que des journalistes professionnels, qui doivent surveiller de près ces grands enfants que sont les internautes, commentateurs ou blogueurs.
Et pour ce qui est du partage de ton fric qui va avec, on fait ça entre nous et n’avons aucun compte à te rendre…
Après, si ça te convient, comme fonctionnement, je t’envoie un RIB et tu pourra me payer directement pour que je contrôle tes commentaires. :-p C’est toi qui voit..
Tom Roud
C’est marrant, cette histoire de vouloir ramener tout au statut de journaliste “à l’ancienne”, cela me rappelle en fait la situation de certaines professions au Canada justement. On ne peut pas s’appeler “ingénieur” si on n’a pas le tampon “ingénieur” de je ne sais quelle organisation/école d’ingénieurs. Cela créée pas mal de problèmes aux ingénieurs français dont le diplôme est quasi illégal. Je connais aussi une prof de chimie dans une université, qui forme des chimistes canadiens, mais n’aurait pas le droit de se proclamer chimiste car elle est étrangère et n’est pas passée par le système canadien pour sa formation.
Blah ? Touitter !