Journal de bord

mardi 9 décembre 2003

La fin des tapettes

Copie d’un commentaire que j’ai publié chez Matoo :

Il y a un truc qui me gêne vraiment, c’est quand tu parles de toi comme d’une “tapiole” ou d’une “pédale”. Entretenir ces stéréotypes dépassés, cela est peut-être encore en vogue parmi les derniers piliers de bar du Marais, mais je trouve ça extrêmement dévalorisant et ridicule.

Je pense que l’ultime étape de l’acceptation, de s’assumer en tant que tel, est de dépasser ces clichés vieillots. Et surtout cette féminisation outrancière qui ne veut plus rien dire. Arrêtons l’auto-caricature. Les folles sont condamnées à mourir, c’est le passé de l’affirmation. Il faut aller vers autre chose. Entretenir ce discours, c’est nous cantonner dans un ghetto. Excuse-moi de le dire comme cela, mais je pense que l’on a un travail à faire et cesser de nous dévaloriser par des figures de style éculées.

Bref, il y en marre des tapettes.

PS. Et que l’on ne me fasse pas des leçons d’homo-normalité… Le milieu gai, je connais. Mon premier boulot rémunéré, c’était photographe au Gai Pied, les boites, les bars, j’ai pratiqué, le sida, je l’ai vécu, et j’ai même travaillé pendant plus d’un an pour Têtu… Et quand je vois ce que c’est devenu, je ne regrette (vraiment) pas d’avoir quitté. Et quand bien même, aurais-je besoin de me justifier dans mon jugement sur ces pédales qui ne vivent, comme d’autres, leur navrante existence que par le sentiment d’une éventuelle transgression qui les émoustille et leur donne la fatuité de se croire différent(e) ?

PS bis. Ce que je veux dire, mais j’ai le sentiment de mal m’exprimer, c’est qu’à entretenir des préjugés dévalorisants, sous prétexte de l’affirmation d’une soi-disante identité gaie, nous nous enfermons dans un stéréotype sans avenir.

1. Le 9 décembre 2003,
Mr Peer

Hé ben, on en apprend tous les jours sur Laurent… Heuresement que tu as un blog :)

2. Le 9 décembre 2003,
Matoo

Comme je t’ai répondu Laurent, c’est chez moi une simple expression mon être, plutôt qu’une volonté de m’afficher “différent”. Je n’ai aucune velléité dans ce domaine… :o)

3. Le 9 décembre 2003,
wam

je le fais aussi, j’avoue. Du haut mes 192 cm - 100 kgs - 2 ceintures noires (belle bête !), ça m’amuse de m’approprier l’insulte et de la retourner … ça adoucit les moeurs surtout si le coup de boule n’est pas loin (mais ce n’est qu’une réputation).

4. Le 9 décembre 2003,
aqb

Je comprends les 2 points de vue. Quoi de plus compréhensible que de détourner une insulte homophobe et en faire un cri au droit à l’existance, de pouvoir être ce que l’on est, sans honte. Mais il y a effectivement un risque de d’enfermement communautaire, conscient ou non avec ses stéréotypes.

Alors que finalement ce que sont les gens et ce qu’ils font de leur intimité ne regarde qu’eux.

5. Le 10 décembre 2003,
poupée

et la folle est l’avenir de l’homme. ;)

6. Le 10 décembre 2003,
wam

aqb> tu sais, l’enfermement communautaire, dans les villes en deça de 50000 habitants … t’as peu de chance d’en souffir ou de t’y épanouir. c’est surtout à ces gens là que je pense, là où les taux de suicide chez les jeunes gays sont élevés. quand la question éminemment politique de Laurent ne se pose donc même pas. dans certaines conditions, on fait ce qu’on peut …

7. Le 10 décembre 2003,
Steph

Ca me fait vaguement penser à l’utilisation du terme “nigger” à l’intérieur de la communauté noire américaine. Terme dévalorisant, mais qui peut être tout à fait acceptable à l’intérieur du groupe qui se le réapproprie (tout en demeurant innacceptable de la part d’un “outsider”). Faudrait voir si le parallèle tient la route — je ne connais bien ni l’une ni l’autre de ces problématiques.

A froid comme ça, je ne suis pas sûre que ce soit très sain de “s’auto-dévaloriser” ainsi, même si c’est à prendre au xième degré.

8. Le 10 décembre 2003,
lolo

je revendique aussi ce status de folle bien que ce ne soit pas mas tasse de thé… je trouve qu’il n’a pas tort. Je me souviens surtout des émissions de FG avec zaza dior et Pablo Rouy les folles ultimes…

9. Le 11 décembre 2003,
Laurent

Je m’en souviens très bien aussi… :-)

10. Le 11 décembre 2003,
aqb

wam: oui oui je sais très bien ce que cela représente. Mais dans ce cas là, à moins d’une grande force de caractère, il n’est même pas question de retourner l’insulte. Surtout pour un jeune isolé…

11. Le 11 décembre 2003,
melodius

Rien compris !

S’agit-il du renversement de mots insultants ou de l’existence de “folles” ?

Lorsque tu écris que “les folles (…) sont le passé de l’affirmation”, cela signifie-t-il que tu considères que la “culture gay” est un phénomène passager ?

PS : félicitations pour le nouveau carnet !

12. Le 12 décembre 2003,
wam

aqb> tout à fait d’accord. melo> les folles de NY à Berlin dans les années 30 sont en effet le passé historique de l’affirmation. ce sont les premiers transgresseurs, de nos jours, s’il n’y a plus “besoin” de transgresser en terme culturel(déclassification de l’OMS, dépénalisation de l’homosexualité sauf chez les ploucs), il reste de la douleur. je parle bien sur du monde occidental.

13. Le 12 décembre 2003,
melodius

Faudrait que vous m’expliquiez ce que vous entendez par des “folles”: je pensais que ce mot désignait des types qui affectent un comportement ultra-féminin. Or, ce n’est visiblement pas ça.

N’oubliez pas qu’il y a également des hétéros pas nécessairement au courant de toutes les arcanes de la gaytitude qui lisent ce blog ;-)

14. Le 15 décembre 2003,
melodius

Personne n’a envie de répondre à ma question ? Suis déçu. :-(

15. Le 20 décembre 2003,
lolo

bah si c’est ça. Je pense que Laurent déplore ceux qui surjouent ce comportement alors qu’être Homosexuel, simplement, suffit à sortir de la norme. Ou pas. Il n’a pas tort. Et il n’a pas raison. Là est l’objet de la polémique… J’ai une certaine tendresse pour les folles, car j’épouse son point de vue : cela va disparaitre. On ne saura plus bientôt différencier un homo d’un hétéro.

16. Le 31 décembre 2003,
melodius

Faut-il savoir différencier un homo d’un hétéro ? En d’autres termes, est-ce qu’être homo est une identité ou simplement une des multiples caractéristiques d’une personne ? (très importante, OK, mais bon, j’imagine que nous nous comprenons)

Sinon, d’un point de vue personnel, j’ai toujours trouvé le comportement “folle” un peu irritant. Ca rend difficile une conversation qui ne tourne pas autour de la sexualité des intervenants. Mais peut-être est-ce un symptôme de mon intolérance ! ;-)

17. Le 3 janvier 2004,
Le Chat

Pour ma part, tout à fait d’accord avec Melodius (1er paragraphe); ce n’est évidemment que ma façon de le vivre, mais “être” homosexuel n’a pas vraiment de sens (ah, la sémantique générale…): pour ma part, c’est uniquement dans le fait que je suis attiré par les hommes plutôt que par les femmes et que c’est donc avec eux que j’ai fait (et ferai) ma vie affective et sexuelle.

Le fait d’être attiré par les hommes ou les femmes n’entraîne pas forcément (c’est mon opinion, je ne critique personne qui fait d’autres choix) un comportement, des goûts culturels ou vestimentaires, etc. - tout ça n’est que l’effet d’une socialisation choisie parmi une infinitude de possibles…

Pour tout le reste, je n’y vois aucun particularisme autre que celui de l’opinion de la société, mais on peut bien vivre sans penser tout le temps au regard de l’autre, surtout quand il est malveillant. Je le connais (personnellement) bien mieux d’autres aspects bien plus virulents que la réaction à l’homosexualité.

Bonne année à tout le monde, sage, fou ou folle

Blah ? Touitter !

Ah non, Monsieur Bebedjia !

Ah non ! Il y en a marre ! Cessez l’hécatombe ! Je n’aime pas les billets intitulés “Fin”.

Le blues du blogueur, je sais ce que c’est, je l’ai vécu. Mais cela se surmonte très bien. Alors, Monsieur Bebedjia, vous êtes prié de prendre un peu l’air et de nous revenir bien vite. Cessez vos enfantillages. Une voix disparue dans la blogosphère, c’est un public laissé orphelin, c’est une lumière qui s’éteint, ce sont des éclats d’esprit à venir qui ne seront plus partagés, et c’est vraiment dommage. Bloguez à votre rythme, oubliez la pression, faites comme moi, mais n’abandonnez pas les gens qui ont appris à vous apprécier au fil de vos pensées. C’est de la désertion ! Faut-il que les gens s’en aillent pour que l’on dise que leur voix compte ? J’ai eu tort de ne pas vous le dire assez tôt. Revenez.

Car, sachez que les mots ont un pouvoir, une inimaginable puissance, et si nos modestes mots peuvent seulement faire réfléchir ou encore rêver un inconnu, ne serait-ce qu’un instant, un seul inconnu aux antipodes, ils méritaient d’être publiés et l’aventure du blogue ou carnet web est loin d’être terminée. Il serait dommage que les meilleurs éléments nous abandonnent en chemin.

Monsieur Bebedjia, revenez, ne démissionnez pas. Ne soyez pas aussi lâche que moi sur mon navire.

J’ai besoin d’air et de bruit, ou plutôt de musique.

Et puis il y a ces petits morceaux de désespoir qui s’agrègent et viennent parfois se fixer ici, qui tournent dans l’ellipse et n’en sortent plus.

J’en suis quitte pour un petit billet tout gris, tout étriqué, et je tire ma révérence.

1. Le 10 décembre 2003,
Matoo

Ah les blogueurs, c’est comme toutes les cybercommunautés… ça va ça vient… Espérons que ceux qu’on aime bien resteront longtemps ! :o)

2. Le 10 décembre 2003,
Martine

A taste of your own medicine… ;-)

3. Le 11 décembre 2003,
aqb

Un blog de qualité qui s’en va c’est toujours un petit quelque chose de perdu. J’espère que Thomas saura trouver ce qu’il cherche et aura envie de revenir un jour.

Heureusement que Laurent s’est jeté dans les embruns après avoir abandonné le navire parce que sinon c’était junk food à tous les étages.

PS: c’est normal qu’il soit toujours amnésique MT? (c’est pas une critique!!!)

Blah ? Touitter !