Journal de bord

Pas un problème de santé publique, ce n’est pas certain en fait.

Un énorme pourcentage de la viande de cheval utilisée en Europe provient de chevaux exportés d’Amérique du Nord à des coûts dérisoires, et ce sans aucune traçabilité.

Un commentateur assez sérieux sur le site de David Lebovitz (chef américain) retraçait comment il avait travaillé dans l’industrie du cheval et avait vu partir pour l’abattoir des bêtes couvertes de pesticides… pesticides qui portaient la mention “ne pas utiliser sur des animaux destinés à la consommation humaine”. On vaporise ces bêtes plusieurs fois par semaine (voir par jour) avec ces machins, et ce sont les mêmes bêtes qui sont vendues en Europe ensuite sans traçabilité sérieuse.

Ce commentateur confirmait qu’après ce qu’il avait vu de cette industrie, il ne consommerait jamais de cheval provenant de telles sources ou ne pouvant prouver sa provenance, et je suis bien tentée de faire comme lui… (au moins tant que la traçabilité du morceau qu’on me sert n’est pas garantie, ainsi que son état sanitaire avant et après abattage).

(Je me souviens de grandes batailles ici pour le côté inhumain de manger l’ami de l’homme etc… honnêtement ça m’en touche une (oreille) sans faire bouger l’autre. En revanche cet aspect sanitaire me dérange profondément pour ce qui est de consommer cette viande.).

Ah voilà, j’ai retrouvé le lien du commentaire en question. (en anglais).

laurent> disons que contrairement à ceux qui s’opposent simplement pour des raisons philosophiques à la consommation de cette viande, son commentaire avait quand même des bases bien plus solides, et qui corroborent ce que j’ai pu lire sur le sujet au niveau du milieu “du cheval” (ma famille à quelques racines à chantilly ça laisse des traces :D). Entre temps j’ai demandé à ma belle soeur qui est bouchère en belgique et elle m’a confirmé que la traçabilité sur cette viande importée était vraiment pourrave, rien de comparable avec le reste des viandes en terme de quantité de données et de fiabilité. Perso ça me suffit pour éviter toute viande de cheval dont je n’ai pas la certitude de la provenance.

Mais si on me fait goûter un bon steack de cheval d’élevage français ou européen bien clean, bleu dedans et bien grillé dehors, je serais ravie (avec une bonne sauce et des patates sautées ♥) .

non mais il y en a, sauf que comparé aux infos détaillées et fiables sur le boeuf, le poulet etc, là on en est loin :D.

Je ne suis pas sûre par exemple qu’on ait accès à la totalité de la liste des traitements que ce cheval a subi, autant les pesticides que les médicaments. En roumanie je ne sais pas, mais en amérique du nord, dissimuler de tels traitements est paraît-il monnaie courante, mais tout le monde ferme les yeux devant les marges énormes que ce marché juteux produit.

à choisir, je préfère payer largement plus cher et manger du cheval d’élevage connu, dont l’état de santé et les traitements chimiques sont conformes, (ou même - au risque d’en choquer certains ! - goûter ce cheval sauvage dont tu parlais, qui doit avoir un goût fantastique de gibier :D. )

ben si, on s’en inquiète. Moi en tout cas je vérifie systématiquement les ingrédients, les provenances, j’achète des marques ayant pignon sur rue et vendant dans le monde entier, donc étant sujettes à des contrôles stricts de la part de plusieurs états. j’y perds sûrement en authenticité mais j’y gagne justement en traçabilité. J’y ai même songé pour la nourriture de mes chats, c’est grâce à des vérifications systématiques en amont qu’on a pu échapper à cette nourriture chinoise pleine de mélamine qui en a tant tué au début des années 2000…

il y a les bêtes de trait et les bêtes de selle. D’après certains articles que j’ai lu récemment, les bêtes de trait sont délaissées au profit des bêtes de selle (parce que la carcasse des chevaux de trait est plus difficile a gérer en boucherie, car deux fois plus lourde).

le souci de l’animal de réforme, qu’il soit de trait ou de selle, c’est la traçabilité, et aux états unis il est donc courant que la seule traçabilité soit la signature de celui qui a mis l’animal à l’abattoir, et qui n’est en général pas celui qui a élevé l’animal ou l’a fait travailler. La personne signe donc “ok, jamais eu de traitements incompatibles avec l’alimentation humaine”, peu importe si c’est vrai ou pas, et c’est invérifiable puisqu’on ne peut en général pas tracer le propriétaire de l’animal ou son carnet vétérinaire.

évidemment ce n’est pas le cas pour tous les chevaux menés en boucherie, mais pour ceux importés à des coûts dérisoires (quelques cents le kilo), c’est trop souvent le cas pour ne pas se méfier.

je suis d’accord que le cheval d’élevage n’existe presque pas, mais justement le marché de la boucherie chevaline mériterait d’être sévèrement éclairci et “nettoyé” de ces pratiques visant à recycler toutes sortes de chevaux de réforme dont on ne connaît en fait pas l’état sanitaire. En gros, faire revenir ce marché à la même rigueur qui existe aujourd’hui pour les autres viandes : exiger qu’on puisse contrôler en amont de la vente à l’abattoir quelle a été la vie et l’état sanitaire de l’animal, ses traitements etc.

Forcément le prix au kilo va augmenter pas mal, mais je préfère ça à la sauce pesticides personnellement :/…

wikipedia précise d’ailleurs que ce qui a tué le marché du cheval français, c’est non seulement la disparition des chevaux de trait dans les campagnes, mais aussi l’importation massive de ces chevaux de réforme venus d’amérique du nord à un coût imbattable et dérisoire, donnant des marges énormes.

si le marché s’assainit et que la traçabilité devient obligatoire, cette viande devrait disparaître des étals. ça laisserait peut être la place à des éleveurs de reprendre le flambeau pour fournir la quantité de boucheries chevalines qu’on a ici. quoi qu’il en soit ça donnera lieu à la vente d’une viande plus saine, soit contrôlée d’amérique du nord, soit contrôlée d’ici.

merde, j’ai vraiment envie d’un steack de cheval avec une béarnaise, maintenant :/…

ton commentaire me fait comprendre que la plupart de mes infos datent en gros de l’époque du commentaire chez David Lebovitz, justement de 2007. Il dit que “ça va bientôt être interdit”, il faut croire qu’il avait raison, mais j’ignorais ce changement ainsi que le durcissement de la législation dont tu parles. Je confirme que le prix était bien à cette époque de 30 ou 40ct le kilo, mais forcément avec une meilleure traçabilité, ça ne m’étonne pas qu’ils aient changé !

un bemol, ma belle soeur m’a donc confirmé l’année dernière que la viande de cheval hors europe ne lui inspirait pas confiance niveau traçabilité. peut être se base-t-elle également sur des informations qui datent. Il faut que je lui repose la question.

Je trouve que ce tu me dis rassurant. Dans les conditions que tu décris, je ne vois aucune raison de ne pas se régaler d’un beau steak ou d’un tartare de cheval. Je n’ai goûté que des charcuteries de cheval pour l’instant mais le steak et le tartare me font envie, donc.

En tartare, ça fait quel genre de goût et de texture ? Est-ce que c’est particulièrement musqué, ou au contraire particulièrement doux en saveur ?

ah oui je suis d’accord pour le hachage au couteau sur n’importe quel tartare. le hachoir fait une purée qui n’a plus aucune mâche. Le goût assez doux c’est presque dommage, j’aime mon boeuf un peu musqué par exemple. Mais je vais goûter ça.

par contre le boucher de confiance… Hélas avec la crise, c’est comme le restaurateur de confiance. une espèce en voie de disparition :/. Ma belle soeur qui l’est (bouchère) depuis un an était partie très engagée et optimiste mais elle déchante déjà sur certaines pratiques. Je me fie aux étiquettes en général, s’il peut me produire des certificats ça me conviendra, je pense. S’il est primé pour la qualité de ses bêtes aussi éventuellement.

bon comme ça me fait envie, boucherie chevaline dès lundi :D (mais je ne suis pas sûre qu’il en reste dans ma ville :/…).