Journal de bord

mardi 31 juillet 2012

Le chat crevé

Faisant ma tournée d’inspection matinale du jardin, que ne découvré-je ?

Un gros matou roux derrière les rosiers, complétement étalé sur le dos, comme aplati sur le sol, les pattes écartées, la tête en arrière, les yeux clos, la gueule ouverte, tout à fait immobile. Des mouches vertes rôdent déjà autour. J’approche. Aucune réaction de l’animal qui semble mort. Je tente un pitoyable “Minou, minou ! Minou ?”… Rien.

Je dois me rendre à la fatale évidence : “Zut, un chat crevé !” J’ai déjà l’expérience du moineau, qui est venu se fracasser dans une fenêtre, ou de l’écureuil, qui s’est probablement loupé dans un arbre tout en travaillant sans filet, mais un chat qui vient mourir dans mes plates-bandes, c’est une grosse et pénible première…

Immédiatement, je trouve l’explication rationnelle : nous avons été réveillés vers deux heures du matin par un gros bruit de métal, comme si une plaque à pâtisserie était tombée dans la cuisine. Une ronde dans la maison ne nous avait pas permis de déterminer la cause de ce vacarme.

C’est à présent presque sûr : le chat a probablement chuté cette nuit du balcon à l’étage, ou pire, du toit, et il s’est écrasé sur le barbecue, d’où le bruit qui nous réveilla. Il a utilisé ses dernières forces pour se cacher dans mes rosiers et y attendre la mort. Quelle tristesse.

Déjà, les questions s’entrechoquent dans mon esprit : je ne sais même pas comment on se débarrasse d’un cadavre de chat à Montréal… Il faudrait trouver le propriétaire… mais le chat au poil long ne semble pas avoir de collier, et l’idée de manipuler cette dépouille en quête d’élément d’identification me répugne. En plus, il va faire chaud aujourd’hui, la décomposition sera rapide, ça va empester la charogne… Putain, con de chat, ne pouvais-tu pas aller dépenser ta dernière vie ailleurs que dans MON jardin ?

Légèrement bouleversé, je monte consulter le voisin à l’étage. Il sort sur le balcon offrant une vue panoramique sur mes rosiers chéris : “Ah, oui, l’a l’air bien mort.” Voilà une information qui ne m’est pas d’un grand secours, j’avais déjà fait cette observation. Je redescends et retourne voir le chat, agacé de cet événement qui va à coup sûr pourrir ma journée.

Et là, là. Le choc ! J’ai cru voir la bête bouger de façon infime. Oui, oui, il semble respirer, très, très faiblement. “Allo ? Minou ?”. Toujours rien. Je n’ose pas le toucher. Bordel, la situation devient vraiment angoissante : le chat n’est pas mort, il agonise ici depuis deux heures du matin ! Il faut vite agir !

Il faut absolument trouver le maître, qu’il assiste aux derniers instants de son cher animal (et qu’il récupère la charge du cadavre par la même occasion). Je me vois déjà sonner à toutes les portes du voisinage “Pardon de vous déranger, il ne vous manque pas un chat ?”. Je m’imagine annoncer alors la terrible nouvelle : “J’ai un chat en train de mourir dans mon jardin, c’est peut-être le vôtre.” Je vois le ou la propriétaire, agenouillé devant mes roses anglaises, pleurant à chaudes larmes auprès de son ami qui se meure. Tragique, forcément tragique.

Le soleil commence à taper, je rentre dans la maison me rafraîchir le visage et tenter de faire calmement le point sur la situation. Je retourne chez le voisin qui me suggère de lui donner un bon coup de jet d’eau pour vérifier son état. Comment peut-on être aussi cruel avec une pauvre bête qui va sans doute expirer son dernier souffle d’une minute à l’autre ? Accablé, je vais une dernière fois observer la scène du drame avant d’aller enquêter chez le voisinage.

Et là, là. Bis repetita. Le choc ! Le chat, le même chat, au même endroit, mais tout à fait vivant, ressuscité sur son postérieur, en train de se débarbouiller avec application. Le gros con me regarde un instant, puis continue sa toilette sans plus s’inquiéter de ma présence, tout à fait insouciant des inquiétudes qu’il a pu me causer.

Je suis entre soulagement et colère. Sa toilette terminée, il migre derrière les bambous, au frais de l’ombre de la fontaine, et se couche, s’apprêtant à continuer sa sieste, à poursuivre paisiblement sa vie de gros lard fainéant… tout à fait indifférent à mes regards noirs. Crisse de connard de chat !

Et dire que j’ai failli me ridiculiser auprès de tous les voisins à cause de cet ahuri qui, croyez-moi, sait parfaitement imiter le mort.

Enfin, l’horrible bête se décide à se diriger indolemment vers la porte du jardin que j’avais laissée ouverte, d’un pas des plus nonchalants. Et le voisin du dessus, regardant la scène, de dire “Tiens, il est au ralenti comme toi le matin quand t’es pas tout à fait réveillé”.

Argh ! C’en est trop, je me réfugie dans la quiétude de mon bureau et partage sur mon blogue le récit du jour où j’ai fait rire de moi à cause d’un putain de chat.

En parlant de minous cons, la méga-panne d’électricité à Dehli, c’était la faute d’un chat.

1. Le 31 juillet 2012,
ossobuco

Je ne sais pas pourquoi cette histoire me resouvient la scène où le flic croit Beatrix Kiddo morte, mais qui lui crache à la figure avant de sombrer dans le coma. En un sens, ce chat a craché à la figure du narrateur : ces bêtes ont un fond méchant. Parlant de chat, la photo d’hier ne manque pas de nous rappeler que l’épilation intime est un Crime Contre la Féminité.

2. Le 31 juillet 2012,
Jean

On s’y laisse prendre. J’avais lu un autre billet de blog où le maître rentrait chez lui et tombait désespéré sur son chat dans une posture semblable, la gueule ouverte et qu’il tenait pour avoir été foudroyé par un accident cardiaque… Mais qui faisait seulement une bonne sieste sur le dos pour se ventiler l’abdomen par une journée un peu chaude.

3. Le 31 juillet 2012,
Mox Folder

Au cas ou tu peux faire le 311

Les services municipaux viendront s’occuper de la dépouille, j’y ai eu recours à deux reprises : Pour un écureuil étalé au pied de ma gouttière, il a surement du tombé d’un câble aérien. Et pour un chat qui a apparu miraculeusement sur le trottoir après l’hiver à la fonte des neige dans ma rue (mais pas devant chez moi)… passé 48h de présence, sans que ça ne gêne visiblement les personnes habitant en face, j’en ai conclus qu’il était mort et j’ai appelé le 311.

4. Le 31 juillet 2012,
Laurent Gloaguen

Merci de l’info ! Je saurai pour la prochaine fois (d’un autre côté, ça m’a peut-être évité d’appeler le 311 pour un chat qui fait sa sieste…).

5. Le 31 juillet 2012,
Jean

À priori les services municipaux sont censés prendre en charge la dépouille, vérifier si l’animal est identifié, si tel est le cas prévenir et la restituer au(x) maître(s)… On peut aussi la récupérer et la porter chez un vétérinaire qui vérifiera lui aussi…

6. Le 31 juillet 2012,
Martine

Ha ha! Y’a qu’à toi que ça pouvait arriver! J’ai envie de dire “bien fait”, mais tu as l’air tout remué…

7. Le 31 juillet 2012,
Krysalia

j’ai appris lors du décès des miens que les yeux d’un chat ne peuvent se fermer quand il est mort. Ce sont deux puis sombres sans paupières, ni la nictitante ni l’autre. On touche l’oeil, s’il n’y a pas de réaction c’est qu’il est tout à fait mort. les chats qui font la sieste dans cette posture peu glorieuse du “ventre à l’air” auront toujours les yeux fermés, permettant de ne pas confondre…

8. Le 31 juillet 2012,
Karl, La Grange

Tu aurais dû l’enterrer, cela aurait pu faire de l’engrais pour les rosiers.

9. Le 31 juillet 2012,
Blork
10. Le 1 août 2012,
Jean

Mort. Comme ça.

11. Le 1 août 2012,
Hoedic

Ce n’est pas sans me rappeler une histoire similaire. À l’époque où mes parents géraient un hôtel dans les environs de la petite bourgade de Ploëmel, un chat avait adopté les lieux. Il s’affalait sur les différents canapés à la journée longue puis allait chasser la nuit. Durant la journée, ce chat était tellement mou qu’il était possible de le mettre dans les positions les plus invraisemblables et qu’il reste ainsi une bonne heure durant.

Ce qui devait arriver arriva: un jour une nouvelle employée de l’hôtel, non habituée au spectacle a créé un émoi parmi les clients en hurlant à qui voulait bien l’entendre qu’il y avait un chat mort sur la banquette de l’accueil. Jusqu’à ce que finalement un autre employé, habitué de la chose, ne file un coup de taloche au chat pour démontrer qu’il était juste assoupi…

12. Le 3 août 2012,
padawan

Où l’on décrouvre que les chats pratiquent le Yoga-nidra.

Blah ? Touitter !