La mariage entre deux hommes à l’église, ça existe.
Danny n’a jamais eu de doute sur son orientation sexuelle. Dès le début de sa puberté, il a su qu’il était homosexuel. L’acceptation de cette réalité, par contre, a connu de longues périodes de doutes, teintées de déchirements en raison de son désir de suivre le Christ.
Depuis plusieurs années, Danny, c’est Jésus. Le Jésus du Théâtre Théamo qui présente des pièces de théâtre inspirées de l’Évangile vues par des milliers de catholiques au cours des dernières années. Un homme talentueux à la voix d’or, qui incarne le Christ à travers des tournées depuis 2005.
Danny est comblé. Il a marié « l’homme de sa vie », avec qui il peut prier et aller à la messe. Un homosexuel catholique hispanophone qui assume tout autant sa foi que son orientation sexuelle. Il a même eu droit à un mariage catholique.
[…] L’homme de 30 ans est originaire du nord-est du Nouveau-Brunswick. Il habite à Québec depuis une dizaine d’années. Il est actuellement animateur de vie spirituelle et d’engagement communautaire pour une commission scolaire de la région.
En venant à Québec en 2001, il a pris la décision d’être abstinent et de consacrer sa vie au Christ. Il voulait mettre derrière lui son adolescence marquée par plusieurs expériences homosexuelles. Pour lui, il n’y a jamais eu de doute : il est gai.
« Ma mère m’a demandé à 14 ans si j’étais homosexuel. Je n’étais pas capable de lui répondre. Dans le fond, elle le savait avant moi. À 15 ans, je lui ai dit que je l’étais. L’année suivante, je l’ai dit à mon père et à mon frère. Et à 17 ans, je l’ai dit à l’école », relate-t-il au sujet de son coming out.
[…] À 19 ans, Danny décide alors de se consacrer au célibat. « C’était l’appel de Dieu pour moi. »
Il arrive à Québec, où il étudie la théologie au Centre Agapê. Il travaille et vit au monastère rédemptoriste de Sainte-Anne-de-Beaupré et se rend aux Journées mondiales de la jeunesse de Toronto l’été suivant.
« Ce fut ma période extrême. Je jeûnais deux fois par semaine. J’étais pire qu’un Pharisien ! Mais mon but était de devenir prêtre. »
Il entre donc au Grand Séminaire de Québec en 2003, avec l’accord de l’évêque de son diocèse d’origine – Bathurst – Mgr Valéry Vienneau.
« Je suis resté au Séminaire un an et demi. Je suis sorti parce que je suis tombé en amour avec un confrère. Je ne voulais pas l’empêcher de vivre son engagement. J’ai compris que le célibat n’était pas pour moi et que je n’avais pas un appel au sacerdoce. »
« Mais je ne suis pas déçu, précise-t-il entre deux gorgés de thé. Ç’a été l’une des meilleures formations que j’ai eue. »
[…] « Je savais depuis toujours que j’étais homosexuel. J’ai quitté le Grand Séminaire, mais c’était clair pour moi que j’étais appelé à suivre le Christ plutôt comme laïc. Comme laïc homosexuel. »
[…] Récemment, Théâmo était de passage à Rimouski. Danny était hébergé pour l’occasion chez une religieuse. Le mot d’ordre était simple : n’en dis pas trop.
« Bon, je me suis mis les pieds dans les plats. Je lui ai demandé de prier pour mon couple. Elle m’a dit : quand je prie pour des gens, je dois savoir leur nom. Aille… »
Danny n’a pas eu le choix. Il préférait quand même dire la vérité. Il n’a pas vraiment eu la réaction attendue.
« La sœur a poussé un cri d’exclamation, avant de me dire « c’est extraordinaire, tous mes amis sont homosexuels, mais moi je ne comprends pas pourquoi ». »
Finalement, ils ont passé un bon moment à « parler et glorifier Dieu ensemble ». Un moment mémorable que Danny évoque avec un large sourire.
« Des réactions comme ça dans l’Église, ça ramène la paix dans mon cœur. Comme quoi l’ouverture est là. C’est 50-50. C’est pas tout un ou l’autre. Il y a beaucoup de zones grises. C’est pas vrai que tout le monde est contre ou que tout le monde est pour. »
[…] La discussion s’est naturellement dirigée vers son mariage actuel, celui avec Rigo.
Les deux hommes se sont rencontrés à la fête Arc-en-Ciel, à Québec, l’équivalent de la Fierté gai. Ils se sont croisés à la place d’Youville. Danny sortait du stand des chrétiens gais et déambulait avec un ami anglican. En apercevant Rigo, il s’est mis à rire aux éclats. La nervosité.
« J’ai su tout de suite que c’était l’homme de ma vie. Je suis allé le voir et je me suis mis à lui parler en espagnol. Mais je manquais de mots, moi qui d’ordinaire n’en manque jamais. »
Les deux hommes se sont mis à se fréquenter. Ils ont rapidement convenu de faire leur vie ensemble.
« Ça a cliqué tout de suite. C’était l’un de ses événements qui te dépassent dans la vie. J’avais pas besoin de demander à Dieu. C’était trop clair. »
Le mariage s’organise. Danny et Rigo sont accompagnés par un prêtre dans leurs démarches.
« Rigo avait mille et une questions à poser à cet ami prêtre. Enfant, il allait à l’école chez les Légionnaires du Christ. Il avait totalement l’impression d’être dans le péché. Il ne communiait plus depuis longtemps. »
Le mariage civil a eu lieu trois mois après leur rencontre, le 12 décembre 2009, dans un café qui longe la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec. La date n’était pas anodine, puisque c’est celle de la fête de Notre-Dame de la Guadalupe dont la dévotion est si marquante pour les Sud-américains.
Mais plus tôt cette journée-là, ils ont également célébré clandestinement leur mariage religieux.
En effet, leur ami prêtre catholique a accepté de bénir leur union. Cela s’est passé en secret dans un presbytère plus tôt dans l’après-midi.
« C’était la première fois qu’il faisait ça. Je n’ai pas senti de doute chez lui. Nous lui avions demandé une bénédiction, et il a accepté. À notre grand étonnement, il a même pris le rituel du mariage. Ça, c’était son initiative. »
Seulement quelques personnes étaient présentes, et le prêtre leur a demandé de garder ça secret.
« Il y avait ma mère, mon témoin. C’était très émouvant. Quand il a pris le rituel du mariage… Pour ma mère, c’était un élément très important. Pour elle, c’est devenu un vrai mariage à ce moment-là. C’est comme si ça l’avait aidé à passer à une autre étape. Je crois qu’elle a toujours vécu plus difficilement que moi mon homosexualité. Elle m’a toujours accueilli. Elle souffrait à l’idée que je puisse souffrir. Pour elle, c’était comme voir un fils partir à la guerre. »
Danny s’arrête et ne dit plus rien. La gorge nouée, il laisse passer quelques secondes. Pour l’une de ces rares fois, il manque de mots.
Sa mère est décédée il y a quatre mois.
Il reprend son sourire et son histoire quelques instants plus tard.
« Après ça, on est allé à la messe pour aller se présenter à Dieu et se confier à Lui. À la communion, mon ami prêtre m’a dit : tu viendras me voir après la messe. J’étais nerveux, je pensais qu’il regrettait le mariage qu’il venait de faire. Mais non. Il voulait nous offrir ses souhaits. Il nous a dit : « par votre amour, soyez des témoins que l’amour existe pour vrai. Même entre deux hommes ». C’était quasiment un envoi en mission ! »
Danny voulait immortaliser le moment avec une photo. Mais le prêtre a refusé, ne voulant pas s’attirer d’ennuis si jamais la photo se mettait à circuler. […]
Crayon et Goupillon, Philippe Vaillancourt, 18 juillet 2011 : “Catho et homo : deuxième portrait”.
Joachim
Couillu. En même temps, avec le réchauffement climatique et la calotte glacière arctique qui diminue d’année en année, je ne sais pas trop s’il y aura besoin de brise-glaces dans le futur…
Anne Onyme
Certains s’en frottent les mains pour les transits commerciaux et l’économie des ports du nord.
wam
Anne> pour la marine marchande (containers, rouliers, vraquiers) c’est totalement impossible avant 20 ans du fait de l’absence d’infra-structures (ports de ravitaillement intermédiaires et donc débarquements et embarquement qui génèrent des revenus). et dans 20 ans le prix du fuel sera tel que ces transports ne naîtront sans doute même pas.
restent les chimiquiers, la pêche et le tourisme. je ne connais pas ou très mal les 2 derniers secteurs, mais je vois mal les armateurs (sauf mafias) s’amuser à faire transiter en dehors des routes sécurisées “classiques” des marchandises dangereuses. même les mafias ont besoin de ports de ravitaillement en eaux profondes qui n’existent pas encore sur ces routes qui pourraient ne plus geler.
Blah ? Touitter !