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Free veut tuer l’Internet

Free a décidé d’un coup d’un seul, sans concertation ni explications, de tuer l’internet gratuit en France. La dernière mise à jour de la Freebox comprend en effet un bloqueur de pub activé par défaut, […] Le coup est rude pour les éditeurs de sites web qui, à l’instar de MacPlus, proposent du contenu à consulter gratuitement contre l’affichage d’un peu de pub. C’est tout un pan de l’internet français qui risque de vaciller si Free ne revient pas à de meilleurs sentiments, par exemple en désactivant par défaut son bloqueur. Si Free devait persister dans ce choix franchement contestable, à terme il n’y aurait plus un site français gratuitement consultable : est-ce que c’est l’avenir souhaité par l’opérateur et ses clients ?

En ce qui concerne MacPlus, les bloqueurs de pub nous retire environ 40% de nos revenus.

MacPlus : “Free veut tuer l’internet gratuit”.

Tout de suite dans l’exagération… Il faut voir le positif au contraire, ça remettrait en avant le Net libre et gratuit.

Non, le problème n’est pas dans la rémunération de sites plus ou moins utiles, il est dans le filtrage par défaut. C’est là que ça gratte, quel que soit le contenu qu’on filtre.

Le boîtier Free devrait te demander explicitement lors de sa première mise en route si tu souhaites filtrer la pub ou pas. Après, les pleurnicheries du Web commercial, bof…

P.S. Le pétage de plombs est généralisé. Pour Numerama, c’est non seulement Internet qu’on assassine, mais aussi la démocratie. Rien que ça. “Du jamais vu. Même en Chine.”

C’est l’hystérie collective. Lolilol.

Web nativité

Le 25 décembre 1990, Tim Berners-Lee lançait un logiciel serveur sur son ordinateur NeXT et son collaborateur Robert Cailliau pouvait alors consulter des pages à distance sur info.cern.ch, grâce à une connexion HTTP et un logiciel de navigation. Une première.

Le Web est ainsi né et a commencé à fonctionner un jour férié il y a 20 ans. Robert Cailliau et Tim Berners-Lee devenaient les premiers surfeurs Web de l’histoire.

Bon anniversaire le Web.

By Christmas 1990, Berners-Lee had built all the tools necessary for a working Web: the HyperText Transfer Protocol (HTTP) 0.9, the HyperText Markup Language (HTML), the first Web browser (named WorldWideWeb, which was also a Web editor), the first HTTP server software (later known as CERN httpd), the first web server (http://info.cern.ch), and the first Web pages that described the project itself.

Wikipedia: “History of the World Wide Web”.

La naissance du Web fut le fruit d’une longue gestation : la publication du premier concept (“Proposal for a HyperText Project”) remontait à mars 1989. Mais il fallait programmer toutes les briques constitutives de la toile pour en faire un ensemble fonctionnel, ce qui fut atteint le 25 décembre 1990.

Vidéo n’est pas Web

YouTube seems to have speech to text in videos. It is obviously one of the most demanded feature on Seesmic and would be amazing. I am starting to look at technologies or suppliers that could help Seesmic with speech to text. If you have an idea or if you know what technology YouTube is using and if they plan to open it up I am all ears. [Loïc Le Meur.]

Quand Loïc découvre les limitations de la vidéo sur le Web. Le Web, c’est du texte… Dans HTTP, il y a TEXT… Le Flash, la vidéo, l’image, c’est inaccessible, c’est du média externe. Pas sans intérêt, mais pas fondamental. ;-)

Nature du web

2008-nature-du-web.

Web 1.0 was invented to allow physicists to share research papers.

Web 2.0 was created to allow people to share pictures of cute cats.

[Ethan Zuckerman: “The Cute Cat Theory Talk at ETech”, via Karl.]

Flickr’s Cal Henderson says “fuck” a lot, which would seem to come with his job. “I’m Cal Henderson from Flickr, the kitten-sharing website” is how he introduces himself.

[Valleywag: “True confessions of the world’s busiest websites”.]

Flickr: photos tagged with kitten (300,044 photos).

Jardinage

Le mot « Web » a une signification particulière pour chacun de nous. Il touche à notre expérience personnelle, à notre quotidien. Nous avons tous découvert le médium dans une circonstance particulière. Le phénomène est suffisamment récent pour nous souvenir probablement de cette découverte.

(…) Les choses (ressources) que vous trouvez (GET) dans le jardin (Web) sont identifiables (URI). Certaines ont été crées (POST), d’autres modifiées (PUT), certaines ont même été enlevées (DELETE) ou déplacées (Moved). Chaque chose dans ce jardin est une plante, un arbre, un objet de mobilier (Content-Type) d’une variété bien particulière (DOCTYPE, Schema). Vos souvenirs (logs) sont la trace de cette interaction (HTTP) avec le jardin.

La Grange : “Le Web est un jardin”.

10 ans

Si je blogue depuis 2002, ça fait plus de dix ans que je publie à titre personnel sur le Web. Certains se souviendront peut-être de “Pink Frog”, “Laurent’s World”, “Le monde de Laurent“…

À l’époque, c’était avec un modem Hayes 28.8 kbps, et un espace disque de 1 Mo…

Mais, si les moyens techniques ont changé, l’esprit était le même. Celui du partage, de l’échange, de la rencontre.

Souvenez-vous de Geocities, c’était la révolution, permettre à chacun, même sans connaissances techniques, de publier sur le Web et de s’agréger en communautés (pour moi, c’était West-Hollywood, le quartier GLBT de cette ville numérique).

L’âge d’or de Geocities, c’était justement en 1996. À part l’évolution technologique, à part le public sans cesse plus large, je n’ai pas perçu de changement fondamental de nature.

(On se souviendra que l’esprit Geocities s’est éteint avec le rachat par Yahoo.)

C’est l’essentielle raison pour laquelle je soutiens que le Web 2.0 est du “bull shit”. Un concept vaseux faite de réseaux sociaux morts-nés, d’entreprises “start-up”, basées sur des idées non monétisables et/ou des copies conformes de services déjà existants, qui ont soif de valorisation abusive comme à la meilleure époque de la bulle. Le Web 2.0 est une bulle, le meilleur argument, et le moins contestable, étant le fait que ses principaux avocats sont des gens du marketing et de la finance.

Dans ces dix années, je ne vois qu’une seule révolution importante, le RSS, le fil de syndication. Autant, le “push” nous avait fait bien rire (pour ceux qui s’en souviennent), autant le RSS a non seulement répondu à des besoins, mais a créé des nouveaux usages. C’est cependant une technologie rustique, et sa valorisation ne passe que par ses agents utilisateurs (agrégation).

L’histoire du Web n’est pas fait de ruptures, c’est un long (et trop lent) continuum. Une grand œuvre dont les principaux artisans (notamment dans le domaine du logiciel libre) furent depuis le début ses utilisateurs. Bref, rien de très nouveau. Mais si vous devez présenter un plan d’affaire à votre banquier, vous êtes mieux de dire que vous allez révolutionner le monde.

N’oubliez pas… Qui sont les gens derrière les grandes créations du Web ? À l’origine des méga-succès ? Des Yahoo, Google, Flickr, etc. Des geeks, des nerds. Pas des mecs qui ont fait HEC ou Harvard, et encore moins des gens qui travaillent chez Microsoft.

Pour le monde des blogues, si vous songez à Movable Type, Word Press ou DotClear, c’est tout pareil. Et l’avenir est toujours le même, dans un premier temps, les créateurs créent, ensuite, les financiers développent. Et, souvent, les créateurs se barrent ailleurs pour créer autre chose. Pour ma part, je préfère la fréquentation des créateurs. Comme je préfère Paris Carnet à “Paris blogue-t-il”.

De façon bien plus large, dans la vie, il y a ceux qui initient, qui créent, qui innovent, qui donnent, puis, il y a ceux qui suivent, qui profitent, qui prennent, qui parasitent.

Tiens, qui se souvient de Stéphane Le Solliec ?

Audience

En 1996, date de mon premier site Web personnel, laborieusement édité avec SimpleText, il n’y avait pas encore beaucoup de sites. Pour peu que vous eussiez(*) un peu de contenu original et une présentation agréable, vous n’aviez aucun problème à vous faire inscrire dans des annuaires comme Yahoo et même à être le Pick of the Week. Et vos statistiques affichaient rapidement des centaines de milliers de visiteurs. Vous receviez régulièrement des courriers de lecteurs enthousiastes du monde entier. C’était facile, c’était presque magique.

Aujourd’hui, il y a des centaines de milliers, voir des millions de sites personnels. La plus grande partie est souvent sans grand intérêt. Il faut dire aussi que le site (en HTML 2.0) qui vous aurait fasciné en 1996 vous ferait sans doute sourire aujourd’hui. 1996, à l’échelle du temps Internet, c’est déjà vraiment la préhistoire.

Aujourd’hui, votre site personnel a bien peu de chance (sinon aucune) de se trouver référencé sur Yahoo. Et seule une politique de référencement habile et obstinée peut vous faire apparaître dans les toutes premières pages de résultats de l’incontournable Google. En 1996, vous pouviez écrire n’importe quelle fadaise sur la vacuité de votre inintéressante existence, et des milliers de lecteurs vous lisaient, certains même réagissaient et vous envoyaient des courriers de sympathie. En 2003, vous pouvez écrire les choses les plus intéressantes, les plus profondes, les plus bouleversantes et poignantes, pousser un cri dans l’immensité numérique, et être votre seul et unique lecteur.

Moralité : le Web commence a ressembler à la vraie vie. Vous pouvez crier, pleurer, souffrir, agoniser, personne ne vous entend.

(*) Oui, oui, c’est un imparfait du subjonctif…