Journal de bord

cartographie

Bordel syrien en images

Syria Cultural and Historical Zones

Syria Ethnic Composition

Syria Linguistic Composition

Syria Religious Composition

Gulf/2000 Project, Michael Izady: “Maps and Statistics Collections.”

Pour mémoire :

Syrie vers 1850

Syrie, vers 1850. “Asie Ottomane ou Turquie d’Asie”, gravée par V. Levasseur, 1853.

La Syrie ottomane comprenait le sandjak d’Alexandrette (pris par la Turquie en 1938 avec le soutien de la France), le Liban (autonomie en 1861 sous pression française), une partie de l’actuelle Jordanie et la Palestine (dans les années 20, sous mandat britannique).

À l’est de l’Euphrate, la région de la Jazîra (Djézireh), peuplée principalement de nomades (bédouins), ne sera vraiment contrôlée par les autorités ottomanes qu’à partir des années 1860.

À la recherche des Gnacsitares

Où comment la sérendipité propre à la Toile vous mène sur la piste d’une tribu oubliée et perdue.

L’australien BibliOdyssey figure parmi mes carnets Web favoris.

Sur son billet “Victorian Infographics”, ou “infographies à l’ère victorienne”, il présente la collection de M. David Rumsey.

M. Rumsey est un collectionneur de cartes anciennes, qui consacre son argent non seulement à enrichir sa collection (150 000 documents), mais aussi à la rendre accessible sur Internet dans les meilleures conditions.

Il a également un blogue que tout amateur de la chose se doit de suivre.

Je me rends donc sur le site de la collection Rumsey, et après quelque temps à baguenauder, je tombe sur la “Carte du Canada ou de la Nouvelle France et des decouvertes que y ont été faites” de 1703.

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Sur son cartouche, on peut y lire :

Carte du Canada
ou de la Nouvelle France
et des découvertes que y ont été faites.

Dressée sur plusieurs observations
et sur un grand nombre de relations imprimées ou manuscrites.
Par Guillaume de l’Isle, Géographe
de l’Académie Royale des Sciences.
À Paris,
chez l’Auteur sur le Quai de l’Horloge à l’Aigle d’Or,
avec Privilege du sa Majesté pour 20 ans,
1703.

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Dans sa partie Est, cette carte du début du XVIIIe siècle est fort proche de la géographie du Québec et de ses abords telle que nous la connaissons aujourd’hui.

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Mais plus nous allons vers l’Ouest, plus elle est parcellaire, imprécise, et s’éloigne de notre savoir moderne, notamment au-delà des Grands Lacs.

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L’exploration de ces zones laisse place à la rêverie, à l’inconnu :

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Quel est donc aujourd’hui ce pays des Moozemleks “qui ont beaucoup de politesse” et quel est ce mystérieux pays des Gnacsitares, au-delà de celui des Esamapes, auquel on accède par une “rivière longue nommée par quelques peuples la Rivière Morte à cause de sa lenteur” ?

L’étendue d’eau sur la gauche serait, aux dires de la carte, un :

Lac d’eau salée de 30 lieues de large et 300 de tour. Suivant le rapport des Sauvages qui disent que son embouchure, qui est bien loin du côté du Sud, n’a pas plus de 2 lieues de large, qu’il y a environ 100 villes autour de cette espèce de mer sur laquelle ils naviguent avec de grands bateaux.

Je me rends sur Google Maps, mais force est de constater qu’il n’y a aucun grand lac susceptible de correspondre et je situe très approximativement ces Moozemleks et Gnacsitares du côté du Nord-Dakota.

Voyons si la carte nous en dit plus :

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La Rivière Longue ou Rivière Morte a été découverte depuis peu par le baron de Lahontan jusqu’à l’endroit qui est marqué dans la carte, ce qui est plus à l’Occident a été dessiné sur des peaux de cerf par des Sauvages de la Nation des Gnacsitares à moins que le dit Sieur de Lahontan n’ait inventé toutes ces choses ce qu’il est difficile de résoudre étant le Seul qui a pénétré dans ces vastes contrées.

Cette carte est donc au fait de toutes les connaissances de 1701, y compris certaines, plus floues, dont l’origine serait des dessins de sauvages sur des peaux de cerfs. Il s’agit de documenter au maximum la Terra incognita.

Ma curiosité est aiguillonnée, qui sont vraiment et que sont devenus ces Gnacsitares dont le nom ne m’évoque, de près ou de loin, aucune tribu indienne ?

Mes recherches m’orientent d’abord vers une reproduction de la carte donnée au baron de Lahontan par les Gnacsitares, extraite du livre “Nouveaux voyages de M. le baron de Lahontan dans l’Amérique septentrionale” (1703) :

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Deux jours après le Cacique vint me voir, emmenant avec lui 400 des siens, et quatre Sauvages Mozeemlek, que je pris pour des Espagnols ; Cette méprise venait de la grande différence qu’il y a entre ces deux Nations Amériquaines. Ces quatre Mozeemlek étaient vêtus ; ils portaient la barbe touffue et les cheveux jusqu’au dessous de l’oreille ; ils avaient le teint bazané ; enfin par leur abord civil et soumis, par leur air posé et leurs manières engageantes, je ne pouvais m’imaginer que ce fussent des Sauvages ; Je me trompais néanmoins, ils en avaient le nom et la chose. Voici ce que j’appris du Pays de ces Esclaves, suivant la description géographique que les six Gnacsitares firent en forme de Carte sur une peau de cerf ; Je vous envoie la Copie.

Nouveaux Voyages de Mr le baron de Lahontan dans L’Amérique septentrionale - La Haye, 1703 [Google Books].

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Hélas, je devais rapidement découvrir que les Gnacsitares n’ont jamais existé et sont une pure création de l’esprit fertile de M. de Lahontan, qui trompa une bonne génération de géographes, y compris le réputé cartographe du Roi, Guillaume de l’Isle.

Au moment où il réalise l’une de ses premières grandes cartes, sa seconde carte d’Amérique, le jeune prodige Guillaume Delisle (1675-1726), qui sera bientôt la plus grande figure des cartographes français, est piégé par Lahontan auquel il accorde sans aucune forme d’analyse critique tout l’extrême ouest de sa « Carte du Canada ou de Nouvelle-France ». Certes, cette carte sera corrigée par la suivante, dès 1718 (« La Louisiane et le cours du Mississippi »), mais sa carte de 1703 sera rééditée sans cesse de son vivant, signée à titre de Géographe du roi, et bien après sa mort, jusqu’en 1783 ! Une bien belle carte qui prend une tournure toute narrative pour redessiner l’affabulation de Lahontan dans la réalité géographique, alors même que le talentueux cartographe dit explicitement qu’il n’a aucune autre information sur la rivière Longue que le témoignage de Lahontan : « La Rivière Longue ou Rivière Morte a été découverte depuis peu par le Baron de Lahontan […] à moins que le dit sieur de Lahontan n’ait inventé toutes ces choses, ce qu’il est difficile de résoudre, étant le seul qui a pénétré dans ces vastes contrées ». On remarquera, bien entendu, la pétition de principe.

Guy Laflèche, Université de Montréal : “L’invention de la rivière Longue par le baron de Lahontan”.

Adieu Gnacsitares, adieu Moozemleks “qui ont beaucoup de politesse”

M’en voilà arrivé là, mais je rebondis déjà sur la vie de ce Monsieur de Lahontan, qui est des plus saisissantes…

Maudite sérendipité et maudit Internet qui vous emmènent sur les traces d’aventuriers oubliés et de pays imaginaires.

Retour vers le futur

Si l’enthousiasme, la volonté politique et la prodigalité en grands travaux qui régnaient dans les années 60 avaient perduré, le métro de Montréal compterait aujourd’hui 9 lignes et 300 stations.

Le réseau inauguré en 1966 :

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Le réseau en 1967 :

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En octobre 1967, le Bureau de Transport Métropolitain imagine le réseau tel qu’il devrait être en 1982 :

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Marc Dufour, ferrovipathe montréalais, a redessiné ce plan pour plus de lisibilité :

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L’optimisme des années 60 était à plein régime : 9 lignes, presque 300 stations (autant qu’à Paris) et 112 km de voies.

Pour référence, le réseau réel en 1983 :

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La ligne bleue est encore en construction (le premier tronçon, Castelnau à Saint-Michel sera inauguré en juin 1986). La ligne orange va de Plamondon à Henri-Bourassa (le tronçon Du Collège à Côte-Vertu sera inauguré en octobre 1986).

L’évolution du réseau, de 1966 à nos jours :