Via incidemment le Glazou, je découvre le site web de l’émission No Comment d’EuroNews. J’ai toujours trouvé ce format extraordinaire, un peu hypnotique. Heureux de le retrouver sur le Web, dans un site fort bien réalisé.
J’adore leur profession de foi :
At Euronews we believe in the intelligence of our viewers and we think that the mission of a news channel is to deliver facts without any opinion or bias, so that the viewers can make their own opinion on world events.
We also think that sometimes images need no explanation or commentary, which is why we created No Comment and now No Comment TV: to show the world from a different angle…
“À Euronews, nous croyons en l’intelligence de nos spectateurs et nous pensons que la mission d’un canal d’information est de donner des faits, sans aucun biais ou opinion, afin que chacun puisse se faire sa propre opinion des événements du monde.”
Faire le pari de l’intelligence, à la fois audacieux et respectueux.
Si la promesse est belle (des performances sans commune mesure) et l’exploit technologie réel, il y a une contre-partie : les applications en ligne doivent être développées en C ou C++. Pourquoi ? Parce que ce sont des langages de bas niveau qui sont très proches de l’assembleur (donc des 0 et 1 puisque le processeur ne comprend rien d’autre).
Et c’est là où ça coince : le C et le C++ sont des langages de programmation d’une autre époque, une époque où l’on ne résonnait pas du tout de la même façon et où la ressource système étaient une denrée rare (mémoire et puissance de calcul). Le problème c’est que nous sommes maintenant en 2009, que la ressource n’est plus un problème et que plus personne ne programme en C. Ceci est principalement dû au fait que de nouveaux langages beaucoup plus sophistiqués se sont imposés (notamment Java et C#) et parce que les environnement de développement sont maintenant beaucoup plus productifs (à l’image d’ Eclipse ou de Flex Builder). D’où cette impression d’anachronisme face à NaCl.
Donc concrètement pour bénéficier des performances de Nacl il faut revenir 20 ans en arrière et se réapproprier des langages qui font dramatiquement chuter la productivité. En clair il va vous falloir beaucoup plus de temps pour développer la même application (sous réserve que vous ayez trouvé les bonnes personnes). Tout ça pour quoi ? Pour de meilleurs performances, mais est-ce que la performance est réellement un problème ?
[Fred Cavazza : “Native Client, la technologie révolutionnaire de Google qui risque de faire long feu”.]
Comme quoi on peut être expert en “AdobeAir”, “FlexLight”, “Silver$” et “interfaces riches”, et ne pas y connaître grand chose en matière d’informatique ;-)
(Déjà, ça commence mal, C et C++ ne sont pas des langages de bas-niveau. La suite est à l’avenant.)
P.S. Épinglé aussi ici : “Il vaut sans doute encore mieux lire ça qu’être aveugle”.
Être catho, du fait de la pression sociale, c’est finalement au moins aussi difficile qu’être pédé.
Certains restent d’ailleurs au placard, contrairement à notre adorable Koztoujours qui a fait son coming-out depuis longtemps, catho et fier de l’être.
Être catholique vous place donc au mieux dans la case des coincés du cul, des naïfs gentillets dont il est de bon ton de se gausser, au pire dans elle des nuisibles [éclair de lucidité tragique, expérience de l’ostracisme]. Au quotidien, les convictions catholiques sont parmi celles que l’on cache le plus [le placard]. On assume publiquement toutes sortes de convictions — et parfois parmi les moins fondées — mais on en est souvent réduits à reconnaître certains catholiques à un mélange d’indices et de signes particuliers [ça s’appelle le “cathodar”]. On affirme plus facilement des convictions politiques que des convictions religieuses… Et en tout état de cause, s’avouer catholique suscite chez beaucoup une présomption d’infériorité intellectuelle à votre égard [le “coming-out”].
Voilà qui vous fiche un coup à votre “stabilité émotionnelle”.
Il me semble alors qu’en matière de remise en question, en termes de convictions interrogées, de “confort social”, le catholique prend plus que sa part, et que le maintien de ses convictions se fait au prix d’une confrontation permanente.
Alors, pour vivre heureux, vivons caché ?
“Koztoujours, la Voix des Catholiques.”
(Les incises entre crochets sont de moi…)
Moktarama
J’ai beau apprécier cette séquence, il ne faut pas se leurrer et prendre des vessies pour des lanternes.
En l’occurrence, loin de l’intelligence, c’est plutôt l’omniscience que requiert “No Comment” , et c’est bien son absence chez 99.9% des gens qui fait qu’elle est si hypnotique : on regarde, et on rentre presque dans l’image à la recherche de la moindre bribe de renseignement.
Le fait que “No Comment” soit placé à la fin de la séquence de 30 min, et juste avant le journal de 15 min, montre que Euronews a conscience de ça, du paradoxe de cette séquence qui contraste violemment avec le reste de la programmation.
Par contre, sur un site comme Le Post, vous vous apercevriez qu’elle se fond parfaitement, et les commentaires vous feraient, je pense, revenir sur terre. En tout cas, ce n’est pas du tout ma notion de l’information de qualité. Je préfère une explication avec des biais que je connais à une absence complète de contextualisation.
Guy Verville
J’ai tendance à croire, moi aussi, que l’absence de commentaires est un frein. Pour apprécier des images non expliquées, il faut habituellement connaître déjà tout le contexte, tous les scénarios possibles. Par exemple, ces manifestants en Russie qui se font arrêter. Faut connaître le russe pour savoir, en partant, l’objet de leur manifestation. Filmer des manifestants est déjà un commentaire en soi. Il faut aller au-delà. Le seul mérite, ici, est le rappel de ces réalités. Mais ça, l’information dite commentée ne le fait-elle pas déjà? En règle générale, une photo possède une légende. Ces vidéos devraient, à tout le moins, en posséder une vraie, concise.
karl, La Grange
Comme si l’image n’était pas une forme d’écriture. ;) C’est plutôt cela qui me désole. c’est de faire l’image pour quelque chose autre que le commentaire. L’émission peut être bien, mais l’école enseigne que très peu le langage visuel (comparé au temps que l’on passe à enseigner la littérature).
En tout cas bonne pioche.
pitulgi
Mais bien sûr, ne pas avoir de voix off ça veut dire qu’on est objectif et que les gens n’ont qu’à être intelligents pour se faire une idée. C’est donner l’impression que le montage n’est pas une forme d’écriture. Euronews ne connait vraisemblablement pas l’effet Koulechov (voir wikipedia).
Blah ? Touitter !