“Miscellanées”

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Le rince-cochon

Il n’est pas de meilleure date que le 31 décembre pour raviver le souvenir d’une veille gloire oubliée des zincs parisiens : le rince-cochon. Car, nul doute que vous allez boire ce soir, plus qu’à votre accoutumée, et que vous saurez enterrer dignement l’année 2003 à force de breuvages pétillants et autres liqueurs bachiques. Le réveillon est par excellence la fête de l’intempérance : ébriété, griserie, dipsomanie, soûlographie, biture, muflée, etc. C’est sûr, votre foie ne sera pas à la fête et ne prendra pas de congés le jour de l’an.

Heureusement, le bistrot, institution en voie de disparition, a une réponse à tout, déhydratation ou peine de coeur, tout problème y trouve sa solution à boire : monaco, tango, valse, tomate, communard, feuille-morte, panaché, chat-couché, perroquet ou autre mauresque, et même sirop de parapluie. Le lendemain de vos folles agapes, le loufiat compatissant de n’importe quel rade ou troquet de tradition saura, à la vision de votre teint pâle, vous préparer le fameux élixir salvateur : le rince-cochon, remède souverain à la gueule de bois.

La recette traditionnelle du rince-cochon parisien est 1/3 vin blanc, 1/3 limonade, 1/3 Vichy. Une variante courante est : un trait de sirop de citron, 1/2 vin blanc, 1/2 Vichy. Plus rarement, on rencontrera mi-vin blanc, mi-jus de citron. Et si le patron vous a en pitié, l’aspirine est offerte.

Sachez que pour prévenir, il faut boire beaucoup d’eau au cours de la soirée car l’alcool déshydrate et une cuillère d’huile saura protéger préventivement votre estomac de l’agression des alcools forts (hémorragies). Si vous vous sentez nauséeux, un soda au cola fera l’affaire. Si vous venez de traiter votre belle-mère présente de vieille conne hystérique, il est déjà temps d’arrêter de boire. Pensez également aux vitamines (jus de fruits) et une aspirine avant de se coucher ne sera pas superflue. Et n’oubliez pas cette sage maxime : blanc sur rouge, rien ne bouge et rouge sur blanc, tout fout le camp. De toutes façons, pour résister, c’est bien connu, rien ne vaut l’entraînement… Alors, petits buveurs, restez au Champomy.

Et un conseil de sécurité habituel à cette époque : boire ou conduire, il faut choisir (moi, j’ai déjà choisi).

Bon réveillon !

1. Le 31 décembre 2003,
merriadoc

Au Deutsch : une bière chaude. Ecoeurant (au sens français), mais efficace, selon nos voisins allemands.

2. Le 1 janvier 2004,
Édouard

Chez nous, vu l’alcool présent dans le remède du rince-cochon, ça se dit « the hair of the dog that bit you. » En effet, très efficace (d’après ce qu’on me dit — moi, personnellement, vous savez, j’abstiens tout à fait de ce genre de boissons…

Bonne année, et je souhaite à toi et aux tiens un excellent 2004.

3. Le 2 janvier 2004,
wam

Sinon, c’est Fernet Branca et Cognac dans le même verre … ignoble et efficace :)

4. Le 3 novembre 2004,
Jean Patriat

hier les grosses têtes de P Bouvard posaient la questions : avant que le chanoine Kir ai donner son nom au célèbre apéritif, comment s’appelait celui-ci? réponse : le rince cochon je viens de lire ce que vous avez écrit le 1er 01 2004 (en anglais) malheureusement l’anglais et moi c’est zéro, alors pourquoi ne pas mettre la traduction, ça serait sympa lol!

5. Le 27 juillet 2005,
sylvain

Très heureux d’avoir enfin retrouvé la recette du Rince-Cochon, qui est redoutable d’efficacité…

Ai lu un commentaire sur le Kir : son nom d’origine est le “mélé-cass’”, car c’était un mélange cassis et vin blanc. Pour les gros consommateurs, on parlait d’une “voix de mélé-cass’” (cf Alice Saprich), car ils étaient toujours enroués, avec une vois de basse. Le chanoine Kir, de Dijon, a transformé le “mélé-cass’” en oeuvre d’art : Crême de cassis (12 à 13 degrés d’alcool) et bourgogne aligotté (blanc, bien sûr).

Le rince-cochon, quant à lui, est une vieille recette bien connue des bistroquets pour remettre en forme, au petit matin glorieux d’après cuite, les pauvres parisiens qui retournaient malgré tout au boulot.

Bien des choses à tous

Blah ?