Luxembourg lusophone
[…] La libéralité notoire des politiques d’immigration de la Suède est aussitôt pointée du doigt : la difficulté d’intégrer un flot important d’immigrants à la société et créer, ce faisant, des frustrations de toutes natures – identitaires, notamment. De manière prévisible, certains contempteurs des politiques multiculturelles se sont insurgés sur les médias sociaux. Des esprits un peu plus critiques et nuancés y vont pourtant de la même association. Ainsi hier, sur sa page Facebook, le sociologue Mathieu Bock-Côté, se commet par le sibyllin, mais lourd de sens, commentaire : « Les symptômes de la crise du multiculturalisme européen se multiplient ». Ce à quoi je questionne : s’agit-il d’une crise du multiculturalisme ou de la crise économique ? Sa réponse : « Fascinante cette réduction des problèmes sociaux et culturels à leur dimension économique que nous proposent généralement marxistes et libéraux, dans une étrange convergence explicative. »
Comme je ne me considère ni marxiste, ni libéral, je me permets de poursuivre. Blague à part, il s’agit là – peu importe, en fait, le commentaire de M. Bock-Côté, on ne fera pas une thèse à partir d’une phrase publiée sur Facebook – de l’argument mille fois entendu lors des émeutes de 2005 en France : les politiques d’immigration trop laxistes, appuyées sur l’idéologie multiculturelle, seraient la cause de troubles sociaux gravissimes.
Dans cette vue de l’esprit, l’équation est simple : une immigration trop massive délite le tissu social traditionnel, créant des tensions entre les citoyens « de souche » et les nouveaux arrivants. Les codes sociaux, les référents communs et le respect des institutions traditionnelles étant remis en question par les immigrés détruisent les liens sociaux existants.
[…] Prenons donc en exemple le pays de l’Union européenne qui connait la plus forte immigration depuis 50 ans (y compris ces dernières années) et compte le plus d’étrangers (près de la moitié de sa population). Il a accueilli, en 2012, un grand nombre de Portugais : si grand, que ces nouveaux arrivants portugais, pour une seule année, représentent 16 % de sa population totale, soit deux fois plus que l’immigration totale au Canada ! Pourtant, ce pays ne connait pourtant aucun trouble social (comme c’est étrange !). Ce pays, c’est le Luxembourg.
Évidemment, il s’agit là d’un exemple par l’absurde. En fait, pas vraiment. Si le Luxembourg ne connaît aucun trouble social malgré cette forte immigration, c’est qu’il s’agit d’un pays très riche – comme le sont ses immigrants. Car voilà, n’en déplaise aux contempteurs des politiques d’immigration, les facteurs économiques demeurent un facteur explicatif majeur des tensions sociales, dans tous les contextes historiques connus.
[…] Ces émeutes émergent en grande partie parce que le terreau du ressentiment xénophobe et antisocial est fertile. Ce terreau s’enrichit d’un fertilisant puissant : l’insécurité économique et l’absence d’espoir d’une vie matérielle meilleure. Les citoyens du Grand-Duché du Luxembourg vous le confirmeront par l’absurde.
Voir.ca, Ianik Marcil : “Le terreau de l’espoir d’une vie meilleure”.
Eolas
Il y a même un pays européen où l’immigration représente 78,4% de la population totale. Il est pourtant premier mondial à l’indice de développement humain. C’est Monaco.
Blah ? Touitter !