Question marchés d’hiver
On m’a posé une question sur Twitter :
@embruns Tiens capitaine, comment ça marche les marchés là où tu vis avec les températures froides ? st des marchés couverts ? ici commerçants se plaignent du froid mais surtout il abîme les produits, sont invendables après. — Krysalia.
Le marché mobile, tenu par des commerçants itinérants, présents à chaque lieu un jour ou deux par semaine, n’existe pas ici. À Montréal, il existe toutefois quelques marchés permanents : Atwater, Jean Talon, Maisonneuve et Lachine. Le plus important est Jean Talon. Les trois autres sont plus modestes.
Jean Talon est un marché semi-couvert. Il est constitué de structures en béton protégeant des intempéries, mais ouvertes à tous les vents. En hiver, l’allée centrale seule est cloisonnée (avec de grands panneaux amovibles), ce qui permet a une bonne vingtaine de commerçants de continuer leur activité. Ce qui suffit amplement, car tous les maraîchers qui vendent leur propre production ne sont plus là. En hiver, le marché fonctionne vraiment au ralenti et tout ou presque de ce qui s’y vend est de l’importation (sauf pour ce qui se conserve comme les pommes, les oignons ou les patates).
Seuls travaillent encore à l’extérieur les vendeurs de sapins de Noël, c’est le rare produit non sensible au froid que l’on peut vendre dehors en hiver. Le marché est entouré de boutiques permanentes en dur (fromager, poissonneries, bouchers, boulanger, etc.) qui aident à maintenir une vie commerciale à cet endroit toute l’année.
L’été, c’est un tout autre paysage, avec des agriculteurs et producteurs qui viennent directement vendre leurs produits et Jean Talon devient une visite incontournable pour le touriste.
Un marché au Québec est en hiver forcément couvert, et même fermé, à moins d’imaginer qu’il ne s’y vendrait que des produits surgelés. Dois-je rappeler qu’au Québec, nous avons presque cinq mois de l’année avec des températures inférieures au point de congélation…
Pour ce qui est des produits abîmés, oui, c’est un problème. Le point faible étant le transport et la manutention. Si la palette de sacs d’oignons reste plus de quelques minutes dehors quand il fait -30°C, c’est sûr que les oignons seront endommagés, au moins superficiellement. Le transport de denrées gélives n’est bien sûr envisageable qu’en camion isotherme. De mon expérience, il n’est pas exceptionnel d’acheter des légumes qui ont l’air sain, mais qui ont été gâtés par le gel faute de maîtrise de la chaîne du chaud.
Et ça vaut aussi pour toi quand tu ramènes tes courses à la maison. Je pense que tout le monde a expérimenté au moins une fois la salade flétrie parce qu’elle avait gelé dans le sac à provisions. La laitue décongelée, ce n’est franchement pas présentable.
Enfin, nous sommes en Amérique du Nord, et c’est bien sûr la culture du supermarché qui prédomine. Le marché à l’ancienne est rare et réservé aux très grands centres urbains.
Une autre question ?
samantdi
C’est fort intéressant, je n’aurais jamais imaginé de toute ma vie qu’une salade puisse geler dans le panier de transport !
Nicolas B.
Ah, Jean Talon. C’était en hiver, j’y étais allé sur les conseils du lapin. D’après ce que tu dis ce n’était donc pas la bonne saison et pourtant je le conseillerais sans hésitation. (en plus, il y a une épicerie fine à proximité où j’avais pu acheter quelques souvenirs culinaires).
Anne Onyme
Merci beaucoup pour toutes ces précisions.
j’ai eu le tour aussi, sur des légumes semblant parfaits achetés un jour d’hiver, et tout flétris dès qu’ils ont été remis à la chaleur. Je n’avais en revanche pas pensé au problème du transport qui laisse également congeler les denrées ! définitivement quand il fait -30, ça doit être folklorique de ramener ses courses, même au sortir du supermarché…
Je n’avais pas pensé non plus à la culture du tout hyper. Comme beaucoup de français, je sais peu de choses sur le Québec, je ne relie pas en pensée aux états unis, alors que ce sont avant tout des américains du nord qui parlent français, mais on ne les voit pas comme ça ici.
Krysalia
hmm… mes identifiants aussi ont flétri avec le gel pour le commentaire ci dessus :D
Laurent Gloaguen
@Samantdi : Tu es vraiment une fille du sud toi…
@Kryslia : Montréal est à 60 km de l’État de New-York, les façons de vivre et consommer ne sont pas très différentes des deux côtés de la frontière.
Mox Folder
Je marché maisonneuve ressemble plus à une épicerie (voir un petit centre d’achat) qu’un marché, même l’été il n’y a pas de producteurs qui viennent vendre leurs produits directement.
Sinon je pense que seul le marché Atwater est comparable au marché Jean Talon en offre et en taille. Il est aussi semi protégé.
Laurent, si tu n’es pas deja allé à Burlington je conseille vivement l’été, il y a un très sympas marché de producteurs locaux (et souvent bio) sur la place en arrière de l’hotel ville . J’ai beaucoup aimé comme ville.
Nicolas
De Montréal, je me rappelle ce marché qui existait déjà en 1994.
Il reste ouvert tout l’été et comme il y a toujours quelqu’un pour surveiller la marchandise on peut s’acheter un fruit à 3h du matin.
Je ne sais pas quand il s’installe et quand on le démonte par contre.
Ce qui est rigolo avec Montréal c’est qu’on peut y être resté trois mois et être totalement incapable d’imaginer comment c’est le reste de l’année.
Laurent Gloaguen
@Nicolas : il s’agit du mini marché de quartier Côte-des-Neiges tenu par une unique entreprise, Daniel Trottier Fruits et Légumes. C’est fermé en hiver.
Laurent Gloaguen
@Mox Folder : Atwater me semble plus petit que Jean Talon, mais c’est certainement le seul comparable.
kowalsky
Tiens j’ai une question : depuis le temps que tu habites désormais dans le grand nord, sur ce nouveau continent rempli de caribous, de trappeurs et de bucherons, en as-tu pris l’accent ?
Laurent Gloaguen
@kowalsky : j’espère bien que non, quelle horreur. ;-)
Pas l’accent mais des tournures et pas mal de vocabulaire.
karl, La Grange
Jean Talon semble plus grand aussi que Atwater. Au moins en été. La différence réside plus dans leur nature. Plus de viandes et de fleurs à Atwater, plus de légumes et fruits à Jean Talon.
Jean Talon offre aussi beaucoup plus de magasins et restaurants périphériques intéressants.
Blah ? Touitter !