Journal de bord

mercredi 30 mai 2012

Elle en a plein le cul

[…] Quel futur premier ministre pourra dorénavant faire passer des réformes nécessaires quoi qu’impopulaire? Qui pourra renier avoir appuyé les citoyens à désobéir et requérir leur obéissance lorsque cela fera son affaire?

J’ai plein le cul d’entendre dire que c’est la population qui descend dans la rue. On parle de quelques centaines de personnes à Québec et de quelques milliers à Montréal. Le terme la population s’applique plutôt à ceux et celles qui entendent les hélicos incessants au-dessus de leur tête, qui sont pris en otage entre les divers manifestants, qui doivent fermer portes et fenêtres pour pouvoir faire dormir les enfants tandis que des héros de la casserole sévissent.

[…] J’en ai plein le cul d’entendre les médias parler de manifestations festives. Qu’est-ce qu’il y a de festif à faire chier ses voisins et la population de Montréal prise en otage par ces hors-la loi?

J’en ai aussi plein le cul de cette presse gratuite de fin de semaine et de ces commentateurs pro gogoche qui ferait mieux de s’en tenir aux sujets culturels pour lesquels ils sont moins trou de culs.

J’en ai plein le cul, mon vase déborde, ma patience aussi…

Michelle Blanc : “Plein le cul et émotivité”.

1. Le 30 mai 2012,
Karl, La Grange

Vulgaire comme d’habitude.

pris en otage, hors-la loi, …

… consternant et ridicule. Je suis de retour à Montréal depuis 3 jours et je n’ai vu aucune prise en otage. Les rues sont même plutôt très calmes, trop calmes. Le seul signe audible est les casseroles le soir à 20h tapantes, pendant 30 minutes et très festif dans le Mile End.

2. Le 30 mai 2012,
Karl, La Grange
3. Le 30 mai 2012,
Hoedic

Elle pourrait descendre dans la rue et manifester pour faire entendre son point de vue…

Certains comparent ça à Mai 68 en France. Si je me fie aux racontards de mes vieux (peut-être un peu enjolivés), la France vivait alors un état quasi-insurrectionnel avec diverses sortes de pénuries. On est quand même bien loin de ça… L’autre soir je m’amusais à marcher dans les rues parallèles aux manifs nocturnes. C’était surprenant de calme, les gens étaient sur leur terrasse à profiter de la soirée, le bruit de la manif, pourtant de l’autre coté du bloc, sonnait comme un drôle de bruit de fond.

Voici un petit article fort à-propos d’ailleurs : http://voir.ca/andre-mondoux/2012/05/28/michelle-blanc-et-la-decheance-des-medias-sociaux-marketing/

Blah ? Touitter !

Pour 35 piastres…

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Le gouvernement Charest a finalement accepté de plier en ce qui concerne la hausse des droits de scolarité, l’enjeu au centre du conflit étudiant qui dure depuis plus de 100 jours. Une réduction de la hausse, mise sur la table par Québec, était désormais au coeur des négociations entre la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, et les leaders étudiants. Terminées tard en soirée mardi, elles doivent se poursuivre ce matin.

[…] Selon nos sources, tant du côté du gouvernement que de celui des étudiants, Mme Courchesne a présenté en après-midi une offre qui ramènerait de 254$ à 219$ par année, pendant sept ans, la hausse des droits de scolarité, une baisse de 35$. L’augmentation totale passerait donc de 1778$ à 1533$ sur sept ans - avant l’étalement, la hausse était de 1625$ en cinq ans.

Mais pour le gouvernement Charest, toute modification aux droits de scolarité devait être faite « à coût nul ». Pour financer la mesure, le gouvernement proposait de réduire le crédit d’impôt applicable aux droits de scolarité.

La Presse, Tommy Chouinard et Denis Lessard : “Québec plie et offre de réduire la hausse des droits de scolarité”.

Double-sodomie.

1. Le 30 mai 2012,
Karl, La Grange

Oui mais bien sûr… La gratuité scolaire, on en prend pas le chemin.

Blah ? Touitter !

Visiblement indigné

Olivier Roy

[Photo Ninon Pednault.]

L’homme qui me parle de sa voix enrouée s’appelle Olivier Roy. Il a 31 ans. Des lunettes de ski posées sur sa table. Il est visiblement épuisé. Visiblement indigné.

Le jour, Olivier Roy est professeur de philosophie au Cégep de Terrebonne. Le soir, depuis plus d’un mois, il manifeste contre la brutalité policière. Il a participé à une trentaine de marches. Il y était encore mardi soir.

Olivier me confie, presque gêné, qu’il a récemment senti le besoin de s’acheter ces lunettes de ski. Pas pour le ski, vous l’aurez compris. Ni pour affronter les policiers, ce n’est pas du tout son genre. Mais juste pour pouvoir manifester pacifiquement sans craindre pour ses yeux. Depuis un mois, il a senti trop de gaz poivre. Il a vu rebondir trop de balles de plastique, trop de bombes assourdissantes qui peuvent éborgner. Après son marathon de manifestations, il en est arrivé à la triste conclusion qu’un citoyen qui veut manifester se doit d’avoir deux choses : des lunettes de ski et une caméra.

Drôle d’époque quand même que celle où des professeurs de philo tout ce qu’il y a de plus pacifiques s’achètent des lunettes de ski en mai ou se déguisent en panda pour aller manifester. Triste époque que celle où on s’en fait davantage pour deux vitres brisées que pour des jeunes victimes de brutalité.

[…] Il n’a rien d’une tête brûlée, non, mais la grève étudiante devenue conflit l’a radicalisé comme elle a radicalisé bien des gens.

[…] Ce soir-là, Olivier a vu exploser pour la première fois une bombe assourdissante au-dessus de sa tête. Il a senti le gaz lacrymogène. Il a vu les gens paniquer autour de lui. Il a eu peur. « Ce qui m’a énormément surpris et choqué, c’est qu’on ne nous a pas laissé le temps de nous disperser. »

Devant ce déploiement de force excessive et injustifiée, le jeune professeur a senti qu’il n’avait qu’une seule possibilité : continuer à manifester pour ne pas céder à la peur.

[…] « En tant que professeur, je ne peux pas tolérer ça. Mon travail, c’est d’aimer ces jeunes. On leur rentre dedans comme s’il s’agissait de soldats ennemis. Ça n’a pas de sens. La gestion de la crise par les forces policières, autant le SPVM que la SQ qui est arrivée en renfort, est complètement aberrante. »

Les tintamarres de casseroles ont changé la donne. Les policiers sont moins présents, plus calmes et plus polis dans ces manifestations contre la loi spéciale (78) rassemblant monsieur et madame Tout-le-Monde et leurs chaudrons. Pour la première fois, des policiers ont vouvoyé Olivier, lui ont dit « s’il vous plaît » et « merci » au moment de donner leurs ordres. Avant, c’était tout de suite le « tu » et la matraque… Une bonne chose qui en révèle une autre, moins réjouissante, observe le professeur. Tant que les policiers n’avaient affaire « qu’à des jeunes », on considérait que ce n’était pas grave de les tabasser et de les poivrer sans raison.

Ce conflit a fait perdre à Olivier la confiance qu’il pouvait encore avoir envers nos institutions publiques. Des institutions qui ont davantage donné dans le théâtre et le corporatisme que dans la recherche de la vérité, de la justice et du bien commun, dit-il. Résultat : le conflit a créé toute une mouvance d’anarchistes.

[…] Le prof de philo aux lunettes de ski retient aussi la leçon de courage servie par les étudiants. « Se tenir ainsi debout, soir après soir, par pure conviction, alors qu’on déploie des forces paramilitaires pour vous faire taire et vous casser, même si tout ça fait terriblement peur et mal », ce n’est pas rien.

Le Presse, Rima Elkouri : “Le prof de philo et ses lunettes de ski”.

(J’aurais eu un prof de philo comme celui-ci que j’eusse eu plus d’interêt pour la matière…)

Dans la tête des policiers

[…] Que pensent-ils des manifestants ? ai-je demandé à mon trentenaire au coeur plutôt à gauche.

Plusieurs les voient comme des enfants-rois, des bébés gâtés qui ont des iPhone, qui voyagent et qui, en plus, veulent se faire payer leurs études.

Et Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la CLASSE ?

Ils le trouvent dangereux. Ils le voient comme un agitateur, un communiste. Certains lui prêtent des intentions, ils pensent qu’il prépare une révolution politique. Ils le haïssent, une haine profonde.

Après l’adoption de la loi spéciale, Gabriel Nadeau-Dubois a lancé un appel à la désobéissance civile. Les enquêteurs ont interprété ses propos comme une menace, un encouragement à la violence.

Ils ne sont pas tendres non plus avec Martine Desjardins, présidente de la FEUQ. Certains lui donnent un surnom peu flatteur. Du genre qui ne s’écrit pas.

[…] Les policiers font des bons salaires, ils vivent souvent en banlieue. Ils ne comprennent pas toute cette agitation, ça les dérange profondément.

Un certain climat de paranoïa s’est installé. Les policiers se font dire que des groupes anarchistes les prennent en photo et montent des banques de données.

Près de 80% des Québécois pensent que les policiers font du bon travail, selon le dernier sondage CROP. Ils ont la cote, même s’ils dérapent parfois en abusant de la matraque et du gaz poivre.

Pour l’instant, leur image tient le coup. Il faut dire que leurs préjugés sont rarement étalés sur la place publique. Sauf lorsqu’un employé du SPVM décide de se vider le coeur.

La Presse, Michèle Ouimet : “Bourrés de préjugés, les policiers ?”.

Dynamique du mépris

Marc-Antoine Dilhac (Université de Montréal) : Qu’est-ce qui explique la résistance du mouvement étudiant qui ne s’est pas essoufflé depuis de 100 jours de mobilisation?

Christian Nadeau (Université de Montréal) : La résistance du mouvement trouve pour partie sa source, paradoxalement, dans le mépris dont il a fait l’objet dès le départ. Le refus d’identifier la grève pour ce qu’elle est en la qualifiant de boycott, la manie de décrire les étudiants comme des enfants gâtés, la volonté de vouer aux gémonies les représentants étudiants et de diminuer la valeur morale de leurs demandes, tout cela a eu pour effet de soulever l’indignation des étudiants mais aussi peu à peu d’une partie de la société qui ne peut admettre de voir une partie d’entre eux être marginalisée de la sorte. Mais le plus important selon moi est l’intelligence du mouvement, qui a voulu éviter toute forme de démagogie et qui a su se maintenir uni et cohérent malgré bon nombre de tensions. En ce sens, ils ont donné une formidable leçon politique à leurs ainés.

Collectif 22 : “Entretiens sur les enjeux démocratiques du mouvement étudiant québécois”.

EDDJ-12 Paeonia lactiflora

En direct du jardin…

Paeonia lactiflora ‘Cora Stubbs’

Paeonia lactiflora ‘Cora Stubbs’ - Pivoine de Chine.

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Wisteria macrostachya ‘Blue Moon’ - Glycine du Kentucky.

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Papaver orientale ‘Beauty of Livermere’ - Pavot d’Orient (l’orage est passé par là…).

À midi, 24° C. Ensoleillé.

1. Le 30 mai 2012,
Krysalia

ton pavot d’orient va donner de magnifiques capitules au mois d’août. J’adore ces trucs, je trouve qu’elles ont un côté minuscule poteries fantasques de créateurs… Un peu comme des petites salières design :D.

Blah ? Touitter !

Le Fouquet’s ? Minable

Au Québec, on fait mieux, plus chic, plus grand. Et même Grand Siècle.

Fête d’anniversaire de Jacqueline Desmarais à Sagard, épouse de Paul Desmarais, le patron de Power Corporation et ami de Nicolas Sarkozy.

(Paul Desmarais a reçu Nicolas Sarkozy dans sa propriété de Sagard, et était des invités du Fouquet’s le 6 mai 2007. En 2008, Paul Desmarais a été décoré Grand-croix de la Légion d’honneur. Une rumeur persistante dit que c’est Desmarais qui a payé la facture de la soirée au Fouquet’s).

On peut y apercevoir, au milieu d’huiles du patronat et de la finance, le gratin politique : Lucien Bouchard, Brian Mulroney, Jean Charest, Jean Chrétien et George Bush père. Et même Liza Frulla.

Troublant. Indécent ?

(C’est qui qui parlait de “l’élite gloutonne, vulgaire et corrompue” déjà ?)

Drame à Oslo

Justin Bieber à Oslo.

[Oslo, 30 mai 2012. Photo Ian Gavan / Getty Images.]

1. Le 30 mai 2012,
Personne

Ça ou le dernier casting de John B. Root, c’est pas évident.

2. Le 31 mai 2012,
William

Bieber, pas Bierber

3. Le 31 mai 2012,
Jean

Définitivement trop mignonnes. Si JB n’existait pas il faudrait l’inventer ! OK. Je sors…

Blah ? Touitter !