Selon nos informations, le cabinet de la ministre de la Santé, qui s’est prononcé en faveur de l’ouverture du don du sang aux homosexuels, n’était pas très chaud de voir sortir ces chiffres à la veille de la Marche des fiertés. Cette étude apporte de l’eau au moulin de ceux qui justifient l’exclusion permanente des gays du don du sang en raison d’une forte présence du VIH parmi eux.
— La transmission du VIH est très active chez les gays fréquentant les établissements de convivialité à Paris, Yagg.com.
J’ai plutôt fermé ma gueule sur le sujet (on a bossé dessus à Vih.org, si ça vous intéresse) mais je n’arrive à entendre dans cette revendication d’ouverture du don du sang à n’importe quel coût, et malgré les chiffres, que l’obsession de ne pas être assimilés à ses pédés de backroom à la sexualité sauvage, à ces séropos communautaires, à ces malades. La volonté d’être considéré respectables, d’affirmer sa séronégativité, semble plus forte que la réalité des faits : Les homos n’ont pas un comportement respectable en ce qui concerne le VIH. Nous n’avons pas un comportement respectable. J’attends la mobilisation sur ce fait là.
Le Roncier : “Don du sang, homos et VIH : De ‘eau au moulin”.
L’interdiction du don du sang aux homos n’est pas de la discrimination, c’est de la bête statistique. Tout comme l’interdiction faites aux personnes qui ont récemment séjourné en zone tropicale, consommé de la drogue, subi un tatouage ou un piercing, etc. Les médecins responsables du don du sang ne sont pas homophobes, ils savent juste lire des chiffres et les interpréter.
Concentrons-nous plutôt sur les vraies discriminations, ce sera bien plus productif et moins risqué, autant pour la santé des autres que pour notre propre image.
Ad Virgilium : “Le perroquet de l’alchimiste”.
J’avais écrit un billet dans le même sens il y a un moment, mettant en lumière quelques enjeux.
Ce qui me gène, c’est qu’on croie vraiment que “la bête statistique” protège qui que ce soit d’une contamination par le sang.
Soit le sida dans le sang des donneurs est dangereux, auquel cas j’espère bien qu’on teste toutes les poches de sang sans exception, y compris celles des hétéros et des femmes et de tous ceux qui ne sont pas de “vilains sacs à sida qu’on sait bien qu’ils sont pas propres mêmes que hein”.
Parce que même si les homos masculins étaient 90% des porteurs de sida (ce qui n’est pas le cas), est-ce qu’il ne serait pas important de se protéger des 10% restants dans la population qui donnent leur sang aussi ? Ou leur sida a eux est plus propre parce que ce n’est pas un sida d’homo masculin donc ça va ? (au secours…)
Si le sida n’est pas dangereux dans le sang car détruit pendant le traitement du sang, alors pourquoi cette discrimination ?
Je comprends l’idée qu’on refuse à certains groupes de personnes de donner leur sang, ce qui permet de faire baisser certaines probabilités sur des nouveaux virus et prions encore mal connus. mais le délire d’attribuer forcément aux homos masculins toutes les tares de la terre dans ce domaine me laisse perplexe. Si ce sont les pratiques à risque qui posent problème, alors il faut demander à tous ceux ayant eu des pratiques à risque de ne pas donner, homos et hétéros. Mais même ça je ne vois pas de quoi ça protège dans les faits si le sang est contaminé et que la personne donne quand même ?
Par exemple, DSK, avant l’affaire Diallo, il aurait répondu quoi sur sa fiche en terme d’activité sexuelle ? La nana qui est prostituée occasionnelle et qui fait sans capote parce que ça gagne plus, elle va oser l’écrire sur son papier ? Le mec qui saute 50 nanas par an sans capote dans des parkings de boîtes de nuit, il va écrire quoi ?
Aux états unis, on interdit aux gens ayant vécu plus de 5 ans en Europe de donner du sang en raison des risques avec le prion de la vache folle. Ça c’est statistique et sans préjugé visant une catégorie de population, puisque tout le monde est concerné au même titre par une mesure qui ne fait pas appel à des clichés.
Imaginons qu’ils laissent ces gens donner leur sang… mais pas “les hommes obèses parmi eux, parce qu’on les connaît ces sales gros, ils ne font que se gaver de viande ce sont les plus dangereux après 5 ans en Europe”. On sort clairement des statistiques pour entrer dans le gros préjugé crasse.
Pour moi interdire tous les homos y compris ceux sans pratiques à risque, et pas toutes les pratiques à risque homos ET hétéros, c’est exactement du même ordre. Toujours en croisant les doigts pour que ce ne soit pas la véracité des déclarations qui nous protège pour de bon…
@ Krysalia : Vous avez besoin d’une mise à jour de vos connaissances sur les enjeux de la transfusion, et le traitement possible ou non des produits sanguins. Les concentrés de globules rouges et les plaquettes ne peuvent faire l’objet d’aucun traitement visant à éradiquer le virus HIV, sans parler comme vous l’évoquez des autres virus.
C’est précisément parce qu’il y a pour tous les donneurs, malgré la sélection et les test biologiques poussés une période muette pendant laquelle les virus sont indétectables par toutes les technique aujourd’hui disponibles que le risque résiduel n’est pas nul.
Je vais reprendre ma métaphore des pommes. Deux paniers, A et B. 1000 pommes dans chacun. Dans le panier A, 200 sont empoisonnées. Dans le panier B, 1 est empoisonnée. Vous devez en choisir une tout de suite pour la manger immédiatement mais vous pourrez ensuite la tester après l’avoir mangée. Dans quel panier allez-vous choisir ?
La démarche d’épidémiologiste qui préside à la sélection des donneurs n’est pas d’aller vers le zéro risque qui est une vue de l’esprit, mais vers le moindre risque. Et quitte à vous décevoir, une des meilleures protections est effectivement et encore la véracité et la sincérité des déclarations. Parce que tout le problème est là : on n’est que dans le déclaratif, à tous points de vue.
@ Krysalia il y a une partie des réponses dans l’article de Virgilium. L’autre partie de la réponse est la suivante : on ne teste pas chaque poche de sang individuellement, mais ensemble dans des mégas échantillons. Si on trouve un virus dans l’un des “mégas échantillons” on doit alors au choix tester toutes les poches individuellement, ou détruire l’ensemble (je crois d’ailleurs que c’est la deuxième solution qui est choisie).
La bête statistique entraîne donc un coût important, soit sur une deuxième série de tests plus nombreux, soit sur une perte sêche de sang non contaminé, mais testé en même temps d’un échantillon contaminé.
Par ailleurs le questionnaire préalable au don du sang pose les questions sur les pratiques à risque, et tous ceux qui les reconnaissent sont exclus.
Disons qu’il y a deux niveaux de confiance dans la véracité des déclarations : - on ne fait pas vraiment confiance à qui que ce soit puisqu’on teste systématiquement - on fait encore moins confiance à ceux qui disent être homosexuels mais sans pratiques à risque, sur des bases statistiques, ce qui fait que de pauvres innocents sérieux et sains n’ont pas non plus la possibilité de donner leur sang
Est ce que la statistique vous scandalisait autant quand les compagnies d’assurances faisaient payer toutes les femmes moins cher au départ ? (mais réajustaient les bonus malus de la même façon que pour les hommes ensuite). On est exactement dans la même logique, sauf qu’avec les donneurs, on n’a pas d’historique, on repart à zéro à chaque fois.
eric> Quand je parlais d’éventuels traitements, j’ignorais en effet leur existence ou leur non existence. Mais j’explorais simplement les raisons pour lesquelles on pourrait se permettre ou ne pas se permettre de discriminer des gens sur leurs soi disant pratiques.
je ne comprends pas votre métaphore des paniers de pommes. Il me semble qu’on ne mange pas ces pommes avant de les avoir testées. Vous prétendez qu’on injecte le sang avant d’avoir réalisé d’éventuels tests ? je comprends bien la notion de moindre risque. C’est qu’elle s’appuie sur des clichés qui me gène profondément. être protégée par un gros cliché ne me rassure pas le moins du monde.
la sincérité des déclarations, d’accord. Dans ce cas, pourquoi exclure un homo masculin qui déclare qu’il n’a pas eu de pratiques à risques ? je ne comprends pas la différence qu’il peut y avoir entre un homo masculin qui déclare ne pas avoir eu de pratiques à risques et un hétéro masculin qui fait la même déclaration, à part un bon gros cliché homophobe.
marie aude> mais justement je ne comprends pas qu’on fasse encore moins confiance à tous les homosexuels parce que certains d’entre eux se comportent mal. pourquoi pas dans ce cas les noirs africains chez les hétéros, puisque des statistiques pourraient surement être trouvées prétendant qu’ils ramènent nombreux le sida d’afrique quand ils y vont quelques mois ? Et dans ce cas il faudrait exclure leurs femmes aussi, qu’ils contaminent au retour, allons y, pourquoi pas. Le délire visant à dire “ah mais les gays c’est pas pareil eux sont vraiment plus malades et moins responsables que la moyenne” m’écoeure vraiment.
@Krysalia La différence entre un homo qui déclare être fidèle et un hétéro qui déclare être fidèle, c’est que dans le cas (rare, on est bien d’accord) où c’est faux, toutes choses étant égales par ailleurs, l’homo a été infidèle avec une personne qui a 100 fois plus de chance d’être séropositive que l’hétéro. Il n’y a pas de jugement de valeur là-dedans, juste une mesure à un instant T de la prévalence du VIH dans diverses populations.
Lisez cet article et si vous y avez accès, aux études scientifiques qu’il pointe. Vous apprendrez plein de choses.
@ Krysalia : Allez lire mon billet, ce n’est aps pour me faire de la pub mais beaucoup d’éléments contextuels sont abordés.
On prélève un donneur. Les poches recueillies immédiatement traitées pour séparer le plasma et les éléments cellulaires. Des échantillons de chacune des poches sont ensuite poolées (par 10 me semble-t-il me souvenir) et les tests sont effectués sur le pool. Si les tests sont tous négatifs, les produits suivent alors le circuit prévu jusqu’à la distribution. S’ils sont positifs, chaque don du pool est alors testé individuellement et l’ensemble du pool est bloqué jusqu’aux résultats définitifs. Le ou les dons incriminés sont alors éliminés, et le reste du pool réintègre le circuit.
Au total, le coût du traitement d’un don (prélèvement, centrifugation, congélation, test biologiques divers, stockage distribution etc) se situe aux alentours de 1000 €.
Accepter tous les donneurs sans sélection revient à augmenter de façon très importante les coûts marginaux et se fera obligatoirement au détriment de la sécurité.
La sécurité transfusionnelle vis-à-vis des pathologies infectieuses repose sur les quatre éléments suivants :
sélection des donneurs
tests biologiques
restriction des indications transfusionnelles de façon à ne pas transfuser inutilement.
surveillance des receveurs après transfusion.
Supprimer un seul de ces éléments se soldera par une augmentation importante du coût déjà très élevé de la transfusion, et une diminution de la sécurité.
Et j’ajouterai une chose : la mission de l’EFS n’est pas de décortiquer par le menu la vie sexuelle et les pratiques des candidats donneurs. Sa mission est de collecter, de préparer et de distribuer les produits sanguins labiles les plus sûrs possible.
Le reste relève d’une politique générale de prévention de la transmission des IST en général et du VIH en particulier, de l’éducation à une sexualité à moindre risque et de la démarche volontaire des patients concernés. Ceci peut se faire dans les CDAG dont c’est la vocation, ou les services de maladies infectieuses.
Ces structures sont le lieu privilégié pour aborder le détail des pratiques sexuelles, et déterminer le cas échéant quelle pratique dans quel contexte a pu être contaminante. Et cela présente alors un réel intérêt épidémiologique.
merci pour les liens et les explications. je comprends ces arguments dépassionnés, mais la discrimination continue de me gêner sur un registre qui concerne purement les tripes, les affects. Je lirai dans le détail l’article d’Eric (je n’ai fait que survoler les liens en rentrant), je comprends que mes affects sur le sujet ne sont pas forcément en lien avec les mathématiques et la technique sur ce coup là. il me reste à l’avaler… (sans mauvais jeu de mot sur ce sujet Ö !)
Exclure les homos qui n’ont pas un comportement à risque est une discrimination qui n’a rien à voir avec les statistiques. On pousse simplement l’ensemble des homos à mentir, et on augmente le risque en n’étant pas capable de faire un filtrage efficace. Si la moitié des séropos contactés par l’EFS l’année dernière était constituée d’homosexuels, c’est bien parce que la discrimination aveugle pousse les aspirants donneurs à mentir aveuglément. Et je ne suis absolument pas convaincu qu’on y gagne en terme de santé publique. Par contre, on y gagne en terme d’exclusion, c’est indéniable. La prévalence globale du VIH chez les français d’origine africaine est plus élevée, mais je pense que leur interdire le don ne se ferait pas sans heurts. Seules les personnes ayant des comportements à risque représentent un danger.
Par ailleurs, lorsqu’un don de moëlle osseuse est en jeu, c’est-à-dire lorsqu’on est potentiellement le seul à pouvoir sauver la vie d’une autre personne, est-ce que ces considérations statistiques infinitésimales entrent vraiment en jeu ? C’est faire bien peu de cas des réalités que de refuser un donneur qui n’a connu qu’un seul partenaire dans sa vie et n’a jamais pris de risque, en faisant fi de toutes ses particularités et de sa situation personnelle, sous prétexte que les statistiques ne jouent pas en sa faveur.
Enfin, dernier point, le fichage pratiqué par l’EFS est profondément humiliant. Se savoir interdit de don et étiqueté en tant qu’homo sur un fichier sur lequel on ne dispose d’aucun droit d’accès est à mon sens très perturbant et choquant.
Il ne s’agit pas de revendiquer bêtement un droit dangereux mais de cesser une discrimination aveugle pour passer à un filtrage ayant de véritables bases médicales.
@ Krysalia un voyage récent dans certains pays fait partie des comportements “à risque” de mémoire, qu’on soit hétéro ou homo.
@ Eole, j’ignorais la constitution d’un fichier, et cela est effectivement “choquant” pour ne pas dire plus
marie aude> oui un voyage dans certains pays est à risque. mais pas seulement pour les hommes noirs, c’est ça qui serait choquant. les pratiques à risque sont dangereuses, et pas seulement pour les hommes gays. interdire les gens ayant eu des pratiques à risque ET tous les hommes gays à risque ou non, je ne l’avale pas. le fichier est évidemment plus que choquant :/…
quelque chose me choque beaucoup aussi dans les propos de virgile, ça me trotte dans la tête depuis un moment : il oppose les gens fidèles présumés n’avoir pas le sida et ceux infidèles censés l’attraper. Je suis un peu choquée par l’amalgame : on n’a pas le droit de pratiquer le safe sexe avec qui on veut ? forcément l’infidélité se fait sans capote ? Et forcément les homos aussi sont soit sages soit dépravés et malades ? y’en a pas qui aiment simplement le sexe en se protégeant ?
je trouve - même si je suis ébranlée par les arguments ci dessus - qu’il y a un peu trop de sous entendus dans ces “statistiques”, comme si “allez, il fallait bien reconnaître que les gens non malades sont plus rares, que les gens “infidèles” sont légion - avec tout ce qu’il y a d’inexact dans ce terme d’infidèles forcément contaminés/contaminants… je reste profondément mal à l’aise de ces amalgames qui ne me rappellent que trop ce qu’on fait à d’autres populations maltraitées par les préjugés de la médecine, au nom de prétendues “statistiques indiscutables”.
T’as de beaux yeux, tu sais…
[Argopecten irradians juvénile. Photo Kathryn Markey. Via Big Picture.]
le charme des yeux bleus….
Étonnant et magnifique ce bleu. Sur le site ils est indiqué “magnification 1 x” mais je me demande quelle est l’échelle réelle sur la photo, ça aurait été intéressant de l’avoir en inscrustation ; ces yeux ne sont peut-être pas visible quand on en aperçoit une au sol, voire dans la main.
Blah ? Touitter !