A va à l’école
NIVELLEMENT — La petite histoire qui suit m’est contée par Mélanie Noël, une collègue de La Tribune de Sherbrooke. Elle est chez l’orthophoniste avec son fils de 4 ans, elle assiste à la leçon. Quand c’est un garçon qui fait l’action, explique l’orthophoniste à l’enfant, on dit : Y fait de la natation. Y va à l’école. Quand c’est une fille qui fait l’action, on doit dire : A fait de la natation ou A va à l’école.
Étonnement de la maman. Ne devrait-on pas plutôt dire : Il fait de la natation, il va à l’école, elle fait de la natation, elle va à l’école ?
Pas du tout, précise l’orthophoniste, pas du tout parce que, « au parlé », on dit : Y va à l’école, a va à l’école.
La maman proteste doucement : ne devrait-on pas apprendre aux enfants à parler correctement ?
L’orthophoniste : non, sinon l’enfant sera isolé dans la cour de l’école parce que les autres enfants ne comprendront pas sa façon de parler.
Exactement le contraire de ce que devrait être l’éducation : le bon exemple aspirant les autres vers le haut. Ici, le bon exemple est rabaissé pour se mettre au niveau de la moyenne des cons.
La Presse, Pierre Foglia : “Légitime défense”.
Je suppose que sur le chemin de l’école, anna braillé ène shot.
(Je ne connaissais même pas ce subtil distinguo “genré”. Au Québec, être compris par le reste des chums, de la gang, c’est bin important. Le reste de la francophonie, on s’en crisse un peu. Vive le créolo-chiaco-joual dans un pays bilingue où l’on massacre joyeusement deux langues.)
BeRewt
Y est bin grincheux pour sin anniversaire. (sinon, des bises, tout ça)
xave
Tiens, ça me parait un aussi bon endroit qu’un autre pour sortir cette magnifique phrase entendue à Montréal : “Le problème avec vous, les Français, c’est que vous pluguez des mots anglais partout !”
Jean
Nan. C’est alle va à l’école qu’y faut dire.
gilda
Tiens c’est marrant souvenirs revenus soudain d’avoir à la maternelle été souvent pas comprise par mes camarades ou moi de ne pas les comprendre. Souvenir aussi d’avoir été consultée maintes fois comme “interprète” par des enfants de ma classe qui n’avaient pas compris ce que leur voulaient les plus grands (ça c’était plutôt au CP), voire des consignes en classe. Ça ne m’empêchait pas d’avoir de bons copains - mais je me demandais pourquoi ils mettaient tant d’application à continuer à parler bébé -. Après, si ce sont “les grands” qui s’y mettent aussi, rien ne va plus.
Off Topic
JMU
J’en ai ma claque de lire et d’entendre ce genre de raisonnements qui supposent implicitement (parce que tout le monde sait bien) que la langue écrite serait supérieure à la langue orale, que l’accent parisien serait supérieur à l’accent marseillais ou québécois, etc.
En plus, ça se double souvent de la croyance ferme que l’enfant qui apprend une langue a un apport fixe de ressources intellectuelles à attribuer à l’apprentissage du langage et que toute utilisation vers le parler vulgaire se fait au détriment du langage châtié. Un peu comme on a oublié le français en apprenant l’anglais, quoi.
Qu’on décide que les gosses doivent apprendre le Hochfranzösisch à l’école en appliquant les recommandations de l’Académie à la lettre ou qu’il apprennent le verlan, je m’en flagelle les parties viriles tant que deux locuteurs de la même langue sont capables de se comprendre à l’oral comme à l’écrit avec un effort minimal.
Gagarine
@JMU : Certes, mais c’est faire fi de la réalité sociale. Mettre tous les enfants en mesure de parler le français académique c’est aussi leur permettre de se mouvoir dans l’ensemble des milieux sociaux.
Priver les enfants de milieux modestes de ces connaissances (alors que les enfants de milieux moins modestes vont apprendre le français académique à la maison), c’est les condamner à passer pour des illettrés toute leur vie.
La langue française dans toute sa richesse permet d’exprimer des idées de manière claire et nuancée. Se priver de cela en se limitant à un vocabulaire de 500 mots (commun aux enfants des classes maternelles et aux journalistes télé), c’est bien dommage.
Enfin, l’argot, on n’a pas besoind de l’école pour l’apprendre.
Carlos Carmelo de Vasconcelos Motta
Si les Québécois s’enfin décidaient à parler anglais on n’en serait pas là et Pierre Foglia aurait moins d’aigreurs d’estomac (je connais pas l’artiste mais sa prose laisse à penser qu’il donne dans la dispepsie).
karl, La Grange
vaginart
Jean
On me dit dans l’oreillette qu’il s’agit de sa vulve.
Anne Onyme
Je plussoie chaque mot du commentaire de gagarine.
Krysalia
(Krysalia speaking, saleté de smartphone ou j’avais pas le cookie)
Bashô
Je suis sourd de naissance, et j’ai eu des séances hebdomadaire d’orthophonie pendant près d’un quart d’un siècle. Au delà de la question de la diction et de l’intonation, à cause de mon handicap, j’ai acquis l’habitude de m’exprimer “comme à l’écrit”, ce qui m’handicape pour la communication car ne maîtrisant pas tous les codes subtiles de l’univers oral…
Donc l’orthophoniste a raison, sa tâche n’est pas de transmettre le français écrit ou académique mais d’apprendre à l’enfant à communiquer à l’oral avec les autres, ce qui exige une articulation correcte, une bonne intonation et surtout le même niveau oral que les autres. Pour le français “correct”, ceci relève des parents ou du professeur de français.
Blah ? Touitter !