Journal de bord

jeudi 18 septembre 2003

Police de la langue

On connaissait déjà la police du code, mais les blogues québécois voient maintenant débarquer la police de la langue. C’est ainsi que Québec Urbain s’est vu recevoir une injonction de l’Office québécois de la langue française (OQLF), suite à la dénonciation d’un citoyen outragé.

Cela rappelle un peu l’histoire du Directeur général des élections au Québec menaçant le site NonADQ.com. Les fonctionnaires ont du temps à perdre.

Quant à moi, je songe à envoyer un courriel (anonyme bien sûr) à l’OQLF afin de dénoncer cette délinquante bilingue. Et puis celui-là aussi, qui ne traduit pas ses citations. Et puis je vais déposer aussi une plainte collective contre tous ceux qui persistent à utiliser le mot blog (Neige me donnera la liste).

Toi aussi, tu veux dénoncer un vilain blogue qui ne respecte pas la langue française, qui refuse le droit de toute personne au Québec d’être servie et informée en français, à l’encontre de la Charte de la langue française ? Alors écris vite à : info-plaintes@oqlf.gouv.qc.ca ou rends toi sur cette page : Comment porter plainte.

P.S. Michel Dumais met son grain de poivre sur Branchez-vous : Quand l’OQLF sombre dans le ridicule. Ridicule est le mot qui convient pour cette maladresse. Rappelons quand même que l’OQLF est un organisme à qui l’on doit aussi de bonnes choses, comme l’excellent grand dictionnaire terminologique bilingue.

1. Le 18 septembre 2003,
melodius

Je propose une nouvelle devise pour les plaques minéralogiques de la Belle Province:

“Ridicule n’est pas français”

2. Le 18 septembre 2003,
Thomas

Il y a peut-être parfois de l’abus, mais on peut tout de même se donner la peine de regarder le contexte… La situation linguistique et les enjeux sont je pense très différents entre Québec ou Belgique par exemple et franco-France. Je ne suis pas très sûr que l’idée de porter plainte soit si choquante pour un québécois.

3. Le 18 septembre 2003,
Ingénu

Tout aussi ridicule que peut être cette situation, je veux bien me faire l’avocat du diable : les fonctionnaires doivent répondre aux plaintes. Or, nous avons ici affaire avec un fonctionnaire paresseux, qui ne s’est même pas donné la peine de vérifier le contenu du carnet, a fortiori s’il contrevenait vraiment à la Charte de la langue française. Avec un peu de bonne volonté - et un peu d’intelligence pourrait-on ajouter -, cette lettre n’aurait jamais été envoyée.

Le plus ridicule, quant à moi, c’est le lecteur qui a porté plainte à l’OQLF et qui n’a pas su voir que le carnet Québec Urbain n’était pas un site d’information publié par la Ville de Québec.

Le fonctionnaire est payé pour être policier de la langue; le lecteur qui a porté plainte s’est fait lui-même policier.

Qui est le gros con?

4. Le 18 septembre 2003,
melodius

à Thomas :

Ca tombe bien, je suis Belge, et même si notre fascisme linguistique n’est pas encore aussi poussé qu’au Québec, on y arrive tout doucettement, merci pour lui.

Tiens, puisque tu trouves justifié d’empêcher une personne de parler ou d’écrire la langue de son choix, pourquoi ne pourrait-on pas aussi interdire les dialectes et accents inesthétiques ? T’imagines, on interdit le Français avec tout accent autre que québécois ! Ca permet de se débarasser des “Anglais”, même francophones (il y a toujours une pointe d’accent), et des maudits Français du même coup !

(J’espère que je ne donne d’idées à personne, là…)

Et après tout, toujours dans la même logique, on pourrait aussi interdire l’usage de certains mots, ou encore l’expression de certaines pensées ?

Ah, c’est déjà possible…

5. Le 18 septembre 2003,
Ingénu

Si, on pourrait interdire l’usage inconsidéré de certains mots, comme fascisme, et l’usage d’expressions pour le moins… farfelues, comme « fascisme linguistique ».

On ne fait pas de sociologie à partir de faits divers; on ne fait pas d’un fonctionnaire paresseux le symbole d’un système.

Sans rancune.

6. Le 18 septembre 2003,
melodius

Ben, je trouvais “fascisme linguistique” adéquat. Mussolini a interdit l’usage de toute autre langue que l’Italien dans la péninsule et, tant qu’à faire, l’a “nettoyé” de la plupart des mots étrangers et des concepts qui lui déplaisaient (genre “Lei” remplacé par “voi”, et autres conneries dans le genre).

Or, c’est à peu près le but visé par la loi québécoise, non ?

Enfin, si tu me dis que je me trompe…

7. Le 18 septembre 2003,
Thomas

Est-ce vraiment la peine de convoquer les gros mots ? Et puis je n’ai pas écrit que c’était justifié, j’ai écrit que ce n’était pas forcément insolite ;-) Du contexte, du contexte !

8. Le 18 septembre 2003,
Le lapin

Le but de la loi 101 au Québec était de redonner une place prépondérante au français, langue de la majorité de la population. Est-il fasciste de vouloir protéger sa langue et sa culture ? Je crois que non mais les dérives d’un nationalisme acerbe peut l’être.

Et l’anglais (si malmenée d’après les Anglos unilingues d’Alliance Québec) est toujours très présent. Il est toujours nécessaire de bien le connaître dès que l’on est en contact avec le reste du Canada, les USA et le reste du monde.

Ce cas est un exemple de fonctionnaire qui a fait mal son boulot et d’un citoyen qui dans sa croisade contre l’anglais, s’est mis un doigt dans l’oeil et d’un blogeur qui se la joue provoc. La connerie est universelle !

9. Le 18 septembre 2003,
Ingénu

Melodius,

Oui, tu tu trompes. L’anglais n’est pas interdit au Québec (il se porte d’ailleurs plutôt bien). La loi québécoise interdit l’affichage unilingue anglais (l’anglais est possible à condition que le français soit prédominant), à l’exception des raisons sociales (et là, on n’est bien servi avec les Future Shop, Second Cup, etc.). En outre, les mots étrangers (particulièrement les mots anglais, il est vrai) ne sont remplacés que dans le cas où il existe un équivalent français (c.-à-d. les anglicismes) ou qu’une traduction est possible (et là, je ne vois pas le mal). De plus, les enfants d’immigrants ou de parents n’ayant pas été à l’école anglaise ne peuvent avoir une éducation publique en anglais. N’importe quel citoyen a le droit de travailler dans un environnement francophone (c.-à-d. que son employeur doit être en mesure de l’informer et de communiquer avec lui en français). Enfin, la langue du parlement est le français. La loi est évidemment plus large, mais je crois que ça résume assez bien.

D’ailleurs, je vois mal en quoi une province où la proportion universités anglophones/citoyens anglophones est plus élevée que la proportion universités francophones/citoyens francophones (je parle de langue maternelle, évidemment) pourrait être si coercitive. C’est sans compter que le Québec est toujours au sein d’un pays “bilingue” (TRÈS discutable dès qu’on sort de la province) et que l’anglais, une des langues officielles, sera toujours protégé par une instance supérieure, le gouvernement fédéral. D’ailleurs, n’importe quel citoyen peut recevoir sa correspondance provenant du gouvernement québécois en anglais, sans qu’on lui pose de questions.

Le but des lois relatives à la langue au Québec est simple : afficher le caractère français de la province (ce qui n’était pas le cas il y a une quarantaine d’années) et protéger cette particularité.

Le zèle n’est pas érigé en système, à ce que je sache.

Sans rancune.

10. Le 18 septembre 2003,
Kicou

Le vis au Québec… jusqu’à la semaine prochaine.

La loi 104 interdit à mes enfants d’avoir un enseignement en anglais. Mes enfants sont à cheval entre quatre culture, le Québec me demande de n’en choisir qu’une pour eux.

Ils iront à l’école bilingue en Ontario.

11. Le 18 septembre 2003,
Kicou

Oups… quatre cultureS. Sorry. S’cusez.

12. Le 18 septembre 2003,
Le lapin

La loi 101 Kicou.. La vilaine loi 101… Le Québec ne t’a demandé que de choisir l’école française pour le reste c’était ton choix.

Bonne chance dans tes nouvelles aventures !

13. Le 18 septembre 2003,
Ingénu

Euh… On ne te demande pas de choisir une culture, mais une langue d’enseignement.

M’enfin…

14. Le 18 septembre 2003,
Matoo

Rolalala, je dois pas être un bon élève moi non plus !!

15. Le 18 septembre 2003,
Martine

J’ai toujours défendu la loi 101 mais j’avoue que parfois, elle me rend la tâche difficile. À chaque fois que j’explique les bienfaits de cette loi à quelqu’un, on me relance à me donnant des exemples d’abus comme celui cité dans ce billet de Navire.net. De toute évidence, la personne qui a porté plainte a cru qu’il s’agissait d’un site officiel et le fonctionnaire n’a pas eu le goût de faire une recherche un peu plus poussée, se contentant d’envoyer un petit message paresseux et vaguement menaçant. Dommage. Ce sont des bévues pareilles qui font perdre toute crédibilité aux politiques de promotion et de protection de la langue française au Québec. Mais doit-on aller jusqu’à jeter le bébé avec l’eau du bain?

Que je vais m’amuser si on m’envoie une telle plainte!

16. Le 18 septembre 2003,
neige

Hé .. hé Kicou est une cause désespérée, me suis cassé les dents dessus. Tout de même, au Québec la population a l’énorme avantage, pour tous, sans exception, peu importe sa langue d’origine et sa culture, de faire ses études en anglais à partir du cegep (soit à l’age de 16 ans environ), ce qui peut donner jusqu’au doctorat, par exemple, 10 années et plus d’études en anglais, bilingue s’il le faut, à des coûts DÉRISOIRES, dans de très bonnes universités (McGill, Concordia etc) et d’excellents laboratoires de recherche. Indiquez-moi un seul autre pays au monde où il est possible d’avoir cette opportunité.

17. Le 18 septembre 2003,
neige

Et… On ne va pas “s’enfarger” ou “s’enberlificoter” dans les fleurs du tapis pour une petite plainte mal fondée et mal gérée.

18. Le 18 septembre 2003,
Ingénu

Neige,

Autrement dit, ne faisons pas de la blogosphère un “Journal de Montréal”.

19. Le 18 septembre 2003,
Ingénu

Si je voulais vraiment m’enfarger dans les fleurs du tapis, je dirais qu’il ne faut pas dire “loi 101”, mais bien “projet de loi 101” (une loi n’a pas de numéro) ou “Charte de la langue française”.

20. Le 18 septembre 2003,
melodius

Heu, désolé d’insister, mais le fonctionnaire il avait très bien pigé que c’était un site privé :

Voici le texte intégral de sa bafouille :

“Je travaille comme conseiller en francisation à l’Office québécois de la langue française auprès d’organismes publics dont la Ville de Québec, qui m’informe que le site Québec urbain ne lui appartient pas, mais qu’il est privé. Ainsi,la (sic) semaine dernière, un citoyen s’est plaint du fait que vous aviez laissé le petit calendrier en anglais dans la partie supérieure droite des pages d’accueil, ce qui constitue uen (sic) infraction à la loi. Auriez-vous l’obligeance de vérifier la situation et d’apportez les correctifs nécessaires ? Par ailleurs, le même plaignant constate qu’il y a de longues citations de revues américaines qui ne sont pas traduites, privant ainsi les citoyens de renseignements intéressants sur leur ville ou leurs arrondissements. Lorsqu’il s’agit de courtes citations, ça peut toujours aller, mais quand les citations sont trop longues, on risque de perdre la plupart des usagers. Je tenais donc à vous informer de cette plainte, étant assuré de votre désir de bien satisfaire (sic) votre clientèle. Je vous remercie d’avance de votre collaboration.

Armand Bélanger Conseiller en francisation Office québécois de la langue française (514) 873-3651 armand.belanger@oqlf.gouv.qc.ca”

Donc, not’bon Armand écrit à un privé, paré de son titre de flicolingus (c’est-y pas un beau néologisme quasi québécois, ça ?) et essaye d’intimider ledit privé alors qu’il ne tombe pas sous le coup de la loi flicolinguistique.

Vous, je ne sais pas, moi, je trouve ça très fort de café.

J’ai par ailleurs été jeter un coup d’oeil à la loi en question.

Je trouve touchant que le législateur québécois, dans son immense sagesse, ait prévu que le citoyen a le droit de se faire adresser la parole en Français par les services publics. Mon petit doigt me dit qu’il aurait peut-être été plus utile de prévoir qu’il avait le droit de se faire adresser la parole en Anglais, en Alqonguin ou encore en Inuit s’il le souhaite, mais n’ergotons pas.

Remarquez cependant que le citoyen québecois a également le droit d’exiger que toute personne avec qui il travaille ou qui lui vend un truc s’adresse à lui en Français. Autrement dit, si tu veux travailler, tu dois parler Français.

A part les trois trappeurs de castors anglophones hibernant dans leur cabane au Canada (oui, je sais, facile), je ne vois pas très bien qui échappe à cette obligation tout en étant “gainfully employed”.

Permettez-moi par ailleurs de rire à gorge déployée de couillonnades du genre “le texte en Français doit avoir un plus grand zizi que le texte en Anglais”.

Si on veut défendre le Français, programme auquel je souscris avec enthousiasme, j’ai une suggestion à faire : que les francophones fassent des trucs sufisamment intéressants pour que les non-francophones aient envie d’apprendre notre langue.

Se vautrer dans la mesquinerie ne me parait pas être la meilleure alternative.

21. Le 18 septembre 2003,
neige

Melodius, vois-tu, moi c’est pas le genre de truc que j’aurais parlé en public, à la place de Québec Urbain, avec tout le respect que je lui dois, je lis régulièrement ses écrits, donc à sa place, j’aurais tenu ça privé et en aurait discuté avec l’Office avant d’émeuter toute la colonie. - C’est exactement ce genre de comportement que j’aime pas avec les communications rapides, il n’y a plus de pauses, plus de réflexions, que des réactions à froid, de type CNN, et ça désole souvent.

Quant à toi - tu m’agaces royalement, tu sors de où ?

22. Le 18 septembre 2003,
Anne Onyme

On dira que les Québécois sont susceptibles, mais c’est plus fort que moi : se vautrer dans le procès d’intention quand on ne vit ici frôle la mauvaise fois.

D’ailleurs “si on veut défendre le français” (sans majuscule), on devrait utiliser “possibilité” et non “alternative” (une alternative comprend deux choix).

“A part les trois trappeurs de castors anglophones hibernant dans leur cabane au Canada (oui, je sais, facile), je ne vois pas très bien qui échappe à cette obligation tout en étant “gainfully employed”.”

Tu serais surpris : 1) de la difficulté de se faire servir en français dans de nombreux commerces du Centre-Ville de Montréal; 2) du nombre d’entreprises où tout se fait en anglais.

Le meilleur est à venir :

“Si on veut défendre le Français, programme auquel je souscris avec enthousiasme, j’ai une suggestion à faire : que les francophones fassent des trucs sufisamment intéressants pour que les non-francophones aient envie d’apprendre notre langue.”

J’espère que tu n’es pas sérieux : il y a quelque 6 millions de francophones au Québec pour 300 millions d’anglophones en Amérique du Nord. C’est sans compter que l’anglais est pour l’instant une langue internationale, non pas parce qu’elle est “intéressante”, mais en raison du poids économique relié. On ne choisit pas d’apprendre une langue donnée en arrivant dans un pays parce qu’elle est intéressante, franchement!. Ta façon de penser est une route directe vers l’assimilation. Cette loi, aussi ridicule qu’elle puisse paraître pour certains, nous a permis d’obtenir du respect.

Quant au “flicolinguiste”, si tu lisais un peu mieux, tu verrais qu’il est simplement con.

23. Le 18 septembre 2003,
karl

Décidément, Laurent nous fais du troll franco-québécois à la petite semaine. :( Je ne vois pas beaucoup l’intérêt même avec humour.

Le prochains sujet trollesque: les autochtones au Québec

24. Le 18 septembre 2003,
Ingénu

Merde…

“Mauvaise foi”… Je devais me corriger…

25. Le 18 septembre 2003,
Ingénu

Pendans que j’y pense:

Il faudrait peut-être cesser de parler de tout ça; sinon, cette nouvelle risque d’être reprise dans The Gazette, le Globe and Mail ou le National Post (ou les trois à la fois).

26. Le 18 septembre 2003,
melodius

Je leur envoie de suite un e-mail. Après tout, je ne vois pas pourquoi il n’y aurait que les Québécois qui puissent cafter…

melodius copolingus - at her gracious Majesty’s service

27. Le 18 septembre 2003,
Laurent

Ah, merci de ta collaboration Karl ! Prochain sujet Québec : les autochtones, je note. Merci encore. :-)

28. Le 18 septembre 2003,
L’imberbe

Capitaine, veuillez tout de suite rendre son clavier au lapin ! Usurpateur !

29. Le 18 septembre 2003,
Martine

Ingénu, tu peut être certain que The Gazette, Le Globe et compagnie sont en train de rédiger leurs petits articles au moment où j’écris ces lignes (si ce n’est pas déjà fait). Ces incidents là leur sont très utiles puor pointer du doigt les gros méchants québécois francophones.

Mon copain est unilingue anglophone et ce genre de geste de la part de l’OLF le met dans tous ses états! Je ne serais pas surprise qu’il publie un billet sur le sujet aujourd’hui avant que nous n’ayions la chance d’en discuter ensemble. Nous ne sommes pas d’accord en général sur les questions “d’affichage”, mais plus il fréquente une francophone, plus il semble bouger sur ses idées premières… Avant que vous me disiez que je suis condescendante, sachez que mes idées à moi aussi ont bougé depuis que je le connais et que je suis plus proche de la “réalité” anglophone au Québec.

Ceci étant dit, j’aurais fait comme monsieur Québec Urbain et j’en aurais parlé aussi sur mon carnet si quelque chose comme ça m’était arrivé. Il est important qu’on comprenne ce qui s’est passé exactement. Malheureusement, tout va tourner au drame et à l’exagération, encore une fois, mais ce n’est pas de la faute de Francis Vachon.

30. Le 18 septembre 2003,
Laurent

L’imberbe : une petite erreur avec les cookies… J’ai rendu à César ce qui revient à César… (moi, en l’occurrence ;-)

31. Le 18 septembre 2003,
Laurent

Un point en passant pour que l’on ne me fasse pas un n-ième procès d’intention, je suis un fervent partisan de la Charte de la langue française. (Oui, je sais je suis un stalinien…)

32. Le 18 septembre 2003,
melodius

Ben mazette, j’ai été y voir à la Charte de la langue française et c’est pas piqué des hannetons.

J’ai tout particulièrement apprécié le chapitre sur l’entreprise (avec les délicieux “comités de francisation” - y a-t-il un “commissaire à la francisation” ?) et, last but not least, heu, dernier mais pas négligeable, les sanctions pénales.

Ca rigole pas dis donc !

Sans blague, vous trouvez ça normal ?

33. Le 18 septembre 2003,
Anne Onyme

Normal, je ne sais pas; approprié, oui.

Ce que je ne trouve pas normal, c’est que des gens, encore aujourd’hui, aient de la difficulté à travailler ou à être servi en français au Québec.

Ce que je ne trouve pas normal, c’est qu’une loi ait été le seul moyen pour les francophones d’obtenir des droits qui semblent aller de soi.

Ce que je ne trouve pas normal, c’est d’avoir à demander à ma compagnie d’assurance vie de recevoir ma correspondance en français.

Ce que je ne trouve pas normal, c’est qu’on juge une loi sans se demander qu’elle en est l’esprit et en s’en tenant à la lettre.

Un citoyen unilingue anglophone peut très bien vivre et travailler décemment (ce n’est pas nécessairement facile, cependant) à Montréal toute sa vie sans connaître un seul mot de français, et ce, malgré la Charte.

D’ailleurs, ce n’est pas parce que cette Charte existe qu’il n’y a pas de francophones bilingues; bien au contraire, la connaissance de l’anglais est souvent une exigence dans les offres d’emploi.

Enfin, il n’y a pas, à ma connaissance, d’anglophone qui ait été emprisonné en raison de cette charte.

Traduire une affiche, c’est coercitif, ça mine le multiculturalisme? Vraiment?

34. Le 18 septembre 2003,
Houssein

Je propose que tous ceux qui pensent que le fonctionnaire a fait une gaffe (je le pense), et qui croient qu’il s’agit d’une atteinte à la vie privée et aux libertés fondamentales (je crois que c’est le cas), envoient un courriel de protestation au fonctionnaire, avec copie à l’office (je vais le faire).

armand.belanger@oqlf.gouv.qc.ca, info@oqlf.gouv.qc.ca, info-plaintes@oqlf.gouv.qc.ca

35. Le 18 septembre 2003,
neige

@@@ Une atteinte à la vie privée !!!.. hein! C’est le délire, je le disais, cette blogosphère va se transformer en un vaste trou noir, je sens déjà les ondes sonores intergalactiques émettant une note correspondant au si bémol, 57 octaves sous le ’dos’ moyen du pauvre blogueur. (par comparaison la vrai vie, celle qui est posée, d’une musique agréable à l’oreille, on est habituée à 7 octaves sous le do). Je commence à comprendre comment certains amas blogoshériques galactiques, qui se croient parmi les plus grandes formations de l’Univers, peuvent réagir et grossir : l’énergie est transportée par les petites tempêtes.

J’envisage de plus en plus de me sauver sur mon île d’aristocrates, ou j’aurai peut-être la chance de devenir princesse de Tugapuntu et contribuer par mon exemple à ce que le monde soit raisonnable et tolérant.

36. Le 18 septembre 2003,
karl

Un citoyen unilingue anglophone peut très bien vivre et travailler décemment (ce n’est pas nécessairement facile, cependant) à Montréal toute sa vie sans connaître un seul mot de français, et ce, malgré la Charte.

Pas tout à fait, c’est une excuse supplémentaire pour refuser les postes. Ceci dit je n’ai rien contre la loi. Mais il est certe plus difficile pour une personne unilingue anglophone de s’adapter ici.

37. Le 18 septembre 2003,
karl

Ah oui. J’ai oublié…

vous savez qui va être la vraie victime de tout le tapage que l’on fait en ce moment. Le fonctionnaire un peu zélé qui a pas compris le contexte, qui ne sait pas trop ce que sont les carnets Web, car il n’est pas omniscient, etc. Qu’il est fait une connerie d’accord, j’espère que cela ne prendra pas une ampleur énorme dans son travail. Ce serait bien idiot.

38. Le 18 septembre 2003,
Ingénu

Karl,

Tout à fait d’accord. Je crois que j’ai poussé un peu. Ce n’est pas facile, je le conçois très bien, mais réalisable. D’ailleurs, le bilinguisme en tant que tel est souvent une exigence.

39. Le 18 septembre 2003,
L’imberbe

neige: le premier paragraphe de ton dernier commentaire tu l’as écrit sous l’emprise de quelle drogue ?

40. Le 18 septembre 2003,
neige

CAPITAINE, je propose que tu sabotes ce billet, que tu l’envois directement à la mer, tartare, aux requins, avant que la peste noir n’emporte tout l’équipage. Et que ce NAVIRE vogue vers des eaux plus froides pour y refraichir les esprits.

41. Le 18 septembre 2003,
Laurent

Message privé : Neige, je t’aime. Ne nous (me) quitte pas !

Karl, tu as tout à fait raison. Mais d’un autre côté, nos tapages blogosphèriques ne sont que vaguelettes…

42. Le 18 septembre 2003,
Constantin H

Ardent défenseur du parler bien, je me fais fort de n’être pas compris du peuple (c’est du moins ce que mon estimé et lubrique compagnon de beuverie Aristophane dit de moi, le faquin !), et c’est donc avec plaisir que j’apprends l’existence d’une “charte de la langue française” dont les édiles québecois ont gratifié la populace du périmètre vaguement compris entre les eskimos US et les yankees, dans - du moins je le suppose - une tentative futile de mettre le holà à l’agenda secret américain de domination du continent. J’avais déjà applaudi des deux mains l’utilisation de vocables abscons (et néanmoins différents de ceux prônés par l’Académie Française) censés remplacer le jargon yankee de l’internaute moyen, dont l’incroyable et très imagé “butineur”, qui est allé rejoindre “Lave-auto” et “service au volant” dans mon panthéon personnel dédié au ridicule fonctionnarial.

Issu d’une contrée où l’on est prié de changer de langue toutes les trente secondes lorsqu’on lit les panneaux indicateurs sur les autoroutes - et vous avouerez que l’infortuné personnage qui prend l’autoroute de Mons et apprend à mi-parcours qu’il se dirige vers “Bergen” a de quoi se poser des questions, de même d’ailleurs que celui qui, pensant aterrir à Grammont, découvre qu’il est en fait à Geraardsbergen ou même celui qui se rend à Luik, enfin Liège, voire Lüttich s’il a le malheur de passer par les célèbres cantons rédimés - je suis très sensible aux informations qui me permettent d’accréditer la thèse selon laquelle nous avons en permanence l’air d’une bande de joyeux zozos mais qu’il y a de l’autre côté de l’Atlantique une intéressante confrérie de torquemadas d’opérette qui brûlent de venger Jeanne d’Arc en boutant l’Anglois hors d’Amérique (bonne chance, il en restera encore une belle tripotée quand vous en aurez fini avec ceux qui ont eu le mauvais goût de venir s’établir dans votre jôli pays - je mets l’accent circonflexe pour faire couleur locale).

J’apprécie particulièrement la création du poste de “Conseiller à la Francisation”, terme que le maréchal n’aurait pas désavoué aux heures les plus glorieuses de la France Libre (je veux dire, celle que les Allemands n’avaient pas jugé utile d’envahir vu qu’ils disposaient déjà des thermes spadois depuis l’invasion des Ardennes).

Vive le Québec Libre ! Vive la langue françâaise !

43. Le 18 septembre 2003,
Houssein

Karl je ne suis pas d’accord. Ce pauvre fonctionnaire est responsable, et c’est du devoir citoyen que de signaler les abus de l’adminstration… Son travail consiste a enquêter avant de lancer des menaces douteuses. Et s’il se trompe, ce qui peut arriver à tout le monde, au moins d’avouer sa faute, et s’excuser. Il se trouve qu’il n’a meme pas pris la peine de répondre au dernier mail de l’”accusé”…

ps. Je suis plutot POUR la loi 101.

44. Le 18 septembre 2003,
Lieben

Ami(e) Québécois(es) Une seule solution: adoptez l’espagnol, le biélorusse ou le mandarin comme unique langue officielle, ce sera plus simple ! ;-)

45. Le 18 septembre 2003,
Yvan Lemay

Celles et ceux qui auront pris la peine de retourner sur le site de Québec Urbain et qui auront pris la peine de lire les commentaires savent depuis 11h03 que le dit fonctionnaire a présenté des excuses.

46. Le 18 septembre 2003,
Houssein

Tout est bien qui finit bien :-)

47. Le 19 septembre 2003,
Ingénu

Je dirais même plus : tout vient à point à qui sait attendre.

Ce qui est scandaleux, c’est qu’un « conseiller en francisation » n’ait pas un excellent français et - accessoirement - et ait un meilleur salaire que le mien, pauvre réviseur!

48. Le 19 septembre 2003,
Constantin H

Tout rentre dans l’ordre, et le bon bourgeois satisfait se retire dans la confortable quiétude qu’il aurait aimé ne jamais quitter. Pendant ce temps, le conseiller à la francisation écume le Net (pardon, la Toile) à la recherche de nouvelles victimes, non, pardon, d’infâmes individus inciviques et anglophiles qui auraient eu l’outrecuidance de préférer un vocable anglo-saxon à la douce rondeur de la langue française. Dormez tranquilles, la Police de la Pensée veille sur vous !

49. Le 19 septembre 2003,
melodius

Ce qui est merveilleux, avec Interfilet, c’est qu’on découvre les parlers poétiques d’autres contrées francophones.

Ainsi, grâce à Yves Lemay, j’ai pu découvrir comment un flicolingus québécois pris en flagrant délit d’excès de pouvoir présente des excuses au citoyen qu’il a harcelé.

En français de Belgique, ça aurait donné à peu près ceci:

“Cher Monsieur,

Je m’aperçois à l’examen de ce dossier que c’est à tort que je vous ai adressé un e-mail vous enjoignant à traduire en français tous les textes en anglais figurant sur votre site. La loi flicolinguistique ne s’applique pas, en effet, à des initiatives privées et sans but lucratif telles la vôtre. Je vous prie par conséquent d’accepter mes sincères excuses pour le désagrément que j’ai pu vous causer.

Salutations distinguées,

le flicolingus”

En québécois, idiome plus poétique que celui parlé dans nos contrées un peu rustres, cela donne ceci :

“Monsieur,

Après plus ample informé, je retire mon opinion voulant que le point soulevé soit une infraction à la loi. Le but de ma démarche était d’établir une discussion cordiale pour vous persuader de faire une plus grande place au français dans le site. Je suis toujours à votre disposition pour une telle discussion.

Armand Bélanger, conseiller en francisation Office québécois de la langue française Armand.belanger@oqlf.gouv.qc.ca (514) 873-3651”

Je l’avoue bien sincèrement, jamais je n’aurais cru qu’il s’agissait d’une lettre d’excuses si Yves ne l’avait pas précisé. J’aurais plutôt pris ça pour un retrait forcé mais néanmoins vaguement menaçant. On en apprend tous les jours. Que la langue française est riche ! Qu’elle est belle la francophonie !

50. Le 19 septembre 2003,
Ingénu

Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai envie de hurler.

51. Le 19 septembre 2003,
melodius

So do I.

As someone said “thank God we don’t get all the government we pay for.”

Seeya buddy !

52. Le 19 septembre 2003,
Constantin H

Voilà qui va attirer le vilain conseiller en francisation dans les parages.

Depuis deux jours, le terme “conseiller en francisation” éveille chez moi un vague sentiment de malaise diffus. Je crois que je commence à en identifier les causes. Je pense que c’est parce que ça me fait penser à plusieurs termes désagréables.

Le premier est “balkanisation” : vous savez, ce terme de géopolitique qui désigne le monstrueux et explosif capharnaüm qu’à causé la politique de division ethnique menée par les puissances coloniales dans les Balkans. J’espère pour vous qu’il n’en sera pas de même et que vous éviterez le deuxième terme.

Tiens justement, quel est ce deuxième terme ? Et bien c’est “nettoyage ethnique”, à peu près ex aequo avec aryanisation. Get my drift ?

53. Le 19 septembre 2003,
Ingénu

Je ne sais pas pourquoi, mais je crois entendre un anglophone de l’ouest de l’île de Montréal.

I get it, dude.

Je vois cependant mal comment un peuple aussi peu nombreux, aussi peu violent pourrait faire le nettoyage ethnique de 300 millions d’anglophones. Comparer le titre de “conseiller en francisation” d’une province (et non d’un État, dois-je le rappeler) à de l’aryanisation, c’est vraiment du délire. C’est même insultant pour les véritables victimes de nettoyage ethnique.

Peace.

54. Le 19 septembre 2003,
Ingénu

D’ailleurs, si ça peut te rassurer, un anglophone résidant au Québec est tout aussi Québécois pour moi que n’importe quel autre citoyen.

55. Le 19 septembre 2003,
Constantin H

“Je ne sais pas pourquoi, mais je crois entendre un anglophone de l’ouest de l’île de Montréal.”

Pas tout à fait, non. Remarquez, à quelques milliers de kilomètres près vous étiez dans le bon.

“Je vois cependant mal comment un peuple aussi peu nombreux, aussi peu violent pourrait faire le nettoyage ethnique de 300 millions d’anglophones. “

Vous me pardonnerez mais craintes, mais quand une “province”, pour reprendre votre terme - en ce qui me concerne, toute organisation ou sous-organisation étatique est un Etat, quel que soient les oripeaux dont elle se pare - se met en tête de payer une armée de fonctionnaire pour traquer l’anglois dans les textes écrits par les entreprises commerciales où non situées sur son territoire, je m’attends au pire.

Dans le pays d’où je viens, certaines communes (et non, il ne s’agit ni de l’Etat ni de la province, mais de simples municipalités) de la périphérie bruxelloises, animées des mêmes “pures” intentions de protection du parler local, après avoir incité à l’affichage commercial uniligue nééerlandophone, sont ensuite passées à la vitesse supérieure et ont obligé les futurs propriétaires de maisons situées sur leur “territoire” à passer un examen devant une commission habilitée à juger de leur connaissance de la langue de Vondel. Un échec à cet examen était sanctionné d’une obligation d’inscrire ses enfants dans une école néerlandophone. Ajoutez-y les multiples vexations dont sont victimes les francophones dans cette commune (comme par exemple l’interdiction aux fonctionnaires mêmes bilingues de les servir dans leur langue, l’obligation de remplir tout document officiel en Néerlandais sous peine de nullité et autres joyeusetés) et vous assistez dans les faits à un nettoyage ethnique “soft”. Vos discours grandiloquents sur la soi-disant “tolérance” des québécois francophones m’inspirent donc une suspicion tout légitime car je suis persuadé quê la politique entamée par la Province de Québec poursuit les mêmes buts, quel que soit le discours officiel dont elle entoure ses turpitudes.

56. Le 19 septembre 2003,
Constantin H

Autre chose : je m’abstiens généralement d’attaques ad hominem lors de mes interventions, je vous saurais gré d’observer la même courtoisie et d’éviter de qualifier mes propos de “délire”. Maitenant, if you want to play it rough, be my guest, mais je pense qu’un soupçon de bonnes manières confère aux débats une tenue nettement supérieure.

A vouslire,

Constantin H.

57. Le 19 septembre 2003,
Anne Onyme

“D’ailleurs, si ça peut te rassurer, un anglophone résidant au Québec est tout aussi Québécois pour moi que n’importe quel autre citoyen.”

Je ne suis pas sûr que je trouve rassurant que tu te sentes obligé de préciser.

Dites, à part ça, qu’est-ce qui justifie toutes ces lois, très précisément ?

J’y ai été au Québec, et je n’ai pour ainsi dire jamais entendu parler anglais (sauf par les amis américains avec qui je voyageais, mais ça ne compte pas). Non que les sons de cette langue m’auraient heurté les portugaises, mais bon.

Si ça vous embête qu’un ou deux night-sh.. dépanneurs pakistanais à Montréal ne parlent qu’anglais, vous n’avez qu’à pas acheter chez eux, y parleront français fissa, j’te jure.

Quant à neige, je trouve du plus haut comique que tu estimes que la réaction adéquate à ce genre d’incidents aurait été de ne surtout rien en dire à personne - je ne suis pas certain que tu tiendrais le même raisonnement pour une incident raciste ou homophobe, enfin j’espère - et que tu prétendes défendre la raison et la tolérance, of all things.

Enfin, une fois de plus, on constate que le nationalisme est ennemi de la liberté.

58. Le 19 septembre 2003,
melodius

Oops, oublié de signer.

Je suis donc l’auteur du précédent message.

59. Le 19 septembre 2003,
Ingénu

Désolé pour le ton, je veillerai à ce que ça ne se reproduise plus.

Je peux comprendre tes craintes, mais, à ce que je sache, la minorité anglophone peut recevoir tous les services qu’elle veut en anglais (entendons-nous, ce ne sont pas tous les fonctionnaires qui sont parfaitement bilingues, loin s’en faut), peut subir un procès en anglais, entre autres. C’est sans compter que l’inscription à l’école française pour les enfants d’immigrants n’ayant pas été à l’école anglaise est limitée aux niveaux primaire et secondaire. À partir de 17 ans, n’importe quel citoyen - y compris les francophones - peut avoir une éducation publique (et d’excellente qualité : le réseau des université anglophones au Québec est très respecté) à un prix ridicule (le réseau est subventionné dans une très large proportion). Par ailleurs, les immigrants eux-mêmes ne se voient pas obligés d’apprendre le français (ni l’anglais d’ailleurs). Évidemment, s’ils veulent être capables de communiquer (et obtenir la citoyenneté canadienne), ils doivent apprendre l’une ou l’autre des langues officielles. La plupart des immigrants choisissent d’ailleurs d’apprendre l’anglais. Dans certains cas, ils n’apprennent aucune langue officielle, et leurs enfants deviennent alors leur seul lien avec le monde extérieur, étant donné qu’ils recoivent une éducation en français. Ma conjointe est enseignante, et elle doit souvent faire appel à l’élève même lorsqu’elle veut parler à ses parents.

Je ne dis pas que tout est rose, mais les vexations dont tu parles et dont se disent victimes les anglophones d’ici étaient le propre de la majorité francophone il y a une quarantaine d’année, et le propre des minorités francophones ACTUELLES des autres provinces canadiennes : les réseaux scolaires et de santé sont constamment remis en question par les autorités des provinces à majorité anglophones, c’est-à-dire tout le reste du Canada. N’oublions pas que je fais partie d’un peuple conquis et que ce dernier a évité l’assimilation par un concours de circonstances qui tient presque du miracle.

Autrement dit, malgré la Charte, l’anglais se porte bien mieux au Québec que le français dans tout le reste du Canada. Ce qui semble très oppressant pour une minorité, en théorie, ne l’a pas été dans la réalité. En outre, cela a permis à une majorité de sortir de son statut de “minorité” et de cesser d’avoir honte de sa propre languem (encore aujourd’hui, réunissez 5 francophones ensemble et intégrer 1 anglophone, et vous verrez la conversation se dérouler en anglais dans bien des cas). C’est sans compter que la minorité anglophone au Québec a encore beaucoup de pouvoir et n’est certainement pas plus pauvre que la majorité francophone.

Évidemment, il faut dénoncer les dérives de fonctionnaires zélés (et souvent incompétents). Je n’appuie certainement pas des gestes comme celui que ce “conseiller en francisation” a posé. Il faut veiller au grain. Cependant, je ne crois pas que ce qui se passe en Belgique puisse s’appliquer intégralement à ce qui se passe ici et jamais (ou presque) je ne mettrai en doute l’esprit de la Charte.

Je ne connais aucun francophone visant l’assimilation des anglophones (ce qui ne veut pas dire qu’il n’en existe pas, mais il y a des têtes brûlées partout malheureusement); les autorités britanniques ont longtemps tenté (officiellement) de le faire ici, et avec des moyens pas toujours très jolis, comme des déportations.

Cordialement,

Ingénu

60. Le 19 septembre 2003,
Ingénu

Mélodius,

Une petite information : les anglophones sont majoritairement concentrés à Montréal et en Estrie (près de la frontière américaine).

Si tu avais visité le Québec il y a 50 ans, tu aurais compris l’esprit de cette réglementation : sortir la majorité francophone de son statut de minorité (économique, entre autres); avoir le droit de travailler dans sa propre langue (à cette époque, tous les grands commercants et toutes les grandes industries étaient la propriété de la minorité anglophone pour maintes raisons, dont le fait que les francophones étaient catholiques (perception négative de l’argent) et un peuple conquis).

Quant à la présente utilité de la réglementation, elle tient surtout à l’omniprésence de l’anglais (6-7 millions de francophones contre plus de 300 millions d’anglophones). En retirant la réglementation, on verra entre autres tous les immigrants (qui souvent ne savent pas qu’il y a des francophones ici) apprendre l’anglais vite fait, pour des raisons bien terre-à-terre et que je peux tout à fait concevoir; en retirant le réglementation, on verra de nouveau le français, tranquillement mais sûrement, dans une situation très précaire.

Évidemment, le mieux serait de faire plus d’enfants… :)

Cordialement,

61. Le 19 septembre 2003,
Constantin H

Si vraiment il y a un problème grave “d’assimilation culturelle” des francophones, comme vous semblez le penser, croyez-vous vraiment qu’un appel à l’Etat soit la solution ? Etant donné le track record des institutions étatiques en matière d’efficacité, je crains fort que vos chances de survie soient à présent à jamais compromises.

Les leçons de l’histoire belge pourraient en outre utilement vous servir. Lors des débuts de notre beau pays, les industriels wallons dominaient le paysage économique belge, et les pauvres flamands n’avaient que le choix d’apprendre le français et d’aller travailler chez eux. Un siècle et demi plus tard, la wallonie est une terre sclérosée, et ce qui reste d’initiative privée se déssèche lentement sous l’effet de la pression fiscale, de la diarrhée législative et de l’obsession paperassière des édiles wallons. Pendant ce temps, la Flandre affiche un dynamisme qui fait plaisir à voir.

62. Le 19 septembre 2003,
neige

Constantin - tu en rates de grands bouts. Pour connaitre un peu mon histoire, la lutte du français au québec et canada dure depuis plus de 300 ans. Il y eu un temps où presque toute l’économie industrielle et la richesse québécoise était anglophone, l’agriculture et la pauvreté étaient alors françaises. Si actuellement le Québec à su depuis les 80 dernières années afficher un dynamisme industriel français (et je cite très brièvement en exemple: Hydro-Québec, Bombardier, Les Entr. Jean-Coutu, Le Cirque du Soleil, Tecsult, Lavalin et autres grandes soc. d’ingénierie, Metro, CGI, Banque Nationale, et même Alcan (a la veille d’acheter Pichenay de France) - donc, cet essort est dû aux politiques interventionistes de l’état (la Caisse de Dépôt du Québec entre autres). Si aujourd’hui il y a un fait français au Canada, malgré toutes les pressions naturelles pour le faire disparaitre, c’est à cause des lois et autres interventions de l’état. - Quel serait aujourd’hui la situation si tout le marché serait resté libre, dont anglophone, durant tout ce temps ? Pour ma part, je sais que je ne ferais pas partie de cette entreprise multinationale qui a son siège principal d’affaire à Genève (tout anglais), et dont le françisation ici, dans le bureau d’affaire du Québec ne date que du début des années 1980, suite, encore, à l’intervention de l’état. Cette entreprise fait travailler ses employés en français et s’intéresse au marché québécois à cause du fait français qu’on y retrouve, autrement, le bureau chef serait à Toronto et j’y causerais anglais.

La tempête dans le verre d’eau causée chez Québec Urbain par l’OQLF n’est qu’une petite coche mal taillée qui n’a pris des proportions énormes que dans cette blogosphère où tout le monde s’épient, et qui finalement manque d’ouverture sur le vrai monde.

Pour que ce dynamisme français demeure, il faut une imigration française, des enfants qui étudient en français, quoique libre de le faire en anglais pour toutes leurs études supérieures (c’est mon cas), et qui plus tard pourront travailler en français ou dans un environnement bilingue au besoin.

Ta situation belgicienne est toute différente, comme l’est celle du Luxembourg (3 langues aussi). Et que dire des Américains, qui vont bientôt légiférer dans certains états du sud afin de préserver l’anglais, menaçé par l’espagnol.

63. Le 19 septembre 2003,
Ingénu

J’avoue ne pas bien saisir le lien entre les deux situations. Tu vois un frein économique important dans cette règlementation? dans l’appel à l’État?

À ce que je sache, l’application de la Charte au Québec n’est pas aussi lourde qu’on pourrait le penser et n’a pas causé de problèmes économiques important, contrairement à ce que prétendait la minorité anglophone dominante de l’époque. Au contraire, cela a été un des tremplins (parmi plusieurs autres) qui a permis aux francophones de prendre leur place et de faire du commerce; en d’autres termes, de sortir de leur condition ouvrière. En outre, malgré la paperasserie propre à toute sociale-démocratie, il existe un grand dynamisme économique au Québec. Montréal n’est plus le pôle économique du Canada, mais cela tient à d’autres facteurs (ouverture d’une voie navigable pour les porte-conteneurs jusqu’à Toronto) qui ont précédé la Charte. Montréal demeure tout de même un centre économique très important au Canada.

Si ça peut illustrer ce que j’avance, je travaille au sein d’une entreprise de services-conseils en informatique (je crois qu’on dit SSII en Europe) fondée il y a 25 ans (donc assez près de la première application de la Charte) par un Québécois francophone (toujours à sa tête) : c’est maintenant la plus importante entreprise de ce genre au Canada, la 4e en Amérique du Nord, elle compte 20 000 employés, il y a des divisions aux États-Unis, en France, en Grande-Bretagne, au Portugal et en Inde.

Par ailleurs, la langue des affaires, en Amérique du Nord, demeure l’anglais. Quand on pense que plus de 80 % des exportations sont destinées aux États-Unis, qu’il y a de très nombreux contacts avec le reste du Canada, il serait impensable que tout se déroule en français, ce qui explique le très important bilinguisme chez les francophones du milieu des affaires. Les affaires sont les affaires, Charte de la langue française ou pas.

La langue est un sujet délicat au Québec, je l’entends. La Charte, depuis une génération, n’a pas mené à la catastrophe, bien au contraire.

L’interventionnisme n’a pas que de mauvais effets.

Cordialement.

64. Le 19 septembre 2003,
Ingénu

Neige,

Je n’aurais pas su mieux dire. :)

65. Le 20 septembre 2003,
Francois M.

« …s’est vu recevoir une injonction de l’Office québécois de la langue française (OQLF)… » Faut pas pousser Laurent en intro. Il ne s’agissait pas d’une injonction ni d’un jugement d’un tribunal mais d’une incitation, certes assez forte, à modifier le blogue. Et c’est pas l’Office qui a fait les remontrances, qui incidemment s’est excusée du zèle de son fonctionnaire. Maladroit et ignorant le mec mais tout condamner de l’Office comme j’ai pu lire ici, c’est faire preuve d’une méconnaissance de la situation linguistique au Québec ancienne comme actuelle.

66. Le 20 septembre 2003,
Constantin H

Je persiste et signe. L’intervention de l’Etat est toujours une mauvaise chose selon moi. Il y a à cela trois raisons :

1) Il y a oppression de la minorité par la majorité. Vous pouvez ne pas être d’accord avec ce principe, c’est une pétition de foi libertarienne.

2) L’histoire nous prouve avec une profusion d’exemple que l’intervention de l’Etat s’avère toujours en fin de compte contre-productive. D’ailleurs (je ne dis pas qu’il y a corrélation, mais je pense que la législation linguistique et l’état d’esprit général de votre belle Province doit y être pour quelque chose), le taux de chômage au Québac est de 8,6% alors que la moyenne canadienne est de 7,7%, et que l’Ontario et le Manitoba sont respectivement à 7,1% et même 5,2%. Le taux de chômage est fortement corrélé au climat institutionnel d’une région. En clair, les tracasseries administratives (dont votre charte fait partie, que vous le vouliez ou non) découragent l’initiative privée dans votre coin du pays.

Ceux qui veulent vérifier mes sources peuvent le faire sur le site de Statistiques Canada. Attention, j’ai pris la page en anglais mais je pense qu’elle existe également en français ;-)

67. Le 20 septembre 2003,
Constantin H

Excusez-moi, je me trompe de page : en fait il faut aller voir ici

68. Le 20 septembre 2003,
Constantin H

J’ai mélangé la deuxième et la troisième raison dans mon enthousiasme. Je clarifie donc :

2) L’histoire nous apprend qu’en général les mesures de l’Etat sont contre-productives et n’atteignent que rarement l’objectif recherché.

3) Les restrictions législatives qui, seules, n’ont probablement qu’un impact négligeable, s’agrègent pour grever l’économie d’un poids mort qui se traduit par un moindre dynamisme. Voir les statistiques citées plus haut.

Toutes mes excuses pour la confusion, j’étais trop impatient de conclure.

69. Le 20 septembre 2003,
Ingénu

J’avais déjà cru deviner ta « profession de foi ». Ça rend quelques-unes de nos positions irréconciliables. Je me permettrai cependant quelques derniers commentaires :

1) L’État n’est pas nécessaire pour qu’il y ait une forme d’oppression de la minorité par la majorité. En outre, la situation québécoise est particulière : il y a une minorité anglophone dans la province, mais les francophones, majoritaires au Québec, sont minoritaires dans l’ensemble canadien et, a fortiori, de l’Amérique du Nord. Autrement dit, les anglophones du Québec sont minoritaires au Québec mais font partie d’une écrasante majorité dans l’ensemble du continent; autrement dit, ma minorité francophone est elle aussi victime d’oppression.

2) Ton « analyse » du taux de chômage au Québec est superficielle : comment peux-tu affirmer, sans vivre ici, que le taux de chômage au Québec est plus élevé que dans certaines autres provinces parce qu’il est « fortement corrélé » (même si tu dis qu’il n’y a pas de corrélation directe) au climat institutionnel? D’ailleurs, le Québec n’est pas le parent pauvre du Canada : le taux de chômage à Terre-Neuve est de 14,2 %; au Nouveau-Brunswick, de 9,4 %; à l’île du Prince Édouard, de 9, 4 %; en Nouvelle-Écosse, de 9,2 %. Oui, l’Alberta a un taux de chômage de 5,3 %, mais elle est pleine de pétrole. Et le climat dont tu parles, il est a peu près le même dans toutes les provinces : le Canada est un pays où l’État prend une grande place, et ce, pas seulement au Québec.

Tout les entreprises d’ici qui clament la trop grande place de l’État sont les premières à vouloir des subventions lorsqu’elles sont en difficultés en brandissant la menace de perte d’emplois massives.

Il y a un dynamisme économique au Québec : au risque de me répéter, Bombardier fait partie des cinq plus importants avionneurs au monde; c’est un exemple parmi bien d’autres.

Cordialement.

Ingénu.

70. Le 21 septembre 2003,
Constantin H

Je ne pense pas que nos positions soient totalement irréconciliables, loin de là. Les libertariens, ainsi que le soulignait déjà Rothbard dans les années 60, ont, même si cela peut surprendre, quelques affinités avec la gauche. Nous nous étendrons sur ce sujet dans un autre débat (éventuellement privé, si cela vous interesse, mon adresse mail est à votre disposition).

Je veux bien admettre ma méconnaissance du sujet, et je suis à 100% d’accord avec vous pour fustiger l’attitude des entreprises qui se plaignent de l’Etat mais font la file quand il distribue la manne. L’histoire récente de la sidérurgie wallonne montre à quel point les aides d’Etat sont non seulement un gaspillage éhonté de fonds, mais en plus un gaspillage en pure perte car le volume d’mplois “sauvés” est dérisoire par rapport aux montants engagés.

J’admets volontiers ne pas connaître les particularités du Québec, bien qu’ayant déjà eu l’occasion de me rendre dans votre belle Province, et mon analyse du chômage est certainement un peu rapide, mais il n’en reste pas moins que le taux de chômage d’une économie est un indicateur fiable des rigidités du marché de l’emploi, et partant de celles pesant sur la vie des entreprises (entre parenthèses, la Belgique, avec ses 13% de chômage, n’a certes pas de leçons à vous donner).

Bombardier est un avionneur, et opère donc dans un secteur “protégé” et très dépendant de l’Etat, donc ce n’est pas selon moi un exemple valable de dynamisme économique.

Baste, je pense que tout a été dit. Chacun reste donc sur ses positions, mais le débat n’a pas été inutile (en tout cas j’en sais un peu plus sur le Québec). Soyons d’accord sur le fait de n’être pas d’accord. Je vous remercie de cette discussion fort instructive et j’espère que nous croiserons bientôt le fer dans un autre débat.

Amicalement

Constantin

71. Le 22 septembre 2003,
melodius

Je ne suis pas du tout convaincu par ce que je lis ici.

Certains ici justifient le flicage et le harcèlement d’une minorité par des abus qui auraient existé il y a cinquante ans. Eh bien mes cocos, précisément, c’était il y a cinquante ans. On a beau “se souvenir”, le passé ne justifie pas tout.

Autre truc qui me fait bondir, l’imminente disparition du français en Amérique du Nord que prophétisent les supporters du flicolinguisme. Si le français a pu survivre à quelques siècles très difficiles, il n’y a pas de raison qu’il parte en fumée précisément lorsque toute discrimination contre lui a disparu.

Plus fondamentalement, le français survivra tant que des gens veulent le parler; si personne ne s’y intéresse plus, c’est qu’il ne mérite pas de survivre. En d’autres termes, cela dépend de vous.

Quant à l’oppression que subirait aujourd’hui la minorité francophone canadienne, pardon, mais pardon. Et même si elle existait, je ne vois pas de quelle manière elle justifierait d’emmerder les anglophones du Québec.

Juste un truc enfin; si d’autres francophones, qui a priori devraient être les plus portés à sympathiser avec vous, trouvent que vous poussez le bouchon fort loin, quid des non-francophones ?

72. Le 22 septembre 2003,
Constantin H

Et c’est reparti pour un tour ! “Haavdavast, breuke !” comme on dit à Bruxelles.

73. Le 22 septembre 2003,
Ingénu

Je ne dirais que deux choses…

La rhétorique n’a jamais permis de convaincre qui que ce soit. La rhétorique est un échec de l’histoire. Il y a un éminent prof du département d’études françaises de l’Université McGill à Montréal qui a écrit un bouquin là-dessus.

Les Nations Unies ne considèrent pas la Charte comme une atteinte aux droits de la personne.

Je ne me suis pas donné pour mission de vous convaincre. Je ne suis pas prosélyte. Si vous voyez dans le Québec d’aujourd’hui le Berlin des années 30, un régime totalitaire ou une concrétisation du 1984 de Orwell, ça vous regarde.

Le Québec est assez mûr pour prendre des décisions sans l’aval de l’Europe : nous ne sommes plus une colonie. Nous assumons nos décisions, malgré leur impopularité chez certains.

Bien à vous.

74. Le 22 septembre 2003,
melodius

Ingénu,

Ton premier argument ne signifie rigoureusement rien. Pourquoi mes arguments seraient-ils “de la rhétorique” et les tiens pas ? Pourquoi la rhétorique serait-elle mauvaise et condamnable ? Mystère.

Tu te retranches ensuite derrière un argument d’autorité des plus vagues en mentionnant “un” bouquin d’”un” prof de McGill, non autrement indentifiés. Pour un incrédule dans mon genre, c’est un peu léger.

Ensuite, tu nous sors un deuxième argument d’autorité, fondé sur la plus qu’hypothétique stature morale des NU. Je rappelle, à tout hasard, que c’est la Libye qui préside actuellement la Commission des droits de l’homme de l’autorité morale, en la personne de Dame Najat Al-Hajjaji. On a déjà fait mieux, question autorité morale.

Enfin, tu nous sors du pathos nationaliste sur l’air des “maudits Français” (et Belges…)

Tu espères convaincre qui ?

75. Le 22 septembre 2003,
Ingénu

Personne, justement.

De ton côté, tu espère me convaincre de quoi?

Peux-tu honnêtement penser que, à partir d’un fait divers et d’une lecture rapide d’un texte de loi, qu’il y a, dans la pratique, un harcèlement et une oppression d’une communauté? Vraiment?

Il y a peu, tu ne connaissais “rigoureusement rien” du texte de la Charte. J’ai l’impression que tu appliques une philosophie politique que tu as déjà à une nouvelle situation que tu connais(sais) mal.

J’ai parfois le sentiment de débattre d’idéologies et non de la situation de départ. Voilà qui me semble un peu au-dessus de mes capacités; c’est un terrain glissant pour moi et j’éviterai de lancer des énormités.

Bien à vous.

76. Le 22 septembre 2003,
melodius

“Peux-tu honnêtement penser que, à partir d’un fait divers et d’une lecture rapide d’un texte de loi, qu’il y a, dans la pratique, un harcèlement et une oppression d’une communauté? Vraiment?”

Oui.

Si j’entends parler d’un noir qui se fait vider d’un ascenseur parce que ceux-ci sont réservés aux blancs, ça permet de tirer certaines conclusions sur l’apartheid.

Si j’entends parler d’un type qui tient un blog en français qui se fait harceler par un fonctionnaire parce qu’il a, horresco referens, un calendrier et quelques citations en anglais sur son site, ça permet de voir que le gouvernement québécois pourchasse l’Anglois jusque sur Interfilet.

“Il y a peu, tu ne connaissais “rigoureusement rien” du texte de la Charte. J’ai l’impression que tu appliques une philosophie politique que tu as déjà à une nouvelle situation que tu connais(sais) mal.”

Je suis capable de lire et de m’informer, surtout au sujet d’une loi, puisque je suis juriste. Et il ne tient qu’à toi de m’éclairer, ce que tu as fait d’ailleurs. Mon analyse de la situation est notamment fondée sur ce que tu as écrit.

Enfin, je ne vois pas pourquoi il serait choquant que “j’applique” ma philosophie politique à ce “fait divers” que tu t’efforces de minimiser, puisqu’il jette une lumière cruelle sur le flicolinguismus ridiculus. C’est notamment à cela que sert une philosophie politique, non ? Qu’en fais-tu, toi, de ta philosophie politique ?

PS : En relisant la prose du flicolingus, je me dis que le gouvernement québécois pourrait lui payer des cours de français plutôt que d’emmerder les gens.

77. Le 22 septembre 2003,
Ingénu

Si, c’est un fait divers parce que :

1) Ce genre d’erreur grossière (le blogue n’est pas soumis à la Charte - donc il s’agit d’une erreur) n’est pas fréquent, n’est pas systématique et n’est pas érigé en système comme l’apartheid. En somme, il n’y avait pas “d’infraction”. Autrement dit, le gouvernement ne pourchasse pas l’Anglois jusque dans le Web (comment pourrait-il le faire d’ailleurs? on a de la difficulté à retracer les propriétaires de sites de pédophilie, par exemple).

2) L’incompétence, le manque de rigueur, la mauvaise qualité du français et le zèle d’un fonctionnaire ne sont pas constitutives d’un système. Je suis d’ailleurs tout à fait d’accord sur le ridicule de l’intervention du fonctionnaire.

En outre :

1) L’exemple du noir qui se fait vider d’un ascenseur parce qu’il est noir n’a rien à voir avec ce qui s’est passé : d’un côté (apartheid), l’exclusion est systématique, officielle et tout à fait conforme à ce ménanisme d’exclusion; de l’autre, le blogue est menacé en raison d’un zèle, d’une très mauvaise connaissance et interprétation de la Charte, bref en raison d’un incompétent.

2) Parler de harcèlement pour un seul courriel envoyé, même un peu menaçant, est excessif.

C’est pour ces deux dernières raisons que je considère tes derniers arguments comme de la “malhonnêteté intellectuelle”. Je ne crois pas qu’il s’agisse d’une utilisation galvaudée de l’expression.

À bon entendeur, salut.

78. Le 23 septembre 2003,
LapinLove404

Oui, c’est probablement un fait divers. L’erreur humaine ne fais aucun doute ici, et je suis prêt à croire Ingénu qui nous dit bien que ce genre de comportement n’est pas érigé en système…

Je découvre la culture quebecoise depuis peu de temps (et la musique n’y est pas pour rien) et je ne me permetrais pas de juger, ce serait ridicule et probablement réducteur.

Cependant, je connais la situation belge, puisque je suis belge… Et si, de bonne foi, certains neerlandophones ou francophones affirment ne vouloir prendre des mesures que pour le bien de populations et des cultures, on voit aussi régulièrement des faits divers qui m’inquiétent: - Un commercant voulant afficher je ne sais plus quelle info dans une autre langue que le flamand (mais pas en francais non plus) a été inquiété. Il a cependant été reconnu que c’etait son droit de s’exprimer dans la langue de son choix. - Le cas des communes à “facilité” n’est qu’un exemple, il y en a d’autre : de nombreux francophone, propriétaires sur la côte (neerlandophone) désiraient pouvoir traiter avec leurs communes en francais, les communes ont bien voulu… mais ce sont fait taper sur les doigts par les instances fédérales dont elles dépendent. Pendant ce temps, des néerlandophones propriétaires de terrain et habitations dans nos vertes ardennes (francophone) vecurent a peu près la même chose… - on assiste régulièrement a des batailles de revesionistes en herbe qui, d’un côté comme de l’autre de la frontière linguistique, viennent raconter n’importe quoi pour soutenir la cause de leur culture, qu’elle soit francophone ou flamande…

Ca ne veut certainement pas dire que tous les flamands, ou tous les wallons, sont des extremistes à tendance xenophobes. Ni que le spectre du fascisme se profile derrière toute action linguistique. Juste que, malheureusement, nous il y a des gens dangereux qui ont vite fait de profiter des mécontentements linguistique pour soutenir des discours de haines… et ca c’est intolérable, quelle que soit la tolérance que l’on prone.

et si certains (je n’ai personne en tête en particulier mais je me doute qu’ils doivent exister) estiment que la défense du francais exige et merite quelques sacrifice ethique ou moraux, je me contenterais de me citer moi même dans une communication récente avec mon frère:

“si la protection de la culture francophone exige des mesures liberticides, si pour survivre la culture francophone doit en venir à des pratiques pratiquement fascistes alors elle ne vaut pas mieux que le totalitarisme hégémonique de l’amérique et de l’anglais, elle ne merite aucune defense et peut crever la gueulle ouverte dans le caniveau avec l’ensemble des fascistes du mondes, qu’il soit anti-sémites, anglophones, ousbeks ou bien bushiens,…”

79. Le 23 septembre 2003,
Constantin H

Peste, cher lagomorphe, voilà qui est envoyé !

Je ne puis que souscrire à vos paroles, qui me semblent relever du simple bon sens.

J’ajouterais à l’intention de nos amis outre-atlantique que le fait de vivre en sandwich entre trois tranches d’anglophonie et d’avoir subi - ou en tout cas de le clamer - par le passé une oppression intolérable de la part des anglois ne leur confère nullement le droit d’opprimer à leur tour leurs anciens bourreaux.

Si Ingénu le bien-nommé prenait la peine de déposer un instant son harnachement revendicatif d’ancien colonisé qui éprouve du ressentiment envers son ancienne métropole - auquel cas, entre parenthèses, la Belgique n’a rien à voir avec cela, nous c’est au Congo qu’on a massacré de l’autochtone - peut-être pourrait-il un instant considérer ce que vous tentez de lui expliquer.

La population nééerlandophone de Belgique a subi maintes exactions et humiliations au siècle passé de la part des francophones, notamment parce que les classes supérieures étaient francophones ou affectaient de l’être (la bourgeoisie de Flandre, dont est issu entre autres l’illustre Jacques Brel, étant parfaitement bilingue et affectant de parler français quand elle ne s’adressait pas aux gens de maison) traitaient les néérlandophones comme des moins que rien. Les soubresauts violents qui ont déchiré notre plat pays entre les années 60 et 80 - voir notamment la partition de l’Université de Louvain au cri de “Walen Buiten” (les wallons dehors) et “België Barst” (que la Belgique éclate en morceaux) - se sont calmés mais ont donné naissance à une nouvelle classe de politiciens flamands revanchards et oppresseurs qui ne perdent aucune occasion d’éradiquer le français là où ils le trouvent. Cela empoisonne la vie politique belge et impose aux entreprises et aux individus une charge administrative importante. Si c’est cela que vous souhaitez à votre belle province, libre à vous. Mais ce serait faire la démonstration que vous êtes trop fiers pour écouter les conseils de ceux qui ont vécu et vivent l’oppression linguistique au quotidien.

Si vous voulez poursuivre dans cette voie, j’ai ici une excellente suggestion à vous faire. Chaque année, les flamands organisent le “rand”, une randonnée à bicyclette autour de Bruxelles pour bien faire comprendre à la vermine wallonne que le pourtour de Bruxelles est sol flamand. Pourquoi ne pas vous en inspirer et organiser un raid en traîneau d’Abitibi jusqu’à l’embouchure du Saint-Laurent en passant par l’Outaouais pour rappeler à ces chiens saxons que les terres québecoises sont ancestralement francophones ? Qui sait ? Peut-être convaincrez-vous Jean-Marie Le Pen, farouche défenseur de Jeanne d’Arc, d’accorder son patronage à votre manifestation sportive.

80. Le 23 septembre 2003,
Ingénu

Pas le temps de vous répondre, il y a trop d’anglophones à assimiler et si peu de temps devant moi.

Aux armes, citoyens.

81. Le 23 septembre 2003,
Ingénu

Désolé pour le sarcasme. Cependant, j’avancerai une dernière question (à laquelle je n’ai aucune réponse) : n’y a-t-il des politiques linguistiques qu’au Québec et en Belgique? Si ce n’est pas le cas, pourquoi n’utiliser que l’exemple de la Belgique et l’appliquer unilatéralement au Québec? Vous n’êtes pas prophètes, à ce que je sache.

Et cessez, que diable, de galvauder le terme “fascisme”. Malgré vos raisonnements somme toute sensés, rares sont les anglophones ou les immigrants d’ici (parce que la Charte ne concerne pas que l’usage de l’anglais) qui vivent difficilement avec la Charte ou qui se sentent “opprimés”, et ce n’est pas par “servitude volontaire”.

À vous entendre, toute langue officielle est une forme d’oppression (j’exagère à peine).

Bien à vous

82. Le 23 septembre 2003,
Le lapin

Bien, il y a un moyen d’éliminer tout ça que le français devienne seulement une langue parlée à la maison au Québec comme ailleurs au Canada et que tout le reste de la vie se fasse en anglais car le français a un coût X au Canada et au Québec. C’est une logique implacable mais ça signifie aussi un appauvrissement culturel pour moi. L’assimilation est-elle la seule solution des libertariens aux problèmes des groupes culturels minoritaires?

83. Le 23 septembre 2003,
LapinLove404

holalala…

Le sarcasme m’a bien fait rire… heureusement qu’on peut encore rire même dans des débats pareil, le monde courrait à se perte sinon. pas besoin de s’en excuser donc, c’etait parfait!

Non, il n’y a pas de politique linguistique qu’au Quebec et en Belgique. Mais de la même manière que je ne connais que peu votre belle contrée, j’ignore pratiquement tout des terres helvetes ou d’autres nations multilingues. Je ne peux donc que me prononcer sur la situation que je connais, et eventuellement constater les comparaisons possibles avec d’autres évènements qui sont portés à ma connaissance…

De la même lanière que je refuse de croire que mon pays est un enfer linguistique ou les droits des citoyens sont sans cesse bafoués, je refuse de croire que le Quebec est un nid de fascistes anti-anglois. Un minimum d’esprit critique suffit. Mais ce même minimum m’oblige a m’inquieter des derives que je constate dans mon pays, et parfois dans d’autres.

Je me souviens qu’un bosniaque avait à l’époque, lorsque son pays faisait les choux gras de la presse, mis en guarde la Belgique de ses travers et des perversions qu’elle pourrait connaitre, reconnaissant dans certains comportements belges ce qu’il avait vu (et cru anodin) des années plus tôt dans son pays.

Nul prophécie ici, juste de l’inquiétude, justes des constatations et des craintes…

L’Incident Quebec Urbain (je trouve que ca sonne bien comme ca) n’est pas, à mes yeux, le symptome d’un système fasciste, ni la preuve flagrante d’une volonté hégémonique francaise au Quebec. Il ne faudrait pas pour autant se contenter de fermer les yeux ou de hausser les épaules comme on le ferait devant un chat ecrasé un soir de pluie.

Si ce genre de dérive est rare, c’est tant mieux. Mais il me semble légitime de croire que si rien n’est fait, que si l’opinion approuve, ou se contente de ne pas désaprouver, ce genre de chose la dérives finira par devenir banall, et le banal devient vite normal. Ne rien faire, c’est malheureusement déjà faire quelquechose : c’est laisser faire…

Alors oui, je brandis le spectre du fascisme, sans remord d’ailleur. parceque ce spectre je peux le voir, au loin, attendant son heure, qui pourrait venir ou ne pas venir, il s’en fout, les spectres son immortels… Mais au loin, c’est déjà trop près pour moi. Il n’est pas là, nous pouvons dormir tranquilles… tant que nous montons aussi la garde pour s’assurer qu’il ne reviendra pas.

84. Le 23 septembre 2003,
LapinLove404

La seule culture qui s’appauvrit est la culture qui s’enferme, ne l’oubliez pas non plus…

J’aime entendre parler francais du quebec (ou quebecois) non seulement parceque ca fait “exotique” mais parcequie j’adore comment votre langue à su à la fois se créer des mots nouveaux et souvent délicieux pour échapper aux “barbarismes” de l’anglais et integrer de mots, des expressions et des tournures de phrase anglais. De mon point de vue extérieur, elle est là la vrai culture francaise du quebec : dans le metisage culturel.

85. Le 23 septembre 2003,
Ingénu

Bien d’accord qu’il faille veiller au grain et ne pas laisser des employés de l’État incompétents miner et dévaluer aux yeux de tous et de toutes l’esprit de la Charte. C’est un devoir de citoyen; je ne voudrais pas vivre dans un État (si un jour le Québec en devient un) où les droits des minorités sont constamment bafoués. Je me refuse cependant à accepter de voir le français revenir en arrière, à l’état de langue domestique exclue du commerce et du monde des affaires.

Je ne me fais d’ailleurs pas d’illusion : la Charte n’est qu’un palliatif. Si le français a pu survivre ici malgré la Conquête, c’est notamment parce que mes aïeux avaient des familles très nombreuses (de 15 à 20 enfants!). La souveraineté me semble la voie à suivre.

Enfin, la Charte, je ne le crois pas, n’enferme pas le Québec dans sa propre culture. Certes, pour reprendre un poncif, il existe deux “solitudes” au Canada : le Québec connaît peu la culture du reste du Canada et inversement. Cependant, un seul séjour à Montréal est suffisant pour constater le métissage important qui se fait ici et l’ouverture des Québécois et Québécoises aux autres cultures. Tout n’est pas rose, bien évidemment, mais il serait faux de dire que les Québécois sont tout à fait repliés sur eux-mêmes.

Bien à vous.

86. Le 23 septembre 2003,
LapinLove404

les Quebecois en général probablement pas… mais les généralité ne rendent que rarement compte de la compléxité de la réalité.

Et c’est plus les cas particuliers qui pourrait se multiplier dans l’ombre de la généralité qui m’inquietent que les Quebecois dans leur ensemble. C’est à ces cas particuliers que je m’adresse à la fin de mon premier messages, pas à ceux qui proposent et vivent le respect mutuel.

87. Le 23 septembre 2003,
LapinLove404

en fait, on est d’accord hein, juste que nos convictions et sensibilité personelles nous incitent plus à voir l’Incident Quebec Urbain d’un oeil ou de l’autre… et é réagir à certaines interventions plutôt qu’à d’autres…

88. Le 23 septembre 2003,
Constantin H

En somme, tout ça c’est une histoire d’IQU …

Je crois que c’est simplifier à outrance que de ramener l’incident à la simple bêtise d’un fonctionnaire trop zélé. Au risque de passer pour poujadiste, je tiens à vous faire remarquer que les fonctionnaires, de par le statut dont ils jouissent ainsi que le pouvoir que leur confère l’administration, ont malheureusement par trop tendance à verser dans l’excèse de zèle et à abuser du pouvoir qui leur est conféré. Par conséquent, toute nouvelle extension de leur pouvoir par un quelconque texte de loi porte en elle les germes des abus qu’elle ne manquera pas de générer.

Tant le lagomorphe numérique (vous m’excuserez ce patronyme qui sied mieux à mon sens de la formule que le stérile lapin404) que moi-même insistons sur l’exemple de la Belgique parce qu’il nous est familier et que nous voyons dans les dérives de notre système des similitudes avec celles que votre charte porte en germe. Si cela vous arrange de faire la sourde oreille à nos remarques, nous ne pouvons vous forcer à écouter.

Au fait, avez-vous demandé aux anglophones que vous connaissez ce qu’ils pensent de la charte ? Voilà qui serait intéressant au plus haut point.

Ah,au fait, pourriez-vous m’expliquez, si vous ne vivez pas dans un Etat fasciste, pourquoi votre gouvernement met en ligne des formulaires de dénonciation des vilains asociaux qui osent parler anglais ?

89. Le 23 septembre 2003,
Constantin H

“In cauda venenum”

J’aimerais beaucoup votre réponse sur le dernier point soulevé dans ma précédente intervention.

90. Le 24 septembre 2003,
Ingénu

Il m’arrive parfois de quitter le Web, de me rendre chez moi après le travail et de manger.

Formulaire de dénonciation? Formulaire de plainte, oui. En quoi serait-ce plus choquant qu’une formulaire de plainte à la police (« régulière », je dois préciser)? Parce que l’Office québécois de la langue française fait respecter la Charte, c’est du fascisme? Faire respecter une loi, c’est du fascisme?

Qu’il faille éviter et dénoncer les dérives, j’en conviens; qu’il faille jeter le bébé avec l’eau du bain, jamais.

Je penserai à tout cela dans le bus demain alors que j’aurai le plaisir d’entendre parler librement, sans contrainte, italien, espagnol, hindi, anglais, français, créole, chinois et vietnamien en route vers le travail.

Bien à vous.

91. Le 24 septembre 2003,
Constantin H

C’est ce qui s’appelle s’en tirer par une pirouette. Il ne s’agit évidemment pas de dénonciation mais de plainte. Libre à vous de fermer les yeux, les lecteurs jugeront par eux-mêmes.

Je suppose que les “bons citoyens” qui, dans la France occupée, dénonçaient les juifs et les résistants “ne faisaient que porter plainte”.

92. Le 24 septembre 2003,
LapinLove404

Je sors les gants de boxes (ala Harisson) ou bien on cesse de mettre de l’huile sur le feu?

Tant qu’on ne me dit pas que le plaignant avait bien raison, parceque ce type n’avait qu’à s’exprimer en francais si il veut parler au peuple quebecois et que le fonctionaire a bien agit parceque l’Etat ou ses institutions doivent tout faire pour assurer que seul le francais sera utilisé en public comme en privé (il s’agissait bien d’un site privé) je crois qu’on peut se comprendre.

93. Le 24 septembre 2003,
Le lapin

Constantin H. y va fort et fait le troll.

Ca me rappelle exactement le discours des leaders unilingues anglophones d’une certaine génération. Ils ont vécu toute leur vie ici sans jamais apprendre le francais. Pourtant certains ne quitteraient Montréal pour rien au monde. Pourquoi ? Par simple masochisme ?

Montréal sans francais ne serait plus Montreal et Montreal sans ses anglophones et ses allophones ne serait plus Montréal aussi. On l’oublie trop souvent. C’est une ville qui malgré ses problèmes (et ils sont multiples), offre une qualité de vie rare en Amerique du Nord. A nous de la rendre encore plus riche et plus excitante !

94. Le 24 septembre 2003,
Ingénu

Et moi je suis un gros poisson bien gras.

Constantin, pendant que j’y pense, j’ai débusqué un méchant site Web en anglais, celui du English Montreal school board. Non mais, 29 écoles primaire, 19 écoles secondaires, plus de 38 000 élèves suivant une éducation en anglais à Montréal subventionnée grassement par l’État québécois! Une véritable honte! Constate par toi-même l’ignominie de la chose :

http://www.emsb.qc.ca/

95. Le 24 septembre 2003,
melodius

Dommage que le perfide Anglois ait l’ingratitude de se plaindre des vexations dont les écoles anglophones font l’objet.

Décidément, on ne peut faire confiance à l’ennemi héréditaire que pour emmerder les PAUVRES Québécois francophones…

Tiens, puisque les Anglois payent des taxes comme tout le monde, de quel droit le gouvernement québécois pourrait-il leur refuser les mêmes droits que les francophones, notamment en matière d’enseignement ?

96. Le 24 septembre 2003,
Ingénu

D’abord, les plaintes concernant le manque de place dans les écoles sont aussi faites par les commissaires francophones. Ma conjointe est enseignante et elle doit souvent composer avec des classes de 35 ÉLÈVES et plus. Quant au sous-financement du système d’éducation, il est général. En outre, ce n’est pas parce que le EMCB est déficitaire et que la commission scolaire francophone voisine ne l’est pas qu’il s’agit d’une vexation liée à la Charte de la langue française… Soyons sérieux. Il y aussi eu 2000 élèves de plus, comme il souligne. Ce n’est pas parce qu’il prédit la fin de cette augmentation qu’elle aura lieu.

Je ne considère pas les plaintes du commissaire de la EMCB comme de l’ingratitude. La critique est saine.

De quels droits parles-tu? De choisir sa langue d’enseignement au primaire et au secondaire (les autres niveaux sont tout à fait libres de choix - il y a d’ailleurs bien des francophones qui vont dans des universités et collèges anglophones)? Les francophones n’ont pas plus ce droit : ils ne peuvent envoyer leurs enfants à l’école anglaise. L’anglais, d’ailleurs, est enseigné dès l’âge de 8 ans.

Les anglophones ne m’emmerdent pas, au contraire : j’ai d’ailleurs deux collègues de travail (à même pas 3 mètres) qui le sont et avec qui je m’entends très bien (en français et en anglais).

La cohabitation des deux communautés n’est pas toujours sans heurts (nous n’avons pas le monopole de la vertu), ce qui est tout à fait normal. En croyant que la Charte n’est faite que de ressentiment, tu te mets le doigt dans l’oeil.

Cesse, que diable, de verser dans le procès d’intention et de t’accrocher au témoignage du moindre anglophone qui se croit vexé. Toute règlementation fait des mécontents, et la Charte ne fait pas exception.

Voici quelques liens instructifs :

http://www.mef.qc.ca/bernardlandryanglais_pont.htm

http://franco.ca/atlas/francophonie/francais/impre.cfm?Id=15

http://www.olf.gouv.qc.ca/ressources/bibliotheque/dossierslinguistiques/anglophones/anglophonesctourigny.html

97. Le 24 septembre 2003,
melodius

Sans blague.

Ca c’est ce que j’appelle des sources neutres.

Tu semble par ailleurs avoir tout à fait gommé les aspects saillants du discours vers lequel j’ai lié: la perte de revenus, paraît-il injustifié, et la loi 104 qui restreint l’accès aux écoles anglophones.

98. Le 24 septembre 2003,
melodius

Sans blague.

Ca c’est ce que j’appelle des sources neutres.

Tu semble par ailleurs avoir tout à fait gommé les aspects saillants du discours vers lequel j’ai lié: la perte de revenus, paraît-il injustifié, et la loi 104 qui restreint l’accès aux écoles anglophones. Et je ne vois pas ce qu’il y a de louable à empêcher les francophones d’envoyer leurs gosses à l’école anglaise !

99. Le 24 septembre 2003,
Ingénu

Je ne dis pas si c’est louable ou pas, je dis que la même chose s’applique aux deux communautés linguistiques : autrement dit, selon ta façon de penser, il y aurait oppression à la fois de la minorité et de la majorité.

D’ailleurs, en quoi un commissaire anglophone serait une source neutre?

Cette discussion est interminable… Au moins avons nous le plaisir de ne pas nous taper sur la gueule.

100. Le 25 septembre 2003,
Constantin H

Je m’insurge contre les accusations de trolling dont je fais l’objet. Contrairement à ce que vous semblez penser, je suis réellement convaincu de la nécessité de défendre les libertés individuelles et opposé à leur restriction pour des motifs aussi futiles que la préservation d’une soi-disant culture qui, si elle valait vraiment la peine d’être préservée et avait autant de zéls défenseurs, n’aurait nul besoin d’un texte légal pour éviter d’être rejetée dans les limbes. Vouez-moi aux gémonies si ça vous amuse, je n’en ai cure, mais ne m’accusez pas de mauvaise foi, vous qui niez à longueur de post les preuves que l’on vous présente.

101. Le 25 septembre 2003,
melodius

autrement dit, selon ta façon de penser, il y aurait oppression à la fois de la minorité et de la majorité.

Bien entendu.

Je ne suis pas anarchiste pour rien.

102. Le 25 septembre 2003,
Le lapin

Cher Constantin, tu viens encore de donner la preuve que tu es un troll peut-être inconscient mais un troll en montrant un certain mépris. Je trouve cela dommage.

L’approche de beaucoup de tenants des libertés individuelles à n’importe quel prix, est malheureusement souvent dogmatique. Aucun réel dialogue n’est possible avec eux. Leur but est de faire la révolution comme l’extrême-gauche mais pour d’autres raisons. Et les révolutions conduites par les hommes ont rarement eu les effets escomptés car justement conduites par des hommes imparfaits capables de pires mais aussi des plus belles actions.

L’home n’est jamais vraiment libre et il ne le sera jamais. Comme l’homme est un animal social, il doit fixer des règles de vie de groupe. Dans nos sociétés modernes, c’est l’État qui joue ce rôle. Aux citoyens de dire jusqu’où il doit aller ! Mais ça demande un engagement ou un simplement une volonté de s’informer que la majorité n’a plus ou pas.

Le confort et l’indifférence sont de mise partout.

103. Le 25 septembre 2003,
Ingénu

Soit-disant culture… pfff…

Si c’est pas du mépris ça…

M’enfin.

104. Le 25 septembre 2003,
Ingénu

Soit-disant culture… pfff…

Si c’est pas du mépris ça…

M’enfin.

Lapin, si c’était seulement l’État qui fixait ces règles! Les États perdent des pouvoir au profit (!) du libre commerce qui, lui, ne s’embarrasse pas de trop souvent d’autres considération que… le libre commerce.

On croirait lire les “Lettres anglaises” de Voltaire… ah! la belle société marchande britannique!

105. Le 25 septembre 2003,
Ingénu

Désolé pour le double envoi.

106. Le 25 septembre 2003,
Ingénu

” d’une soi-disant culture qui, si elle valait vraiment la peine d’être préservée et avait autant de zéls défenseurs, n’aurait nul besoin d’un texte légal pour éviter d’être rejetée dans les limbes”.

Sans blague? Ça, c’est ce que j’appelle de la pensée magique. Comme si le poids du nombre n’avait aucune influence. C’est rejeter l’idée de minorité.

C’est pour cette raison que le monde assiste à une réduction importante et surtout très rapide du nombre de langues parlées dans le monde (10 par année)? C’est parce que ces langues et cultures ne valent pas la peine d’être préservées? Vraiment?

À lire : http://www.unesco.org/courier/2000_04/fr/doss01.htm

107. Le 25 septembre 2003,
Constantin H

Ah, citons les archives du Super-Etat Onusien pour justifier l’interventionnisme et l’oppression …

Je suis triste pour la disparition de ces langues, mais c’est comme ça et on n’y peut rien. Tous vos textes légaux n’empêcheront pas leur disparition.

Quand au français, rassurez-vous. Le cajun n’a pas encore disparu de Louisiane malgré son encerclement par les anglois.

108. Le 25 septembre 2003,
melodius

L’home n’est jamais vraiment libre et il ne le sera jamais. Comme l’homme est un animal social, il doit fixer des règles de vie de groupe. Dans nos sociétés modernes, c’est l’État qui joue ce rôle. Aux citoyens de dire jusqu’où il doit aller ! Mais ça demande un engagement ou un simplement une volonté de s’informer que la majorité n’a plus ou pas.

Le confort et l’indifférence sont de mise partout.

Ce n’est pas parce que l’homme est un animal social qu’il doit être un esclave. Les anarchistes - et cela vaut pour les anarcho-capitalistes comme pour les anarchistes de gauche - ne nient évidemment pas le caractère social de l’homme et la nécessité de règles pour la vie en commun. C’est d’ailleurs le sens du symbole de le plus connu de l’anarchisme, un A inscrit dans un O, d’après la fameuse phrase de Proudhon, “l’anarchie c’est l’ordre”.

Ce n’est pas parce que des règles de vie en commun sont nécessaires qu’elles doivent être fondées sur la violence et la coercition. Il est parfaitement possible d’organiser une société sur une base volontaire et non-violente.

L’état n’est qu’une forme d’organisation parmi d’autres, dont le caractère primitif et insuffisant apparaît de plus en plus, puisqu’il n’est plus capable de faire face aux questions de notre temps et que, la dernière fois qu’on a réellement essayé, ça c’est très mal terminé.

Je trouve d’une naïveté confondante de s’imaginer qu’il suffirait que tout le monde s’intéresse à la politique pour qu’enfin tout s’arrangeât.

Selon l’expression de Bastiat, “l’état c’est la grande fiction à travers la quelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde”.

Autrement dit, c’est une entreprise criminelle par nature, dont le seul et unique but est de voler les uns aux profit des autres. Et l’intérêt des voleurs à poursuivre leur prédation est plus important que celui des volés à se protéger, puisque les premiers en dépendent pour leur subsistance, tandis que les seconds ne s’aperçoivent de leur activité que cumulativement.

Voter n’y changera rien si tu ne fais pas partie des classes parasitaires. La probabilité que tu te fasses écraser par une voiture en allant voter est plus élevée que celle que ton vote change quoi que ce soit… Ou encore, selon le vieux slogan libertaire, “si les élections pouvaient changer quoi que ce soit, cela fait longtemps qu’on les aurait interdites…”

109. Le 25 septembre 2003,
Ingénu

On n’y peut rien? Ce n’était pas ma question : je voulais simplement savoir si elles disparaissent parce qu’elles ne valent pas la peine d’être préservées.

On n’y peut rien? Il est où le pouvoir alors?

Dire que l’État n’est que coercition, c’est oublier, voire nier qu’il y a des rapports de force entre individus mêmes; reguler ces rapports de force, c’est aussi faire preuve de coercition.

Qu’on m’entende : je ne rejette pas du revers de la main tout discours anarchiste (parce qu’il y en a de nombreux); je crois simplement qu’il est inapplicable 7 milliards de personnes. Encore faudrait-il que je me renseigne plus : vous m’avez presque donné le goût de le faire.

Bien à vous.

110. Le 25 septembre 2003,
Constantin H

“C’est pour cette raison que le monde assiste à une réduction importante et surtout très rapide du nombre de langues parlées dans le monde (10 par année)? C’est parce que ces langues et cultures ne valent pas la peine d’être préservées? Vraiment?”

Tiens, au fait, à part défendre des lois liberticides, que faites-vous concrètement pour défendre les langues ? En ce qui me concerne, je parle trois langues couramment, je maîtrise un dialecte local, et je me débrouille suffisamment pour mener une conversation dans deux autres langues. Et vous ?

111. Le 25 septembre 2003,
Ingénu

On n’y peut rien? Ce n’était pas ma question : je voulais simplement savoir si elles disparaissent parce qu’elles ne valent pas la peine d’être préservées.

On n’y peut rien? Il est où le pouvoir alors?

Dire que l’État n’est que coercition, c’est oublier, voire nier qu’il y a des rapports de force entre individus mêmes; reguler ces rapports de force, c’est aussi faire preuve de coercition.

Ah! Citons les archives des Supers Libertaires comme Vérité pour appuyer son discours et faire un exercice de style.

Qu’on m’entende : je ne rejette pas du revers de la main tout discours anarchiste (parce qu’il y en a de nombreux); je crois simplement qu’ils sont inapplicables à 7 milliards de personnes : dépendre du volontariat de 7 milliards de personnes… ça se passe de commentaires. Encore faudrait-il que je me renseigne plus : vous m’avez presque donné le goût de le faire.

Bien à vous.

112. Le 25 septembre 2003,
melodius

Dire que l’État n’est que coercition, c’est oublier, voire nier qu’il y a des rapports de force entre individus mêmes; reguler ces rapports de force, c’est aussi faire preuve de coercition.

C’est un peu comme dire que se défendre contre une agression est à nouveau une agression. Et crois-tu réellement que donner à l’état le monopole de la violence légitime rend la société moins violente ? Jamais l’état n’a été plus puissant qu’au 20ème siècle. Jamais autant de gens n’ont été tués que les états n’en ont tués au 20ème siècle.

Si tu veux te renseigner un peu sur l’anarchisme : http://www.gmu.edu/departments/economics/bcaplan/anarfaq.htm

113. Le 25 septembre 2003,
Constantin H

On n’y peut rien? Ce n’était pas ma question : je voulais simplement savoir si elles disparaissent parce qu’elles ne valent pas la peine d’être préservées.

Une grande partie d’entre elles disparaissent ou ont disparu par le fait des Etats, lesquels ne supportent généralement pas que l’on parle une autre langue que celle de l’élite dirigeante. Il a fallu des années de révolte avant que les Turcs n’acceptent le principe de l’enseignement en kurde, que les pays du maghreb reconnaissent la nécessité d’enseigner la langue et l’écriture berbère aux enfants du Riff. L’emploi des dialectes locaux fut interdit à l’école par la France centralisatrice et jacobine dès l’avènement de la première république (et de toute façon, depuis Hugues Capet la France impose le dialecte de ce brave Hugues dans tous les documents officiels). De même, le gaëlique n’est pas enseigné en Irlande du Nord, le pouvoir zaïrois bannit le lingala des cours de récréation des “bonnes” écoles (entendez celle où on tente réellement d’apprendre quelque chose aux élèves). Je ne pense pas que les Iroquois et les Algonquins qui tentaient de s’instruire dans la Belle Province aient eu vraiment le choix non plus.

L’oppression étatique est le premier facteur de disparition des langues, ne vous en déplaise.

114. Le 25 septembre 2003,
Ingénu

“Tiens, au fait, à part défendre des lois liberticides, que faites-vous concrètement pour défendre les langues ? En ce qui me concerne, je parle trois langues couramment, je maîtrise un dialecte local, et je me débrouille suffisamment pour mener une conversation dans deux autres langues. Et vous?”

Je ne sais pas pourquoi, mais je sens un véritable agacement et une perte de patience chez vous : vous voulez jouez le jeu de la culpabilité?

Mais répondons à votre question : si, pour défendre une langue, il suffit de la parler (parce que c’est bien le moyen que vous avancez), eh bien, je parle (et j’écris en plus!) français pour défendre le français.

En outre, je parle l’anglais couramment et je me débrouillais (je ne peux plus prétendre le faire) il y a quelques années en allemand : il est cependant difficile ici de se trouver des correspondants qui parlent autre chose que l’anglais ou le français (même s’il y a des citoyens de plus de 200 origines différentes à Montréal). Vous avez l’avantage de vivre en Europe, cher ami.

En parlant anglais, je défends aussi l’anglais selon votre raisonnement : pas mal pour un oppresseur de la minorité anglophone québécoise, non?

115. Le 25 septembre 2003,
Constantin H

Perte de patience, non. Mais votre farouche défense d’une loi clairement liberticide n’est pas sans m’agacer. Cela d’autant plus que le pouvoir français au Québec ne s’est probablement pas trop gêné avec les “Natives” qui vivaient là avant que Jacques Cartier ne remonte le Saint-Laurent. Quant à votre justification d’une oppression (celle des francophones par les anglophones) par une précédente oppression dans l’autre sens, donc en gros d’une sorte de loi du talion linguistique, elle me reste également en travers de la gorge.

C’est grâce au soutien d’individus comme vous que l’Etat peut sans cesse accroître son domaine d’intervention, sous le fallacieux prétexte de “défendre” ceci ou cela ou de “protéger” le citoyen.

Quant au fait de parler plusieurs langues, j’ai la faiblesse de penser que l’ouverture vers d’autres langues et d’autres cultures dénote une ouverture d’esprit fort contraire à l’esprit de la loi que vous défendez.

Si je vous concède que la pratique du Néerlandais est une nécessité en Belgique, il n’en est pas de même de l’Anglais, de l’Espagnol et de l’Allemand. Ma proximité géographique avec l’Espagne n’est pas vraiment acqise sous vous prenez la peine de contempler une carte d’Europe. Quant à l’Allemagne, encore faudrait-il que pour des raisons profesionnelles ou privées je sois forcé de m’y rendre. Quant au dialecte bruxellois que je parle, il s’agit d’une volonté consciente de ma part de contribuer à la survie d’une langue en voie de disparition, ma modeste pierre à l’édifice de la préservation de la langue de mes ancêtres. Je n’ai pas besoin que l’Etat force qui que ce soit à la parler quand il s’adresse à moi, le simple fait de la parler suffit à mon contentement.

116. Le 25 septembre 2003,
Ingénu

D’abord, je n’élève pas ma culture au rang de gardienne de la vertu : je sais très que tout l’Amérique a été le théâtre du plus important génocide de l’histoire. Les puissances coloniales de l’époque ne se sont en effet pas gênées pour exterminer (le mot est faible) de nombreuses civilisations indiennes, entre autres.

Que la Charte brime certaines libertés individuelles, soit. C’est dans la mesure que nos point de vue diffèrent fondamentalement, entre autres. Que ce soit de l’oppression intolérable, voilà ce qui me reste en travers de la gorge : c’est, quant à moi, galvauder un terme et comparer des pommes avec des oranges.

Je ne nie surtout pas que l’ouverture aux autres langues est tout à fait louable et à encourager. Mais cela nous ramène à l’idée de volontariat qui vous est si chère et à laquelle, dans une certaine mesure, j’adhère.

Vous avez choisi de votre propre chef d’apprendre plusieurs langues et je ne peux que vous en féliciter. De même, je compte apprendre d’ici quelques temps le néerlandais : j’ai un ami hollandais à Montréal avec qui je compte un jour faire un voyage dans sa terre natale. Même si je sais très bien que je pourrais me faire comprendre là-bas en parlant anglais, il me semble tout naturel, ne serait-ce que par respect, d’apprendre le néerlandais jusqu’à ce que je puisse au moins me débrouiller. Je ne suis pas un saint pour autant, mais peut-t-on dire la même chose de chaque individu? Pourquoi des anglophones ont vécu toute leur vie ici sans jamais avoir eu la volonté d’apprendre un seul mot de français? C’est plus rare maintenant, mais c’était beaucoup plus fréquent il y a 50 ans. Pourquoi des immigrants ne se donne pas la peine d’apprendre ne serait-ce que minimalement le français (voire l’anglais dans certains cas), langue de leur terre d’accueil (des cours sont offerts par les États québécois et canadien)? Je ne dis pas que c’est répréhensible (chacun a ses raisons), mais ça indique à tout le moins ce volontariat n’est pas universel. Est-ce à moi (et aux francophones) à apprendre le plus possible de langues étrangères pour arriver à dialoguer avec tout le monde ou aux nouveaux arrivants d’apprendre (et non de la parler constamment) une langue commune du Québec

Je ne défends pas la législation à tout prix : je la considère comme un palliatif.

Je ne peux réduire la protection d’une langue qu’à la bonne volonté de chacun.

Bien à vous.

117. Le 25 septembre 2003,
Constantin H

Je vous souhaite bonne chance dans l’apprentissage du Néerlandais. Celui parlé aux Pays-Bas est particulièrement ardu (ne fût-ce qu’à cause de l’accent, plus rauque que celui utilisé en Flandre), mais je suppose que l’Allemand vous donne une longueur d’avance (de la même manière que ma pratique du Néerlandais me rend l’allemand parfaitement accessible). Et si vous passez aux Pays-Bas et que le saut à Bruxelles vous tente, faites-moi signe.

Nous avançons vers le noeud du problème. Pour vous - si je ne m’abuse - l’Etat doit prendre les choses en main pour corriger les dérives perçues, qu’il s’agisse d’abus en matière d’usage (ou de non-usage) des langues ou de tout autre problème généralement quelconque.

Pour moi, au contraire, moins l’Etat se mêle de ce qui ne le regarde de toute façon pas, mieux les gens seront défendus. En-dehors du caractère pour moi intolérable de toute oppression étatique visant à punir des crimes sans victime ou à imposer certains comportements jugés désirables, il y a à cela une raison de pur pragmatisme : l’analyse historique nous montre à loisir que l’intervention de l’Etat n’atteint que rarement le but recherché, mais crée dans son sillage une série d’effets pervers qui n’avaient pas été prévus par le législateur mais augmentent grandement la nuisance desdites politiques.

Comme je vous, je crois, je cherche à comprendre les raisons qui poussent mes adversaires de joutes intellectuelles à défendre une idée pour laquelle je n’éprouve pas de sympathie particulière. Pourriez-vous me dire quelles sont les raisons pour lesquelles vous considérez l’intervention de l’Etat comme la seule solution valide à des problèmes comme, mettons, la défense de la langue française au Québec ?

118. Le 25 septembre 2003,
neige

« Pourriez-vous me dire quelles sont les raisons pour lesquelles vous considérez l’intervention de l’Etat comme la seule solution valide à des problèmes comme, mettons, la défense de la langue française au Québec ? »

Christie !!!!

Constantin .. faudrait peut-être demandé aux américains pourquoi ils imposent des cotas de fréquentation dans leur aires naturelles appelées “Wilderness Refuge” un peu partout aux usa. Et pourquoi l’été dernier ils nous ont collé une contravention de 150$US et fouillés pour avoir circulé sans permis dans une aire semblable grande comme toute l’Ile de France. Et pourquoi, en bout de ligne, l’accès aux soins de santé aux États-Unis, accès qui se veut libéral et non interventioniste, dans les mains des assurances et hopitaux privés, pourquoi, donc, qu’en bout de ligne, l’état doit s’occuper de 47% des usagers qui ne peuvent se payer ces soins trop couteux. Comme pour l’environnement, comme pour la santé, la culture, le fait français au Québec est jugé par la population, dans son ensemble, une priorité commune. C’est aussi simple que cela. Tu peux en rêver autrement, pour toi et les autres, mais il y a dans toutes sociétés, même chez les animaux, des concensus qui se font.

119. Le 25 septembre 2003,
Ingénu

Décidément, cette discussion nuit au dynamisme de mon travail et de mon entreprise! :)

Et je dois vous avouer bien humblement que je suis plutôt content, malgré notre obstination commune, du ton de la discussion et du fait que vous me forcez (si, si) à réfléchir à des questions que je m’étais rarement posé. Ne serait-ce que pour cette raison, cette discussion n’aura pas été vaine.

D’un autre côté, je ne suis ni politicologue, ni philosophe, ni un penseur : je n’ai fait que des études de littérature, sujet bien moins polémique s’il en est un. Par conséquent, je n’ai pas le bagage intellectuel ou historique pour disserter en profondeur de tous ces enjeux. Peut-être allez-vous considérer cela comme un aveu de bêtise; je le considère comme une occasion de me renseigner.

Je compte bien répondre à vos dernières questions, mais le temps me manque pour l’instant (j’ai pris du retard dans mon travail). J’espère pouvoir compter sur votre dialogue.

Bien à vous.

120. Le 25 septembre 2003,
Constantin H

Je vous retourne la politesse, cher ami. Votre ouverture d’esprit fait plus que compenser votre méconnaissance du sujet, et je goûte fort notre discussion. Votre souci de maintenir le dialogue me force à la modération, ce qui me permet de me concentrer sur une question que j’estime fondamentale : comprendre les arguments que vous avancez et les raisons qui les sous-tendent. Ce qui me permettra d’affûter mes armes pour l’avenir. J’attendrai donc avec impatience votre prochain commentaire.

Librement vôtre

Constantin H.

121. Le 25 septembre 2003,
Le lapin

Question : Comment les Québécois peuvent-ils conserver leur culture et leur langue dans le contexte où ils vivent selon les théories anarchistes ou libertariennes?

122. Le 26 septembre 2003,
neige

« Je vous retourne la politesse, cher ami. Votre ouverture d’esprit fait plus que compenser votre méconnaissance du sujet, » - (Constantin)

Shit… c’est presqu’insultant … on croirait entendre un témoin de Jéhova nous expliquant le créationiste… lui comprends mais pas nous.

123. Le 26 septembre 2003,
Constantin H

Question : Comment les Québécois peuvent-ils conserver leur culture et leur langue dans le contexte où ils vivent selon les théories anarchistes ou libertariennes?

Réponse : en la parlant ? ;-)

Pour répondre correctement à cette question,il faudrait connaître les raisons de la “menace” qui pèse sur le Français. Je suppose qu’il s’agit principalement du fait que la puissance économique est plutôt anglo-saxonne que française. SI l’on prend cette hypothèse, la réponse est évidente : développer le tissu économique de manière à ce qu’ily ait un maximum de sociétés fondées par des entrepreneurs francophones. Voici du moins la réponse que je vous aurais donnée dans un contexte étatique.

Dans un contexte anarcho-capitaliste, la réponse sera cependant toute différente. Il n’existe en effet p)lus d’organisme étatique “chapeautant” l’économie et décidant des “problèmes” qui méritent son attention. Par conséquent, le phénomène de la disparition du français (si tant est qu’il est avéré) sera contré ou favorisé par les décisions des individus, sur lesquelles nous devons accepter n’avoir que peu de prise. Ceci dit, il existe de possiblités d’action : créer une fondation privée chargée de promouvoir l’utilisation du français (mais il s’agit ici d’un effort éducatif et non coercitif), créer vous-même votre entreprise, fonder une sorte de “Rotary”, un cercle d’entrepreneurs francophones dont les différents projets pourraient par exemple concourir à monter un fonds privé d’investissement destiné à aider les entrepreneurs qui démarrent , etc ….

124. Le 26 septembre 2003,
Constantin H

Shit… c’est presqu’insultant … on croirait entendre un témoin de Jéhova nous expliquant le créationiste… lui comprends mais pas nous. (Neige)

C’est assez facile d’isoler une phrase de son contexte et de lui faire dire ce qu’on souhaite entendre, pour conclure ensuite par une petite attaque ad hominem . Je suppose qu’il faut à présent applaudir votre trait d’esprit ?

125. Le 26 septembre 2003,
neige

Non Constantin, on n’a pas à applaudir. - Tu es poli, mais collant en maudit ! Concernant ta réponse à Lapin, les actions qui seraient prisent pour maintenir le français, sachent que tout ceci existe déjà, des société privées pour supporter la langue, la recherche en français, des cercles d’entrepreneurs etc, ça existe tout cela. Ce n’est pas suffisant. - Et pourquoi donc les USA envisagent-ils l’adoption de lois pour contrer l’espagnol dans certains états du sud, et pourquoi donc l’état doit encore pourvoir à la santé de plus de 45% d’américains pour qui le réseau de santé privé est innaccessible.

126. Le 26 septembre 2003,
melodius

neige, tu mélanges tout et son contraire. Je ne vois pas le rapport entre la gestion des parcs nationaux US ou leur système de soins de santé et vos lois flicolinguistiques.

Le seul point pertinent que tu soulèves est la question de l’espagnol aux USA. Je trouve formidable qu’ils n’aient pas de lois linguistiques et je serais fort déçu qu’ils en introduisent.

Pour ingénu: toute limitation des libertés individuelles, quelle qu’elle soit, est intolérable.

En attendant, je remarque qu’à NYC (c’est une ville un peu au sud de Montréal) il y a des pubs et des indications en espagnol un peu partout (aéroport, métro, etc.) et que ça ne semble gêner personne. C’est évidemment toute la différence entre un peuple sûr de lui et un peuple avec une mentalité de forteresse assiégée. Note : les forteresses finissent toujours par tomber.

Enfin, la majorité n’a pas nécessairement raison, bien au contraire. Ca vaut également pour les lois flicolinguistiques.

127. Le 26 septembre 2003,
Constantin H

Non Constantin, on n’a pas à applaudir. - Tu es poli, mais collant en maudit !

Je parlais de vous auto-applaudir, puisque vous semblez si fière de vos traits d’esprits. Mais peut-être la compréhension de ma syntaxe est-elle au-dessus de vos forces ? Je constate à la lecture de votre dernière intervention qu’une bonne grammaire de la langue française serait en tout cas nécessaire à la promotion de votre bon usage de cette langue. (Cette dernière remarque pour vous montrer que moi aussi je peux devenir gratuitement méchant. Surtout quand on m’insulte. J’espère que vous reviendrez à plus de modération dans vos propos, ça évitera l’escalade.)

En ce qui me concerne, je ne cherche nullement les applaudissements, puisque je suis convaincu que les idées libertariennes sont supérieures aux autres, sinon je ne m’échinerais pas à en faire la démonstration.

J’apprécie l’ouverture d’esprit dont Ingénu fait preuve en s’enquérant de mes idées (plutôt que de tout rejeter en bloc à l’aide d’arguments spécieux et d’attaques ad hominem comme vous aimez à le faire). Je lui réciproque la politesse en m’ouvrant aux siennes, et j’en profite pour lui exprimer mes remerciements. Que cela vous plaise ou pas est le dernier de mes soucis. Maintenant, libre à vous de commenter, mais je vous saurais gré d’éviter les insultes et la mauvaise foi.

128. Le 26 septembre 2003,
Michel

Du contexte : les internautes que nous sommes n’ont qu’une version des faits…

129. Le 3 octobre 2003,
melodius

Libre à toi de nous en donner une autre… en attendant, on regarde ce qu’on a.

Blah ? Touitter !

Tiercé littéraire

À l’occasion de la 15e édition de l’opération Lire en Fête, PointBlog lance une sympathique initiative. Il s’agit pour chaque blogueur de citer ses trois livres préférés, ceux que l’on recommanderait volontiers à des amis, ceux que l’on emporterait sur une île déserte.

Alors, j’ai fait le tour de ma bibliothèque, et le choix fut vraiment déchirant. Voici donc le tiercé du jour :

  1. Gödel, Escher, Bach : les brins d’une guirlande éternelle [trad. Jacqueline Henry & Robert French], Gödel, Escher, Bach: An Eternal Golden Braid.
  2. Herman Melville, Billy Budd, marin [trad. Pierre Leyris], Billy Budd, Sailor.
  3. Victor Segalen, René Leys.

J’ai aussi songé à :

1. Le 18 septembre 2003,
Martine

La marquise de Merteuil est mon idole!

2. Le 18 septembre 2003,
Houssein

J’ai commencé à lire “Gödel, Escher, Bach: An Eternal Golden Braid” en anglais, et je pense que ca va me prendre quelques mois avant de le finir :-)

3. Le 18 septembre 2003,
Houssein

Laurent, pourquoi tu n’active pas les trackbacks ?

4. Le 19 septembre 2003,
Laurent

Houssein : tu devrais peut-être te procurer la traduction française qui est un modèle du genre. L’idéal est même d’avoir les deux pour pouvoir comparer. Quant aux rétroliens, un jour peut-être…

Martine : La Merteuil ? Ca te va si bien ;-) Blork est ton Valmont ?

5. Le 19 septembre 2003,
cyril

Merci pour ta participation Laurent ! J’ai lu EGB il y a quelques années. Passionnant mais ardu tout de même ;)

6. Le 19 septembre 2003,
Thomas

Tiens, René Leys dans le tiercé 8-o Curieux, c’est à peu près le seul livre de Segalen auquel je n’ai jamais vraiment réussi à m’accrocher. Il doit y avoir une explication ;-)

Blah ? Touitter !