Et moi de répondre, très sérieusement : “c’est vraiment de la merde !”.
[…] Ce qui me chagrine avec l’iPad, c’est justement qu’il est beau, qu’il va réussir à établir une nouvelle plate-forme matérielle là où d’autres vont échouer. Ce qui me chagrine, c’est qu’Apple, qui donnait le pouvoir aux utilisateurs en 1977 avec l’Apple ][, qui continuait avec le Mac en 1984 en en faisant la machine des créatifs, cherche aujourd’hui avec l’iPad à enfermer ses clients pour les gaver de contenu numérique payant tout en prétendant détester les DRM.
[…] Mais ce que je n’aime pas chez l’iPad d’Apple, c’est la direction dans laquelle nous nous dirigeons en tant que société, où l’utilisateur est réduit à consommer, où la bidouille et la créativité sont interdites, où un gardien décide de ce qui est bon pour vous et donc ce qu’il daigne vous autoriser à utiliser. Et ça, c’est à peu près l’opposé de la société que je souhaite, en tant que père, citoyen numérique et du monde, activiste et et producteur de contenu numérique.
Standblog : “iPad : au-delà de l’esthétique”.
Ce qui me chagrine avec Tristan, c’est justement qu’il est beau ce sont ses œillères. Ce qui me chagrine moins, c’est sa mauvaise foi en l’occurence qui est de bonne guerre.
Non, Apple II ne donnait pas le pouvoir aux utilisateurs. Apple II était cher et réservé à une élite. Apple II était compliqué à maîtriser, et poker du 6502 n’était pas à la portée du premier venu. La micro-informatique a fait un pas de géant quand Steve Jobs a décidé que ça en était fini avec les ports d’extensions, les cartes à n’en plus finir pour faire le minimum (affichage vidéo ou son par exemple…) et a inventé le premier ordinateur non bidouillable, le concept Macintosh. Il fallait même une clé Allen introuvable à l’époque pour pouvoir ouvrir son boîtier. C’était “fermé” et pas “extensible”, ça ne supportait pas CP/M et aucun autre système de commande en ligne, et ça faisait rire tous les “experts” de la micro-informatique.
Avec Macintosh, encore plus horriblement cher que l’Apple II, le pouvoir a été donné aux créatifs avec des logiciels qui n’avaient vraiment rien de gratuit. Il n’y avait que MacPaint et MacWrite de livrés avec la machine. Illustrator, Photoshop ou X-Press coûtaient un bras.
Non, décidément, on ne peut pas prendre Macintosh comme référence alors qu’il fut lors de sa création un monument à la gloire de la non-bidouillabilité. Est-ce que la non-bidouillabilité empêchait Macintosh d’être révolutionnaire ? Certes non.
iPad est abordable financièrement et techniquement, tout simplement superbe, ouvert sur le Web (sans Flash™) et va conquérir de nouveaux marchés (la preuve). Il est parfaitement utilisable sans débourser un dollar supplémentaire, on ne vous met pas le couteau sous la gorge pour acheter le dernier titre de Lady Gaga ou l’application multimédia de Wired, qui vous coûteraient de toute façon aussi de l’argent sur tout autre support. Je ne suis pas du clan des grincheux, j’applaudis le succès.
La bidouille, c’est pour les geeks et les nerds, ce n’est pas pour Monsieur et Madame Tout-le-Monde qui veulent des trucs fiables qui marchent tout de suite et qui n’ont aucune intention d’aller bricoler tout ça. Monsieur Tout-le-Monde préfère Mac OS ou Windows à Linux. Ça lui coûte plus cher, mais ça lui évite de perdre un temps disproportionné avec son usage réel de la machine, et d’avoir accès à des éventails logiciels bien plus larges. Monsieur Tout-le-Monde ne s’improvise plus menuisier pour construire le berceau du petit dernier, il va chez Ikea.
Non, iPad n’est pas porteur d’un message de société, pas plus que Apple II ou Macintosh (même si le marketing de l’époque voulait vous le faire croire). C’est juste une borne importante dans l’histoire de la micro-informatique et un produit qui va connaître un succès planétaire, notamment auprès des non-technophiles.
D’autre part, Apple a toujours été “control freak”, cela a commencé avec les “Apple Human Interface Guidelines” et la ToolBox qui corsetaient le programmeur dès le Mac 128. Cela n’a rien de nouveau. Ce qui est neuf, c’est le “business model” à succès depuis le retour du Steve Jobs, on ne vit plus sur le hardware, pas même sur le software, mais sur les ventes de contenus réalisés via les canaux propriétaire d’Apple. Si ça permet à Apple de proposer une machine aussi géniale que iPad à 499 $, ça fait mon bonheur.
Apple gagne son argent en vendant des iPad, des iPhone et des iPod ? Ciel, vilaine société capitaliste. Apple, çapuecépaslibre ? Oh ! Vous êtes brillants, quelle découverte.
J’ai parfois le sentiment que le principal grief que l’on fait à Apple, c’est juste son succès. Apple ne contrôle pas votre utilisation du Web via Safari, Apple contrôle l’environnement logiciel de machines fermées comme les téléphones et les liseuses, ce qui convient à la plupart de leurs utilisateurs en raison des bénéfices induits (stabilité, sécurité, cohérence des interfaces, etc. — Installez deux ou trois extensions gratinées dans Firefox, ça peut devenir assez rapidement une usine à gaz visuelle et ergonomique, qui met deux plombes à se lancer et qui plante…). Si cela ne vous convient pas, allez voir la concurrence, elle existe. Apple ne veut pas vendre de p0rn sur sa boutique ? C’est son problème et c’est respectable. Le jour où Apple bloquerait vos accès aux sites pornos ou vous empêcherait d’écouter le meilleur de la musique goth, cela serait un vrai problème. (Qu’il y ait eu des applications ridiculement bloquées sur l’AppStore, personne ne le nie.)
iPad, on est libre de ne pas aimer, ne pas en avoir besoin, mais aller dire que c’est de la merde, c’est un incroyable mépris pour les millions de personnes qui en ont acheté un, et surtout, c’est juste pas vrai. Ce n’est pas l’utilisateur qui est réduit à consommer, c’est l’utilisateur qui fait le choix de consommer, c’est l’Homo consumericus qui satisfait ses besoins.
Et Apple est très fort pour concevoir des produits à haute désirabilité et de plus en plus grand public, à défaut de bidouillabilité.
Si vous voulez attendre la version “Ubuntu Touch Tablet OS” que vous installerez sur un hardware toujours propriétaire, ou une tablette Dell moche sous Android, ce qui vous permettra de snober la quasi-totalité de vos contemporains, libre à vous aussi. Mais le fait que vous ne puissiez installer Linux sur iPad (pas plus que sur un téléviseur ou une automobile) n’en fait pas une merde.
Il y a d’autres choix dans la vie, comme le très respectable freeganism, mais nous admettrons que cela n’est pas à la portée de tout le monde (principalement en termes d’engagement personnel et de courage de ses idées). Peut-être nos visions de la société et de l’homme diffèrent-elles… Je trouve naïf de croire que les gens soient esclaves de la consommation, ils sont avant tout esclaves d’eux-même et de leurs appétences naturelles. Pour l’obésité, ce n’est pas MacDo que l’on doit tuer, c’est l’éducation qui est à revoir et la pauvreté qui est à combattre, c’est un problème comportemental. Et je veux rester libre de m’empiffrer une fois de temps en temps d’un dessert qui nourrirait un Somalien pendant 3 jours et boucherait mes artères. Pour le logiciel libre, ce n’est pas Microsoft ou Apple qu’il faut tuer, c’est proposer des solutions imbattables dans certains domaines (les succès du libre sont en fait légion si l’on y songe bien). Et je veux rester libre de m’acheter un Shoot ‘em up qui pue, qui n’est pas libre, que je jouerai sur une console ou une tablette fermée mais bien confortable à l’utilisation.
iPad n’est en aucun cas exclusif d’autres solutions pour ronchons. Je crois pour ma part que cracher dans la soupe ne fait absolument avancer la cause du logiciel libre (qui doit constituer les 9 dixièmes de l’architecture du système de l’iPad).
celui
Les nightlies de webkit integraient WOFF. Si leur implementation est assez stable on peut faire le pari que c’est dans un Safari 5 (Un volontaire pour tester) et peut-etre aussi alors dans iOS 4.
Christophe D.
Peut-être qu’avec le nouveau format ZZ84 en déplementation 16 bits on pourrait arriver à quelque chose mais ce n’est pas l’avis de John Drumond reste sceptique sur ces évolutions.
:-)
FX
J’ai Safari 5 (sous Mac OS 10.6) et je viens de tester : il ne gère pas les polices au format WOFF.
celui
@FX, ça c’est un mauvaise nouvelle. Alors Laurent, comment tu justifie ça, Safari qui ne supporte que les polices SVG ?
niemand
@celui: Safari Mobile ne supporte que les polices SVG, la version desktop supporte les True/OpenType comme tout le monde.
Et le pourquoi : Jobs est une taupe trotskyste ayant infiltré la S.Valley, et son objectif est de détruire internet (ce suppôt du grand capital) en y cassant la compatibilité typographique. Ou alors, c’est dans le pipe: https://bugs.webkit.org/show_bug.cgi?id=31302
Blah ? Touitter !