Du steak aux W.-C.
Quand la police de la langue fait une descente dans une brasserie de Montréal…
[…] L’inspectrice était choquée. On n’a pas le droit d’écrire « steak » dans une cuisine où s’applique la Charte de la langue française. Il faut paraît-il utiliser « bifteck ». Vous essaierez ça avec le serveur en commandant un steak-frites à Paris : « Je préférerais que vous disiez bifteck. » Vous risquez de le recevoir en pleine face.
Le chef pensait à une sorte de blague. C’était sérieux : il ne faut plus écrire des vilains mots.
Quoi d’autre ? En caractères minuscules, sur le côté de la machine à café, il était écrit « hot water ». Personne n’avait jamais vu ça, mais heureusement, l’inspectrice a l’œil.
« Je me disais : Maurice, ferme-la, passe à autre chose, c’est correct… »
Sauf qu’à la fin, l’inspectrice a visité les toilettes. Pour faire parisien, Holder a installé un écriteau « W.-C. » Ce qui signifie « water-closet » et qu’on trouve dans toutes les brasseries françaises.
— Ça ne va pas, ça, monsieur, ce n’est pas français.
— C’est dans toutes les toilettes publiques en France !
— On n’est pas en France.
— C’est dans le Larousse !
— Ce n’est pas dans notre lexique.
C’était une niaiserie de trop. « Je suis désolé, madame, mais ça, je ne le changerai pas. Je ne suis pas capable. On va devoir aller en cour. »
La Presse, Yves Boivert : “Du steak aux W.-C.”.
National Post, Canadian Press: “Following ‘pastagate’, famous Montreal restaurant goes public about its own language police run-in.”
Blah ? Touitter !