“Miscellanées”

québec

Au stop, il y a le parking pour le shopping

La plupart des Français, qui connaissent peu ou mal le Québec, ont une vision fausse de la langue parlée dans la Belle Province. Ces Français s’imaginent que tous les Québécois parlent un français très pur et défendent avec ardeur leur langue contre l’intrusion des anglicismes, et que ces derniers ont bien raison de se gausser de nous avec notre shopping, notre parking et notre stop. Ainsi, le Québécois fait du magasinage, se gare au stationnement, s’arrête à l’arrêt. Les plus savants de ces Français préciseront également que le “charmant accent” des Québécois est issu directement du français tel qu’il se parlait dans nos campagnes au XVIIe siècle. D’autres évoqueront avec un gloussement les gosses et les brassières. Les Québécois (de plus en plus nombreux) en visite en France se chargeront de participer à la propagation de cette image du Québec comme conservatoire de la langue française et de participer à une vision quelque peu mythique.

La réalité est hélas un peu éloignée de ce chromo aux jolies couleurs. Si le Québécois s’en prend à nos anglicismes hexagonaux, c’est pour deux raisons. La première est que se moquer des Français est un sport national. La deuxième est plus subtile. Le Québec est à l’échelle du continent nord-américain un tout petit confetti francophone au milieu d’un océan anglophone. Y conserver le français relève d’un véritable effort, voire d’une lutte. Les discours autour de la langue tournent toujours autour des notions de menace et de précarité. L’irruption d’anglicismes est presque une fatalité, tant la culture anglo-saxonne dominante s’immisce partout. La langue au Québec, c’est vraiment un sujet sérieux. Alors le Québécois est légitimement outré de voir la légèreté et l’inconscience des Français avec leur langue. Si l’on fait remarquer à un Français son usage excessif d’anglicismes, cela le fait sourire car il ne ressent pas sa langue comme menacée. La langue en France, ce n’est vraiment pas un sujet sérieux, et l’Académie française ou la loi Toubon prêtent plus à la moquerie qu’au respect. Au Québec, l’Office de la langue française et la loi 101 ont une autre valeur.

Vous, les Français, un pays de 60 millions de personnes, berceau historique de la langue, vous vous permettez les pires outrages à la langue car vous la considérez comme un acquis indéfectible. Nous, les Québécois, nous savons bien que la langue n’est pas un acquis et que si nous nous laissons aller à la paresse, nous allons la perdre. Et perdre sa langue, c’est perdre sa culture.

J’ajouterai une troisième raison, c’est l’effet paille et poutre. Si les anglicismes représentent une paille en France, ils sont une véritable plaie au Québec. Les anglicismes ont surgit en France au XIXe siècle avec le même mouvement d’anglomanie qui faisait surgir autour de nos châteaux des parcs à l’anglaise et dans nos villes, des squares. Un anglicisme en France est généralement peu respectueux de la langue anglaise, c’est à dire qu’il est à la fois mal prononcé et souvent avec un sens différent du mot d’origine. Cela tient à la légendaire aversion qu’ont les Français à l’apprentissage de l’anglais. Ainsi par exemple le smoking (vers 1890) qui est en français un habit de soirée. L’anglicisme naît soit d’une mode, soit d’un concept en provenance d’un pays anglo-saxon (principalement les États-Unis aujourd’hui) qui n’a pas encore d’équivalent en français. De nos jours, on trouve des anglicismes dans le parler des jeunes et dans les sabirs professionnels. Comme au XIXe siècle, ils sont souvent l’expression risible d’une soi-disante modernité ou d’une “branchitude” qui ne durera qu’une saison. Ainsi, dans les métiers de la communication, c’est un vrai festival et on entend tout et n’importe quoi. Pour d’autres métiers techniques, comme l’informatique par exemple, c’est plus d’ordre pratique que par snobisme. Heureusement, la plupart des anglicismes ont souvent trait à une réalité ou à une mode de l’époque et se meurent souvent après quelques décennies. Même dans les langages professionnels. Ainsi le software des années 70-80 a définitivement laissé place au logiciel, le floppy disk à la disquette, etc.

Un anglicisme québécois a une nature différente de son homologue de France. Au Québec, un emprunt à l’anglais est généralement parfaitement prononcé et avec un usage identique à celui de l’anglais, ce qui, nous en conviendrons, relèverait pratiquement de l’impossibilité technique pour un Français. D’une certaine façon, les Québécois sont beaucoup plus respectueux de la langue anglaise que les Français qui se livrent à un véritable sabotage, douloureux pour une oreille anglo-saxonne. [À ce titre, une petite digression : je me demandais pourquoi on avait embauché depuis trois ans Anthony Kavanagh pour présenter au Midem de Cannes les NRJ Music Awards (!). J’ai trouvé la réponse : parce qu’aucun présentateur de télévision en France n’est capable de prononcer le nom des vedettes de la pop anglo-saxonne et les titres de chansons anglaises sans se couvrir de ridicule. “Voici Shakira qui va nous chanter un titre de son dernier album Loneudri Service (Laundry Service) : unederneffe ioure clozeuh (Underneath Your Clothes)”, ça le fait pas. Par ailleurs, aucune chanteuse de France ne pourrait faire la carrière d’une Céline Dion aux États-Unis.]

Il y a aussi au Québec nombre d’anglicismes qui sont très pernicieux : ce ne sont pas des mots anglais repris tels quels, mais des mauvaises traductions en français, ils sont donc plus difficiles à identifier. Ainsi l’horrible “Heures d’affaires”, traduction mot à mot de “Business Hours”. On appelle cela un “calque lexical”. Plus difficile encore à traquer, c’est le mot français qui prends le sens de son équivalent anglais. Ainsi le “je réalise” pour “I realize” (je me rends compte de…). (Cette dernière espèce d’anglicismes fait aussi des ravages en France et c’est la plus difficile à combattre, à côté, le shopping et le parking sont tout à fait anodins et folkloriques.) Et je ne vous parle pas de la calamité de l’anglicisme syntaxique (le “calque syntaxique”)…

La langue telle que parlée dans la rue au Québec est envahie de ces anglicismes et c’est là que réside le problème. Il faut dire que celui qui souhaite parler correctement le français se voit mettre de nombreux bâtons dans les roues, surtout s’il écoute une radio autre que Radio Canada et s’il lit les monstrueuses traductions qui figurent sur les produits de son quotidien (dentifrice, boites de céréales, emballages de biscuits, etc.). Une ville comme Montréal offre le paysage d’une langue dégradée à tous les coins de rue, sur les panneaux publicitaires, sur les vitrines des magasins. Séparer au jour le jour le bon grain de l’ivraie est très difficile dans ces conditions.

Rajoutez sur tout cela une couche de “joual” (le joual est linguistiquement parlant un “créole” québécois), et vous arrivez à la situation suivante : certains québécois ont une langue orale absolument incompréhensible par tout le reste de la francophonie, de Bruxelles à Dakar.

Soyons clair, il y a beaucoup plus (vraiment beaucoup plus) d’anglicismes dans la langue courante au Québec qu’en France. Et des anglicismes beaucoup plus pervers que sont les calques lexicaux et syntaxiques. Se moquer des Français est bien facile mais il ne faut pas ignorer qu’il y a le feu dans la demeure.

Résumons : la langue française est un acquis fragile au Québec, quotidiennement menacé par des agressions anglaises. Les Québécois ne peuvent pas se permettre un relâchement au risque de perdre leur identité. Alors ils ne sont pas contents de voir que les Français s’en foutent et ne prennent pas la question au sérieux. Ils ont sans doute raison. Mais il ne faut pas croire que les Québécois ont une langue “pure” puisée aux meilleures sources du “vieux françois”, ce cliché à la peau dure en France et est souvent complaisamment véhiculé par les Québécois en visite ici. C’est une contre-vérité. Beaucoup de Québécois parlent créole. (Je vais me faire incendier là). Georges Dor est toujours d’actualité au Québec (nous manquons sans doute d’un ou plusieurs Georges Dor en France).

Pour ma défense, sachez que je suis tous les jours consterné par l’état de ma langue dans mon pays, que je suis en colère contre certaines offenses, que je pense que le Québec a peut-être certaines leçons à nous donner. Mais les clichés, les images d’Épinal, les lieux communs, les simplifications m’agacent. Bon, je vous laisse : samedi, c’est jour de shopping.

Post-scriptum.
Beaucoup de linguistes et universitaires québécois sont passés à côté de Georges Dor. Ils se sont attachés à des détails et, par esprit de chapelle, ont dénié à l’auteur toute légitimité à parler de la langue. Ils n’ont pas saisi l’essentiel du message, le cri du coeur de Monsieur Dor : un homme est désarmé face à la vie s’il ne maîtrise pas son langage. Le langage est constitutif de l’intelligence et sert à manipuler des concepts, à entrer dans l’abstraction. Un corpus de mots trop pauvre est non seulement une entrave à la communication (c’est le sens commun) mais aussi une entrave à gérer intérieurement les sentiments (l’amour, la douleur, etc.). N’oublions pas, le langage fait que nous sommes des hommes. Misère sociale rime souvent avec langage appauvri et incapacité à faire face aux événements de vie. Celui qui ne maîtrise pas sa langue est un handicapé. Une autre chose qui m’a marqué au Québec, c’est de découvrir qu’il y avait beaucoup de monde qui avaient des complexes envers l’écrit, des gens qui n’osaient écrire car ils avaient honte de se sentir démunis. Il y a un profond malaise avec la langue au Québec et refuser de le voir frôle l’inconscience.

Post-scriptum bis.
Les socio-linguistes sont là pour étudier les états de la langue, les niveaux de langage, les registres, le lexical, la phonétique, le syntaxique, etc. Ils ne sont pas là pour juger et ils ne sont pas là non plus pour interdire aux gens de juger et d’avoir des opinions. Ils peuvent rire à mots couverts du normatif et du passionnel d’un Georges Dor, mais la vie en société se fonde autour de règles et de normes. Le laisser-aller général, c’est bien de le disséquer et d’en faire l’exégèse, mais aller jusqu’à l’encourager, c’est criminel. Non, le français n’est pas une institution quasi-divine et intouchable, c’est une langue vivante et c’est tant mieux. La langue québécoise comme autres parlers régionaux est riche en vocabulaire et ça fait partie du patrimoine. Mais défendre des appauvrissements, c’est scandaleux.

[Republication d’un billet du 25 janvier 2003.]

Commentaires :

Perspective intéressante, monsieur la marmotte, et j’ai beaucoup ri en lisant vos imitations du français essayant de parler l’anglais!

Je dois avouer que je n’ai jamais rencontré de français qui croyait que notre parler québécois était “pur”. Au contraire, ceux que j’ai côtoyés croyaient plutôt que nous parlions une sorte de créole qui les amusait beaucoup puisque leur français était le “vrai français”, bien sûr. Je suis donc étonnée de voir que nous avons peut-être cette réputation de pureté.

Quand je parle à des français, surtout lorsque je suis en France, je fais toujours attention à ma manière de m’exprimer et à ma prononciation. Ça me semble logique, pour pouvoir communiquer avec quelqu’un qui n’est pas familier avec nos expressions. Certaines personnes, moins habituées à ces échanges internationaux, ne pensent pas à “ajuster” ainsi leur langue et ce sont parfois des français qui commettent ce petit crime. Faites-moi discuter avec un jeune de la banlieue parisienne et je ne suis pas certaine de pouvoir tout comprendre ce qu’il me raconte, alors que j’ai pourtant été exposée à des dizaines de films français depuis mon enfance. Je pense que tous les membres de la francophonie ont de la difficulté à se comprendre entre eux, et pas seulement les québécois avec le reste, comme si tout le monde parlait un “bon français” sauf nous.

C’est vrai qu’il y a un grand malaise avec la langue au Québec. J’ai grandi dans un quartier ouvrier où il n’était pas bien vu de lire et d’utiliser des “grands mots”. C’était comme si on reniait ses origines modestes. Je lisais pourtant beaucoup mais je faisais attention de ne pas trop le laisser paraître dans mes discussions, ajustant encore une fois mon niveau de langue, cette fois-ci pour ne pas paraître prétentieuse. La situation s’est un peu améliorée depuis mais on a encore beaucoup de chemin à faire de ce côté!

Martine, le 26 janvier 2003.

C’est vrai qu’il y a beaucoup d’anglicismes au Québec et ce que Martine évoque, les niveaux de langages (si on peut dire ça), posent un autre problème.

L’écart entre le français parlé (joualisant) et le français écrit est sûrement moins important dans la population, en général, aujourd’hui qu’il y a 50 ans.

Mais au Québec, renier l’accent joual, c’est presque renier son identité, surtout depuis que le joual a acquis ses lettres de noblesse au théâtre et dans les arts d’abord (on pense à Michel Tremblay, en 1968) et puis à la télé et la radio aujourd’hui.

Je vais généraliser, mais plus on parle avec l’accent joual, plus on affirme son identité québécoise : ce mouvement s’est entendu il y quelques années en chanson avec l’avènement et la reconnaissance de Richard Desjardins, Kevin Parent ou Marie-Jo Thériault, qui se sont démarqués en accentuant les caractéristiques du parler abitibien (Desjardins, gaspésien (Parent) et acadien (Thériault).

Disons que dans leur cas, un certain talent pour l’écriture a transcendé la forme plutôt régionalisante du français qu’ils chantent.

Ce qui n’est pas le cas d’un groupe comme La Chicane, pourtant très populaire, dont les erreurs de français n’ont d’égal que la mièvrerie de leurs textes.

Bref, il y a aussi comme une fierté dans le fait de mettre en valeur son accent, fierté qui a des racines dans la Révolution tranquille et l’affirmation de l’identité québécoise.

Aujour’hui que cette identité est reconnue (malgré l’échec de la souveraineté), la place du joual (qui est loin d’être ce qu’il a déjà été!) est souvent questionnée.

Mais de façon générale, dans la population, bien parler ou encore parler avec un accent plus européen vous range immédiatement dans la catégorie intello, outremontais-e ou snob (qui-veut-faire-français-et-qui-a-honte-de-ses-origines?).

PS Je pense qu’il n’y a rien de plus drôle qu’un Québécois qui essaie de bien parler pour se faire comprendre d’un Français. Ou alors c’est triste…

Ah si: un Français qui parle anglais ;)

Patrice, le 19 août 2003.

Petite réponse à Martine

Quand je parle à des Français, surtout lorsque je suis en France, je fais toujours attention à ma manière de m’exprimer et à ma prononciation. Ça me semble logique, pour pouvoir communiquer avec quelqu’un qui n’est pas familier avec nos expressions. Certaines personnes, moins habituées à ces échanges internationaux, ne pensent pas à “ajuster” ainsi leur langue et ce sont parfois des français qui commettent ce petit crime.

Effectivement Martine, les Québécois en visite en France font comme toi de (louables) efforts et ajustent leur niveau de langue. Je n’ai jamais entendu un Québécois s’exprimer à Paris comme il le ferait à Montréal. Il est aussi possible que la majorité des Québécois qui choisissent la France comme destination touristique appartienne encore, d’une certaine façon, à une élite, et soit donc peu représentative. Les gens plus modestes voyagent peu à l’étranger (question de moyens et parfois d’envie) et s’ils voyagent quand même, ils ne privilégieront pas forcément une destination “culturelle” (et c’est pareil pour les Français). Bref, l’échantillon québécois auquel un hexagonal est confronté n’est pas représentatif et en plus il travestit sa langue pour privilégier l’échange (et aussi éviter les jugements). Un Québécois n’ira jamais dans un garage en France dire “Bonjour Monsieur, tu devrais voir mon char, il est tout magané, les brakes font du bruit, le bumper se décroche, le fan est en panne et il y a un tire qui est flat, sans oublier qu’il faut changer les wipers”. En caricaturant, les Québécois à Paris voudraient tous ressembler à des Louis-Bernard Robitaille.

Faites-moi discuter avec un jeune de la banlieue parisienne et je ne suis pas certaine de pouvoir tout comprendre ce qu’il me raconte, alors que j’ai pourtant été exposée à des dizaines de films français depuis mon enfance. Je pense que tous les membres de la francophonie ont de la difficulté à se comprendre entre eux, et pas seulement les québécois avec le reste, comme si tout le monde parlait un “bon français” sauf nous.

C’est vrai que le langage “des banlieues” est incompréhensible (moi-même, j’ai du mal), mais c’est une sous-culture de jeunes et on entend pas (encore ?) à la télé : “allez-voir ce film qui vous fera kiffer à mort, c’est trop de la balle”. Comme l’argot, le verlan, le louchébem, ce langage est propre à un groupe social (les jeunes issu de l’immigration africaine) et se veut volontairement cryptique pour le reste de la société. C’est un sabir, mélange de verlan et de mots arabes. Il est parfois très créatif, voir poétique, et sans doute certaines expressions passeront dans le langage populaire courant. Mais ce langage n’est en aucun cas représentatif de la langue telle qu’elle est parlée majoritairement dans la rue, dans les médias et dans les familles. C’est juste une sous-culture. Comme l’était le langage des apaches (les “mauvais garçons” et les truands) de l’entre-deux guerres.

Je pense que certains membres de la francophonie ont plus de mal à se faire comprendre que d’autres, et que certains font moins d’efforts que d’autres à la qualité de la langue enseignée et à la place qu’on accorde à son enseignement.

C’est vrai qu’il y a un grand malaise avec la langue au Québec. J’ai grandi dans un quartier ouvrier où il n’était pas bien vu de lire et d’utiliser des “grands mots”. C’était comme si on reniait ses origines modestes. Je lisais pourtant beaucoup mais je faisais attention de ne pas trop le laisser paraître dans mes discussions, ajustant encore une fois mon niveau de langue, cette fois-ci pour ne pas paraître prétentieuse. La situation s’est un peu améliorée depuis mais on a encore beaucoup de chemin à faire de ce côté!

Quant à ton dernier paragraphe, on y lit l’infinie tristesse de ce “petit peuple” qui s’auto-condamne à rester petit et s’en fait un honneur, ce fond populaire qui fait qu’esthète rime avec tapette. J’y reviendrai dans un prochain billet autour de quelques pages de Michel Tremblay, extraites de la La duchesse et le roturier, la scène où Marcel traîne Albertine au magasin de pianos, une scène bouleversante, qui me tire à chaque lecture les larmes, qui illustre, si c’était nécessaire, que Tremblay est l’un des plus grands romanciers de notre époque, mais aussi ce Québec sombre et obscur où honte (plus que l’humilité) rime avec dignité, qui puise ses racines dans l’histoire et se développe toujours dans le subconscient de l’Homo Quebecus moderne.

[Republication d’un billet du 27 janvier 2003.]

Commentaires :

Merci pour la grande “petite réponse”!

Le Québec dans lequel j’ai grandi (la basse-ville de Québec, pour être plus précise) est celui de la famille Plouffe, que tu connais peut-être (romans et films adaptés). Ma mère m’a toujours dit qu’il était mal vu dans son milieu de faire des compliments à ses enfants ou bien d’exprimer son amour pour eux en public parce que c’était un signe de manque d’humilité et ce n’était pas très catholique… Tu vois le genre! Tu es donc très perspicace par rapport à ce “petit Québec” quand tu parles de honte et d’humilité qui rime avec dignité.

Ma mère a lu Michel Tremblay et comme beaucoup de femmes de sa génération, elle a beaucoup évolué grâce à lui. Je suis convaincue que Tremblay a joué un grand rôle dans le fait que ma mère soit devenue si à l’aise avec l’homosexualité de mon frère. Très respecté comme auteur au Québec, Tremblay a rendu service à bien des gens en faisant son “coming out”.

Crois-tu vraiment cependant “qu’esthète rime avec tapette” seulement au Québec? N’est-ce pas plutôt un phénomène socio-économique? Il me semble avoir vu cette histoire à la Billy Elliot dans bien des cultures.

J’ai aussi l’impression que le Québec a beaucoup évolué depuis, notamment en ce qui a trait à la langue. J’ai l’impression que les enfants n’ont plus peur de paraître prétentieux s’ils parlent bien et s’ils sont différents dans leurs intérêts par rapport aux autres jeunes. Ma perspective est peut-être biaisée parce que je vis à Montréal. Peut-être que c’est très différent à Laval… (Hi hi hi, je vais me faire écorcher!)

Martine, le 27 janvier 2003.

“Esthète-tapette-lavette” : bien sûr cela n’est pas propre au Québec et ton exemple de Billy Elliot est bien judicieux. Ce phénomène existe dans bien des régions du monde, y compris ici. Mais je trouve que le phénomène est très marqué au Québec dans la culture (celle des Boys ;-). Le mâle québécois et son éducation, voilà encore un beau sujet…

Oui, cela change depuis vingt ans (mon lapin me l’a d’ailleurs rappelé hier). Je connais peu d’enfants au Québec. Enfin quand même, si je compte toute la marmaille de tous âges de la tribu que constitue la famille de mon homme… Il y a des rustres fanas de hockey et des futurs geek/nerds. Et il y a sans doute moins d’ostrascisme pour la différence (le fait de se distinguer de la masse) qu’avant. Le politiquement correct est aussi passé par là et on enseigne aux enfants le respect de la diversité, ce qui veut dire “s’abstenir de porter un jugement sur les autres tout en ayant son opinion pour soi”. Ainsi, un des garçons de la gang de neveux de mon chum, pas homophobe pour deux sous, mais qui déclare “j’préférerai être mort si j’étais pédé”.

Quant à Tremblay, monstre sacré au Québec, j’y reviendrais souvent car j’en suis un grand fan (amateur pas ventilateur).

Ah, j’ai rajouté à ma to-do-list : lire Les Plouffes. Merci Martine.

Laurent, le 27 janvier 2003.

Tu peux lire en attendant Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy qui est à la maison. Je te ramenerai le livre Les Plouffes de Montréal si tu veux. De plus, tu auras droit à une épisode de la série télé. Je vais bien finir par en faire un Québécois plus québécois que la moyenne des Québécois! ;-)

Le lapin, le 27 janvier 2003.

J’ai sans aucun doute lu plus de romans québécois que la moyenne des Québecois… Pour le reste, Français je suis, français je reste (même si il y a des moments où j’ai envie d’être apatride). N’oublions pas aussi que je suis un Breton, de tête (dure) et de coeur.

Laurent, le 27 janvier 2003.

Un Breton!?! Ah ben ça explique tout!

Martine, le 28 janvier 2003.

Suites de mon shopping

Grâce à la fine renarde, je viens de découvrir le module consacré aux anglicismes du site du Centre de communication écrite de l’Université de Montréal ; centre qui a la très lourde responsabilité de mettre en oeuvre la politique de la maîtrise de la langue française dans les études. On y trouve une définition de l’anglicisme plus large que celle du Petit Robert (1967) : l’anglicisme est un mot, une expression, un sens, une construction propre à la langue anglaise qui est emprunté par une autre langue (de Villers, 2003, à paraître), par rapport au simple emprunt à l’anglais du Robert.
Certains paragraphes du texte d’introduction à cet opuscule numérique entrent en étrange syntonie avec mon texte de samedi dernier. Notamment dans le passage intitulé La France et le Québec :

Les anglicismes critiqués du Québec ont peu de choses à voir avec les anglicismes que l’on peut trouver en France. Les spécialistes vous diraient peut-être que les anglicismes du Québec avaient peu de choses à voir avec ceux qui ont cours en France, car la situation française change, mais nous nous en tiendrons ici à la première affirmation. En France, le sentiment de sécurité linguistique des gens qui parlent français est différent du nôtre, et on semble y pratiquer beaucoup plus l’emprunt direct à l’anglais qu’au Québec.

S’il est bien d’énoncer la vérité première : un anglicisme québécois a une nature différente de son homologue de France, je crois saisir une petite pique dans la deuxième phrase sous couvert de ces fameux “spécialistes”, une figure de style “c’est-pas-moi-ki-dit-c’est-lui” mais je le dis quand même. J’apprécie la tonalité ironique de cette rhétorique au conditionnel (vous diraient peut-être) et la retraite immédiate après l’énoncé (mais nous nous en tiendrons…), mais j’eus souhaité quelque développement. Quant au sentiment de sécurité linguistique qui conditionne le regard porté sur l’anglicisme, je ne disais pas mieux samedi.

En France, on utilise couramment les termes shopping, parking, week-end, e-mail, etc., et ce, tant dans les conversations familières que dans les communications officielles. Au Québec, en revanche, tout emprunt direct à l’anglais est suspect. Dans les communications soignées, on tente d’éliminer tout mot à consonance anglaise, quitte à faire parfois des… fautes de français ou à se priver d’un mot dont on a besoin pour parler clairement. Ainsi, pour désigner l’ensemble des marchandises d’un magasin et éviter l’emploi d’un mot anglais, on parlera fautivement d’*inventaire alors qu’il faudrait utiliser le nom stocks , l’inventaire ne désignant que “le dénombrement (d’articles, de marchandises, etc.) et le document qui en résulte” (Multi, p. 808).

Au Québec, on emprunte peu directement à l’anglais, mais davantage de façon inconsciente. On commet plutôt des anglicismes sémantiques et des anglicismes syntaxiques, car la réalité linguistique québécoise est différente de la réalité linguistique française. Ainsi, tel dirigeant sera content de *nous introduire son épouse (au lieu de nous la présenter), telle chanteuse *sera sous l’impression qu’elle avait la faveur du public (alors qu’elle devrait en avoir l’impression), tel journaliste nous dira que les médecins sont *sur appel (alors qu’ils sont de garde). Ces personnes croient, en toute bonne foi, parler un français correct, mais leur usage de cette langue subit, bien contre leur gré, la pression des structures anglaises sur les structures françaises.

C’est bien le caractère pernicieux des calques que je soulignais encore samedi. Moi-même, à vivre au quotidien avec un québécois, certains de ces calques se sont immiscés dans ma langue. De vrais “virus” linguistiques. Tiens, je propose un slogan [angl. vers 1850] : “Des claques aux calques” !

On remarquera par ailleurs que ce sont toujours les mêmes anglicismes qui reviennent quand on parle du français de France : shopping, parking, week-end, e-mail. Cela frôle vraiment la caricature ! (d’où mon titre Au stop, il y a le parking pour le shopping). J’ajouterai que les trois premiers ne me choquent outre mesure. Si l’on fait parfois du shopping [angl. 1906], on fait aussi souvent des courses ou du lèche-vitrines. Si l’on se gare au parking [angl. vers 1945], le panneau dira souvent : parc de stationnement. Si l’on part en week-end [angl. 1906], c’est qu’on a pas d’équivalent de cette notion en français dans une forme aussi courte (j’hésite à dire bons congés de fin de semaine au lieu du tonique bon week-end !). Quant au dernier, e-mail… Je ne l’apprécie pas beaucoup et j’en suis l’usage ici au jour le jour et j’observe les évolutions suivantes : les gens disent de plus en plus mail et même parfois simplement lettre ou courrier, tant dans certains contextes professionnels, la forme électronique est évidente. Autre point positif, on ne vous regarde plus avec des yeux ronds lorsque vous dites courriel. (Quant au mèl, fichez moi ça à la poubelle illico).

L’utilisation ostentatoire au Québec de mots forgés de toutes pièces et recommandés par des organismes officiels pour contrecarrer l’anglais, c’est l’arbre qui cache la forêt. Je crois qu’un emprunt direct est beaucoup moins dommageable à la langue qu’un calque, et de plus, il est parfaitement identifiable et peut à l’occasion aisément se corriger. Comme le souligne parfaitement le texte cité, les anglicismes syntaxiques et sémantiques sont beaucoup plus pervers. Je pense qu’une politique de préservation du français passe par un enseignement plus soutenu de la grammaire et de la syntaxe. Au risque de me répéter, les shoppings, parkings et week-ends sont tout à fait anodins et inoffensifs. Jeter l’anathème sur quelques emprunts directs sans se préoccuper de l’état invertébré de la langue de tous, c’est mettre la charrue avant les boeufs. “Vous les Français, vous avez une sacrée couple d’anglicismes alors que nous autres, on fait très attention”.

Que ce soit en France ou au Québec, la langue évolue. Les anglicismes traités dans les exercices de cette section constituent des impropriétés. Cependant, quelques-unes de ces impropriétés se situent actuellement dans des zones dites de transition, en ce sens qu’elles sont maintenant consignées dans Le petit Larousse illustré, et à l’occasion dans Le petit Robert, accompagnées de la remarque “emploi critiqué”.

Même si ce texte n’en est pas la plus flagrante illustration, je ne peux pas m’empêcher de sourire quand je relève des marques du “fanatisme du dictionnaire”. Le petit Robert n’est qu’un reflet imparfait de la langue et est le résultat de décisions du très estimé Alain Rey. Un dictionnaire n’officialise ou ne légitime en rien quoique ce soit. (À cet égard, je suis consterné par les campagnes marketing annuelles de Larousse sur les nouvelles entrées du dictionnaire, souvent très contestables et vite oubliées). Une impropriété qui entre dans un dictionnaire ne signifie en rien une zone de transition réelle, les dictionnaires n’ont RIEN de scientifique et ne peuvent servir de base qu’à des études de lexicographie. Ce ne sont que des photographies imparfaites (et très incomplètes) de l’état de la langue à un instant et un lieu donnés. Et les dictionnaires sont toujours en retard sur l’usage et se doivent de conserver des impropriétés vieillies pour la compréhension de textes plus anciens. La définition d’une zone de transition est propre à chaque dictionnaire, ce qui relativise beaucoup l’usage de ce concept.

[Republication d’un billet du 28 janvier 2003.]

1. Le 4 décembre 2003,
Guy Verville

Bon, j’ai pas tout lu les commentaires et les réponses, car je n’aurai pas le temps de préparer mon souper. L’aspect “calque lexical” est en effet le plus grand danger ici. Je viens de “monter” l’épreuve de première d’un essai qui s’intitule “Anatomie d’un joual de parade” (à paraître en janvier 2004), de Diane Lamonde, dans lequel l’auteur dénonce un courant de pensée qui prévaut dans le monde linguistique québécois, et qui met de l’avant la notion de “français québécois standard”. Les gens de cette école de pensée rédigent en ce moment un Dictionnaire québécois, rien de moins, afin d’affirmer notre “identité” (my God!) (cela selon les dires de l’auteur). Gros débat en perspective, et, en même temps, vieux débat. Je ne crois pas en la pureté lexicale de nos Français, et je ne crois pas non plus en la nôtre, loin de là. Je suis écrivain, et j’ai du mal à écrire mon français. Toute langue est faite pour être déliée, parlée, battue à mort, tuée dans l’âme, puis rebaptisée avec l’eau provenant de ce que vous voudrez. Le peuple, cette matière vivante qui forme une région plus ou moins grande de l’univers terrestre, a bien d’autre chose à faire, dont copuler, que de s’embarrasser de s’avoir s’il faut dire “fuck” ou “merde”. Je fais confiance à tout ce beau monde de la rue. Ils sont les dignes représentants vernaculaires d’une langue qui aime bien se bidonner. Après tout, nous avons tous perdu notre latin.

2. Le 5 décembre 2003,
maladon

Interressant tout ça … Je ne connais pas Georges DOR … Mais tu oublie un détail : Si les français parlent français dans leur majorité en tant que langue maternelle c’est TRES TRES récent. ex les deux grand mères de ma mére, parlaient français bien sur mais aussi leur patois beaujolais mais ce n’était pas le meme et elles habitaient à 15 bornes à vol d’oiseau l’une de l’autre, et c’était pas au 16eme siecle.

Pour ce qui est de la polution par l’anglais : pour ma part ma langue est autant voir plus (plusse) poluée par des mots locaux que par l’Anglais. On ne s’en rend pas compte sauf quand dans un groupe un estrangé (de préférence Parisien) débarque. Y a toujours un moment ou il bloque. C’est marrant. Des “tombe pas dans le bartas (bartasse)” , ou boulègue Ou dire “t’es un gros con” en embrassant la personne, y a toujours un moment de panique. J’habite le sud de la France (Montpellier, pas MArseille non mais !!!) bartas = canniveau boulègue = remu, mélange

bref une langue vivante est vivante,

jacques

PS : c’est pas sympatique de vérifier le format de l’adresse je voulais mettre “divolàchez.commais faut pas abuser” et je me suis fait jeter. Merci pour les spammeurs ;))))

3. Le 7 décembre 2003,
Thierry

Ce qui ma fait flippé à Paris ce sont les affiches publicitaires. Je néxagère pas en disant qu`au moins 1 sur 5 était unilingue anglaise.

4. Le 12 juin 2004,
David

Ce qui est remarquable chez les français c’est qu’ils utilisent des termes anglais sans avoir la moindre idée de leur signification. Par exemple ils vont commander un ’’Happy Meal’’ pour leurs enfants chez McDo sans savoir que ’’meal’’ signifie repas ’’ et que ’’happy’’ veux dire joyeux. Nous au Québec ’’on se fend le cul’’ pour inventer des termes plus ou moins ridicules comme ’’joyeux festin’’, mais qui au moins ont le mérite d’être français.

Pour ce qui est de changer notre accent lorsque nous sommes en France, c’est soi ça ou répéter sans arrêt. Les français ont de la difficulté à faire des liens entre les mots lorsque qu’il ne sont pas utilisé de la façon dont ils sont habitué des les entendre. Étant donné leur manque total d’aptitude pour les langues, il n’est pas étonnant que le bon ’’parigot’’ ai de la difficulté avec tout autre accent que le sien. C’est peut-être ça le problème chronique des français, leur manque d’aptitude pour les langues, leur incapacité à s’adapter et se faire comprendre à l’extérieur de l’hexagone. Les français ne peuvent physiquement parler qu’une seule langue, il est donc compréhensible qu’ils veuillent le monopole de la seule langue où ils peuvent s’exprimer correctement. Peu importe quelle langue essaie de parler un français, ce sera toujours évident que c’est un français. Je croise tout les jours des touristes français qui essaie de parler espagnol ou anglais (je vis en Espagne) et j’avoue franchement quand tant que québécois je suis très heureux et très fier de mon accent québécois. Accent qui se fond au catalan, au castillan, à l’anglais etc…

Français je vous en supplie ne soyez pas à la langue ce que les américains sont à la culture.

5. Le 14 juin 2004,
Raymonde

C’est ma première visite sur ce site et ouf! je suis renversée de la justesse des remarques qui y sont faites. J’y ai rencontré de tout, du cynisme jusqu’à l’humour. Les commentaires sur l’incapacité des français, spécialement des parisiens de parler ou comprendre une autre langue m’ont fascinée. Je me rappelle un parisienne en visite chez nous qui nous parlait de la crisselère du son beau-frère jusqu’à ce qu’elle précise que c’était une voiture et c’est là que nous avons réalisé qu’elle parlait d’une Chrysler. En effet au Québec si on emploie un mot, une expression ou une marque de commerce anglaise, nous la prononçons à l’anglaise. C’est clair et précis.

Pour ce qui est de se faire comprendre en France il n’y a qu’à Paris que j’aie eu quelque difficulté car ils sont enfermés dans leur accent et leur argot et ne son ouverts à rien d’autre que leur univers. Je suis toujours perplexe devant la nécessité de “traduire” les films québécois pour les exporter en France? Est-ce qu’on exige, au Québec, que les films français soient “traduits”? Certains sont difficiles à comprendre avec les expressions et accents régionaux, et pourtant, avec un peu de bon sens, de clairvoyance et…. d’intelligence nous finissons par comprendre? Est-ce que nous avons plus de facilité pour les langues, plus d’intelligence et moins de suffisance?

Maintenant la différence entre le français parlé au Québec et celui parlé ailleurs. Bien sûr chaque partie de la francophonie a ses régionalismes et c’est normal puisque la vie, les habitudes, le climat sont différents. Pour ma part je n’ai jamais changé ma façon de parler quand je suis avec des français. La syntaxe, la grammaire sont les mêmes il n’y a que l’accent qui est différent. C’est une question d’oreille.

6. Le 18 juin 2004,
G.Routhier

J’ai lu les commentaires de ceux qui ont bien voulu donner leur opinion.

Je ne suis jamais allée en France,mais je regarde beaucoup TV5.Surement que certaines expressions nous causent problèmes.Mais c’est l’inverse pour les Français.Mais comme quelqu’un a dit précédemment,avec un peu d’effort on finit par faire le lien!

Jai ouvert un site,ou l’on s’amuse avec notre langue Française,en parlant joual!

L’aventure dure depuis 6 1/2 ans!

Si vous êtes curieux cliquez sur le URL!

7. Le 2 novembre 2004,
Valérie

Bonjour à tous! Je remercie tout le monde d’avoir pris le temps de donner des commentaires. Le site est la preuve que le «vrai monde» peut donner des commentaires pertinents et utiles. Sans le savoir, vous m’avez aidé pour un travail de linguistique sur les anglicismes utilisés au Québec et en France. Merci aussi à l’auteur, M. Gloaguen, vous avez su bien détailler la réalité des anglicismes avec humour! Bonne route à tous, québécois ou français, nous sommes tous de la même lignée, nous nous devons de continuer de se respecter mutuellement! Bisous xxxxx

8. Le 19 octobre 2005,
Vicky

J’ai trouvé drôle le passage avec l’exemple de Shakira et de vous les français qui ne peuvent pas prononcer les mots anglais. Mais ne serait-ce pas exagéré?! Tout comme ceux qui disent que nous nous identifions au joual, au Québec? Oui, il y a peut-être un certain relâchement au niveau de la langue mais c’est normal que notre français ne soit pas le même que le vôtre puisque nos cultures sont différentes et notre positionnement géographique aussi.Je suis d’accord avec les propos de Raymonde (un peu plus haut) concernant les traductions. Voyons! On ne parle pas si mal! Si nous sommes capable d’écouter les films français sans sous-titres bien qu’avec des expressions bien à vous qui ne nous sont pas nécessairement familières, pourquoi ne seriez-vous pas capable de la même chose? P.S. Avez-vous un autre mot pour “Mac Drive”? Est-ce que tout le monde dit cela ou utilisez-vous aussi “service au volant” ou “commande à l’auto”?

9. Le 17 janvier 2006,
Nicolas Chaillou

En tant que Français qui réside au Québèc depuis quelques années, je trouve cet article très pertinent puisqu’il résume très bien la façon dans notre langue est employée de chaque coté de l’atlantique.

En fait, j’ai fait des recherches sur les anglicismes car mes collègues de travail québécois reprochent aux Français nos anglicismes “abusifs”. Cet article m’a donc permis de mieux comprendre nos homologues Québécois, d’où provient leur haine des ces anglicismes que nous employons pour notre plus grand plaisir pour ainsi me rendre compte que leurs anglicismes sont plus cachés et plus présents que les nôtres.

Cependant, il est vrai que le Français est allergique aux langues, et que cela est effectivement un gros problème. Ayant vécu dans plusieurs pays (hispanophone et Anglo-Saxon), je peux vous assurer que les Français sont ceux qui parlent le moins bien les langues étrangères, mais aussi ceux qui essayent le moins !! Ils me donnent l’impression d’être dispensé de parler une autre langue, et ce désintérêt culturel en est révoltant.

La tâche semble aussi difficile aux québécois d’effacer leurs anglicismes du type “calque lexicaux” qu’au Français de parler une langue étrangère correctement.

10. Le 24 juin 2006,
Jérôme BLUM

Bonjour à tous, J’ai trouvé cet article et les commentaires qui s’y attachent vraiment très intéressants. Je suis “Français d’France”, mais j’ai eu l’honneur et l’immense plaisir de passer 6 mois de ma vie au Québec en 2004. Étant de nature curieux pour les choses de la langue, j’ai été ravi “d’étudier” la parlure québécoise, et de me poser des questions sur le rapport des Français avec leur langue. Je confirme à mon tour que le Français moyen ne s’intéresse pas vraiment à l’anglais, ou qu’en tout cas, il ne fera pas trop d’efforts pour bien le comprendre et l’utiliser. L’anecdote sur Mc Donald’s m’a fait sourire : j’avais déjà entendu parler des traductions québécoises qui, somme toute, sont tout à fait légitimes ! Je m’insurge régulièrement contre la sur-utilisation de l’anglais dans le commerce en France. Et même si l’emploi de “Mac Drive” au lieu de “Service au volant de Mac Donald’s” ne me gêne guère (probablement parce que “Mac Drive” est plus rapide à dire), je ne supporte plus de voir les publicités pour des produits de beauté mélangeant allègrement français et anglais, par exemple Body Expertise, Soft’ Gomm, Perfect Contour, surtout quand ces produits sont prononcés à la “frènecheu” avec notre terrifiant accent français !!!

11. Le 20 juillet 2006,
Vincent Mailhiot

Enfin ! Je suis content de voir que le message commence à passer. Québécois de 20 ans, je ne suis pas à la lettre le code de la langue française. Je fais encore des erreurs, surtout en parlant. Mais je considère ces erreurs comme minimes par rapport à ce que je peux entendre dans mon quotidien.

On va commencer par noter l’erreur par excellence : les “si” et les “rais”. “Si je serais”, “si j’aurais”, “si t’irais”, “si vous sauriez”… Je les entends, et je les dénonce souvent. Réponse ? On m’envoit souvent promener. Pourquoi au juste ?

Je crois que le francais au Québec est en train de devenir une division au même titre que la richesse et la pauvreté. L’écart augmente entre les riches et les pauvres, et c’est le même cas auprès de la parole.

Une personne qui parle bien le français va être mieux disposé à s’exprimer, souvent capable de nuancer ses points de vue de manière intelligente pour être compris exactement comme il le veut. C’est une aptitude typique des avocats et des meilleurs vendeurs. Malheureusement celui des politiciens aussi, sinon comment pourraient-ils nous avoir ainsi à chaque fois ?

Par contre, une personne qui parle mal le français peut être mal interprété, se fera dire de répéter sans arrêt. Cela mène à l’exaspération. Se faire corriger par les autres les mène à la frustration. Pire encore, se rendre compte que l’on ne comprend pas une conversation qui semblait pourtant si banale… voilà la honte.

Ils se replient sur eux-mêmes dans leur ignorance, refusent d’être ouvert aux corrections. Ils finissent par écrire comme ils parlent, les rendant encore moins crédibles. Des fautes aux 3 mots au Québec, c’est plus que fréquent. C’en est même outrant !

Je finirai en disant que parler et surtout écrire francais est un art. C’est une des langues les plus complexes. C’est aussi une des langues les plus belles. En français, on ne dit pas “parler un bon français”, on dit “parler un beau français”.

Sur ces paroles, je vous laisse en chantant une chanson qui n’a de pareille dans aucune autre langue au monde : La langue de chez nous

12. Le 23 septembre 2006,
Olivier

Je suis français, et je faisais partie de ceux qui n’avaient qu’une idée caricaturale du rapport des québécois à la langue, avant d’être détrompé par ces excellentes réflexions. Je voudrais toutefois relativiser deux points de vue qui affleurent dans vos messages : primo, si nous français sommes ignorants des subtilités des anglicismes du Québec et du “calque”, si nous cultivons ce mythe du “puriste” québécois, c’est à cause d’une certaine ignorance, regrettable, certes, mais involontaire! Secundo : si nous français parlons peu et mal les langues étrangères, ce n’est absolument pas pour des raisons génétiques ou par extrême chauvinisme (ça c’est peut-être un mythe également), c’est tout simplement parce que notre système scolaire est nettement déficitaire dans l’enseignement des langues. Nous commençons à peine à apprendre des notions d’anglais avant la sixième (11 ans)! Quant au désintérêt des français pour l’anglais et pour tout ce qui n’est pas français, cela me parait très injuste : la tradition d’ouverture de la France à l’étranger n’est-elle pas connue au Québec?

13. Le 9 novembre 2006,
benarbourachel

Bien je trouve ke nous avons le droit de parler toud à notre manière meme si le québec est une région francophone,il faut s’adapter au nouveau monde et à la ouvelle civilisation bien que je pense que mainteantn tous le mon utilise une manière de parler un peu anglicisme!!!

Blah ?