Journal de bord

jeudi 5 juillet 2012

God Bless America

On vient d’apprendre à Frank qu’il a un cancer du cerveau. Incurable. Pas pour rien qu’il avait des migraines carabinées depuis un certain temps.

La veille, il perdait son emploi, parce qu’il avait pris la liberté de noter l’adresse de la résidence de la réceptionniste de son bureau, afin de lui envoyer des fleurs, alors qu’elle traversait une mauvaise passe. Or, utiliser le registre des renseignements personnels de la compagnie d’assurances pour laquelle il travaille contrevient aux règlements internes, aussi stricts qu’impitoyables de conséquences. Donc, licenciement. Au regret de son gestionnaire immédiat, qui ne fait qu’appliquer les directives « venues d’en haut, » bien entendu.

L’avant-veille, tentant d’échapper à sa migraine et son ennui, il zappait entre divers postes de télévision aussi débiles que variés les uns que les autres. Naviguant d’un concours à la American Idol où un jeune homme sans talent se fait humilier à une émission politique qui ferait passer Fox News pour un repère de socialistes en passant par un compendium des cascades les plus idiotes et autres télé-réalités où des adolescentes hystériques se chamaillent en se lançant un tampon hygiénique usagé par la tête, Frank n’a non seulement pas perdu sa migraine mais a gagné en plus un dégoût profond pour ses semblables.

Il s’en explique, d’ailleurs, à son collègue de cubicule, quelques minutes avant de perdre son emploi : l’Amérique, son pays, le déprime par sa négation radicale de la civilisation — notamment dans ces émissions télévisées. Il affirme que ces demeurés ne devraient pas avoir le droit de diffuser leurs idioties. Il défendra, bien sûr, leur liberté d’expression si elle était menacée — mais il tente (sans succès) d’expliquer à son collègue combien tout cela représente la chute de la civilisation en général et des États-Unis en particulier.

Ayant tout perdu, particulièrement sa raison de vivre — y compris sa petite fille de laquelle il est séparé et qui ne veut plus de lui, obnubilée qu’elle est par les objets de consommation — Frank comprend qu’il n’a qu’une seule issue avant de quitter son monde sordide.

Tuer ces dégénérés, ces assassins de civilisation, qui ne méritent pas de vivre.

Ce qu’il accomplira, littéralement, dans le sang et l’allégresse.

Voilà l’argument et l’essentiel de la trame d’une comédie noire récente, God Bless America, de Bobcat Goldthwait.

Un film acide sur la liberté. Liberté de penser, liberté de s’exprimer et liberté d’agir.

Voir, Ianik Marcil : “Quoi ? La liberté”.

La liberté de l’individualisme radical : moi, ma maison, ma famille, ma vie. Une liberté hargneuse, qui nie la communauté et oublie la nécessaire construction de soi avec l’autre en société. Car c’est à cela que résonne la liberté positive : la liberté de choisir une forme de vie sociale et politique dans laquelle tout un chacun peut s’épanouir. Une liberté exigeante qui s’affirme jour après jour dans son désir d’un dépassement de soi — en droite ligne avec la pensée des pères fondateurs des États-Unis et du E pluribus unum.

Alors que la forme négative de la liberté exalte l’individualisme, sa forme positive célèbre l’individualité. Il s’agit là probablement de la nuance fondamentale que les dernières décennies de néolibéralisme ont oblitérée. Un néolibéralisme simpliste qui nie l’autre et sa communauté. Qui nie l’ensemble des individualités dirigées vers l’autre — une communauté d’appartenances diversifiées.

Voilà la différence entre l’individualisme et l’individualité qu’a gommé la pensée néolibérale depuis les dernières décennies.

Ibid.

1. Le 6 juillet 2012,
Karl, La Grange

Reste à savoir maintenant si le film va créer des émules, je crains que le second degré ne soit pas très efficace sur les congénères que le film dénonce.

Blah ? Touitter !

Conspira Vox

StreetPress se paye la tête d’Agoravox, devenu “dépotoir conspirationniste”.

L’article de Robin d’Angelo laisserait croire que tous les blogueurs ont encensé la création d’Agoravox en 2005.

Il n’en est rien.

L’article au vitriol de StreetPress a été repris en Une par Rue89. Rue89 appartient au Nouvel Obs. Le Nouvel Obs a développé une plateforme de “journalisme participatif citoyen 2.0”, Le Plus. De quoi devenir conspirationniste… ;-)

Vietnam Zippos

Vietnam Zippos

The Vietnam War represented something different than all other American Wars, previous and since. There were the regular army soldiers, many raised by World War II heroes and viewing their job as a duty and privilege. There were victims of fate, the unwilling, drafted by lottery, many poor and minority, resentful of their government and military superiors. And there were those along for the ride, not interested in glory or politics, merely trying to follow orders and earn their ticket home. Regardless, they were all connected by the Zippo, the utilitarian tool carried by nearly all soldiers since World War II, a symbol of dependability and the rare thing that all soldiers could count on. Used for lighting cigarettes, heating food, illuminating letters from home, or setting fire to huts of suspected VC, Zippos were used so frequently in Search & Destroy missions that GIs nicknamed them “Zippo Missions” or “Zippo Raids.” After purchasing one from the post exchange store for $1.80, a soldier could personalize his lighter at sidewalk tents with one of wide selection of stock designs or a personalized message.

Many messages, especially those chosen by pre-draft in the 1960s, are related directly to combat. Some feature the emblems of proud and storied units, often complemented by macho mottoes exhibiting the pride and hubris of soldiers willingly fighting in the world’s strongest army.

As the debate about the war intensified back home, soldiers became disillusioned with their mission, and the draft lottery injected a fresh force of often unwilling troops, the inscriptions evolved. Peace signs, psychedelic designs, and cartoon characters became prevalent. Charles Schulz’ Peanuts characters were a popular choice, as many soldiers identified with Snoopy’s fight against an imaginary enemy, the Red Baron.

While some pondered politics and meaning, others had their minds on the same subjects as many 19-year-old peers in America: sex and drugs. The Playboy logo and nude women were popular motifs, as was the Zig-Zag man, taken from the packets of rolling papers used to roll the increasingly prevalent joint.

Bradford Edwards Collection.