Le peu

Parfois ce midi quotidien dont tu parles, qu’à perdre et dissiper le désir s’efforce, se présente tôt le matin et commande la journée.

Les fenêtres ouvertes ont précipité le dehors endimanché, endeuillé les murs de voiles incertains et d’ombres humides, d’immobilité. Les parfums de la nuit se convulsent.

La raison bâille et se laisse vêtir en silence, accepte la tutelle du jour, déjà boutonne l’habit qui va la porter au triomphe de la multitude, s’apprête à paraître au balcon.

Au premier bain de foule, le monde chavire et le corps se conduit, tant bien que mal, entre les haies qui murmurent. Des cadences s’enchaînent, l’ordre règne en public.

À la dernière image s’estompent les contours, qui palpitent encore au soir de lueurs dissipées par la nuit, un reste de vent s’épuise, l’envie vient à manquer.

Alors le cœur s’essouffle et parvient à l’ennui, et le sommeil remet à demain le peu qu’il reste de nous.

1975 ?