Fier. Qui a le souci de sa dignité, qui se respecte.
Être fier de soi. Être satisfait de soi-même.
Ne pas être fier. Avoir honte.
Parce que l’on nous a appris la honte, parce que l’on nous a jugé indignes, parce qu’on ne nous a que trop souvent manqué de respect.
Parce que l’on nous a fait croire que nous étions damnés, puis aliénés, puis malades. Parce qu’on a voulu nous tuer, nous enfermer, nous soigner.
Parce que l’on a voulu nous priver de notre humanité. Parce qu’on nous a enseigné la haine de soi.
Puis, le temps de la révolte est venu. Et nous avons gagné la fierté d’être ce que nous sommes, ce que nous n’avons pas choisi d’être. Nous l’affichâmes, nous le revendiquâmes. Ce fut la libération du joug des cons.
Ne plus se cacher, ne plus raser les murs, ne plus mentir. Dire à celui qui ne t’aime pas pour ce que tu aimes : je t’emmerde.
Voilà, c’est ça être fier.
Et tant qu’il y aura des honteuses, nous affirmerons notre fierté.
Et tant qu’il y aura des cons, nous affirmerons notre fierté.
Notre fierté est revendication. Elle est courage et résistance.
Alors, oui, quand nous serons dans un monde idéal, nous pourrons nous poser la question “Putain, mais en quoi y a-t-il une fierté d’être homo ?” Pas demain…
Je suis homo et fier, fier d’être d’homo.
Bruce : J’aime que vous refusiez catégoriquement de vous laisser photographier ou filmer sans vos lunettes de soleil. Moi pareil.
Karl : C’est ma burqa.
Bruce : Exactement. Une burqa pour les yeux.
Karl : Une burqa pour les hommes. Je suis un peu myope, et les myopes, quand ils retirent leurs lunettes, ils ont un air de petit chiot mignon qui veut se faire adopter.
Bruce : Moi, je suis myope d’un œil et presbyte de l’autre.
Karl : Vous ne pouvez pas vous faire opérer avec ce que vous avez ?
Bruce : Non. Ils disent que c’est inutile, que je n’aurai jamais besoin de lunettes parce que j’ai un œil qui voit de loin et un œil qui voit de près.
Karl : C’est parfait, n’est-ce pas ? Je veux rester myope, sinon j’aurai besoin de lunettes pour lire. Je n’en veux pas. J’esquisse, je fais tout sans lunettes, sauf parler aux étrangers. Surtout s’ils portent, eux aussi, des lunettes.
Bruce : Je déteste ça, quand les photographes demandent : « Est-ce qu’on peut en avoir une sans les lunettes ? » Pourquoi ? Vous me voyez très bien comme ça.
Karl : J’ai été interviewé, un jour, par une journaliste allemande, une femme horrible, affreuse. C’était juste après la chute du Mur, peut-être une semaine après, et elle portait une sorte de pull jaune transparent. Elle avait des seins énormes, un soutien-gorge noir énorme, et elle m’a dit : « Ôtez vos lunettes, c’est impoli. » Je lui ai répondu : « Est-ce que je vous demande d’ôter votre soutien-gorge ? »
Vice : “Bruce LaBruce et Karl Lagerfeld”.
(C’est vrai que les myopes sans lunettes ont un air de petit chiot mignon qui veut se faire adopter…)
Bruce : Oui, j’ai lu une citation de vous, où vous disiez que se faire filmer en train de faire une fellation est bien plus difficile que de feindre une émotion devant une caméra. Je suis parfaitement d’accord. On ne reconnaît pas assez le mérite des acteurs porno.
Karl : J’admire les acteurs porno.
Bruce : Moi pareil, et les prostituées aussi. Ça demande un vrai savoir-faire.
Karl : La frustration est la mère du crime, il y aurait beaucoup plus de crimes sans les prostituées et les films porno.
Ibid.
Blah ? Touitter !