Journal de bord

samedi 12 janvier 2013

Aaron Swartz (1986-2013)

Aaron Swartz (1986-2013)

[Photo Sage Ross, licence.]

Computer activist Aaron H. Swartz committed suicide in New York City yesterday, Jan. 11, according to his uncle, Michael Wolf, in a comment to The Tech. Swartz was 26.

“The tragic and heartbreaking information you received is, regrettably, true,” confirmed Swartz’ attorney, Elliot R. Peters of Kecker and Van Nest, in an email to The Tech.

Swartz was indicted in July 2011 by a federal grand jury for allegedly mass downloading documents from the JSTOR online journal archive with the intent to distribute them. He subsequently moved to Brooklyn, New York, where he then worked for Avaaz Foundation, a nonprofit “global web movement to bring people-powered politics to decision-making everywhere.” Swartz appeared in court on Sept. 24, 2012 and pleaded not guilty.

The accomplished Swartz co-authored the now widely-used RSS 1.0 specification at age 14, was one of the three co-owners of the popular social news site Reddit, and completed a fellowship at Harvard’s Ethics Center Lab on Institutional Corruption. In 2010, he founded DemandProgress.org, a “campaign against the Internet censorship bills SOPA/PIPA.”

The Tech, Anne Cai: “Aaron Swartz commits suicide.”

Ars Technica, Timothy B. Lee - Sept. 20, 2012: “Feds go overboard in prosecuting information activist.”

“He was one of the kindest, sweetest, and most generous people I ever knew. He made a lot of money at a very young age, which would have ruined most people (including me). It didn’t ruin Aaron. He used it to live an itinerant life, jumping from project to project, all intended to work towards creating a better world. His enthusiasm was boundless, as was his generosity.” — Crooked Timber, Henry Farrell.

Too young and talented to leave.

1. Le 12 janvier 2013,
Krysalia

quand j’entends que quelqu’un s’est suicidé, je me demande combien de tentatives on a méprisées chez lui, se disant qu’il voulait attirer l’attention ou qu’un suicide raté donnait matière à mépriser la douleur de quelqu’un.

Je ne connaissais ni son nom ni son visage avant aujourd’hui, mais je vois un beau jeune homme brillant et talentueux, en pleine réussite, avec des sous et et une conscience. Il existe des choses assez affreuses pour donner envie de quitter ce monde malgré tout ça, J’espère simplement pour lui qu’il a du quitter cette vie parce qu’aucune main tendue n’aurait pu l’aider, et non parce qu’il en a manqué :/…

2. Le 12 janvier 2013,
padawan

Ahem, Suicide reporting on the internet:

You can tell people who’ve been near suicide before from those who haven’t. The ones for whom this is new are fitting it to a narrative. It’s the compassionate genius who was a little too good, or the activist hounded down by the government, or why would such a promising and beloved young person do something like this, or gosh there seems to be a link between creativity and mental illness, or some other well-meaning script.

Those of us for whom this brings back memories are, I think, a little less eager to see it as something that can be usefully explained, at least not by us.

3. Le 13 janvier 2013,
franCk

… suite…

et fin.

4. Le 13 janvier 2013,
Krysalia

Par certains côtés ce texte fait preuve de bon sens, par d’autres il se veut pontifiant sur un sujet très personnel. Qui sait comment chacun voit, ressent les choses à propos d’un suicide et qui sait exactement comment il les exprime, ce que ça veut dire pour lui à cet instant T et pour la mort de cette personne là ?

Je ne crois pas que le besoin “d’insérer l’histoire dans un contexte explicatif” soit critiquable, en tout cas pas plus que d’éprouver le besoin de se questionner à ce propos ou de juger qui a été assez proche d’un suicidé, qui a eu envie de mourir soi même d’une assez bonne façon pour avoir le droit d’en parler, et dans quels termes.

Qui sait combien de ces personnes qu’il juge maladroites ou ignorantes - ou dont la réaction “pleine de bonne volonté” lui semble inadaptée - ont exprimé leur idée sur la question parce que ça leur trotte dans la tête, pour eux, pour un proche qui en a parlé, parce qu’une histoire les a touchés différemment de lui, provoquant un discours différent du sien ? Qui sait combien sa réaction “vous dites ce que vous dites parce que vous ne savez pas bien de quoi vous parlez” a pu fermer la bouche de certains, là où l’ouvrir aurait pu leur sauver la vie ?

Quand j’ai lu ce texte, je me suis sentie visée parce que ma réaction d’interrogation correspond peu ou prou à ce qu’il exprime. Ce que j’aimerais bien que ce gars comprenne s’il me lisait, c’est que je ne demande pas mieux que de rester avec ma réaction qui lui semble inadaptée si elle veut dire que je conserve mon ignorance à ce sujet, puisqu’il raconte que seuls ceux qui ont vécu cela de près ont le genre de réactions qu’il accepte comme valides.

On n’a pas tous envie de vivre ce temps où un proche se sera suicidé ou le moment où on sautera le pas pour soi, même si on n’a pas toujours le choix d’y échapper, que notre proche en réchappe.

Peut être qu’au lieu de regretter que plus de gens ne réagissent pas “comme il faut”, il pourrait se réjouir que si peu de gens soient devenus des spécialistes de la question… C’est plutôt un bon signe que le contraire à mon avis.

5. Le 13 janvier 2013,
Krysalia

(bien entendu mon commentaire ne fait pas référence au lien de franck mais à celui dans le comm juste au dessus !)

6. Le 13 janvier 2013,
karl, La Grange
Aaron is dead.

Wanderers in this crazy world,
we have lost a mentor, a wise elder.

Hackers for right, we are one down,
we have lost one of our own.

Nurtures, careers, listeners, feeders,
parents all,
we have lost a child.

Let us all weep.

Tim Berners-Lee

7. Le 13 janvier 2013,
Laurent Gloaguen

When all is said.

8. Le 14 janvier 2013,
padawan

@Krysalia mon lien était en réaction à ton commentaire, ça ne m’étonne pas qu’il t’ait fait réagir. Je souhaitais pointer qu’il est plus que probable que personne n’expliquera jamais les raisons exactes de son geste. Qu’on tienne absolument à l’expliquer est autre chose, et ce n’est souvent pas « innocent ». C’est lorsqu’on on projette sa propre histoire et psychologie dans cette tentative d’explication qu’il faut être particulièrement vigilant.

9. Le 14 janvier 2013,
padawan

En complément, je trouve intéressant ce genre d’analyse, qui admet ne pas pouvoir expliquer ce qu’Aaron Swartz avait dans la tête, mais se focalise sur les aspects sociétaux en jeu : http://www.newyorker.com/online/blogs/newsdesk/2013/01/everyone-interesting-is-a-felon.html?mobify=0

10. Le 15 janvier 2013,
Krysalia

padawan> et quand on plaque ce qu’on veut lire sur les commentaires des autres ? nulle part dans mon commentaire tu ne trouveras d’explications, d’avancée de théories/d’hypothèses. Je ne pose que des questions, parce que je crois qu’avant tout c’est ce qu’un suicide nous laisse, des questions sans réponse et des espoirs sans confirmations d’aucune sorte.

d’autre part tu dis “c’est quand on projette sa propre histoire dans cette tentative d’explication qu’il faut être vigilant”. vigilant pour qui et pour quoi ? Vigilant pour soi ou vigilant pour l’autre et sa famille ?

Je n’ai pas fait ce que tu décris mais je comprends ce qui arrive à ceux qui le font. Un thérapeute, un proche, quelqu’un susceptible d’infléchir l’image de la personne suicidée ou d’influer sur ses proches, tous ceux là devraient en effet mettre leur propre histoire de côté pour éviter de présenter comme une vérité ce qui ne provient que d’eux mêmes.

Une personne qui a des envies de suicide et qui fait un transfert sur un suicidé dont il/elle entend parler fait un acte salutaire, qui peut lui permettre de progresser vers le bout du tunnel. En cherchant à comprendre cette personne et en s’identifiant, c’est son propre problème qui se règle, qui se dévoile, y compris à ses propres yeux mais d’une façon neutralisée qui lui permet de l’aborder plus sereinement. Ce n’est jamais inutile. C’est parfois précieux.

En revanche, il y a une certaine arrogance - pour ne pas dire une arrogance certaine, à délivrer des permis de s’identifier, de réfléchir à un problème et ses retentissements sur nous mêmes, au prétexte que l’évènement qui cause cette réflexion est arrivé à une autre personne.

je maintiens ce que j’ai dit. Quand je croise l’annonce d’un suicide, IRL, dans la vie, dans le journal, où tu veux, j’ai toujours cette réaction : combien de fois a -t-il tenté de se tuer ? combien de fois a-t-elle appelé à l’aide ?

Dans une société qui méprise profondément les “tentatives de suicide”, qui les voit comme des aveux de faiblesse ou des preuves qu’on a “pas vraiment besoin d’aide” puisqu’on aurait “fait exprès de se rater”, je ne crois pas que ce soit du luxe de s’interroger sur ce nombre, quitte à challenger nos certitudes sur ce point pour apprendre à mieux réagir, mieux anticiper.

C’est d’autant plus flagrant quand on consulte les statistiques, qui font apparaître un nombre de tentatives plus élevé chez ceux qui ne se sont pas ratés une bonne fois ensuite, que chez ceux s’étant arrêtés aux tentatives. Le cliché tenace raconte tout l’inverse. c’est plutôt intéressant.

Si tu préfères ne voir dans cette interrogation et dans mon commentaire qu’une identification malvenue et une réflexion superficielle sur un problème si complexe, libre à toi. Mais si identification malvenue il y a, ce n’est pas chez moi qu’elle est, dans ce cas.

11. Le 16 janvier 2013,
padawan

@Krysalia :

padawan> et quand on plaque ce qu’on veut lire sur les commentaires des autres ?

Oui. Ce que tu fais d’ailleurs avec les miens, ce qui n’a rien de particulièrement choquant à mon sens. Peux-tu envisager que je me sois trompé, en interprétant mal ton commentaire (oui j’y ai vu, dès ta première phrase, une tentative d’explication) ? Que j’ai voulu rapidement pointer vers un article qui m’a interpelé, peut-être pour endiguer une série, inutile, de tentatives d’explication d’un geste que personne n’expliquera jamais pour sûr ?

Mon interprêtation de ton commentaire était donc erronée, dont acte. Ton interprétation de ma fausse interprétation l’est tout autant. Pas la peine d’en rajouter encore une tartine, sauf à me prouver que toi aussi tu plaques ce que tu veux sur ce que tu lis. ;-)

d’autre part tu dis “c’est quand on projette sa propre histoire dans cette tentative d’explication qu’il faut être vigilant”. vigilant pour qui et pour quoi ? Vigilant pour soi ou vigilant pour l’autre et sa famille ?

Pour soi. J’ai lu qu’il y avait souvent recrudesence de suicides après un suicide particulièrement médiatisé. Mon propos redux : si cette histoire vous travaille, parlez-en à quelqu’un, vite.

12. Le 17 janvier 2013,
Krysalia

ah donc je vois c’est un trend. “pas la peine d’en rajouter une tartine” etc… en gros tu délivres des permis d’argumenter ou de penser, quoi :D. grand bien te fasse. si j’ai un truc à dire, long ou court, je le dis, et je me passe fort bien de ta permission. Y compris pour te dire que tu t’es gouré, merci :) .

13. Le 17 janvier 2013,
padawan

en gros tu délivres des permis d’argumenter ou de penser, quoi :D.

Non.

si j’ai un truc à dire, long ou court, je le dis, et je me passe fort bien de ta permission.

Absolument.

Blah ? Touitter !

Vincent

Vincent van Gogh

Tadao Cern.

The Fate of Whiskers

In Memoriam, Whiskers The Mouse (2012-2013).

Parfois la vie a un cruel sens de l’humour.

1. Le 12 janvier 2013,
Martine

!

Blah ? Touitter !

Complément de billet

Dans mon billet de samedi dernier « neige artificielle », j’ai oublié de mettre cette vidéo qui est sans doute la meilleure (entre autres parce que Dmitry Klimensky est sexy).

1. Le 13 janvier 2013,
ossobuco

D’accord, c’est moins sexy que la transition de phase de l’eau bouillante par grand froid : ce matin, il m’est apparu que des petits navets mis à blanchir dans une solution d’eau additionnée de chlorure de sodium en gros grains, certains flottaient à la surface, d’autres minoritaires coulaient. Plus étonnant encore, après avoir porté et maintenu la solution à ébullition pendant près de dix minutes, TOUS les petits navets flottaient ! Je n’ai rien trouvé dans la littérature, Tom Tit est muet sur la question (mais il écrit à une époque où la cuisine domestique est encore affaire de femmes, ça a bien changé depuis et c’est tant mieux). Je soumets ce phénomène à la sagacité des lecteurs de ce blogue, encore qu’un dimanche, je ne me fasse pas trop d’illusions. Merci quand même, hein.

2. Le 13 janvier 2013,
Laurent Gloaguen

@Ossobuco : votre eau devait être très salée. Par effet d’osmose en solution saline, vos petits navets se sont vidés de leur eau et mis à flotter.

Mon conseil de cuisson des petits navets : dans une sauteuse pas trop grande, mettre un fond d’eau, les navets, couvrir. Quand l’eau est presque partie (5 à 10 mn), mettre du beurre, saler et ajouter un peu de sucre. Faites alors revenir à feu vif en remuant. Et surtout ne jamais trop cuire.

3. Le 13 janvier 2013,
ossobuco

Merci, Capitaine ! Ne jamais trop cuire les navets, ça je suis d’accord, c’est pourquoi je les ai fait blanchir quelques minutes puis je les ai ajoutés à la fin de la cuisson du plat dont ils devaient être l’accompagnement principal (je ne dirai pas lequel pour ne pas passer hérétique). Mes petits navets avaient la translucidité des amandes des coquilles Saint-Jacques crues, c’était sympa.

Votre recette de navets ressemble un peu à celle des carottes Vichy, le bicarbonate de soude en moins. Je l’essaierai le week-end prochain (il faut que je réapprovisionne). Il est bien possible que j’aie trop salé l’eau, je cuisine au jugé par paresse. J’ai programmé une cuisine de choux de Bruxelles, la semaine qui commence demain. Je ferai savoir s’il arrive encore quelque chose au blanchiment.

J’ai également mangé des huîtres de l’Ile aux Moines.

J’ai confiance en François Hollande, c’est un faux mou.

Blah ? Touitter !