Journal de bord

vendredi 24 juin 2011

Analogue nostalgia

The hipster underground is also where musical retromania intersects with the related phenomenon of vintage chic. From the fad for collecting quaint manual typewriters (either as decorative objects or to actually use) to the continuing boom for vintage clothing, there is a striking parallel with underground musicians’s fetish for obsolete formats such as vinyl and cassette and with the antique-like trade in early analogue synthesisers. But the trend that is most emblematic of our time-out-of-joint culture is the vogue for digital photograph apps such as Hipstamatic and Instagram, which give snapshots the period look associated with cameras and film from the 70s and 80s. (See also ShakeIt, an app that mimics the Polaroid and works faster if you actually shake the iPhone.)

What does it say about our era that so many people think it’s cool to place these pre-faded, instant-nostalgia filters on the images that will one day constitute their treasury of precious memories? When they look back to the early 21st century, their pics will look like they were taken two or three decades earlier, summoning up a long-lost era they don’t have any reason to feel nostalgic about.

Just like retro video games such as Mega Man 9 that simulate quaint 8-bit visuals via a modern console, these retro-photo apps embody a central paradox of contemporary pop culture. We have all this futuristic technology at our disposal, endowing us with capabilities that would have seemed fantastical in 1972, but it is getting used as a time machine to transport us into yesterday, or to shuffle and share pop-cult detritus from long ago. We live in the digital future, but we’re mesmerised by our analogue past. Hipstamatic-style apps also raise another question: when we listen back to the early 21st century, will we hear anything that defines the epoch? Or will we just find a clutter of reproduction antique sounds and heritage styles?

The Guardian, Simon Reynolds: “Total recall: why retromania is all the rage”.

Prix du pixel

king-of-bloop.png

J’ai fait le calcul.

Considérant que cette image fait 100 pixels sur 100, elle comporte 10 000 pixels.

Ce qui fait 3,25 $ le pixel.

1. Le 24 juin 2011,
Jean

C’est là toute l’ambigüité du fair use. On peut utiliser mais à ses risques et périls car l’exercice est borné par les conséquences de l’usage sur le marché potentiel ou sur la valeur de l’œuvre protégée ou en anglais, the effect of the use upon the potential market for or value of the copyrighted work. C’est ensuite aux avocats du détenteur du Copyright d’estimer s’il y a matière à compensation, si une assignation serait rentable, etc. Inutile de pleurnicher : dura lex sed lex. Il eût été plus fin de négocier avant. En droit d’auteur c’est plus clair : l’utilisation est interdite et il faut demander une autorisation. Une procédure qui évite les surprises. On demande, on négocie… et on utilise en connaissance de cause.

En tout cas on peut aider Andy Baio à payer le photographe de la pochette de l’album de Miles en lui achetant pour une poignée de dollars Kind of Bloop la compil des titres technoïsés de ce chef d’œuvre du Jazz.

2. Le 24 juin 2011,
Karl, La Grange

copyright die.

3. Le 24 juin 2011,
Joachim

Jean, c’est pas technoisé, c’est réinterprété avec des “instruments” 8-bit (puces d’anciens ordis ou consoles) pour retrouver les sons de musiques de jeux vidéos… on appelle ça le chiptune et la scène actuelle est super intéressante (quand on supporte ces sons)

4. Le 24 juin 2011,
Marie-Aude

Ce genre de choses est toujours inextricable.

“With this in mind, I am certain you can understand that he felt violated to find his image of Miles Davis, one of his most well-known and highly-regarded images, had been pixellated, without his permission, and used in a number of forms including on several websites accessible around the world.” est un sentiment que je peux parfaitement comprendre, pour l’avoir ressenti plusieurs fois

… si il est sincère et que ce n’est pas juste un argument d’avocat pour obtenir des sous.

Il est clair que la législation européenne, qui ne reconnait aucun fair use, et aucun droit de citation d’une photo (en tout cas au niveau de la cassation) est beaucoup plus restrictive et beaucoup plus rassurante que les incertitudes de la jurisprudence américaine sur le fair use.

Une des choses que je remarque, c’est qu’à la différence de toutes les autres réutilisation présentée, il y a eu de sa part simplement une action mécanique de pixellisation. Est ce que la dégradation algorithmique d’une image peut être considérée comme une création ? ^^

Bref, tout ça pour dire que imho il a pris un sacré risque, mais que j’irai quand même lui acheter son album :)

5. Le 24 juin 2011,
Maxime

« Est ce que la dégradation algorithmique d’une image peut être considérée comme une création ? »

Sa pixelisation n’était pas algorithmique ; il faut regarder par exemple la cravate pour s’en convaincre. En fait, avec les limitations des machines 8 bits, et les moyens de l’époque, le meilleur résultats était obtenu dessinant pixel par pixel avec deluxe paint (non, je ne suis pas un vieux con).

Quand au problème ce n’est pas (uniquement) le flou autour du fair use, mais le fonctionnement de la justice US : « But this is important: the fact that I settled is not an admission of guilt. My lawyers and I firmly believe that the pixel art is “fair use” and Maisel and his counsel firmly disagree. I settled for one reason: this was the least expensive option available. ».

Selon que vous serez riches ou pauvres…

6. Le 25 juin 2011,
Jean

Il ne s’agit pas à proprement parler de flou autour du fair use mais de la volonté dans les dispositions de l’article 4, restrictif, de laisser toute latitude à l’interprétation. Comme le dit Marie-Aude, c’est inextricable et le seul moyen de savoir si cela s’apparente à la citation ou à la réinterprétation est d’avoir les moyens financiers de payer des avocats pour faire valoir son point de vue en justice. De plus, le fait que cela soit commercialisable — la musique est vendue et est illustrée par cette image — a son importance sur le potential market for or value of the copyrighted work d’origine. Si tu n’as pas un rond tu es soumis à des offres que tu ne peux refuser et c’est ce qui est arrivé à Andy Baio qui a beau protester de sa bonne foi ; il faut payer pour voir.

En droit d’auteur on demande l’autorisation, c’est incontournable, on s’arrange d’abord. Quant au droit de citation, il est bien encadré Article L122-5 du CPI et même protégé : « l’auteur ne peut interdire… ». Bref on sait ou on va…

Néanmoins, de ce côté de l’Atlantique la rigidité, de l’autre la souplesse… En effet aux USA un industriel peut disposer d’une marchandise gratuite et la commercialiser aussi longtemps qu’en justice on estime qu’il ne porte pas préjudice aux titulaires du Copyright. De plus il peut lancer son business et commencer à gagner de l’argent sans autorisation préalable. Ainsi Google peut numériser des livres et en laisser des extraits à disposition sur le réseau tant qu’il peut plaider ne pas faire de tort aux éditeurs. « Bien au contraire c’est de la pub gratuite. » Ils ont les moyens de payer des cabinets d’avocats et je ne donne pas cher des chances d’une même démarche informative engagée par une association d’internautes sans le sou… Par contre l’entreprise perd ses procès en Europe pour cause d’utilisation sans autorisation. Cela-dit je sais que c’est quand même un peu plus complexe mais je pense que c’est bien l’esprit qui conduit à ces différences de part et d’autre de l’océan.

7. Le 25 juin 2011,
Jean

@ Joachim

Merci de l’info sur le chiptune. J’avoue que je ne supporte pas Kind of Blue passé à cette moulinette mais j’ai quand même acheté les cinq titres de Kind of Bloop pour donner un coup de main au monsieur pourtant bien couillon d’avoir pensé à obtenir les licences pour la musique mais pas pour l’image. :-)

8. Le 25 juin 2011,
Joachim

le point de vue d’autres photographes : theonlinephotographer.typepad.com

9. Le 25 juin 2011,
Marie-Aude

Par ailleurs, je ne pense pas que conclure un arrangement financier pour arrêter un procès civil (puisqu’il s’agit de cela ici en gros) soit spécifique aux USA. A chaque fois que je fais valoir mes droits sur une de mes photos piratées, j’accompagne cela d’une facture. Si l’utilisateur refuse de payer la facture, on va en justice. C’est de son côté comme du mien un arbitrage entre ce que nous coûteraient les frais de justice et la chance que nous avons de gagner ou perdre.

Dans le monde entier “être sûr de son bon droit / de son innocence” ne veut pas dire “être sûr à 100% que la Justice partagera votre avis”. Le procès est souvent un instrument de négociation comme un autre.

10. Le 29 juin 2011,
William

Une des choses que je remarque, c’est qu’à la différence de toutes les autres réutilisation présentée, il y a eu de sa part simplement une action mécanique de pixellisation. Est ce que la dégradation algorithmique d’une image peut être considérée comme une création ?

Bah non, c’est quelqu’un qui l’a fait à la main cette pixelisation ; il en parle dans son billet.

I tried to draw it myself, but if you’ve ever attempted pixel art, you know how demanding it is. After several failed attempts, I asked a talented friend to do it.

C’est même assez flagrant si on regarde vraiment l’image (la cravate entre autre) une posterisation automatique ne donnerait pas un tel résultat.

11. Le 29 juin 2011,
William

(Et moi j’aurais dû lire tous les comments :p)

12. Le 29 juin 2011,
Jean

Prix de la musique qui va avec les pixels. Dans un esprit de solidarité j’ai donc acheté sa musique à $5, ce qui m’a coûté 3,53 € en passant par Amazon Payments. Là dessus ma banque m’a facturé 2,10 € de frais d’achat à l’étranger avec ma carte bancaire, ce qui est énorme relativement au 3,53 €. Ça me servira de leçon : ne pas soutenir les plagiaires.

13. Le 2 juillet 2011,
MB

Et pour ce qui n’a pas de prix ? Oui, je sais : c’est hors-sujet.

Blah ? Touitter !