Journal de bord

dimanche 11 janvier 2015

Weblog du 22 nivôse

Il y a bel et bien un choc des cultures, celle des Lumières, de la liberté et de la démocratie qui affronte celle de l’obscurantisme, de l’oppression, et de la théocratie, le choc de la barbarie et de la civilisation, le même qu’identifiait Voltaire au milieu du XVIIIe siècle. Ce ne sont peut-être pas les heures les plus sombres de notre histoire contemporaine, mais nous nous en approchons quand les libertés et les juifs, toujours en première ligne, sont directement pris pour cibles.

— Est-il trop tard pour les juifs de France ?

— « Et puis, il y a les cris de désespoir, les cris de revendication de “ma douleur est plus grande que la tienne et tu ne le vois pas” ».

— « Ensuite, il a voulu BFM. Il était vraiment très intéressé par cette chaîne. Il a demandé à l’un d’entre nous de brancher un ordinateur se trouvant dans le bureau du magasin pour avoir internet. Comme la télé ne donnait pas toujours les bonnes infos, il s’est énervé. Il a dit : “Comment ça, il n’y a pas de morts ? Ils vont voir s’il n’y a pas de morts.” Il a appelé BFM et leur a demandé de changer leur bandeau. »

— À Berlin, les parents d’élèves qui sèchent trop souvent les cours pourraient perdre leur droit de garde.

Pourquoi acheter des livres…

(Dessin Cabu.)

Une fillette se fait exploser dans un marché au Nigeria.

— Legendary cartoonist Robert Crumb on the massacre in Paris.

A cowardly cartoonist

— Woman accidentally shot husband who tried to surprise her with breakfast.

Le 1er juillet 1766, par arrêt du 4 juin 1766 rendu par le Parlement de Paris, Jean-François de La Barre, âgé de 19 ans, était décapité, après avoir eu la langue arrachée, puis brûlé avec un exemplaire du dictionnaire philosophique de Voltaire que l’on avait trouvé dans sa chambre. C’est pour ne pas avoir salué la procession de la Fête-Dieu qu’il avait été dénoncé par l’évêque d’Amiens, monseigneur de La Motte. Il avait commis le crime puni par l’édit de blasphème promulgué sous Louis XIV. Toutes les tentatives menées par le patriarche de Ferney pour le faire réhabiliter furent vaines, il fallut attendre le 25 brumaire an II pour que la Convention lui rendît justice. [Jean-Paul Lévy, 2006.]

1. Le 11 janvier 2015,
La mouche du coche

Cette histoire du Chevalier de la Barre est entièrement fausse. Elle a été inventée par ce menteur de Voltaire.

2. Le 11 janvier 2015,
Laurent Gloaguen

Une soi-disante “historienne” catho, complotiste proche de Soral, critique des Lumières et de Voltaire ? Mouahaha.

3. Le 11 janvier 2015,
La mouche du coche

Argh. Je suis démasqué. Aussi j’ai de mauvaises fréquentations. :-( Les officiels m’ennuient. Je préfère les canailles :-)

Blah ? Touitter !

La position de Libération (2006)

Pour mémoire.

Inutile de le cacher : la publication ou non des caricatures danoises a fait débat à Libération. Comme dans beaucoup de rédactions, sans doute. Le clivage n’opposait évidemment pas partisans et adversaires du point de vue des islamistes hostiles à la représentation du prophète Mahomet : la liberté de penser et de publier figure au cœur des valeurs de l’équipe de Libération.

Lorsque l’« affaire » a pris, en début de semaine, la forme d’une crise entre une partie du monde musulman et deux États européens, le Danemark et la Norvège, la question s’est posée d’affirmer notre solidarité avec les organes de presse violemment attaqués. Le meilleur moyen de le faire, nous semblait-il, était de publier à notre tour ces caricatures objet du délit, si possible en même temps que d’autres quotidiens européens. Une opération pour laquelle des contacts initiaux ont même été pris avec l’organisation Reporters sans frontières (RSF), associée à cette réflexion. L’affirmation collective de valeurs communes aurait eu valeur exemplaire.

Cette affirmation de principe a vite été ébranlée au contact des dessins eux-mêmes : soyons francs, ceux-ci nous ont semblé d’un niveau médiocre, tant sur le fond que dans la forme, et aucun d’entre nous n’a eu envie de les voir dans notre journal.

Le combat pour la liberté d’expression est certes indivisible, mais devait-il se mener autour de dessins qu’il nous était difficile d’assumer ? Entre le risque d’affaiblir notre défense d’un principe précieux, et celui de devoir cautionner, malgré nous, des dessins que nous n’aurions jamais acceptés en temps normal, Libération a initialement choisi la seconde, comme les principaux titres de la presse européenne.

Ce qui ne nous a pas empêché de « couvrir » cette affaire de manière approfondie, en donnant par exemple la parole, mardi, au spécialiste du monde musulman Gilles Kepel et à l’anthropologue et psychanalyste Malek Chebel, pour décrypter cette crise.

Le débat a rebondi jeudi au sein de la rédaction, avec l’aggravation de la crise, et son élargissement à des « cibles françaises » depuis la publication des caricatures par France-Soir. Une nouvelle fois, partisans et adversaires de la publication de l’ensemble des dessins se sont exprimés, avec des arguments forts de part et d’autre : défense d’un principe absolu d’un côté, prise en compte du caractère insupportable de certaines de ces caricatures aux yeux des musulmans croyants de l’autre.

Pas question, au bout de ce débat, de reprendre à notre compte ces dessins pour la plupart plus bêtes que méchants ; pas question non plus de rester muets alors que cette crise est entrée dans une escalade inquiétante. Le précédent de la fatwa iranienne contre l’écrivain Salman Rushdie était dans toutes les têtes, tout comme les crispations régulières avec d’autres religions que l’islam dès lors que la liberté de caricaturer est en jeu.

Le choix qui a été fait dans le quotidien de vendredi répond avant tout au souci de comprendre et de réaffirmer un principe et des valeurs qui, dans cette crise démesurée par rapport à l’objet du débat, nous semblent mis à mal. Nous avons écarté la plus caricaturale des caricatures, celle qui montre un Mahomet affublé d’un turban en forme de bombe, faisant l’amalgame inadmissible entre tous les musulmans et les terroristes. Les deux dessins que nous publions ci-dessus le sont au titre de « pièces à conviction » versées au dossier.

Libération, 2 février 2006.

1. Le 11 janvier 2015,
la mouche du coche

courageux mais pas téméraire !! lâche, un jour, lâche, toujours :-)))

2. Le 12 janvier 2015,
@la mouche etc

Lâche… comme un commenter sous un pseudo ? C’est aussi ce que je fais, mais je ne donne pas des leçons de courage en prenant la planète à témoin.

3. Le 12 janvier 2015,
karl, La Grange

Blah ? Touitter !