“Miscellanées”

actus et opinions

Être juif

Préambule :

Afin que l’on me comprenne mieux et d’éviter certains faux procès, voici le résumé des idées que j’expose dans le texte ci-dessous :

Donc, la question reste ouverte : c’est quoi être juif aujourd’hui ?

Et je pose la question à ceux qui se définissent comme juifs : vous êtes juifs par droit du sang, par pratique d’une religion, par histoire familiale, ou encore pour des raisons plus affectives, un sentiment d’appartenance à une culture ? (Car, j’ai l’impression qu’il y a quantité de façons de se sentir “juif”.)

Oui, je peux être qualifié d’antisémite, et même d’être un antisémite radical. J’imagine que vous sursautez en lisant ça dans votre agrégateur et c’est l’effet voulu. Pire, je suis un antisémite vicieux parce que j’ai tendance à penser que les Juifs n’existent pas. Parce que Juif ne veut rien dire de précis, pas plus qu’Arabe, voire même Breton ou pédé.

C’est là que réside le syllogisme, ce raisonnement formel dissocié de la réalité, qui a conduit à la Shoah et qui rend cette dernière encore plus tragiquement vaine et absurde, si cela était nécessaire.

Le mot Juif, l’adjectif juif, sont des termes trop vagues. Comme Arabe, cela recouvre une réalité floue, confuse, hétérogène et multiforme, sans point commun bien défini. Comment être antijuif, alors que le concept de juif ne veut pas dire grand-chose ? Pire encore, ce qui caractérise une identité juive commune, ce serait justement la Shoah, les pogroms et les persécutions. C’est une sorte d’identité définie en négatif, par rapport à ceux qui s’opposent à une réalité, à des faits tangibles et objectifs. Voyez-vous le changement de paradigme ?

Et je lis en ce moment Marthe Robert, ce qui me donne une acuité toute particulière sur le pouvoir des mots. Les mots sont dangereux, les mots ont un pouvoir, ils nous construisent comme ils nous manipulent. Des millions d’êtres humains sont morts par la force des mots. Et pour un amoureux des mots comme moi, c’est douloureux.

Des millions de gens sont morts parce qu’on leur a collé une étiquette, une infamie symbolisée d’une étoile jaune à six branches, des gens que parfois rien ne réunissait, si ce n’est qu’un vocable : juif.

Juif, ça veut dire quoi ? Ce n’est pas une race (il n’y a qu’une race d’hominidés de nos jours, c’est la race humaine). Cela voudrait dire pratiquant le judaïsme ? Aussi ridicule que de dire que tous les Arabes sont mulsumans, il y a des Arabes agnostiques, des Arabes athées, des Arabes chrétiens et même des “Juifs-arabes”. Cela voudrait dire alors habitant de la Samarie au VIe siècle avant Jésus-Christ ? Hé, ça fait quand même un fameux bail. Ou encore descendant des 12 fils de Jacob ? Comme disait ma grand-mère, ça remonte au moins à Hérode ! Descendant d’une tribu antique ? Oui, pourquoi pas, mais ça apporte quoi ?

Le problème, c’est que les gens, les racistes comme les hypothétiques descendants d’Abraham, d’Isaac ou de Jacob, confondent tout et jouent avec les mots. Alors, tout s’agglomère dans une masse confuse et dénuée de sens : sémite, judaïste, israélite, judéen, hébreu, sioniste, israélien, etc. Tous ces mots recouvrent des réalités fort différentes qui n’ont parfois rien de commun (si ce n’est, et encore pas toujours, une généalogie douteuse), de l’Ougandais nègre, mais reconnu comme “juif”, à l’Israélien palestinien, quoi de commun ? Rien. si ce n’est le nom d’homme.

Si l’on veut être dans le vrai, parlons plutôt de religion. Même si quantité de gens au patronyme juif, ou breton, sont complètement athées…

Certains me rétorqueront, oui, mais juif, c’est une culture aussi. Oui, mais ce sont des cultures. Sépharade ou ashkenaze ? Tunisienne ou polonaise ? Allemande ou Marocaine ? La culture “juive”, comme entendue communément, n’est qu’un gigantesque melting-pot d’Europe centrale et d’Afrique du Nord. Alors, oui, il y a une langue, mais cette langue est avant tout l’instrument d’une religion, comme le latin le fut pour les cathos. Et si tous les Israéliens sont amenés à la pratiquer, c’est autre chose en Europe. (Et n’oublions pas le Yiddish, qui semble hélas se mourir.)

Quant à la diaspora, c’est une vieille, vielle histoire… Certains ethnologues de pacotille voudraient voir des origines asiatiques aux bretons bigoudens. Comment différencier les Angles des Saxons au Royaume-Uni ? Tout cela n’a aujourd’hui, pour mon point de vue, aucun sens. C’est de l’histoire. Nous sommes des hommes, tous par principe égaux. Et tout être humain a pour origine une diaspora, remontez à l’âge de Lucie et ses copains, c’était au coeur de l’Afrique et c’est sans doute là que tout à démarré pour ce qui s’appelle aujourd’hui l’Homo Sapiens.

Le seul procès que l’on puisse me faire réellement, c’est d’être anti-sioniste, car je pense l’être effectivement un peu. On ne fonde pas des nations sur un message biblique. Et j’espère que XXIe siècle sera celui de la fin des nations (mais faut pas rêver) et de leur désagréable corollaire : le nationalisme.

Je revendique d’être un peu juif et arabe, lapidez-moi. Et, en plus, je suis breton et pédé.

Mais avant toute étiquette, je suis Homme et citoyen du Monde.

Et je suis aussi un homme qui combat toutes les religions, toutes les vérités révélées, tous les messies et tous les escrocs. Il y a eu trop de morts pour tout ça, et tous les complices, tous les religieux, sont quelque part des criminels contre l’Humanité qui s’ignorent.

Mise à jour. Lire la suite de ma réflexion : être juif (II).

P.S. édition du texte : j’ai enlevé le mot “négationniste”, parce que il pouvait être mal interprété et fait référence à trop de choses méprisables.

Sinon, il y a aussi le terme d’anti-sémite qui me gêne un peu. Car le mot “sémite” a une connotation lourde. C’est celui qu’utilisait les artisans du racisme à l’égard des Juifs. Ainsi, l’anti-sémitisme inclut en lui-même l’idée de race, comme en la cautionnant, en lui donnant une certaine légitimité. C’est gênant.

Pour la définition de sémite (Petit Robert, 1967) : “Se dit des différents peuples appartenant à un groupe ethnique originaire d’Asie occidentale et parlant des langues apparentées (sémitiques). Les Arabes sont des sémites. Cour. (mais abusif) Juif. — Adjectif. Avoir un type sémite : israélite.”

(Les langues sémitiques incluent l’akkadien, le cananéen, le phénicien, l’hébreu, l’araméen, le syriaque, l’arabe et l’éthiopien.)

Rappelons aussi que le terme “antisémitisme” fut créé par l’allemand Wilhem Marr qui fonda une ligue antisémite en 1879, une ligue qui n’attaquait pas les Juifs pour leur religion, mais en tant que race et que détenteurs d’un pouvoir politique.

P.S. bis. édition du texte : suite à cette réflexion personnelle sur le terme “antisémite”, je change le titre de ce billet pour “être juif” et je corrige le premier paragraphe.

En fait, l’écriture de ce billet et les réactions de mes lecteurs sont l’occasion d’affiner et de faire évoluer mon opinion. Je me documente aussi. Ainsi, quand je dis que “tous les Juifs ne sont pas religieux”, je trouve un soutien dans un sondage de 1998 où 54 % des Israéliens se définissent comme laïcs (29 % traditionalistes, 17 % orthodoxes). Comme quoi, même en Israël, le fait religieux n’est pas ce qu’on aurait tendance à penser. Et 28% déclarent ne participer à aucune fête religieuse (y compris Yom Kippour). [Source Quid 2005, p. 1275.]

J’ai également trouvé une définition du “Juif”, elle se trouve dans le droit à l’immigration (alyah) de l’état d’Israël et la loi dite “du retour” : est considéré comme Juif tout enfant d’une mère juive ou toute personne convertie au judaïsme. La notion de Juif pour l’état appartient donc au droit du sang (filiation) et à la religion (conversion).

P.S. ter.

“Le Juif est un homme que les autres hommes tiennent pour Juif : voilà la vérité simple d’où il faut partir. En ce sens, le démocrate a raison contre l’antisémite : c’est l’antisémite qui fait le Juif.”
Jean-Paul Sartre, Réflexions sur la question juive (1946).

À lire : Jacques Halbronn (fondateur du Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Identité Juive), Vraies et fausses clefs pour la question juive.

Dossier Le Point : Qu’est-ce qu’être juif aujourd’hui ?

1. Le 19 février 2005,
matt

L’idée de nier les différences ou du moins de chercher à les relativiser pour dénoncer les atrocités qui sont orchestrées en leurs noms n’est-elle pas tout aussi dangereuse que le phénomène que tu combats ?

En prétendant que le mot juif ne veut rien dire tu espères peut-être que le contenu qu’on lui donne disparaisse et avec lui les souffrances qui trouvent leur cause dans celui-ci ?

Cela ne veut rien dire d’être pédé, nous sommes tous pédés, dans ce cas là l’homophobie disparaît. Juif ne veut rien dire, nous sommes tous juifs, alors la haine des juifs s’efface.

N’empruntes-tu pas là un chemin qui te conduit au même endroit que ceux qui cherchaient, avec leur méthode à supprimer les “différents” ? Tu cherches à leur couper l’herbe sous le pied, tu sauves des vies, mais à quel prix ? Celui de la négation des cultures et des différences ?

2. Le 19 février 2005,
Laurent

> “L’idée de nier les différences ou du moins de chercher à les relativiser pour dénoncer les atrocités qui sont orchestrées en leurs noms n’est-elle pas tout aussi dangereuse que le phénomène que tu combats ?”

Je ne nie aucune différence, je pense qu’il y a autant de différences entre tous ceux qui sont “juifs” qu’entre tous ceux qui sont “européens”, par exemple. Je pense également que bien des atrocités ont été commises en vertu de non-sens. C’est mon analyse personnelle, très empreinte de Kafka, de l’absurde historique.

> “En prétendant que le mot juif ne veut rien dire tu espères peut-être que le contenu qu’on lui donne disparaisse et avec lui les souffrances qui trouvent leur cause dans celui-ci ?”

Bien sûr que non. Si le terme “juif” existe, c’est qu’il soude une souffrance et un drame. Je n’espère rien, plus personne ne peut espérer après la Shoah. Quand je vois que certains voudraient inscrire le patrimoine chrétien dans la constitution européenne, moi, je dis qu’il faut y inscrire la Shoah comme drame fondateur de l’Europe. Le problème, c’est que le terme “juif” a été forgé dans la conscience collective par les exterminateurs.

> “Cela ne veut rien dire d’être pédé, nous sommes tous pédés, dans ce cas là l’homophobie disparaît. Juif ne veut rien dire, nous sommes tous juifs, alors la haine des juifs s’efface.”

On peut haïr quelque chose qui n’existe pas comme croire à l’inexistant. C’est la fondation même de tous les drames historiques, et notamment de tous les nationalismes.

> “N’empruntes-tu pas là un chemin qui te conduit au même endroit que ceux qui cherchaient, avec leur méthode à supprimer les “différents” ? Tu cherches à leur couper l’herbe sous le pied, tu sauves des vies, mais à quel prix ? Celui de la négation des cultures et des différences ?”

Tu me prêtes des intentions qui ne sont pas les miennes. Ce n’est pas en me réclamant de l’égalité des hommes que je nie les différences. Ce n’est pas en niant une homogénéité des cultures d’inspiration judaïque, que je nie les cultures. Au contraire, l’ancienne diaspora fut l’occasion de forger des micro-cultures dans chaque pays d’accueil. Des fusions riches. Mais qui, aujourd’hui, n’ont plus vraiment de socle commun, si ce n’est, pour certains, la pratique d’une religion.

Je crains que ton analyse soit guidée mon mon usage subversif et volontiers provocateur du terme “négationniste”. Tu fais alors fausse route, je te prie de le croire.

3. Le 19 février 2005,
Poulos

A mon tour de faire de la provoc’. Et si vous aviez tout faux mon capitaine ? Et si tout simplement, nous nous enrichissions de nos différences identitaires, culturelles ou religieuses ? Ce n’est pas parce que certains considèrent l’identité comme une étiquette, comme un prétexte pour se se replier sur soi et exclure ceux qui en ont une autre, qu’il faut tomber dans leur piège. Je suis juif athé. Je ne me définis pas “par rapport à ceux qui s’opposent à une réalité qui se dérobe, car non tangible”. Elle repose sur une culture, des valeurs, un humour, que m’ont transmises mes parents et mes grands-parents. Certes, mon identité n’est pas gravée dans le marbre, je la forge moi-même au jour le jour. Mais, je la forge à partir de mes racines. On vient tous de quelque part. Alors pourquoi ne pas vivre les différences comme une richesse, plutôt que de vouloir les gommer. Les Anglo-Saxons utilisent beaucoup cette expression, qu’ils citent en français dans le texte : “Vive la différence !”

4. Le 19 février 2005,
Laurent

Oui, à ton tour Poulos, de faire de la provoc, car je sais bien que je fais de la grosse provoc, surtout avec un titre pareil. Tu parles de culture, de valeurs, d’humour, que t’ont transmises tes parents et tes grands-parents, et cela me touche. En fait, surtout l’humour, car l’humour “juif” peut être dévastateur, enfin les humours “juifs” que je connais un peu, celui d’Europe centrale et celui d’Afrique du Nord. Sauf que ce n’est pas du tout le même humour. Celui d’Europe centrale est basé sur le personnage du pauvre type, un peu pleutre, timide, introverti, parfois lâche, qui exprime la misère des ghettos, celui d’Afrique du Nord, c’est plutôt celui qui vendrait sa mère, qui serait en compétition perpétuelle, toujours sur les starting-blocks (je caricature ? possible). Enfin, bref, pas la même culture. Pas les mêmes références. Ce que je veux dire, enfin ce que je veux demander, c’est : “qu’est-ce qui unit ce qu’ont appelle les juifs”. Je réponds pas grand chose. Ce qui rend encore plus ridicule quelconque ostracisme collectif. Il n’y a pas “Le Juif”, il y a une myriade de cultures qui puisent leurs sources dans le judaïsme. C’est très différent. Et c’est là que commence à me gêner la volonté de fédérer tout ça sous un drapeau unique, bleu et blanc, si tu vois ce que je veux dire. Mon drapeau à moi, il noir et blanc (gwenn ha du), mais aussi tricolore (bleu-blanc-rouge), mais aussi bleu et or (europe), mais aussi arc-en-ciel (gays)… Je ne veux pas en exclure un au profit d’un autre. C’est toute ma richesse. Culturellement, je suis très juif. Mais je ne m’appelle pas Levy ou Cohen. Si pour certains, être juif, c’est une affaire de “sang”, cela ne m’intéresse pas, si c’est une affaire de religion, tout pareil. Tu es juif de sang, de religion, ou sur un plan affectif ?

5. Le 19 février 2005,
Poulos

Je me rends compte que le temps que je mette en ligne mon commentaire, tu as déjà répondu à une partie de mes remarques à Matt. Je réagis à ta réponse. Pourquoi veux-tu absolument que l’identité juive soit uniquement et exclusivement façonnée par la souffrance des pogroms et de la Shoah ? Certes, l’identité juive est complexe et multiple, et a été profondément marquée par ces persécutions, mais il y a tant d’autres choses ! J’ai des amis juifs athés ou pratiquants avec qui je partage le même amour d’une musique juive (le klezmer, par exemple), d’une gastronomie juive (le couscous de ma grand-mère est typiquement juif tunisien), d’un humour juif (Tu connais celle de la mère juive qui va à l’aéroport, qui fonce droit sur l’hôtesse de l’accueil et demande : “Bonjour, quand est-ce qu’il arrive mon fils ?”). Tout cela existe et constitue notre socle commun, et nous aimons le partager avec d’autres, qu’ils soient juifs ou pas.

6. Le 19 février 2005,
Laurent

Cher Poulos, faisons déjà un sort aux identités. Je pense que les identités juives, arabes, chrétiennes, et même homo, sont des fictions réductrices qui arrangent bien du monde en mal d’analyses à deux sous.

Dans l’inconscient collectif, juif = shoah, juif = profiteur. Désolé, j’en ai la preuve aujourd’hui même avec certains commentaires sur mon propre blogue et l’actualité d’humoristes qui ne font pas rire. Et, je sais que je vis dans un pays où l’épouvantail juif fonctionne encore très bien. Quand je dis “j’aime bien DSK” et que l’on me répond “il est pas juif, lui ?”, j’ai tout compris. D’ailleurs, tu peux lire tous les commentaires autour du crétin de Dieudonné, et tu verras que les points 1 et 2 sont toujours vérifiés.

Quand à la deuxième partie de ton commentaire, je la reprend à mon compte : j’ai des amis juifs athés ou pratiquants avec qui je partage le même amour d’une musique juive (le klezmer, par exemple), d’une gastronomie juive, d’un humour juif. Oui, j’ai tout ça aussi, je suis juif ? On a le même socle commun, nous sommes juifs ? Je me goinfre de halva aux pistaches, je suis juif ? J’adore Proust et Romain Gary, je suis juif ? J’adore les carottes au cumin, je suis juif ? J’aime fêter Mazel Tov avec des amis, je suis juif ? J’apprécie Strauss-Kahn, je suis juif ? J’aime Issac Asimov, je suis juif ? J’adore la pâtisserie d’Europe centrale, je suis juif ? J’ai même une fascination pour Maurice Sachs (oui, celui qui disait “Les Juifs, peuple élu. Élu pour la malédiction”), je suis juif ?

Ok, alors, je suis juif aussi, déportez-moi.

7. Le 19 février 2005,
Laurent

Mais me coupez pas mon prépuce, j’y tiens ! Parce que la circoncision, c’est de la barbarie proche de l’excision.

8. Le 19 février 2005,
Poulos

Décidément, je suis trop lent. Je réponds à ta deuxième réponse. C’est une question très complexe que de définir la judéité. Et je crois que je serai bien en peine de te donner une définition précise. Et je pense que chaque juif en donnera une définition différente. “Deux juifs, trois opinions”, dit-on souvent… Certes, il y a des différences entre Ashkénazes (juifs d’Europe de l’Est) et Sépharades (juifs d’Espagne et d’Afrique du Nord). Mais je suis issu de ces deux cultures. Je ne suis pas religieux ni attaché à la notion de sang, un peu connotée… C’est une histoire d’”affectif”, comme tu dis, et de racines familiales. J’appartiens à une génération relativement jeune qui mêle les deux cultures, ashkénaze et sépharade. Et je ne tiens pas à ce que tout ce petit monde se fédère autour d’un drapeau israélien (je ne raffole pas des drapeaux…). Je suis juif et Français, et inversement.

9. Le 19 février 2005,
Poulos

A peine converti, tu refuses déjà de souffrir ! ;-) Le prépuce en moins, ça laisse peu de souvenirs quand c’est fait à quelques mois de naissance. Et ça évite bien des soucis, sans pour autant déplaire aux partenaires, que je sache…

10. Le 19 février 2005,
Laurent

J’accorde autant d’importance à ta “judéité” qu’à ma “bretonnitude”, culturelle et plus ou moins choisie, rien de plus. Quoique j’en dise, je suis avant tout Français, j’ai été élevé dans le moule républicain, même si j’ai un certain snobisme à m’affirmer breton (et encore, faut pas trop chercher dans les filiations génétiques — par ce que les mères, on est presque toujours à peu près sûr, mais les pères, c’est une autre histoire).

Tout ça, c’est des histoires d’affectif, comme tu le dis. Et, vu mon parcours, je suis très imprégné de cultures juives (j’utilise le pluriel à dessein). Et niveau culturel, je suis sans doute plus “juif” que d’autres qui ont pourtant le nom de la tribu.

Mais, ce qui est sûr, c’est que je chie sur les rabbins comme les curés et les imams.

Être juif aujourd’hui, ce n’est pas de l’ordre du réel, c’est purement fictif, c’est une projection. C’est se reconnaître dans certains aspects culturels. C’est pourquoi être antisémite est une grosse connerie, cela ne repose pas sur une réalité. Je connais des Lévy qui ne savent rien d’Abraham, et n’ont pas envie de savoir… Je vis avec un mec juif. Et oui, sauf que sa famille a abjuré sous François Ier.

Juif, aujourd’hui, c’est avant tout dans le regard des autres. Si tu ne pratiques pas le judaïsme, qu’est-ce qui te distingues d’un autre citoyen? Des accointances avec une culture, et encore… Si peu finalement.

C’est quoi ta culture juive ? Le klezmer ? Moi, j’aime bien le bluegrass.

11. Le 19 février 2005,
Laurent

Sinon, pour le prépuce, c’est non seulement une amputation barbare (oui, j’ai déjà assisté à une circoncision), mais c’est enlever une certaine sensibilité (j’ai pratiqué assez de bites juives et/ou nord-américaines pour le savoir).

12. Le 19 février 2005,
Laurent

Et tout ça pour des raisons religieuses ? Halte à la connerie.

13. Le 19 février 2005,
Poulos

Ce n’est pas parce que les gens font des identités des catalogues de stéréotypes, que l’identité est forcément une mauvaise chose. Pour moi l’identité est une richesse à partager et non une étiquette. Il est vrai que, comme le disait Sartre, on est juifs dans le regard des autres. Mais, encore, c’est pas pour autant que cela fonde l’identité juive (du moins la mienne). Quant à ton appartenance au peuple élu (dont Tristan Benrard disait qu’il aurait “préféré qu’il fût en ballotage”…), pourquoi pas ? Mais, je te préviens, il va falloir bouffer du geffilte fish, et c’est pas bon, la carpe farcie !

14. Le 19 février 2005,
Laurent

Je confirme : la carpe, c’est dégueulasse, et c’est plein d’arêtes.

Sinon, je ne dis pas que les identités sont des mauvaises choses, je dis que l’identité “juif” ne veut pas dire grand chose, si ce n’est dans l’esprit des antisémites.

Alors, c’est quoi, être juif ? J’attends une définition. C’est quoi, être juif ?

15. Le 19 février 2005,
Poulos

Être juif aujourd’hui, ce n’est pas de l’ordre du réel, c’est purement fictif, c’est une projection. C’est se reconnaître dans certains aspects culturels. C’est pourquoi être antisémite est une grosse connerie, cela ne repose pas sur une réalité.

Parce que ça reposerait sur une réalité, ça serait moins con ? “C’est l’antisémite qui crée le juif” et non l’inverse, effectivement. Mais c’est le juif qu’il crée qui est une projection de son imaginaire haineux et frustré, à la recherche d’un bouc-émissaire. Encore une fois, être juif repose sur bien d’autres choses, non fantasmées pour le coup.

C’est quoi ta culture juive ? Le klezmer ? Moi, j’aime bien le bluegrass.

Bill Monroe ? J’aime beaucoup aussi. Il est un peu tard pour détailler ce qui fonde mon identité juive, mais c’est évidemment plus que le klezmer. Quoique, ce serait déjà pas mal…

Sinon, pour le prépuce, c’est non seulement une amputation barbare (oui, j’ai déjà assisté à une circoncision), mais c’est enlever une certaine sensibilité (j’ai pratiqué assez de bites juives et/ou nord-américaines pour le savoir).

Une certaine sensibilité ? Tu estimes ça à combien sur l’échelle électrocoïtale ?

16. Le 19 février 2005,
Laurent

Et là, je sens que nous aboutissons à la fin de mon raisonnement. Le juif est indéfinissable. Un pédé, je t’explique ce que c’est, et tu peux être homophobe, mais être antisémite, c’est un non-sens.

17. Le 19 février 2005,
Poulos

Etre juif, c’est quoi ? Je ne sais pas. Peut-être, être un “mensch”. C’est un mot yiddish qui désigne l’être humain, dans sa diginité et sa valeur. Un juif, c’est peut-être un mensch qui rigole en bouffant du geffilte fish. Ca ne va sans doute pas satisfaire, mais c’est tout ce que j’ai trouvé avant d’aller me pieuter, comme un mensch que j’essaye d’être.

18. Le 19 février 2005,
bertrandM

Je ne sais pas s’il y a des juifs, en tout cas les goys existent. Après 4 ans de galère, de chantage, de pressions de la part de sa famille, j’ai dû me séparer de ma copine (juive bordelaise) pour non-appartenance à la bonne religion (race?). Je reste aujourd’hui encore stupéfait de cette expérience - pour le coup, c’est moi qui me suis senti discriminé. Le pire, c’est que ces pressions exercées par la famille, le cercle des amis, etc, semblent fonctionner à merveille.

19. Le 19 février 2005,
Alarc’h

Qu’à cause de faits historiques ayant eu lieu au XXème siècle on hésite ou même on se refuse à étudier les races humaines par peur de conséquences tragiques peut éventuellement se comprendre.

Etudier et distinguer des espèces et des races, on le fait tous les jours. Cela ne pose pas de problème. On a une espèce par exemple les chiens, et des races. Un péquinois ou un terre-neuve sont très différents. Mais on n’en tire pas des conséquences sociologiques, on ne va pas décréter que les péquinois sont des sous-chiens et que les malinois sont des chiens supérieurs. On se contente de dire qu’ils ont le poil long, ou court, qu’ils sont hauts sur patte ou bas sur patte etc.

Par un phénomène de “bonne conscience” on en arrive pour les humains à nier ce type d’évidences, de peur que leur constatation conduise à un système de classement hiérarchique. Dire qu’il existe une race blanche et une race noire te fait peur car tu imagines que va forcemment arriver le prédicat : les blancs sont supérieurs aux noirs, ou l’inverse. Ce qui n’aurait pas plus de sens que dire “les doberman sont supérieurs aux labradors”. Supérieurs en quoi et comment ? Pourtant les évidences sont là, les noirs sont de peau foncée, les blancs plutôt… roses. Si ce n’était pas vrai comment reconnaîtrais-tu un noir dans le métro ?

De même que des races de chiens se sont faites par sélection (elles sont toutes artificielles) les races d’hommes se sont faites par des isolats. Il est possible que les hommes ayant peuplé l’Europe aient été noirs. Il n’empêche qu’avec le temps, en se reproduisant entre eux, ils sont devenus blancs. Et dans chaque isolat des caractéristiques morphologiques ont vu le jour. Elles se maintiennent tant qu’il n’y a que des échanges anecdotiques avec ceux d’autres groupes. A partir du moment ou le brassage commence on s’achemine vers une atténuation des caractéristiques raciales typiques. Il en sortira sans doute d’autres ou une autre race(s).

Le mot race étant “connoté” et accompagné d’une image sulfureuse on renonce à l’employer, on parle de groupes ethniques… la belle affaire, ma femme de ménage depuis qu’elle est technicienne de surface continue à faire le ménage. Le mot n’est qu’une convention. Alors si le spectre du nazisme te fait peur oublions la race et parlons de groupe ethniques. Mais quel que soit le nom que tu choisisses il ne s’agit pas d’abstractions, mais bien de réalités.

Tu as raison les mots sont toujours dangereux, surtout dans la bouche des gauchistes. Tu penses qu’en niant un mot tu effaces la chose ?

J’ai également du mal à suivre ta démonstration sur les arabes et les juifs. Juif n’est certes pas une race, car sinon comment pourrait-il y avoir des juifs blonds en russie et noirs en ethiopie ? Si un terme, juif ou autre, doit relier des gens si différent c’est que ce terme transcende la race et à trait à un ensemble de traits culturels. Et il semble bien que le ciment de cette identité soit une religion, enfin un ensemble de sensibilités religieuses qui avec le temps et la pression de l’histoire donne de nos jours une impression de relative homogénéïté. Ce qui fait le juif c’est la religion et la culture qui l’accompagne.

Par contre il existait des tributs arrabes bien avant l’islam. Et il y a des musulmans qui ne sont pas du tout arabe. Et comme tu le dis tous les arabes ne sont pas mululmans. Les arabes sont un groupe humain l’islam une religion. Les juifs ne sont pas un group humain homogène, leur seul lien est la religion et la culture qui l’accompagne.

Pourquoi dis-tu que ton copain est juif si ses ancêtres ont abjuré au XVIème siècle ? Il ne peut pas être juif, sauf si tu penses au fond de toi que les juifs sont une race, que quelque chose dans son sang a pu passer, quelque chose de biologique qui le fait juif, qu’il pratique ou non. Or on a vu qu’il n’y avait pas de race juive.

Peut-être cette fiction de race juive vient-elle du fait que le judaïsme se veut une religion fermée à l’exact opposé de l’Islam ou du christianisme. La plupart des cadres religieux juifs essayent de faire croir qu’on “naît” juif, qu’on ne le devient pas. On n’a pas le choix, c’est comme ça. On voit bien dans la pratique que cette fiction ne tient pas. Même si le fait a été refoulé pour maintenir la fiction de “peuple élu”, on voit bien justement par les différences raciales des différents isolats juifs que des gens de toute races ont été à un moment donné convertis au judaïsme. Le seul lien existant entre ces gens est religieux. Si cette religion disparaissait il n’y aurait plus de juifs. Alors que si l’animisme disparaissait d’Afrique il y resterait des noirs.

Que dans un élan généreux tu dises, suivant Daniel Cohn-Benditn “nous sommes tous des juifs allemands” c’est une autre affaire, c’est une position de principe qui veut dire “je suis solidaire de ceux qu’on veut opprimer, si vous voulez les opprimer opprimez-moi car je suis homme comme eux”. Ça c’est recevable, car c’est justement une attitude qui n’est pas liée à la race mais à l’espèce. C’est une solidarité de l’espèce humaine qui va bien au delà d’une race blanche noire ou jaune et encore plus d’un appartenance religieuse.

Mais le fait de nier les réalités, raciales ou religieuses, enlève du poids à ta démonstration. Vouloir nier l’existence des juifs pour ainsi pouvoir démontrer que l’antisémitisme n’a aucune valeur parce que son objet lui-même n’existe pas c’est un peu comme vouloir soigner les caries en arrachant toutes les dents.

Comme disait ma grand-mère à moi “avec des si on mettrait Paris en bouteille”. Si il n’y avait pas de religion juive, personne qui se considère comme juif, si tout le monde était l’égal semblable de l’autre il n’y aurait pas d’antisémitisme ni d’anti quoi que ce soit puisqu’il n’y aurait plus de différence. Il ne pourrait plus y avoir que du nihilisme puisque tout étant pareil, la seule chose à rejeter serait l’ensemble du monde.

Que tu sois révolté par la bêtise de l’espèce humaine, que tu sois choqué par les massacres humains perpétrés au milieu du siècle dernier, c’est très bien et très compréhensible. Mais pourquoi tordre les faits ? Ce n’est pas parce qu’il existe des races ou des religions que les hommes s’entretuent, c’est pour pouvoir s’entretuer qu’ils bâtissent des religions et créent des échelles de valeur arbitraires entre les races. Si tu réduis ces vieilles recettes par une pirouette intellectuelle, il se trouvera autre chose pour s’entretuer, ce sera parce qu’on préfère nike à adiddas ou le big mac au jambon beurre.

Penses-tu qu’il n’y avait pas de massacres, d’exterminations de peuples, de guerres avant l’invention des états nation ? Le problème n’est pas de savoir si telle race est mieux ou moins bien qu’une autre, le vrai problème est lié à l’espèce humaine. La guerre et les massacres sont le seul moyen de régulation de cette espèce là, puisqu’elle n’a pas (plus) de prédateurs pour la réguler. L’homme est un loup pour l’homme. On n’a jamais dit de phrase plus juste.

20. Le 19 février 2005,
Bix

Attention, le sionisme n’est pas du tout un message biblique. Le sionisme est une doctrine à l’origine socialiste, complètement laïque, apparue au XIXè siècle. Les religieux les plus durs en Israël sont contre car pour eux, Israël ne peut se faire que si le messie revient. La constitution d’un État d’Israël laïc ne plait pas. Évidemment, il s’avère aujourd’hui que des religieux ont récupéré ce concept, mais il ne faut pas perdre de vue que son origine n’est pas religieuse.

Bon, ma goutte d’eau au milieu de ces commentaires qui n’en ont pas fini, je pense. :)

21. Le 19 février 2005,
Kris

“J’imagine que vous sursautez en lisant ça dans votre agrégateur et c’est l’effet voulu.” Tu rigoles, j’espère. Rien de plus consuellement ronflant à présent. Homosexuel ET antisémite radical ? Pfft, ce genre de personnage court partout à Paris. Trouve autre chose. C’est fini quand ce numéro de Druckerisation que tu nous fais ?

22. Le 19 février 2005,
Lunar

(peut-être n’est-ce pas assez intellectuel, m’enfin) touché

23. Le 19 février 2005,
BabOOn

Alarc’h > Je n’ai pas encore pris le temps de lire ton commentaire en entier. Je réagis à ce que tu écris au début, sur les races humaines. Comme le signifiait Laurent, beaucoup plus haut dans l’enfilade, la notion de race chez les humains est une absurdité.

Grace aux avancées de nos connaissances sur la génétique, l’on sait désormais qu’il n’y a pas plus de différence entre un Noir, un Rouge ou un Jaune, qu’entre une brune, une rousse ou une blonde .

Le processus génétique qui règle la forme des oreilles, la taille du sexe ou la grosseur des seins est le même que celui qui préside aux couleurs de la peau. On est Noir, Blanc ou Vert, simplement parce que l’on a pas les mêmes allèles d’un gène.

Si l’on veut parler de race pour le phénotype “couleur de peau”, on devra aussi parler de race pour tous les autres caractères. Et il y en a des milliers !

Je m’en suis tenu uniquement à des considérations génétiques. Il est vrai cependant que le phénotype “couleur de la peau” a prévalu dans le marquage d’identités culturelles, socio-économiques et géo-politiques.

24. Le 19 février 2005,
Laurent

Je crois que Alarc’h est plus proche d’Alexis Carrel que d’Albert Jacquard.

25. Le 19 février 2005,
Laurent

Je réagis un peu tard à une phrase de Poulos : “Pourquoi veux-tu absolument que l’identité juive soit uniquement et exclusivement façonnée par la souffrance des pogroms et de la Shoah ?” Parce qu’à lire l’histoire des Juifs et du Judaïsme, on n’y voit qu’une suite de persécutions, de fuites, d’errances, de bannissements, d’interdits, de massacres, de déportations. Cela commence en 1300 av. J.-C., avec les Égyptiens (et ça continue jusqu’au IIe siècle av. J.-C.). En 161 av. J.-C., les juifs sont non-grata à Rome par décision de Marcus Pompeïus. En 22, 4 000 juifs romains sont déportés en Sardaigne. En 70, les Romains détruisent le Temple. En 135, quelques exterminations sanglantes. En 305, l’Église chrétienne décide qu’on a pas le droit de manger à la même table qu’un Juif. Etc. Etc. Etc. Pendant des siècles d’histoire juive. Comment tout cela n’a-t-il pas pu forger une identité ? Et je découvre qu’il y a eu encore des pogroms en Pologne en 1946 (Kielce)… Quand Sachs disait avec ironie “Les Juifs, peuple élu. Élu pour la malédiction.”, il n’avait pas tout à fait tort.

26. Le 19 février 2005,
Alarc’h

Baboo> “Si l’on veut parler de race pour le phénotype “couleur de peau”, on devra aussi parler de race pour tous les autres caractères. Et il y en a des milliers !”

C’est curieux cette obstination à toujours vouloir déformer les choses. Bien entendu qu’une race canine ou humaine regroupe une ensemble de caractéristiques (des milliers) allant bien au delà d’une simple couleur de peau ou de poiL Constater que, du fait de faibles communications entre groupes humains, certaines de ces caractéristiques, avec leur variation ondividuelle bien entendu, restent assez homogènes dans le groupe semble vous poser des problèmes. Pas à moi. Je n’en déduis pas que les blancs européens sont supérieurs ou inférieurs à tel ou tel autre groupe.

Nier ces différence, même avec une arrière pensée “vertueuse” et anti-raciste (le racisme étant une théorie qui à partir de ces différences constatées décide d’une hiérarchie de valeur entre les groupes ou races avec toutes les conséquences de pouvoir qu’une hiérarchie impose, et en cela, n’en déplaise à Laurent je en suis pas Alexis Carrel…) te condamne à ne jamais rien comprendre aux hommes et aux peuples.

Car que tu te sentes, par solidarité humaine, juif ou indonésien ou breton ou chinois n’implique pas que les juifs les indonésiens les bretons ou les chinois te perçoivent comme tel.

Et pour ce qui est des arguments génétiques, quand bien même on me pouverait que nous avons 99,99 % de genes communs (et peut-être plus) ma conclusion serait simplement qu’une variation minime du patrimoine génétique a des conséquences énormes en terme de différences.

Nous avons plus de 90% de patrimoine génétique commun avec les chimpanzés. Il ne viendrait pourtant à personne l’idée que les singes et les hommes sont semblables. Ils sont séparés, différents avec une ensemble de caractéristiques communes très générales.

Laurent>Le message de Jacquard est un message politique, idéologique, humaniste même si vous voulez, mais il n’a pas d’assise scientifique. Ou du moins à partir de constatations génétiques les conclusions qu’il en tire sont idéologiques. Et c’est vrai que je suis très loin idéologiquement de cet homme.

Bix> Mais de toute façon la question posée sur les juifs n’a rien à voir avec ça. Je suis bien d’accord que le mouvement sioniste est un mouvement laïque, politique. Mais son ambiguïté est là. Sur quel critère les sionnistes décident-t-ils que quelqu’un est juif et peut immigrer en israël si ce n’est pas sur un critère religieux ? C’est quoi un juif pour un sionniste si l’appartenance religieuse ne compte pas ? Une race ?

Les sionnistes ont besoin de faire croire à un “peuple juif”, et la faiblesse est que si le critère pour dire qu’un homme est juif n’est pas la religion, quel peut-il être ?

Il était fatal que la constitution Israélienne fasse entrer la Bible dans les fondements du pays, sinon il n’aurait été qu’un patchwork comme d’autres pays artificiels, sans réel peuple, fondés lors de la décolonnisation (Liban, Iraq, Pakistan).

27. Le 19 février 2005,
Pasfolle

Je te suis dans ton raisonnement Laurent. Surtout pour la circoncision. Couper un bébé, comme c’est noble!!! Pas question de lui laisser le choix pour plus tard. Les adultes ça peut se défendre, mais un bébé de huit jours, c’est facile. J’ai vraiment en horreur cette pratique, je trouve ça vomitif parce que c’est imposer un choix que le gamin va porter toute sa vie. Tu marques un être humain à vie pour lui signifier quoi? Qu’il reste la propriété d’une tradition/religion? Par ici (au Texas) on marque le bétail au fer rouge…

28. Le 19 février 2005,
Laurent

Alarc’h : tu dis “Par un phénomène de “bonne conscience” on en arrive pour les humains à nier ce type d’évidences, de peur que leur constatation conduise à un système de classement hiérarchique”. L’histoire nous a appris que l’on avait des sérieuses raisons d’avoir peur. De toutes façons, le terme de “race” est plein de chausse-trappes et ne possède, à ma connaissance, pas de définition sérieuse et communément admise.

29. Le 19 février 2005,
michel v

Alarc’h: selon cette logique, les nains sont une race à part.

30. Le 19 février 2005,
chris waigl

Je n’ai pas lu tous les commentaires, et je ne ferai pas de laïus comme l’ont fait d’autres (que je n’ai d’ailleurs pas tous lu).

Là, je suis en désaccord avec toi. D’abord, parce que ce n’est pas à toi de décider si un mot veut dire quelque chose, surtout un mot par lequel certains s’autodésignent collectivement. S’il est utilisé, c’est justement parce qu’il est chargé de signification («chargé» pour le meilleur et le pire).

Je constate en France davantage que dans d’autres pays européens un aveuglement (ce qui est encore pire qu’un rejet) quant à la notion d’identité. C’est pas aux femmes hétéros de définir ce qu’est une lesbienne, par exemple. Ou de se dire «un peu lesbienne aussi». Elles le font, pour certaines, et il ne me reste que de hausser les épaules et d’arrêter là la discussion.

Je ne suis pas juive, même pas un petit peu. Cela n’empêche nullement de comprendre les gens qui se définissent comme tel. Quand j’approche à une sorte de barrière culturelle, je sais que pour comprendre il faudrait d’abord apprendre davantage . Mais il n’y a pas d’impossibilité — sentir une appartenance identitaire particulière (ou ne pas en sentir du tout) n’enlève pas la capacité fondamentale des humains de s’entendre.

En ce qui concerne le rejet de la notion d’identité, souvent avec le raisonnement qui part du repli identitaire, je dirais que ce dernier existe bel et bien, c’est un phénomène psychologique et ne dépend pas des identités collectives. Rejeter la notion même d’identité c’est comme s’abstenir de bâtir en haut sous prétexte que la gravitation existe et pourrait entraîner des chutes de personnes, ou du bâtiment tout entier.

31. Le 19 février 2005,
Alarc’h

laurent> Je sais très bien que le mot race est plus embarassant qu’autre chose. Ce qui m’énerve toujours c’est que l’on se batte pour des mots en oubliant ce qu’ils désignent. Les décisions que prend le “Directeur des ressources humaines” sont bien les mêmes que prenait le “Directeur du personnel”. Il ne suffit pas de changer un mot pour créer ou modifier un concept.

Que tu craignes des dérives je le comprends, mais ce n’est pas en niant ou refusant de parler des choses qu’on les écarte. Bien au contraire.

michel> Les cons aussi alors !

chris waigl> Tu as raison en ce sens que nier les identités force à ce que tu appelles “repli identitaire”. On ne résoud pas les problèmes en les niant.

32. Le 20 février 2005,
padawan

> Tu as raison les mots sont toujours dangereux, surtout dans la bouche des gauchistes.

Et voilà, une étiquette de plus ! Dans un tel fil de discussion, ça s’appelle se tirer une balle dans le pied. Remplace donc “gauchistes” par “juifs” pendant que tu y es. Les mots peuvent être dangereux, surtout dans la bouche des manipulateurs.

33. Le 10 juin 2005,
un homme qui dort

Moi j’atteris sur la planete BLOG pour la première fois. Donc juste un mot, sur Dieudonné… Avant, je tiens à préciser que ma femme est juive et pratiquante (elle mange à peu près kasher et va à la syna pour certaines fêtes). Je pense donc connaître son point de vue sur la judaité ainsi que celui de ses amis. En première analyse je serais d’accord avec ta proposition ainsi que celle de ’Jean-Paul’ : “le juif n’existe que dans l’oeil de l’antisémite”. Cependant pour pas mal de juifs pratiquants, que ça nous plaise ou non, être juif c’est comme être enceinte : on ne l’est pas à moitié. Subjectivité ou pas, ma femme considère comme super juif, un ami à nous qui est juif de naissance, mais qui bouffe du porc, et qui tiens des propos ultra-anti-sionistes, qui me font parfois frissoner. La judaité est donc à mon sens, et plus particulièrement chez les séfarades, un truc un peu particulier qui n’est pas comparable avec les autres religions (car rappelons le, c’est de cela que l’on parle). Pour moi ce qui fait la spécificité juive par rapport aux autres religions, c’est la difficulté de devenir juif pour un non juif (moi j’ai vite abandonné…) De même les gens qui ont fait une psychanalyse font une différence assez nette entre les analysés et les pas analysés, et dans leurs yeux c’est très différent. D’ailleurs pour devenir analyste, il faut être analysé soi même… Pour résumer, à l’assertion, “le juif n’existe que dans les yeux de l’antisémite” je réponds à Jean-Paul Sartre, “tu conais pas mes beaux parents !”. Et c’est vrai que du coup il y a ce côté “peuple élu” qui, bien né, n’a pas besoin de passer par le rite de la conversion. Moi, je rejoins Dieudonné et George Brassens, qui chante “les imbéciles heureux qui sont nés quelque part” et plus loin “[ils sont persuadés] que le crottin fait par leur chevaux, même en bois, rend jaloux tout le monde”. Pour moi, c’est le syndrome BHL, qui ne comprend pas que sa judaité on s’en branle, mais que sa pensée est juste minable. Lui et quelques autres fumeux éditorialistes, dégainent l’épouvantail de l’antisémite à la moindre attaque personelle…et créent de fait un antisémitisme. Ce qui d’ailleurs a été remarqué par le Monde Diplomatique, ainsi que HaHaretz, un journal israelien traduit parfois dans Courier et que je vous conseille. Enfin sur Dieudonné, moi j’ai adoré son affiche pour “Mes Excuses” ou il portait un costume SS, avec sa barbe et sa tête de camerounais… Ca voulait dire “vous me le ferez pas porter à moi, un noir, ce costume d’antisémite”.

34. Le 12 juin 2006,
cheveuxenseize

Tout a fait d’accord avec toi Laurent, etre juif ca ne veut rien dire! D’un point de vue génetique chacun de nous est une race a part entière. Le mot juif est bien trop réducteur d’une personnalité, d’une intelligence, d’une emotion. On est tous différents et complémentaires , il faut vivre dans l’acceptation, prendre le plaisir la ou il existe et c’est tout! Se dire juif(ou patineur artistique, meme chose), c’est se réduire a une etiquette, mettre totalement de coté sa personnalité et sa culture, c’est se faire mal volontairement (d’ou de mon point de vue, l’absurdité des religions, cf groland ;D). La seule chose interessante dans l’etre humain, c’est l’humain et pas ce qu’il pretend etre!

Et oui je suis philantrope et j’en suis fier! Pour les pessimistes qui pretendent que l’homme n’est bon qu’a se bouffer, il faut aussi rechercher les examples positifs de la civilisation dans les -minuscules- 6000 ans d’histoire sur les 50000 ans d’existence de notre espece… A mort le politiquement correct et les étiquettes foireuses! Vivent les citoyens du monde et -les chansons de- Brassens (pas au courant de ce que dit Dieudonné)!

35. Le 13 octobre 2006,
Mel

Bonjour, je viens de découvrir ton blog par le plus grand des hasards. Et il se trouve que je suis juive, mariée à un non-juif, et que je ne partage pas du tout ton point de vu. Je ne sais pas qui tu es ni ce qui t’a poussé à t’intéresser à la question. Ton blog donne à première vue l’impression d’un être articulé, qui maîtrise ses arguments et instaure dans son raisonnement un minimum de logique. Sans vouloir t’offenser, laisse-moi te dire que ton exposé tient plus de la masturbation intellectuelle que du raisonnement. Après tout, la masturbation, c’est par définition super seulement au moment où on l’a pratique, pas quand on y repense. Puisque tu sembles très ignorant sur ce qu’est un juif (ou un arabe ou un gay, puisque tu dis que ces termes ne veulent rien dire de “précis”, je vais tenter d’éclairer tes lanternes. Un juif est une personne, qui par choix (pratique religieuse ou conversion) ou par tradition (appartenance à une famille juive)s’identifie au peuple juif, à sa culture (ou ses cultures), son histoire ou l’explication religieuse du monde offerte par ses textes sacrés. Un juif peut être un hassid qui pratique quotidiennement et respecte le shabbat; un juif peut être un laïque d’ascendance juive qui, sans être pratiquant, connaît ou reconnaît certains de nos rituels culturels ou religieux, qui peut-être connaîtra quelques mots d’hébreu, de ladino ou de yiddish; un juif peut être le fils d’une juive non-pratiquante qui, sans lui-même pratiquer ou forcément connaître nos références culturelles, religieuses ou historiques sera juif par naissance. Je continue. Etre arabe n’est pas un fait religieux mais un fait culturel et linguistique. Et, au cas où tu ne le saurai pas, on peut être juif et arabe. Par exemple être juif tunisien: être de confession juive, tout en ayant pour langue maternelle l’arabe et pour cadre l’évolution la culture juive (séfarade dans ce cas) ainsi que la culture arabe.
Enfin, être homosexuel, c’est être physiquement et sexuellement attiré exclusivement par les personnes du même sexe. Comme les juifs ou les arabes, on ne peut pas caricaturer et être juif/arabe/homo peut recoouvrir des réalité très différentes: le juif au gros nez (j’ai un tout petit nez et je suis blonde aux yeux bleus bien que séfarade), la grande folle (mon meilleur ami est homo. Il est très masculin et personne ne pourrait deviner son homosexualité, comme personne ne pourrait deviner ma judaicité)… Je ne veux pas jouer les psy ici, mais paradoxalement et malgré le fait que tu te définisses toi-même comme antisémite, je ressens une affection naturelle à ton égard, et je pense que tu t’entêtes dans cette démonstration car peut-être ne veux-tu pas être mis dans une petite case…

36. Le 13 octobre 2006,
Laurent

Mel, à lire votre commentaire, j’ai l’impression que vous n’avez pas lu le deuxième volet de ce billet.

37. Le 23 janvier 2007,
Rachid

Et être un gros con de Français comme toi, ça veut dire quoi?

38. Le 23 janvier 2007,
Rachid

Pauvre con

39. Le 23 janvier 2007,
Pep

Sacré Rachid …

Ca fait plaisir de voir qu’après une lecture attentive et studieuse, tu as tout compris des idées exprimées.

Merci d’avoir ainsi ré-haussé le niveau de ce débat.

:-)

40. Le 9 avril 2007,
DAVID jérémie

je suis pas du tout d’accord avec certain passage de ce texte. Moi je suis et je dis bien d’origine Juive Sépharade ( Juif d’Afrique du Nord, moi plus présicément d’Algerie) et je le dis bien haut et fort que être Juif avc un grand “J”, c’est une ethnie, un peuple. Car on peut être Juif et ne pas du tout pratiqué la religion ou on peut être athée!Ce qui n’est pas le cas chez les Chrétiens car on ne peut que pratiqué si tu crois en l’existence de D.ieu et de Jesus et pareil chez les musulemans on ne peut pratiquer la religions que si on croit au message du prophète Muhammad et d’Allah. Etre Juif c’est de faire partie d’une culture. la Religion des Juifs c’est le Judaïsme et l’ont appellent juifs, avc un petit “j” ceux qui se plient au règle de cet religions. Etre Juif c’est: - Une Ethnie - Une religion - Un livre - Une Terre

voila maintenant vous savez la vérité, donc arrété d’essayez de dénaturé le peuple Juif en le reduisant à une religion et en essyant de caché notre ethnie.

41. Le 9 avril 2007,
Xavier

Jérémie : Wikipedia en tout cas est en accord avec vous…

Les juifs (Hébreu : יְהוּדִים, Yëhûdîm ; Yiddish : ייִדן, Yiden) sont les adhérents au judaïsme. Ce sont aussi, avec une majuscule (Juifs), les membres du peuple juif (’am yëhûdî), également appelés enfants d’Israël.

42. Le 22 avril 2007,
Michael-Yoav

Ce n’est pas parce que tu n’as rien compris a ce que sont les juifs que tu dois prendre ton opinion fusset elle reflechie pour verité absolue. Il ne suffit pas de se creuser la tete et de lire ddes opinions de quelques intellectuelles pour detenir la verité…

Les juifs constituent un peuple… avec des valeurs fondamentales communes, ds fondements culturels, et cultuelles communs qui sont issus de ces valeurs…

Avec une histoire fondamentales communes, avec des textes revelés commun…

Bonne chance..

Je te recommande de lire du Maurice Ruben-Hayoun.. pout te permettre d’avoir un point de vue critique et juste… a la fois…

Bonne chance…

43. Le 9 août 2007,
Juif

Très bonne question.

On né juif, mais on restera juif dans tous les cas, jusqu’à même une conversion.

Or un juif peut ne pas être religieux, donc est-ce un rapport avec le judaisme ? Non.

Juif : être surnaturel venu d’ailleurs :)

44. Le 15 janvier 2008,
Lara

je vois bizarrement mal le parallèle entre le MOT “juif” et le MOT “Arabe”… le second qualifie une nationalité et le premier davantage une culture. Donc effectivement en Arabie il y peut y avoir des Chrétiens, des Musulmans, des Juifs (au sens religieux cette fois). Enfin l’essentiel c’est de penser l rapport entre les gens peut importe leur religion, leur appartenance culturelle, leur nationalité, comme un échange perpétuel.

Blah ?