“Miscellanées”

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Paris sous l’Occupation

Rue de Rivoli.

Rue de Rivoli. Photographie André Zucca. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

L’arrivée des Allemands

Aux aurores du 14 juin 1940, deux camions chargés de soldats allemands et quelques motocyclettes entrent par la Porte de la Villette dans Paris, déclaré “ville ouverte”. À 5 h 35, des troupes vert-de-gris sont aperçues descendant l’avenue de Flandre en direction des gares du Nord et de l’Est. Une heure plus tard, les Allemands sont aux Invalides. À 7 h 30, place de la Concorde, le général von Stunitz descend de voiture et s’engouffre dans l’Hôtel de Crillon. C’est le nouveau commandant militaire de la région parisienne.

Dans la matinée, un drapeau géant à croix gammée flotte sous l’Arc-de-Triomphe (il sera retiré dans la soirée, après protestation des conseillers municipaux), le premier défilé des troupes occupantes a lieu sur les Champs-Élysées. La capitale est saisie de stupeur. “L’agonie de Paris se passa dans le calme… Il n’y eut aucune tentative de réaction de la population civile. Il n’y eut rien du tout. Il y eut apathie. La population parisienne, au moins ce qu’il en restait, fit montre d’une indifférence totale” [1], témoigne le Colonel Groussard [2]. Indifférence pas si totale puisque le Colonel ajoute : “À Belleville, comme à Pigalle, à Ménilmontant comme aux Champs-Élysées, les officiers et hommes de troupe allemands étaient sans cesse accostés et partout par des badauds appartenant à toutes les classes de la société, qui riaient avec l’ennemi et lui offraient leurs services à propos de n’importe quoi”.

Relève de la garde.

Relève de la garde. Photographie André Zucca, 1941. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

Si certains applaudissent et rient, d’autres, pris d’un sentiment d’horreur, ne cachent pas leurs larmes. “Le 14 juin, ils étaient bien là. Je me reverrai, jusqu’à mon dernier jour, seule sur le trottoir du boulevard Haussmann, à 8 heures du matin, me rendant à mon bureau. Ils défilaient impeccables, regardant droit devant eux, ignorant tout ; à midi, ils défilaient, le soir, ils défilaient, le lendemain, le surlendemain, ils défilaient ! Avec horreur, nous les regardions.” témoigne Violette Wassem [réf.]. Une autre, anonyme, “Je me suis effondrée sur un banc en pleurant. Une commère, l’air fermé, impassible, m’a dit : Ne pleurez pas tant, ma petite dame. Ça leur ferait trop plaisir” [3].

Un ouvrier métallurgiste raconte l’enthousiasme débordant d’une spectatrice :

J’étais à Paris le 14 juin. Ce que j’en pense ? Pourrai jamais oublier. J’ai pris mon vélo, histoire de faire un tour. J’ai fait tout le 8e, le 6e, le centre, le 9e et le 10e, et un peu de banlieue. Alors, voilà : dans les quartiers riches, rien, pas un chat ; toutes les fenêtres bouclées, le 16e surtout. Dans les quartiers populaires, du monde…

À midi, on fraternisait avec les Fridolins. Y en avait même qui allait un peu fort. Rue Lafayette, pendant le défilé, une grosse bonne femme pouvait pas tenir en place. Elle arrêtait pas : « Oh ! Qu’y sont beaux ! Et ces chevaux ! Ah ! ils avaient pas mangé depuis dix ans, voyez-moi ça ces beaux hommes ! Et ces canons ! Et ces motos ! Ah ! ils avaient pas d’essence ? Et pas de matériel ? On s’est foutu de nous !

À la fin, je voyais qu’elle allait applaudir. J’ai été obligé de lui dire : Dites donc, la petite mère, Tenez-vous un peu ! Y a des gars qui sont morts… [4]

Pour beaucoup, pour le “petit peuple” de Paris, c’est l’expression de la rancœur à l’égard d’un gouvernement en débandade qui les a laissés à l’abandon, et du dépit d’avoir été trompés. Trompés par la propagande française qui, pendant des mois, avait fait passer le message que l’armée allemande manquait de tout, d’essence comme de nourriture, de vêtements comme de munitions, et qu’il n’y avait donc rien à craindre d’hommes nourris au “pâté de harengs sans harengs” et à “l’omelette sans œufs”.

Ébahi, le Parisien découvre ce 14 juin l’ampleur du mensonge. Ce ne sont pas de pauvres hères, amaigris et vêtus de loques comme ils s’y attendaient, mais des soldats propres et bien rasés, manifestement bien portants, impeccablement habillés, qui défilent en bon ordre devant leurs yeux. Des femmes vont jusqu’à toucher les vareuses feldgrau pour s’en convaincre : “C’est de la vraie laine !” [4] Et de plus, ce ne sont pas des barbares : “Ils sont polis. Ils demandent les choses et les paient en marks. Personne ne sait ce que vaut le mark ; aussi leur donne-t-on tout pour rien, mais ils sont polis !”. Le sentiment qui semble prédominer est une curiosité sans haine, mêlée d’appréhension. “On voudrait bien leur parler, savoir d’où ils viennent, dans quel état se trouve l’armée française. On ose pas : on tourne autour des autos, on feint de s’intéresser au matériel” [5].

Un journaliste américain note : “Je remarque une certaine fraternisation entre les soldats allemands et la population… Les troupes allemandes se comportent en touristes naïfs, causant aux Parisiens une agréable surprise” [1].

Rapidement, avec une efficacité que l’on pourra qualifier de toute germanique, l’administration d’occupation se met en place. Ses objectifs sont clairs : “Le régime national-socialiste répondant le mieux aux besoins réels et aux aspirations intellectuelles de l’Européen moderne, il faut inculquer aux peuples vaincus la croyance de la supériorité de ce régime, tout en les détournant de leurs propres gouvernements, coupables de l’avoir combattu. Ce résultat doit être obtenu par tous les moyens : persuasion, coercition, corruption, etc.” explique Gérard Walter [1].

La première préoccupation de l’administration allemande fut le rapatriement de ceux qui avaient fui Paris. Un rapide recensement est réalisé le 7 juillet, on compte 1 051 306 habitants (contre 2 879 746 en 1936) dont seulement 160 000 dans les quartiers dits “bourgeois”, 1er, 2e, 6e, 7e, 8e, 9e et 16e arrondissements. La psychose collective et l’exode furent principalement une affaire de gens aisés. Si Belleville et Ménilmontant vivent comme avant, le 16e est un désert urbain.

Tout revient vite à la normale, les quelques commerces qui avaient baissé le rideau ouvrent à nouveau, l’animation habituelle renaît dans les rues, des trains spéciaux commencent à ramener les habitants partis. Il est a noter qu’il n’y a eu aucune interruption des services publics (eau, gaz, électricité, métro) et que les grands magasins, comme les maisons de passe, demeurèrent ouverts, y compris le 14 juin.

Le dimanche 23 juin, second dimanche d’occupation, est ensoleillé. Les terrasses des cafés sont combles, la foule arpente les grandes artères, comme à son habitude. La principale différence visible est le faible nombre de véhicules motorisés (sans compter les drapeaux à croix gammée qui ont remplacé les tricolores sur les édifices officiels, et les soldats allemands qui profitent aussi de la promenade dominicale).

La propagande

C’est le lendemain que le PresseGruppe de la Propaganda-Staffel se met en fonction, il s’agit de “régénérer l’esprit public à Paris”. Des journaux sont créés par cet organisme pour diffuser la vérité allemande, pour convertir les âmes aux bienfaits du national-socialisme. Apparaissent ainsi le quotidien La France au Travail, l’hebdomadaire littéraire La Gerbe, et l’infâme Au Pilori, journal violemment antisémite voulu par Joseph Goebbels, sur le modèle du Stürmer. Par ailleurs, à l’instigation de l’attaché de presse de l’état-major de la Xe armée, deux titres pré-existants ont déjà redémarré, comme Le Matin, le 17 juin, et Paris-Soir, le 22 juin, dans les locaux abandonnés par sa rédaction (Pierre Lazareff).

D’autres journaux seront créés à l’initiative d’entrepreneurs privés, avec l’aval du PresseGruppe, comme Aujourd’hui, le Cri du peuple, Les Nouveaux Temps. Malgré des demandes soumises à la Propaganda-Staffel, des titres sont interdits de reparution. Pour paraître, ou reparaître, outre sa volonté de collaboration active avec les autorités d’occupation, un journal doit faire ses preuves de “pureté raciale”, aucun juif ou capital d’origine juive ne peut y participer.

Des journaux qui avaient fait le choix de l’exode (à vrai dire imposé le 10 juin par les autorités françaises) rentrent au bercail, L’Illustration en août, L’Œuvre en septembre, Le Petit Parisien en novembre.

En juillet-août 1940, beaucoup de “fuyards” sont déjà revenus, les quartiers bourgeois retrouvent un semblant d’activité. La Propaganda-Staffel s’active à faire redémarrer les cinémas, cabarets, boîtes de nuit, music-halls et théâtres. Paris doit garder son statut de “Ville lumière ”, et pour le plaisir des troupes, femmes dénudées, plumes et strass, doivent retrouver illico les feux de la rampe. Le haut commandement allemand a en effet décidé que Paris serait le lieu de détente privilégié pour les soldats permissionnaires.

Musique militaire, place de la République.

Musique militaire, place de la République. Photographie André Zucca, c. 1943. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

Les services de la Wehrmacht sont même convoqués à participer à l’animation artistique de la capitale : des concerts de musique militaire et de classiques allemands (Beethoven, Wagner…) sont régulièrement donnés par des ensembles musicaux de l’armée, place de l’Opéra, au Jardin des Tuileries, sur le parvis de Notre-Dame, place de la République, etc. Ils attirent un public nombreux.

S’il est possible de se divertir — le “Paris bei Nacht” ne désemplit pas (il faut préciser qu’il faut attendre la fin du couvre-feu pour pouvoir sortir du cabaret ou du “night-club”…) et les théâtres et cinémas affichent complet tous les soirs — les Parisiens découvrent chaque jour de nouveaux tracas de la vie quotidienne.

Moulin rouge et brasserie Dupont-Cyrano, place Blanche.

Moulin rouge et brasserie Dupont-Cyrano, place Blanche. Photographie André Zucca, 1942. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

Les tracas des Parisiens

Le premier sujet d’embarras sera les transports. Le service d’autobus ayant été supprimé, voitures particulières et taxis ayant disparus en raison des rationnements de carburant, le métro est bondé. Et le couvre-feu étant à minuit, il ne faut pas rater le dernier métro qui part à 23 heures du terminus, au risque de devoir passer la nuit dans un commissariat ou… un cabaret. [La situation du métro s’agravera le 11 janvier 1943 avec la fermeture de 30 stations, par économie.]

Vélo taxi.

Vélo taxi. Photographie André Zucca, c. 1942. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

Pour suppléer à ce problème, on verra apparaître tout au long de la guerre, une infinie variété de nouveaux moyens de transport. Pour remplacer les taxis, les fiacres à cheval du début du siècle sont remis en service. Ils sont sévèrement concurrencés par les vélos-taxis, bien moins chers, qui rencontrent un grand succès. Pour remplacer l’automobile, la bicyclette se fait reine, toute la ville pédale. Quelques bus équipés au gaz, camions et voitures équipés au gazogène, feront peu à peu leur apparition sur les pavés parisiens.

Le second sujet de tracas, le chauffage, apparaîtra avec l’arrivée de l’hiver, et le premier de la guerre fut rigoureux. Le charbon est sévèrement rationné dès janvier 1941. Si les établissements publics sont livrés, les particuliers ont toutes les peines du monde à en obtenir en quantité suffisante. Trois types de cartes de rationnement existent : “carte rouge : prioritaire, pour les foyers ne disposant pas de gaz ou électricité pour cuisiner ; violette : prioritaire, réservée aux foyers sans gaz ou électricité et ayant des enfants de moins de 6 ans ou des vieillards de plus de 70 ans ; jaune : attribuée à tous les foyers, mais ne pouvant servir que s’il restait un tonnage de charbon disponible après avoir servi les foyers titulaires de cartes rouges et violettes.” Autant dire qu’il valait mieux ne pas avoir une carte jaune…

Cabaret Le Lapin Agile, rue des saules.

Cabaret Le Lapin Agile, rue des saules. Photographie André Zucca, février 1942. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

Enfin, le dernier casse-tête, et non le moindre, est la queue. Tout ou presque devient rationné et le pays, ponctionné par son “soutien obligé” à l’effort de guerre allemand, s’engage dans une économie de pénurie. Les années passant, chaque rationnement deviendra plus dur. Des produits sont tout simplement interdits, comme le café. Ce à quoi il faut ajouter la très méchante gestion du rationnement par les administrations françaises… Cette pitoyable gestion fait penser à certains que, par “acte de résistance”, les fonctionnaires français s’ingénient à pourrir la vie de leurs concitoyens afin d’entretenir un ressentiment à l’égard de l’occupant. D’autres n’y verront que l’exercice libéré d’une inclination naturelle du fonctionnaire à rendre tout compliqué, même la chose la plus simple.

Ainsi, à titre d’exemple, un ouvrier mécanicien, faisant un métier salissant, avait le droit à 250 grammes de savon supplémentaires. Le journal Les Nouveaux Temps rapporte le 3 mai 1941 les avanies subies pour les obtenir :

1. Se présenter à la mairie pour obtenir, après attente, la délivrance d’un imprimé spécial.

2. Une fois muni de cet imprimé, se présenter à la Chambre des Métiers, quai de Jemmapes.

3. À la Chambre des Métiers, s’entendre réclamer :
a) la feuille d’immatriculation au registre des métiers ;
b) les reçus du percepteur justifiant le paiement en 1939 et en 1940 de la taxe pour frais de ladite chambre ;
c) un certificat d’inscription à titre personnel à une caisse de compensation.

4. Se procurer les trois pièces ci-dessus mentionnées.

5. Retourner à la mairie.

Et, au bout de deux mois, tout est à recommencer, parce qu’il faut bien s’assurer que notre ouvrier mécanicien n’ait pas changé de métier…

Le ressentiment des Parisiens se porte contre les petits commerçants, épiciers, bouchers et les fameux BOF (beurre, œufs, fromage), accusés, souvent à raison, de profiter de la situation, d’organiser des pénuries, de frauder sur la qualité des produits et d’alimenter le marché noir. “Qu’est que vous feriez après la guerre, quand la prospérité sera revenue ? — Moi, répondit-elle, je mettrai le feu chez mon épicier” [6].

“Tous les soirs quand je rentre chez moi, je suis tenté d’aller casser la figure de mon épicier et de ma crémière. Je n’exagère pas. La muflerie, l’imbécillité du commerçant deviennent quelque chose de sensationnel.” ajoute un modeste employé [7].

Il fut un temps où l’on disait que le Français avait peur de sa concierge. Maintenant, c’est sa marchande de pommes de terre qu’il craint. Si, des fois, elle vous coupait les vivres ! Alors, il se fait très petit, très aimable, humble presque. Il ne lui viendrait pas à l’idée de rouspéter parce qu’il lui a semblé qu’il n’avait pas son poids ou bien parce que ses carottes étaient abîmées. D’ailleurs, ce se serait vite fait :

— Vous n’êtes pas content ? Bon, au suivant.

La Princesse du Navet a le geste noble. Il faut la voir jongler avec ses légumes et d’un geste dictatorial flanquer la ration dans les bras du client. Et sans papier, encore.

Il est préférable de ne pas trop se bousculer en faisant la queue.

— Alors quoi ! Silence dans les rangs, ou j’arrête de servir.

Silence immédiat. On ne contrarie pas une marchande de légumes, par le temps qui court. [8]

Le ravitaillement deviendra l’obsession numéro un du Parisien. Une économie “souterraine” va très rapidement se mettre en place pour répondre aux fortes attentes, avec toute la force du génie français tel qu’on le connaît. Là, plus qu’ailleurs, le “système D” va faire ses preuves de créativité. Que vous ayez besoin de tabac ou d’un nouveau costume, inutile d’attendre du marché officiel.

L’un des problèmes qui alimentent la pénurie est que les prix ont été bloqués par les autorités allemandes dès le 14 juin 1940. Beaucoup de commerçants, espérant un plus juste bénéfice, vont ainsi créer un marché parallèle, un marché de fond de boutique. Ce n’est pas que le produit manque, c’est qu’ils ne veulent pas le vendre proche de la perte. Mais, au-delà des commerçants soucieux de préserver leurs marges, c’est quasi toute la population qui va s’engager avec frénésie dans la fièvre du commerce, les petits trafics, les combines… Chacun s’improvise une activité secondaire, jusqu’à l’écolier qui fera contrebande de plumes Sergent-Major. Le troc va également connaître un renouveau spectaculaire. Ainsi, les cours d’école se transforment en bourses d’échanges très actives, biscuit vitaminé contre chocolat, crayons contre savon, etc.

Ce qu’on appelle le “marché noir” n’est pas l’affaire exclusive de quelques trafiquants mafieux, c’est toute la société qui y participe. Même si les “bas-fonds” ne sont pas sans s’intéresser au nouveau marché. Certains vont effectuer des reconversions “professionnelles”… pour un maquereau, le savon et le bas de soie rapportent bien plus que son “entreprise” faisant les cent pas sur le trottoir. Et, il n’est pas impossible de concilier les deux activités…

Et ne parlons pas des fausses cartes de rationnement qui deviennent presque monnaie courante… Ainsi, la vie s’organise… Et les policiers, qui sont également dans le système, ont tendance à fermer les yeux. Allez-vous arrêter la jeune fille qui vous fournit en savonnettes sans ticket à 10 francs ? La loi vous l’imposerait, mais votre hygiène s’y refuse. Au pire, et si vous étiez un policier vraiment très malfaisant, vous l’obligeriez juste de vous nettoyer une certaine partie de votre anatomie avec les moyens que la nature offre.

Kommandantur, place de l’Opéra.

Kommandantur, place de l’Opéra. Photographie André Zucca. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

Révélateur d’une société, un triste phénomène va connaître son âge d’or : la délation, généralement anonyme. Un nombre appréciable de Parisiens va être pris de fièvre épistolaire, les journaux, administrations et autorités d’occupation en reçoivent des sacs entiers, où il est bien difficile de séparer le bon grain de l’ivraie (on y renonce souvent d’ailleurs). La presse de la collaboration va jusqu’à s’en plaindre, c’est dire… Et sans aller jusqu’à la dénonciation, une menace prisée par les plus vils éléments est “J’irai le dire à la Kommandantur”. À la Kommandantur, ce genre de dénonciations abusives, pour des motifs souvent futiles, provoque plus le dégoût à l’égard du peuple français qu’autre chose.

Activité, heureusement plus généralisée, est l’écoute de la radio anglaise. Car, chacun sait “Radio Paris ment, Radio Paris est allemand”. Cela n’a rien de secret, même le rédacteur en chef du journal La Gerbe, créé par la Propaganda-Staffel, en parle :

— La radio anglaise !

Tout le monde aussitôt se tait. Nous sommes dix à table, mais toutes les conversations s’arrêtent. Seul un jeune homme qui n’a pas entendu continue à parler, penché vers sa voisine. Le maître de la maison qui s’est levé pour tourner les boutons de son poste le rappelle fermement à l’ordre.

— Voyons, mon cher, c’est l’heure de la radio anglaise.

Le jeune homme rougit, baisse le nez dans son assiette. Plus un bruit. Le maître d’hôtel se tient au garde-à-vous. Tournés tous vers le cadran lumineux de l’appareil, nous attendons la voix de Londres.

Je regarde les convives autour de moi. Tous, l’an passé, se sont enfuis. Concours de vitesse et concours d’égoïsmes… Mais aujourd’hui il n’y a pas plus braves que mes compagnons. Bien attablés, sirotant leur calvados, digérant un excellent gigot du marché noir, ils n’ont plus peur de rien : ils sont des héros, pensez donc, ils écoutent Londres ! [9]

La “question juive”

Comme bien ailleurs en Europe, l’un des épisodes les plus douloureux de l’Occupation à Paris fut la déportation des Juifs vers les camps de concentration et d’extermination, et ce, avec la participation des autorités françaises.

Pour la Propaganda-Staffel, la première étape est de faire croire à la population que les mesures anti-juives ne sont pas l’initiative des Allemands, mais le résultat du souhait “légitime” des populations locales, mues par un profond ressentiment à l’égard des Juifs. Les premières opérations furent donc l’organisation de manifestations antisémites “spontanées”. Afin de pouvoir ensuite dire “peuple français, nous vous avons entendus et compris, vous ne voulez plus des Juifs sur votre territoire, nous allons vous y aider”…

Le journal Au pilori (créé par le PresseGruppe), reçoit la mission de recruter des jeunes Français pour ces manifestations. C’est ainsi que naquirent deux formations d’action, sous le haut patronage du Parti Français National Collectiviste, le Jeune Front — sous la direction de Robert Hersant — pour les jeunes de 16 à 20 ans, et la Garde Française pour les 21 ans et plus.

La première mission de ces jeunes Français collaborateurs fut de distribuer des tracts antisémites, notamment aux entrées de magasins tenus par des Juifs, dès juillet 1940. Le 3 août, une vitrine de boutique est brisée, le 7 août, des vendeurs du Pilori pénètrent dans des commerces et renversent des comptoirs. La première action d’envergure aura lieu le 20 août 1940. Pendant deux heures, en plein jour, un groupe de jeunes gens va briser très méthodiquement les vitrines de tous les magasins supposés juifs de l’avenue des Champs-Élysées, en y lançant des briques. Ils iront ensuite célébrer leur forfait au siège du Jeune Front, au n°36 de l’avenue.

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Siège du “Jeune Front”, 36 avenue des Champs-Élysées. © LAPI / Roger-Viollet, 1940.

Thomas Kernan, citoyen américain, éditeur du Vogue français et représentant des éditions Condé-Nast en Europe, assiste à la scène [10] :

J’étais debout par hasard au balcon de mon bureau sur les Champs-Élysées, causant avec un de mes collègues, lorsque nous entendîmes des cris du côté de l’Étoile. Un roadster [11] jaune descendait l’avenue presque déserte… un jeune homme revêtu d’une manière d’uniforme était debout dans le tonneau et hurlait : « À bas les Juifs ! »

Il laissa comme un sillage de verre brisé derrière lui, car à mesure que l’auto passait devant chaque magasin de confection des Champs-Élysées, un jeune homme en uniforme posté à chaque endroit lançait une brique enveloppée de journaux dans la vitrine. Devant mes yeux étonnés, les grandes vitrines de Cedric, de Vanina, d’Annabel, de Brunswick, de Marie-Louise, de Toutmain, — il y avait là pour un million de francs de glaces, — tombèrent en éclats sur le trottoir. La plupart, sinon tous ces établissements appartenaient à des Juifs, et avaient été rouverts par leurs fidèles employées françaises, qui se tenaient dans les allées en tremblant et en pleurant. Leur mission terminée, les jeunes gens en uniforme déambulèrent sur l’avenue jusqu’au numéro 36, au quartier général du Jeune Front, et se penchèrent aux fenêtres en riant et en ricanant face à la foule indignée qui s’était attroupée.

Je vis un officier allemand sortir de l’Hôtel Claridge [74, avenue des Champs-Élysées] qui venait d’être transformé en bureaux pour les siens, au moment où une brique fracassait la vitrine voisine. Cet officier mit la main au collet du vandale, mais celui-ci tira une carte de sa poche. J’ignore la nature de cette carte, mais je vis l’officier y jeter un coup d’œil, puis se hâter de relâcher son prisonnier.

Après deux mois de propagande et d’agitation antisémite, ce fut le début d’une série d’ordonnances discriminatoires et spoliatrices. Les Juifs doivent se faire enregistrer auprès des services de police et les commerces doivent afficher l’inscription “entreprise juive” (ordonnance du 27 septembre). Les Juifs doivent avoir une carte d’identité tamponnée “Juif” (7 octobre). On recense les “entreprises juives” en vue de leur passage sous le contrôle d’administrateurs “aryens” (ordonnance du 18 octobre). Les biens juifs réputés abandonnés sont mis sous séquestre. Etc.

L’internement de Juifs en camps de détention débuta à Paris en mai 1941. Grâce à l’enregistrement des Juifs de septembre-octobre 1940, on connaissait leur nombre et leur localisation pour au moins 90 % d’entre eux (149 734 personnes dans le département de la Seine, enregistrées dans le fichier “Tulard”). La cible fut d’abord les Juifs n’ayant pas la nationalité française (64 070 recensés dans la Seine), plus tard viendront les nés en France de parents étrangers et les naturalisés.

Le 14 mai 1941, environ 3 700 hommes (allemands, tchèques et polonais) se rendirent d’eux-mêmes dans plusieurs centres parisiens (gymnase Japy, caserne des Minimes, rue de la Grange-aux-Belles, rue Édouard Pailleron), suite à la réception par voie postale de convocations pour “examen de situation”. Il s’agissait d’un piège qui se transforma en arrestation immédiate par la police française. Ces hommes furent acheminés vers les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, dans le Loiret, où ils resteront plusieurs mois, jusqu’aux premières déportations de 1942.

La presse parisienne se félicite de cette action (tout en exagérant le nombre) : “Cinq mille Juifs sont partis, cinq mille Juifs étrangers ont couché leur première nuit dans un camp de concentration. Cinq mille parasites de moins dans le grand Paris qui en avait contracté une maladie mortelle. La première ponction est faite, d’autres suivront” [12]. Dans le grand public, cette opération passe relativement inaperçue et ne suscite aucun émoi particulier, ce sont des étrangers, souvent des réfugiés de fraîche date…

Une première rafle aura lieu les 20 et 21 août 1941, le prétexte est une “opération menée en représailles à l’agitation communiste”. 4 232 hommes de nationalité étrangère, sont arrêtés par la police française (encadrée cette fois-ci par des Allemands), principalement dans 11e arrondissement. Ils sont envoyés dans le tout nouveau camp d’internement de Drancy.

Le 6 septembre 1941, l’infâme exposition antisémite “Le Juif et la France” est inaugurée au Palais Berlitz, boulevard des Italiens. C’est une “création” française…

Une seconde rafle, plus modeste mais plus “visible”, vise 743 hommes le 12 décembre 1941, dans le milieu des notables et des intellectuels, et pour la première fois, essentiellement de nationalité française. Celle-ci est organisée directement par les Allemands en “représailles à une série d’attentats anti-allemands”, avec l’assistance de la police française. Les prisonniers partiront au camp de Compiègne. Quelques-uns, chefs d’entreprises, commerçants, ingénieurs, médecins, avocats ou universitaires, sont libérés dans les semaines qui suivent, mais la plupart restent emprisonnés pour attendre le 27 mars 1942, le premier convoi de déportation.

Rue de Rivoli, 1942.

Rue de Rivoli. Photographie André Zucca, 1942. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

Le 29 mai 1942, une ordonnance allemande obligeant les Juifs de plus de 6 ans à porter l’étoile jaune en zone occupée est publiée. Elle est applicable à partir du dimanche 7 juin 1942.

Le 5 juin, la Propaganda-Staffel est inquiète, des rapports concordants font état de désordres organisés pour le 7 juin par les gaullistes et les communistes. Elle transmet un rapport à la Sûreté allemande :

Suivant des rapports qui nous parviennent d’heure en heure, les milieux gaullistes et communistes font une propagande massive pour provoquer des troubles dimanche prochain. Les directives données sont les suivantes : sur les grands boulevards, tous les Juifs pourvus de l’étoile jaune devront être salués par des manifestations de sympathie… Il est projeté que les non-Juifs gaullistes et communistes circulent dans les rues portant l’étoile jaune, munie à la place de l’inscription “Juif” du nom d’une province française.

Un mot d’ordre circule également parmi les Juifs d’aller se promener ce même jour sur les grands boulevards. Dépitée, la Propaganda-Staffel notera le lendemain : “Ce mot d’ordre a été suivi : il était frappant de voir en quelle quantité la juiverie parisienne était présente sur le parcours indiqué”. Et la propagande allemande a un autre motif de dépit, c’est que la population semble manifester de plus en plus de solidarité avec les Juifs.

Des Parisiens suivirent le projet “gaullo-communiste”, on a pu ainsi voir dans les rues des étoiles jaunes marquées “breton”, “basque”, “auvergnat”, “goï”, “zoulou”, “zazou”, “papou”, “swing”… Certains seront arrêtés et invités à “réfléchir à la portée de leur geste” pendant 3 mois au camp de Drancy. Les plus prudents se contenteront d’une pochette jaune, ou autre accessoire de même couleur. La presse de propagande est en rage :

Malgré la répugnance qu’a maintenant l’ensemble des Français pour les Juifs, il se trouve encore des jeunes gens très « swing » [13] qui, complètement enjuivés par leurs fréquentations, témoignent de la sympathie à l’égard des Israélites et portent également une étoile jaune. Le gouvernement se doit de retrancher de la communauté française ces éléments indésirables et de satisfaire à leur désir d’appartenir à la communauté juive en les pourvoyant d’un authentique état d’Israélite et en les recensant comme tels. Ils pourront ainsi bénéficier sans exception de toutes les mesures que nous serons amenés à appliquer aux Juifs. [14]

Étoiles juives saisies par les autorités françaises.

Fausses étoiles juives saisies par les autorités françaises.

Ces manifestations ne sont pas le seul fait de jeunes “zazous”, mais aussi d’ouvriers, de fonctionnaires, etc. de tous âges. Par exemple, Mme Lemeunier, 58 ans, sans profession. Elle sera emprisonnée à Drancy pour avoir porté une étoile jaune brodée d’une croix (l’étoile en question figure en bas à gauche sur la photo ci-dessus).

La persécution des Juifs, français comme étrangers, s’intensifie encore le 8 juillet 1942 avec une ordonnance particulièrement sévère. Celle-ci leur interdit l’accès aux restaurants, cafés, bars, théâtres, cinémas, concerts, cabines de téléphone public, marchés, piscines, musées, bibliothèques, monuments historiques, manifestations sportives, champs de courses, parcs, etc.

“Les Juifs ont voulu la guerre. La malfaisance de leur race a jeté le monde entier dans cet affreux conflit. Au regard de ce crime, les dernières mesures édictées sont bénignes.” peut-on lire dans Le Petit Parisien du 15 juillet. Effectivement, ces mesures pourraient paraître presque “bénignes” au regard de celles qui allaient immédiatement suivre, les 16 et 17 juillet, avec la grande rafle du Vélodrome d’Hiver. Cette énorme opération vise principalement les Juifs allemands, autrichiens, polonais, tchécoslovaques et russes. Elle aboutira à l’arrestation de 12 884 Juifs à Paris et en banlieue.

En moins de quarante-huit heures (de quatre heures du matin, le 16 juillet, jusqu’au lendemain, le 17 juillet à treize heures), la police a arrêté 12 884 Juifs à Paris et en banlieue. C’est une première même si, en raison des « fuites », le nombre des arrestations est inférieur aux prévisions.

Pendant la rafle du Vél d’Hiv, les autorités policières n’ont pas arrêté uniquement des hommes dans la force de l’âge. Elles ont également appréhendé cette fois-là des hommes de plus de 60 ans, des malades, des femmes (5 802) et même des enfants de moins de 16 ans (4 051). La fiction d’un « transfert de population à l’Est pour du travail » vole donc en éclats.

Une opération d’une telle ampleur a été nécessairement longuement et soigneusement préparée. Certains chiffres sont d’ailleurs éloquents. Il faut souligner en particulier que 9 000 fonctionnaires français (et parmi eux 4 000 policiers) ont été mobilisés pour cette rafle baptisée non sans ironie « opération vent printanier ». À cette occasion, on a retiré rien moins que 27 000 fiches de Juifs (recensés en application des lois de Vichy) d’un fichier de la préfecture de police (le fichier « Tulard »), de manière à pouvoir les distribuer, sur le terrain, aux équipes policières chargées des arrestations. L’opération, sans précédent dans les annales policières françaises, a été conçue à l’initiative des occupants. Elle est menée toutefois, de bout en bout, sous les ordres de Pétain, Laval, Bousquet, Leguay et de la hiérarchie administrative et policière de l’État français.

Au-delà du nombre de fonctionnaires français impliqués dans cette rafle, il faut rappeler aussi la mobilisation d’une soixantaine de cars de la police et de la TCRP (l’ancêtre de la RATP) pour l’acheminement des Juifs arrêtés vers Drancy et le Vélodrome d’Hiver (situé dans le XVe arrondissement). Il faut souligner d’autre part que ce complexe parisien, destiné avant tout aux grandes manifestations sportives, n’était pas approprié pour l’accueil d’une population hétérogène parmi laquelle, nous l’avons souligné, figuraient un grand nombre de jeunes enfants. De plus, pratiquement rien n’avait été prévu pour un enfermement durable d’une telle population. Les 8 000 personnes parquées dans l’enceinte du complexe sportif entre le 16 et le 22 juillet ont donc dû faire face au manque d’eau, à des conditions d’hygiène lamentables et à un bruit continuel. Dans cette confusion, on enregistre d’ailleurs de graves problèmes sanitaires et une multiplication de suicides et de tentatives de suicides. La situation ne se normalise que lentement, lorsque le Vél d’Hiv se vide progressivement, à la suite du transfert des internés vers Drancy, Pithiviers et Beaune-la-Rolande. Dans ces camps, le chaos et l’improvisation étaient certes moins poussés. Le répit n’a été qu’une illusion de courte durée pour les internés du Vél d’Hiv car la plupart d’entre eux ont été ensuite déportés. Leurs noms figurent dans les 38 convois à destination d’Auschwitz qui quittent la France entre le 17 juillet et le 11 novembre 1942.

[Claude Singer, historien à l’université de Paris I. Revue “Les Chemins de la Mémoire” n° 119 - Juillet-août 2002. Source.]

En France (selon le Mémorial de la Shoah et le décompte de Serge Klarsfeld), 51 000 Juifs étrangers ou apatrides et 24 700 Juifs de nationalité française (13 % des Juifs de nationalité française, dont environ 1 tiers de Français “de souche”, 1 tiers de nés en France de parents étrangers ou apatrides, et 1 tiers de naturalisés) ont été déportés. Bien peu reviendront des camps allemands.

La Résistance

Dès juillet 1940 et pendant toute la guerre, la désapprobation des Parisiens se manifeste par de petits gestes… Il y a la “guerre des graffitis” : “Vive de Gaulle”, “Mort à l’envahisseur”, partout et en tous lieux, qui réapparaissent sitôt après avoir été effacés. Il y a l’ouvrier typographe qui fait une “malheureuse” coquille : “Le président du Conseil municipal de Paris remettra auojurd’hui (sic) au Maréchal PÜTAIN (sic) une médaille en argent.” (Le Cri du Peuple, 24 avril 1942).

La première étape importante est la guerre de l’information, principalement menée par les communistes. Il s’agit d’imprimer clandestinement des tracts et de les diffuser. Du 1er juillet au 7 décembre 1940, 1 141 personnes sont arrêtées pour ces faits. Pour le citoyen ordinaire, il n’est pas rare d’entrer dans une rame de métro au sol jonché de tracts ou de croiser un cycliste qui en jette à tous vents. (L’un de ces diffuseurs de tracts communistes s’appelle Guy Môquet, il est arrêté le 13 octobre 1940 à l’âge de 16 ans, au métro Gare de l’Est.)

Le 11 novembre 1940, une manifestation d’étudiants place de l’Étoile est sévèrement réprimée, occasionnant quelques blessés par balles et de nombreuses arrestations. Le 23 décembre, Jacques Bonsergent, 27 ans, est le premier civil fusillé, pour avoir participé à une bousculade avec des soldats allemands aux abords de la gare Saint-Lazare, le 10 novembre.

Sortie de la messe, église de la Madeleine.

Sortie de la messe, église de la Madeleine. Photographie André Zucca. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

Le premier acte “terroriste” à Paris est en date du 13 août 1941, avec l’assassinat d’un officier allemand près de la porte d’Orléans. Le 21 août, un autre officier est abattu sur un quai du métro Barbès. Ce sont les premiers d’une longue série. Ils correspondent à l’organisation des premiers groupes communistes de combat dans la capitale, courant juillet.

L’autre cible de ces groupes est l’élimination des “traîtres et renégats”, ces communistes ayant versé dans la collaboration active. Ce programme débute le 5 septembre 1941 avec la mort, rue des Lilas, de Marcel Gitton, ex-communiste, dirigeant du Parti ouvrier et paysan français. Le second visé est Fernand Soupé, ancien maire communiste de Montreuil, membre du Parti populaire français, qui fut grièvement blessé le 22 décembre 1941, mais s’en tira. Début juin 1942, c’est le tour d’Albert Clément, ex-communiste, membre du Parti populaire français et rédacteur en chef du Cri du Peuple, qui est abattu rue Vivienne.

Le 8 janvier 1942, un agent de police est abattu boulevard Magenta.

Le premier “procès” contre des “terroristes” débuta le 4 mars 1942 à la Chambre des Députés, c’est celui du groupe de Gilbert Brustlein (Bataillons de la Jeunesse). Les sept jeunes résistants sont condamnés à mort. Ils sont exécutés le 9 mars au Mont Valérien.

Le second eut lieu le 14 avril 1942, 27 accusés communistes. Exécutés le 17 avril au Mont Valérien.

Ce procédé “médiatique” des procès est alors délaissé, jugé moins “payant” par les autorités d’occupation que les exécutions d’otages. Ces exécutions par représailles permettent en outre de se débarrasser de gens qui n’ont rien à voir avec la résistance communiste.

Le 31 mai 1942, c’est la “révolte des femmes”. Un groupe de femmes communistes manifeste rue de Buci, devant un entrepôt de marchandises destinées à l’Allemagne, ameute les ménagères et les incite à se servir en boîtes de conserve, sucre, etc. La police charge. Les Francs-Tireurs et Partisans chargés de la protection ripostent. Arrêtés et déférés devant une cour spéciale, ils sont condamnés à mort pour cinq d’entre eux.

Café Le Pam-Pam, angle du boulevard Saint-Michel et de la rue Monsieur Le Prince.

Café “Le Pam-Pam”, angle du boulevard Saint-Michel et de la rue Monsieur Le Prince. Photographie André Zucca. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

Le 27 mai 1943, le Conseil National de la Résistance se réunit, 48 rue du Four.

L’un des attentats les plus spectaculaires fut celui organisé le 28 juillet 1943 par le petit groupe de Francs-tireurs et partisans - Main-d’Œuvre Immigrée de Marcel Rayman (Polonais juif âgé de 17 ans), qui réussit à jeter une bombe dans la voiture du général-commandant du Grand Paris, Von Schaumburg, à l’angle de la rue Nicolo et de l’avenue Paul Doumer.

L’assassinat annoncé de ce très haut dignitaire, signataire des affiches placardées dans Paris annonçant l’exécution des otages et résistants, était d’une grande portée symbolique. (“Il fut avéré bien des années plus tard que le général avait été remplacé par une doublure et qu’il était depuis longtemps sur le front de l’Est. Mais l’effet fut le même puisque nous avions visé la fonction autant que l’homme et surtout nous avions démontré qu’il était possible de le faire.” explique Henry Karayan [15].

Avec la prolifération des attentats à partir de 1942-43, les représailles, arrestations, procès expéditifs, exécutions vont se multiplier jusqu’à l’insurrection et la libération en août 1944, provoquant à la fois dégoût et mobilisation parmi la population.

Le 17 février 1944, c’est le procès de “l’affiche rouge”. Les 22 jeunes hommes sont fusillés le 21 février au Mont Valérien. La seule femme, Olga Bancic, sera décapitée en Allemagne le 10 mai.

Ultime geste d’une armée en cours d’évacuation, 42 jeunes gens sont fusillés à la Cascade du Bois de Boulogne, le 16 août 1944. Le 19 août, l’insurrection commence, le 25 août, les chars du général Leclerc entrent dans la capitale. À 14 h 45, le Paris allemand capitule définitivement.

Libération de Paris, avenue des Champs-Élysées.

Libération de Paris, avenue des Champs-Élysées. Photographie André Zucca, août 1944. Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

Gérard Walter. La vie à Paris sous l’occupation, 1940-1944.

Toutes les citations de presse et la trame générale de ce billet sont reprises du très intéressant livre de Gérard Walter, “La vie à Paris sous l’occupation, 1940-1944”, paru chez Armand Colin en 1960, qui évoque les différents aspects de la vie parisienne par le prisme les journaux parisiens de l’époque.

Les photographies en couleurs de cet article sont d’André Zucca, correspondant français du magazine de propagande allemande Signal, média qui faisait éloge des exploits de la Wehrmacht. Elles font actuellement l’objet d’une exposition à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris. (Comme je prépare un prochain article sur le travail de Zucca pendant la guerre, merci de vous abstenir de tout commentaire sur ce sujet ici.)

1. Le 14 avril 2008,
Baptiste

Ça c’est du beau billet :-) Bravo pour ton article.

2. Le 14 avril 2008,
Eolas

Chapeau, Laurent.

3. Le 15 avril 2008,
Valerio

Chapeau bas !

4. Le 15 avril 2008,
Laurent Gloaguen

Comme je l’ai noté clairement en bas de cet article (mais peut-être certains ne l’ont pas lu avant de commenter), les photos en couleur d’André Zucca ne sont pas l’objet de cet article, elles sont là pour agrémenter la lecture et replonger dans l’ambiance d’une époque. Aussi ai-je été obligé de supprimer certains commentaires, hors le sujet qui est Paris sous l’occupation allemande.

Merci de bien vouloir réserver vos commentaires “photographiques” à l’article que je consacrerai exclusivement au travail de Zucca, article qui se nourrira de la substance du présent.

J’allai écrire “merci de votre collaboration”, mais cela eut été inapproprié dans le cadre présent.

5. Le 15 avril 2008,
balmeyer

Quel article… spontanément : merci !

6. Le 15 avril 2008,
tooptoop

A se demander pourquoi je m’abonne encore à des journaux papier. Ça vaut bien dix “Grand Angle” de Libération. Bravo pour ce travail.

7. Le 15 avril 2008,
Franck

Impressionnant d’avoir retracé ces évènements à la faveur de cette exposition particulière. Bravo.

PS Kleenex (à supprimer après usage) : Porte de la Villette avec deux l, tout au début du texte.

8. Le 15 avril 2008,
Laurent Gloaguen

@Franck : merci pour Villette, je corrige.

9. Le 15 avril 2008,
narvic

Petit complément à ton beau billet (sur un aspect particulier qui me tient à coeur) :

Tu as indiqué que la vision dont G. Walter rend compte se place, comme il le dit lui-même, “à travers certains journaux de cette époque” (p.7).

Peut-être est-il utile de rappeler l’importance qu’avait la presse en ces temps où n’existait pas la télévision, en encore moins internet? Car les plus jeunes de tes lecteurs auront peut-être du mal à s’imaginer ce monde, à notre époque où les journaux ont quasiment déjà disparu du paysage. On enterrait aujourd’hui d’ailleurs le dernier vestige :-(

Walter rappelle (p. 244) qu’en novembre 1940,

  • Paris-soir tire encore 970.000 exemplaires

  • Le Petit Parisien à 680.000 exemplaires

  • Le Matin à 532.000 exemplaires.

Ensuite les restrictions de papiers feront considérablement chuter la diffusion.

La Libération connaîtra un formidable renouveau de la presse - libre cette fois - en atteignant de nouveaux sommets au début des années 60 (jusqu’à 1,1 million Pour France-Soir en 1961).

Ensuite le déclin fut inexorable. Plus aucun journal n’atteint un tel tirage de nos jours…

Ce n’est plus dans la presse, mais plus vraisemblablement dans les blogs que G. Walter irait aujourd’hui puiser la matière de son formidable panorama… Les temps changent…

10. Le 15 avril 2008,
narvic

Autre remarque, totalement sans rapport avec ton billet, mais peut-être symptomatique de notre époque… précisément…

Quand tu rappelles cette période de l’occupation, qu’est-ce que ça évoque à GoogleAds, dans tes pubs contextuelles ? Je cite (mardi à 1h et quelques) : “alarme”, “installateur d’alarme”, “boutique d’alarme”, “Caméra IP sans fil”.

Outre que GoogleAds est terriblement de mauvais goût, comme d’habitude, j’y vois tout de même quelque chose de plus grave sur les préoccupations de NOTRE époque… Je me garde bien de toute rapprochement abusif. Méditez vous-même…

11. Le 15 avril 2008,
Laurent Gloaguen

@Narvic : petite précision, la chute considérable des diffusions en 1941 est certes en grande partie due à la restriction de papier (on voit des vendeurs racheter les exemplaires usagés), mais est aussi le résultat de la fatigue du lecteur à lire ce qu’il sait être majoritairement de la propagande.

12. Le 15 avril 2008,
narvic

@ Laurent (n°11)

En effet ! Je ne voulais pas dire que ce n’était qu’une question de papier… Les journalistes et les ouvriers imprimeurs de cette époque n’ont pas eu les cuisses propres ! Même si curieusement, on n’a pas demandé de compte à tout le monde à la Libération… Certains coups de tondeuse se sont perdus…

13. Le 15 avril 2008,
Laurent

Petit rectificatif sur un terme allemand : “Presse-Grupe” s’écrit avec deux p et les deux mots doivent être fusionnés.

L’écriture et les nombreux extraits judicieusement choisis rendent l’article vivant. Du bon travail, Laurent.

14. Le 15 avril 2008,
Dodinette

arrivée ici en coup de vent pour survoler comme à mon habitude la colonne de droite, j’ai presque honte de réaliser que ma première réaction, épidermique, spontanée, à la vue de la toute première photo de la rue de Rivoli (et sans avoir lu le titre de l’article) était “pinaise, mais VOILÀ ce qu’il nous faut pour éliminer le trop-de-voitures en ville”

(pas de smileys, je crois que c’est un peu déplacé)

mais la seconde réaction, évidemment, et après lecture, est bravo. j’attends avec impatience celui sur les photos.

15. Le 15 avril 2008,
mry

Ah un moment j’ai cru être sur wikipedia mais en mieux. Bravo Laurent. Quel plaisir as-tu retirer de l’écriture de cette note ?

16. Le 15 avril 2008,
gilda

Merci Laurent (le même sur Rome sous Mussolini ? (non, je rigole (encore que (ça m’arrangerait))))

17. Le 15 avril 2008,
GreG

Quel exposé dis donc, je me serai cru au coeur de l’Histoire. Merci pour tous ces témoignages relatés, ces précisions, j’en ai beaucoup appris aujourd’hui, dans le détail.

18. Le 15 avril 2008,
redrag

merci.

19. Le 15 avril 2008,
kuro.myopenid.com

Merci de m’apporter ce que ma grand-mère n’a pas voulu me raconter.

20. Le 15 avril 2008,
XIII

Bah tu vois, tu étais pessimiste en disant que personne ne lirait ce billet. Déjà 20 commentaires, un par heure de boulot ! :-) Merci pour cet impressionnant et passionnant billet !

21. Le 15 avril 2008,
DJIanis5552

Bravo Laurent, un article très complet, d’une grande richesse et d’une rare qualité. Chapeau !

22. Le 15 avril 2008,
Fabio

bon, ben après un tel travail, j’attends avec impatience le billet sur l’expo elle-même :-)

23. Le 15 avril 2008,
Adrienhb

Passionant, enrichissant. Un très grand bravo et un très grand merci!

J’aurais bien voulu que l’article continue un peu pour savoir comment avait réagi la population à la libération et juste après.

Et une toute petite question: vous mentionnez que les premiers juifs déportés étaient étrangers. Était-ce toujours le cas lors de la rafle du Vel’d’hiv?

24. Le 15 avril 2008,
aqb

Merci pour cet article exceptionnel.

25. Le 15 avril 2008,
Laure

Super… Ce billet me rappelle une recherche faite en 2004 à Rouen où nous avions été explorer la mémoire des Rouennais dans la guerre. En prime, une collection de photos de la Bundesarchiv. Des dizaines de témoignages, des objets quotidiens exhumés des placards familiaux, des histoires terribles, des souvenirs de gosses ahurissants. Tout ça pour dire que cet article me donne envie de raoonter à mon tour ce qui s’est passé dans ma ville à cette époque là. D’autant plus que nous arrivons à une date anniversaire épouvantable, le 19 avril, où en une nuit, avec un bombardement allié qui rate sa cible plus de 800 personnes meurent. Les survivants n’ont jamais oublié. Ca tombe bien, j’étais en manque d’inspiration avec ma ligne éditoriale originelle qui retraçait la construction du Moudem. Là, en ce moment, les jérémiades de son président vierge et martyre, ça ne me cause pas des masses. Alors je crois bien que vais raconter cette histoire rouennaise, mais en plusieurs billets, c’est une longue histoire !

26. Le 15 avril 2008,
Laurent Gloaguen

@Adrienhb : la rafle du Vélodrome d’hiver concernait également des étrangers, Allemands, Autrichiens, Polonais, Tchécoslovaques, Russes. Je vais chercher des chiffres précis et compléter ce passage.

27. Le 15 avril 2008,
samantdi

C’est un travail passionnant que tu nous offres là, merci ! J’ai été particulièrement intéressée par ce que tu m’apprends de la réaction des gens de la rue à l’entrée des Allemands, de ces femmes qui d’un oeil, jugeaient la qualité du tissu des uniformes et la bonne mine des soldats. Je viens de lire le “Journal d’une femme à Berlin, 20 avril-22 juin 1945” et ça m’a rappelé les réactions de ceux qui, restés dans Berlin, ont vu arriver les troupes russes.

Dehors, interminable train des équipages. De grosses juments avec leurs poulains entre les pattes. Une vache qui meuglait d’une voix de basse pour qu’on la traie. Pour la première fois, nous distinguons des gens, des visages : des types aux crânes larges et massifs, tondus, bien nourris, insouciants. (…) Dehors, ciel bleu et sans nuage, lumière vive.

Il y a un décalage avec les images que l’on a dans la tête.

Et puis c’est la première fois que j’entends parler du fait que des Parisien-nes avaient arboré de “fausses” étoiles jaunes, en solidarité, avec le nom de leur région au milieu. Je trouve cela émouvant.

28. Le 15 avril 2008,
La Vieille

Un travail digne d’un historien. Quel talent, bravo ! Le tout porté par une écriture fluide, limpide, pleine de finesse. Encore s’il vous plait.

29. Le 15 avril 2008,
OlivierA

C’est vraiment très bien.

Je comprends maintenant pourquoi votre blog est conseillé par le ministère de l’éducation nationale.

Je voudrais juste rappeler aux jeunes écoliers qui lisent cette page le nom de l’auteur de l’attentat du 21 août 41 à Barbès. Il s’agit de Pierre Georges, qui allait devenir un grand résistant sous le pseudonyme de Colonel Fabien.

30. Le 15 avril 2008,
Adrienhb

Merci pour cette précision. Mais donc ce n’était pas que des étrangers et des Français ont bien été déportés. C’est ce que je cherchais à savoir, merci.

31. Le 15 avril 2008,
Aranno

Clap! Clap! Clap! Merci Laurent, c’était passionnant. Du grand art.

32. Le 15 avril 2008,
Laurent Gloaguen

@ Adrienhb : Je n’ai pas trouvé les chiffres spécifiques à Paris, ou au grand Paris. Sur la France entière, selon l’association des “Fils et Filles des déportés juifs de France” de Serge Klarsfeld, la distribution par nationalités de l’ensemble des déportés juifs serait la suivante :

  1. 26 000 Polonais.
  2. 24 000 Français.
  3. 7 000 Allemands.
  4. 4 500 Russes.
  5. 3 300 Roumains.
  6. 2 500 Autrichiens.
  7. 1 500 Grecs.
  8. 1 300 Turcs.
  9. 1 200 Hongrois.
  10. 4 400 autres nationalités.

Le chiffre total est de 75 721 Juifs déportés du territoire français, dont 52 000 n’ayant pas la nationalité française. On estime à 2 500 le nombre de survivants en 1945.

Il ne faut pas non plus oublier les 3 000 Juifs morts dans les camps d’internement français (souvent en raison de maladies, mauvais traitements…), le millier de tués en France (faits de résistance, otages, etc.).

Selon les chiffres de la Fondation de la Mémoire de la Shoah, 330 000 Juifs vivaient en France en 1940, dont 190 000 de nationalité française et 140 000 immigrants, essentiellement des pays de l’Est.

Pour la rafle du Vélodrome, c’était très majoritairement des étrangers (toujours pas trouvé de chiffres, peut-être en regardant les convois correspondants). Cette énorme rafle représente à elle seule 17 % de la déportation juive en France.

33. Le 15 avril 2008,
GreG

A voir également, les premières images de la libération de Paris filmées par une équipe de cinéastes de la Résistance, et diffusées par France Libre Actualités et le Comité de Libération du Cinéma Français au début du mois de septembre 1944.

34. Le 15 avril 2008,
edgar

Respect !

une photo qui illustrerait bien la partie sur l’entrée des allemands :

http://www.lalettrevolee.net/article-16833559.html

35. Le 15 avril 2008,
Laurent Gloaguen

@edgar : votre photo, poignante, est une image extraite du film de propagande américaine de “Why We Fight - Divide and Conquer” réalisé en 1943 sous la direction de Frank Capra. La scène est censée se passer à Toulon. (11 min 55 dans le film Google Video.)

36. Le 15 avril 2008,
Deeder

Tout d’abord, je ne serai que peu original en te félicitant pour ce magnifique et très instructif billet, mais peu importe, je le fais quand même.

Ensuite, j’ai eu l’occasion de voir il y a un peu plus d’un an une pièce de théâtre bouleversante sur le rafle du Vel d’Hiv. Cette pièce racontait le vécu de cette période (des débuts de l’occupation à la rafle en elle même) à travers les yeux d’un enfant juif à Paris (d’origine polonaise si mes souvenirs sont exacts). La pièce et son scénario furent inspiré du livre écrit par ce même enfant juif qui fût l’un des rares à avoir survécu à cette rafle et que j’ai eu l’occasion de rencontrer après la représentation. Malheureusement ma mémoire m’a fait défaut et je n’ai pas retenu le nom de cet homme devenu historien. Ce dont je me souviens par contre, c’est le caractère progressif des attaques contre les juifs que tu décris ici. Il s’agissait d’une grande machination administrative qui tel un collet emprisonnait peu à peu les juifs français et étrangers, les obligeant à faire face au triste destin qui était le leur. Les fonctionnaires de police furent nombreux à participer à la rafle historique et parmi eux, des gradés aux grands noms (des préfets, des commissaires et bien d’autres encore) collaboraient avec les allemands et eurent un rôle plus ou moins important dans l’organisation de cet évènement. De ces personnes, toutes ou presque, mises à part celles qui furent assassinées peu après la libération par les français réclamant vengeance, furent traduites en justice, mais peu furent inquiétées au final.

C’est sur ce dernier point que cet homme insistait : malgré le fait qu’il se soient rendus coupables d’avoir collaboré avec l’ennemi, d’avoir oeuvré à la déportation et au massacre de dizaines de milliers de personnes, dont la majeur partie était juive, tous ou presque ont été acquittés par la justice française, justice dont il considérait qu’elle n’avait alors pas fait sont travail.

37. Le 15 avril 2008,
edgar

Respect, again.

En effet, l’image vient au moment où le commentaire parle du départ des troupes françaises à Toulon, mais juste après un passage sur l’arrivée des troupes à Paris.

Sans doute est-ce le film qui est correct ; ça donne tout de même envie d’en savoir plus sur cette photo.

Merci pour ces précisions.

38. Le 15 avril 2008,
edgar

(la suite du film date bien la réalisation : de Gaulle et Giraud sont donnés comme étant à égalité les deux chefs de la France combattante !)

39. Le 15 avril 2008,
edgar

Etonnante cette photo :

Radio France la donne (avec des réserves apparemment justifiées) comme étant celle de Jacques Bonsergent, premier fusillé de la guerre :

http://www.radiofrance.fr/reportage/cahiers/cahiers.php?rid=235000257&aid=245000555

Visiblement Bonsergent est pourtant différent :

http://beaucoudray.free.fr/JBONSERGENT.jpg

On la trouve inversée en couverture d’un bouquin sur la défaite :

http://libraryautomation.com/nymas/france1940banner4w450.jpg

40. Le 15 avril 2008,
Ali Devine

Merci. L’histoire du 7 juin 42, que j’ignorais complètement, est superbe.

41. Le 15 avril 2008,
Laurent Gloaguen

@Ali Devine : ravi d’apprendre des choses à un professeur d’histoire au collège… :-)

Cela n’est pas un “grand fait” d’histoire, mais c’est un signe qu’une partie significative de la population parisienne n’était pas insensible au sort des Juifs. En outre, il fallait un certain courage (ou inconscience) pour oser protester en public de cette façon, quelques-uns ont payé bien cher leur petite étoile jaune…

42. Le 16 avril 2008,
NanoMega

Article extraordinaire. Captivant, bien écrit, vivant, avec correspondance parfaite entre le texte et les images, les témoignages. Parfait exemple de ce que peut être le web. Je ne commente jamais, d’habitude, mais là, bravo! Particulièrement bien mis en valeur, le fait que des lois insupportables (anti juives, ici) puissent passer presque comme une lettre à la poste à condition d’être graduées, “justifiées”, auprès d’une population “préparée” par la propagande. Encore bravo!

43. Le 16 avril 2008,
Olivier

Franchement, Laurent, tu croyais vraiment que personne ne lirait ce billet ?!

Bravo pour le style d’écriture soigné, clair, précis. Je suis toujours très intéressé par la Seconde Guerre Mondiale en général et le occupations à cette période en particulier. J’ai été fasciné par ton travail.

Merci pour le web.

44. Le 16 avril 2008,
romain blachier

du post de haut vol.Jusqu’a présent je n’arrivait pas à m’intéresser à ton blog, pourtant conseillé pat nombre de bloggeurs mais là…je rejoint, aprés tant d’autres les suiveurs via les agrégateurs rss.

romain, de www.lyonnitudes.fr

45. Le 16 avril 2008,
totographe

Merci Laurent pour participer au devoir de mémoire sur cet épisode honteux de notre ville et de notre pays. Merci, car le français a la mémoire courte et séléctive. Je me joins au reste pour saluer l’excellent qualité de l’écriture et de la recherche. Un super boulot. Vraiment merci.

46. Le 16 avril 2008,
pickupjojo

Je n’ai pas grand chose à dire tellement cet article est exceptionnel. Bravo et merci pour ce partage.

47. Le 16 avril 2008,
C’est Raoul

Je sais pas si je devrais réagir pour pas polluer un article qui semble de très haute qualité vus les commentaires. (J’ai pas lu l’article, mais j’avais déja lu la polémique dans la presse. Je me garde ca pour plus tard).

A chaque fois que je vois la première photo en haut, c’est impossible de ne pas remarquer le parallèle avec Montréal avec les 2 immenses drapeaux. Pis tu pourras pas passer à coté: le Canadien est en série, pis la ville est fébrile, ya des drapeaux comme ca partout! (ils sont d’ailleurs très ressemblants, exactement le même rouge.)

PS: la seconde, je me suis surpris a chercher Pierre Arditi et Jean Lefebvre…

48. Le 17 avril 2008,
Adrienhb

Merci pour ces chiffres. Et encore bravo pour ce post!

49. Le 17 avril 2008,
David

Incroyable article. Les mots sont bien choisis, captivants, accompagnés par des photos magnifiques pour une des périodes les plus tristes et meurtrières de notre Histoire.

Merci pour cet incroyable article de qualité.

50. Le 17 avril 2008,
tintagel

Quand la guerre à été déclarée j’avais 16 ans. Je n’aime pas parler de cette époque ou tant de choses pénibles se sont passées. Nous avons eu de grandes tristesses, on connaissait l’existence des camps de la mort. L’espoir a commencé à revenir lorsque le Bismark a été coulé, puis il y a eu Stalingrad et Montgomery en Afrique du nord. On écoutait la BBC tous les jours, à l’heure dite tout s’arrêtait, elle était brouillée mais pa suffisement pour la rendre inaudible. De temps en temps il y avait aussi un peu d’humour, ainsi un jour ils ont annoncé qu’un Londonien qui venait d’avoir une fille lui avait donné comme prénom “Bombardier”, c’était en pleine Blizt. Quand Mussolini à été éxecuté l’annonce a éte: “Histoire courte: il était un Mussolini, moralité c”est bien fini” . J’ ai plein de petits souvenirs de ce moment. Nous étions à la campagne loin des villes donc des Allemans…

51. Le 20 avril 2008,
lezardbreton

L’histoire de Paris à cette époque me passionne aussi, alors j’apprécie évidemment de lire ce superbe post. Tu aurais pu évoquer aussi les parisiens devenant agriculteurs de balcons et de jardins publics essayant de faire pousser les fameux rutabagas et topinambours qui sont devenus par la suite des légumes de très mauvaise réputation.

52. Le 24 avril 2008,
Ouinon

Gros effort de documentation et de synthèse, chapeau pour ce billet que je ne découvre que maintenant.

À Narvic : si je ne m’abuse, le record de vente d’un quotidien appartient Ouest France avec 1 111 075 exemplaires vendus en 2002. Chiffre obtenu avec un prix de vente plus élevé que dans les années 40, avec une diffusion majoritairement locale (cout moindre, mais potentiel de vente moindre également), et surtout, avec la concurrence de la radio et de la télévision ;-)

53. Le 4 juin 2008,
Anne Onyme

Juste un mot : MERCI

54. Le 25 juin 2008,
Alexis

Un article d’une grande qualité. Bravo et merci.

55. Le 12 novembre 2008,
Guillaume

Super article! Bravo et merci!

56. Le 5 avril 2009,
Gérard Couvert

Beau texte, belles citations, propre ! Une petite critique cependant, “l’aide des autorités française”, et non, quoi qu’ait fait Chirac il faut se souvenir que la France était occupée par une armée étrangère (assez féroce quand même) et soumise à une commission d’armistice. Donc privée des instruments de sa souveraineté elle ne peut être incriminée (particulièrement dans la zone occupée).

57. Le 29 mai 2011,
Enry

Extraordinaire travail de recherche, ne serait-ce que pour les photos ! (rarissimes) Merci pour le partage !

58. Le 27 novembre 2013,
Frédérique

Passionnant article. J’ai une petite question à laquelle je ne trouve pas de réponse convergente. A quelle heure était fixée l’heure du couvre-feu à Paris ? Il semble qu’elle ait changé en décembre 1941 pour passer à 6 heures du soir, mais je n’en suis pas sûre, d’autant que les Claude Lévy et Paul Tillard, les auteurs de référence sur la rafle du Vel d’hiv, mentionnent un couvre-feu à 11 heures. Pouvez-vous SVP m’éclairer là-dessus ? Merci.

59. Le 27 novembre 2013,
Laurent Gloaguen

Tout ce que je sais est que l’heure de couvre-feu était variable, et l’avancer était souvent une mesure de rétorsion contre la population (en cas d’attentats par exemple).

Blah ?