Journal de bord

mardi 28 février 2012

Mon cul, c’est du poulet ?

Par hasard, j’ai découvert l’existence et l’œuvre de Carol J. Adams, activiste américaine qui conjugue féminisme et végétarisme, donc les livres les plus connus sont The Sexual Politics of Meat (1990) et The Pornography of Meat (2004).

Une brève recherche m’a permis de découvrir que cette éminente théoricienne a même des échos en France. Et cette édifiante lecture m’a convaincu, féminisme et végétarisme, même combat !

La théorie est limpide : consommer une femme (la baiser métaphoriquement) ou de la viande, c’est pareil, c’est de l’exploitation et c’est mal. Je ne résiste pas à l’appel d’un bon steak saignant, mais je ne baise pas de femmes… j’ai déjà fait la moitié du chemin.

[…] Pire, vous devez vous justifier d’appartenir à la catégorie féministe ou à la catégorie végétarienne, alors que personne parmi les convives ne demandera à l’autre camp de justifier l’asservissement des femmes et des animaux dans une consommation consensuelle de leur force de travail, de leur capacité reproductive et de leur chair. Cela va de soi !

Nous vivons dans un monde patriarcal ou les hommes sont indiscutablement le maître-étalon de toute espèce humaine (d’ailleurs la question de savoir si les hommes eux, aiment les femmes ne sera pas évoquée -alors que les hommes démontrent tous les jours qu’ils n’aiment pas les femmes pour dire le moins !) et un monde où les mangeurs de viande sont légitimes, la question ne se pose même plus ! Pire, vous endossez le mauvais rôle de 1) la mégère aigrie anti-mec à poils sur les jambes ou 2) la triste convive qui essaie de dégoûter les autres des plaisirs de la table et du… lit, bref, la mal baisée, la « mauvaise vivante » par opposition à la populaire bonne vivante qui sait se comporter au lit et à table.

Les femmes, comme les végétariens n’ont pas le pouvoir de nommer : elles/ils sont tous deux face à un dominant qui a tout intérêt à les faire taire, soit en les ridiculisant, soit en diminuant la portée de ce qu’ils disent, afin de garder ce pouvoir de donner des noms. C’est la fonction du système dominant : il ridiculise tout ce qui n’est pas SON message, il vous rejette dans l’altérité, il n’y a que sa voix qui porte et son message qui est audible et recevable, et tous les moyens sont bons pour maintenir le système en l’état.

[…] Dans un système où les femmes partageraient à égalité le pouvoir, il serait normal de consommer les végétaux, ces cadeaux de la nature, synonymes d’évolution lente pour leur capacité à germer, fleurir, pourrir et renaître selon le cycle des saisons, selon Carol Adams. Récolter plutôt que chasser, violenter et tuer, vivre en harmonie avec les autres plutôt que les contrôler par le pouvoir. Eat rice, have faith in women. (Mangez du riz, faites confiance aux femmes dit Fran Winant).

“Le féminisme est la théorie, le végétarisme la pratique” dit Adams paraphrasant la percutante formule de Ti-Grace Atkinson : “Le féminisme est la théorie, le lesbianisme la pratique” !

Hypathie : “The sexual Politics of Meat : Carol J Adams”.

Donc, si vous êtes féministe, un(e) vrai(e), vous ne pouvez qu’être végétarien(ne) (et lesbien(ne), cela va sans dire). Et si vous êtes vraiment un(e) pur(e) et dur(e), un(e) intransigeant(e), vous êtes végétalien(ne) — parce que la souffrance des vaches qui donnent leur lait est vraiment trop insupportable.

Comme il m’arrive d’être facétieux, même avec les considérations les plus sérieuses, je vous propose un visuel-choc conjuguant sexisme, oppression patriarcale, femelle décapitée et protéines animales…

Attention, cette photo n’est pas pour les cœurs sensibles :

sexy-chick-2012.

[Photo Tony Cenicola.]

Ce visuel scandaleux et misogyne produit pour les pages culinaires du New York Times a déclenché les foudres de Carol J. Adams dans un commentaire du blogue photo du NYT :

Not only has the Times featured a misogynistic image, they are now celebrating it by discussing it in a blog? This is the sexual politics of meat; it is about sexualizing the dead flesh of an animal by associating it with women’s bodies. It is anti-woman, it is anti-animal; it’s a pathetic, dated, sensibility. All around the world meat companies have beaten you to this. This is a new low for the Times. Beheaded female bodies as attractive? Just who do you think you are eating?

1. Le 28 février 2012,
celui

oui. Sweet and sour?

2. Le 28 février 2012,
Personne

Je pense qu’elle a raison, d’ailleurs à chaque fois que je mange une cuisse de poulet ça me file une de ces triques que c’en est indécent.

3. Le 28 février 2012,
Gilles

Je croyais que traire une vache était obligatoire sinon elle ne va pas bien (meurt ?)…

4. Le 28 février 2012,
Nax

@Gilles -> C’est une idée fréquemment répandue mais totalement fausse, comme tous les mammifères une vache, pour produire du lait, doit d’abord avoir un veau qu’on lui retire dès sa naissance pour pouvoir prendre le lait de la mère. La vache produit du lait pendant un peu moins d’une années puis il faut a nouveau qu’elle ait un petit et le cycle recommence. Ces grossesses à répétitions, couplés avec la traite intensive ( demandez à n’importe quelle femme qui a eu des enfants si elle aurait aimé les allaiter 12 h par jours et vous aurez une idée ) font qu’une vache laitière meurt en moyenne au bout de 4 ou 5 ans alors qu’elle devrait vivre près de 20 ans “normalement”.

5. Le 28 février 2012,
Anthrax

Pour ce qui est de son commentaire sur le poulet, faudrait qu’elle pète un coup, c’est juste de l’humour.

6. Le 28 février 2012,
Jérôme

“women body” mais un poulet n’est-il pas un mâle à qui on les a coupées? L’image même de l’anti-macho, non?

7. Le 28 février 2012,
manu

Meat is murder.

8. Le 28 février 2012,
manu

but fish is justifiable homicide.

9. Le 28 février 2012,
Briscard

Faut que j’arrête de me masturber dans une escalope, alors?

10. Le 28 février 2012,
Daniel Glazman

Cette photo est extraordinaire, je suis très sérieux.

11. Le 28 février 2012,
Karl, La Grange

J’en ai la chair de poule.

12. Le 28 février 2012,
Karl, La Grange
13. Le 29 février 2012,
Karl, La Grange

censure chez Facebook? Nah. Pas chez eux, mais commandé par eux.

14. Le 29 février 2012,
Karl, La Grange

Blah ? Touitter !

Titraille interrogative

Aujourd’hui sur le web, il suffit de compter le nombre de points d’interrogation sur une page d’accueil, de rapporter le résultat au nombre de titres sur cette même page pour établir la nature plus ou moins journalistique d’une offre de contenus.

Au delà de trois questionnements sur dix titres, le site contient assurément plus d’opinions, de subjectivité que de faits, c’est à dire d’informations.

Journalistiques, Alain Joannes : “Les intentions cauteleuses d’une titraille interrogative”.

1. Le 28 février 2012,
Guillermito

Un seul mot : Huffington Post. La même merde qu’ici, mais en français.

2. Le 1 mars 2012,
Karl, La Grange

la main dans le sac de farine. En images sur CBC

Blah ? Touitter !