[…] Ce qui m’a peiné dans tout ce débat, plus que le discours homophobe revendiqué de nombre de militants du Printemps français, c’est la manière dont les catholiques modérés ont à peu près constamment noyé le poisson sur l’homosexualité (même si certains manifestants s’en sont émus cet été). Le discours de l’Église sur l’homosexualité est inhumain et intenable. La distinction entre acte et tendance n’enlève rien au problème : ne pas condamner moralement la personne homosexuelle reste une peine très lourde si elle est associée à une continence à vie (bien sur celle-ci peut être belle quand elle est choisie, mais la contraindre de la sorte n’est pas beau, pour le coup). Le terme « désordonné » pour dire que ce n’est pas un péché mais qu’en même temps ce n’est pas tout à fait bien non plus est inutilement obscur (et oui je sais que ça vient d’Aristote, Saint Thomas etc.). Faire de la procréation l’accomplissement ultime, seul et véritable de l’amour conjugal me semble douteux et contestable. Et je sais que beaucoup de manifestants catholiques sont d’accord avec moi. Ils le dissimulent souvent en parlant de problèmes pastoraux. Mais il ne s’agit pas d’un problème pastoral, mais doctrinal. Il y a des choses dans la doctrine de l’Église sur la sexualité qui sont obsolètes, qui sont liées à des représentations culturelles contingentes et datées (et le synode sur la famille à l’initiative du pape devrait être, pour moi, l’occasion de les mettre sur la table). Je n’en démordrai pas. Et si on me parle de l’infaillibilité ordinaire, je répondrai que je tiens, avec une absolue conviction, que l’argumentation de l’Église sur l’homosexualité est faible, au regard des vies humaines que j’ai croisées, des prochains homosexuels qui ont été les miens, et que soit cette « infaillibilité » est relative, soit, tout étant lié, tout devient faux. Je suis fatigué de ce fétichisme de la doctrine qui en vient à durcir les cœurs et abolir le discernement [non pas que la doctrine en elle-même soit mauvaise, mais un certain usage de celle-ci l’est clairement à mes yeux]. De même, j’en ai plus que marre du terrorisme intellectuel de ceux qui relèguent chez les « protestants » les opinions dissidentes. Je crois me souvenir qu’il fut un temps où les catholiques reconnaissaient à Luther certaines critiques valides, mais lui reprochaient d’avoir quitté l’Église. Maintenant, les opinions dissidentes sont priées quasi systématiquement de déguerpir sans faire de scandale. J’ai trop de respect pour tout le bien que j’ai vu dans l’Église, et par elle, et pour son Unité pour me barrer à cause de la crispation de certains sur l’homosexualité. Je renoncerai à dialoguer avec l’Église, et à m’efforcer d’y appartenir, quand je n’y verrai plus rien de bon.
Aigreurs administratives : “Comment j’ai vécu cette année de Manifs pour Tous…”.
Allez lire tout le billet.
Blah ? Touitter !