Dérive éditocratique
Pour le professeur Normand Landry, spécialiste des questions de liberté d’expression et enseignant-chercheur à la Téluq, « le virage des journaux quotidiens vers un modèle beaucoup plus magazine, où on donne un espace considérable à des chroniqueurs vedettes, crée une confusion chez beaucoup de gens ». « Ils associent les journaux, non plus à des plateformes d’information, mais à des organes de propagande, surtout quand un média à une ligne éditoriale très claire sur un enjeu controversé. »
« Quand on donne deux ou trois pages à des chroniqueurs qui martèlent les mêmes arguments et que de l’autre côté on a des journalistes extrêmement compétents qui font un travail de terrain fabuleux, mais auxquels on donne un espace plus limité, moins intéressant dans le journal, ça n’aide pas à changer la perception du public, explique-t-il. C’est difficile dans ce contexte de leur montrer que le journal n’est pas là pour prendre part au conflit et l’orienter, mais pour les aider à le comprendre. »
Mais, plus fondamentalement, le chercheur estime que la vocation commerciale des entreprises de presse interfère avec leur rôle d’information. « C’est beaucoup plus payant d’avoir quelques chroniqueurs vedettes qui assurent un grand lectorat qu’une armée de journalistes qui font un travail d’analyse objectif sur le terrain », note-t-il. « Je pense qu’il y a du grand journalisme qui se fait au Québec en ce moment, y compris sur la crise. Le problème ne vient pas des journalistes, il vient des institutions médiatiques. Des institutions qui ont la propension à vendre de la copie plus qu’à faire de l’information. »
Projet J, Anne Caroline Desplanques, 25 mai : “L’opinion nuit au journalisme”.
Également : Acrimed, Jean Pérès, 11 juin : “Mobilisation sociale et critique des médias au Québec”.
Et mon héros du jour s’appelle Max, il a 13 ans et aurait apostrophé Richard Martineau dans la rue avec un “Va chier, Martineau !” bien senti. Il ne faut jamais désespérer de la jeunesse.
En parlant de couleur éditoriale, j’ai pris la liste complète des chroniqueurs du Journal de Montréal (le plus gros tirage au Québec) et je les ai classés selon la couleur politique (dans un traditionnel clivage gauche-droite) qui semble émaner à la lecture de leurs dernières chroniques (assez rapide et subjectif pour ceux que je connais moins bien, mais je ne pense pas faire de très grosse erreur — sûrement pas de communiste caché…) :
- Stéphane Gendron : droite populiste, limite extrême-droite.
- Nathalie Elgrably-Lévy : droite libertarienne.
- Éric Duhaime : droite libertarienne.
- Richard Martineau : droite libertarienne (option girouette).
- Benoît Aubin : droite réactionnaire.
- Gilles Proulx : droite réactionnaire.
- Isabelle Maréchal : droite réactionnaire (et blonde).
- Joseph Facal : droite réactionnaire.
- Robert Poëti : droite policière (le fils improbable de Pasqua et Pandraud pour des lecteurs français).
- Jean-Luc Montgrain : droite conservatrice.
- Mathieu Bock-Coté : droite conservatrice.
- Christian Dufour : droite conservatrice.
- Jean-Jacques Samson : droite conservatrice.
- Jean-Marc Léger : centre gauche, voire “soc-dem”.
- Richard Latendresse : neutre, questions internationales.
- Christopher Hall : difficile à classer, vaguement écolo.
- Michel Beaudry : humoriste pas drôle.
- Julie Couture : presque inactive.
- Donald Charette : inactif.
Je ferai ultérieurement le même exercice pour La Presse qui me paraît un peu plus gauchiste… (Ce qui ne semble pas très difficile…)
Philippe Martin
Je me permet d’ajouter deux joyaux manquants à cette liste: Johanne Marcotte @Joanne_Marcotte et Lise Ravary @liseravary, tu peux aller voir sur Twitter, elle nous font présentement un point Godwin inversé
Blah ? Touitter !