Journal de bord

dimanche 14 octobre 2012

Matricule 728, la mal baisée

Laurent Paquin est un “humoriste” québécois. (Je crois que le Québec a le record mondial du nombre d’humoristes par rapport à la population.)

Surfant sur l’actualité, il a composé une courte chansonnette dédiée à l’agente 728, qui met mal à l’aise en recourant complaisamment aux pires clichés machistes.

Elle n’a vraiment rien d’une Aphrodite, Matricule 728.

Si elle avait plus de fun dans l’litte, elle tapocherait moins les joueurs de guitte. (Si elle avait plus de plaisir au lit, elle taperait moins les joueurs de guitare.)

[…] Ça fait 100 ans qu’elle a pas vu d’bite, Matricule 728.

Mais dans l’fond, c’est une pauvre petite, Matricule 728.

Un peu d’amour, j’pense qu’elle le mérite.

Dans le monde de Laurent Paquin, une femme peu avenante serait forcément “mal baisée”, et tout écart de conduite de sa part s’expliquerait du fait qu’elle “manque de bite”.

Détestable.

Le matricule 728 serait un homme, dirait-on que tout s’explique de son comportement vulgaire et agressif parce qu’il est mal baisé ? Je ne crois pas. Dit-on des animateurs de la radio-poubelle qu’ils n’ont pas une vie sexuelle épanouie ? Non.

Un mec vulgaire et violent, ce serait un gars qui “a des couilles” et une femme dotée des mêmes traits, une pauvre fille qui manquerait de bite ?

Et est-ce que les “coups de bites” ont le don magique de pacifier les femmes brutales ?

Est-ce que toutes les lesbiennes sont condamnées à être des harpies pour cause de “manque de bite” ?

Enfin, puisque nous sommes dans les généralisations fondées sur l’apparence, est-ce que les petits gros dégarnis sont moins drôles que les autres ?

Vous aurez compris que les propos phallocrates et sexistes de Laurent Paquin ne m’ont pas fait rire.

À la défense de l’agente 728, il faut dire qu’il n’est en rien aisé pour une femme de faire carrière dans la police (ou dans l’armée), et encore moins en 1990 lorsque Stéphanie Trudeau a commencé la sienne. Les femmes sont sous la contrainte d’en faire plus pour légitimer leur place aux yeux de la majorité mâle. La police n’est pas un milieu tendre et il faut y avoir le cuir épais. Résister peut aussi passer par être encore plus rustre que ses collègues.

Vulgarité, agressivité, violence, intimidation de témoins… tout le monde sait que l’agente 728 n’en a pas le monopole au sein du SPVM (ces tares sont endémiques à n’importe quel corps policier), et ses agissements ont été constamment couverts, y compris au moyen de rapports de police mensongers, par ses collègues masculins.

Certes, l’agente 728 accumule presque toutes les tares du mauvais flic, mais, cerise sur le sundae, elle a celle ultime d’être une femme, ce qui permet de faire rire grassement les petits gros pour qui le monde est simple et binaire (des bites et des trous).

Si l’agente 728 est devenue le symbole du dysfonctionnement de la police, Laurent Paquin pourrait être celui du dysfonctionnement de l’humour québécois qui se vautre trop souvent, pour ce que j’en vois, dans la crudité des propos et le sexisme de la pensée.

P.S. Laurent Paquin a retiré la vidéo incriminée et publié un message de justification. “Si Matricule 728 avait était un homme, si Stéphanie Trudeau s’était appelé Stéphane Trudeau, la chanson aurait été probablement la même”. Hmmm. Je doute.

Sur la page FaceBook de l’humoriste, Camille Tremblay de Chicoutimi écrit “Pour ma part,je n ai rien vu de choquant,ni rien d homophobe.Quon se le dise,ce n est pas du harcellement. C EST UNE OPIGNON”. Et chacun a droit à son “opignon” comme chacun sait.

1. Le 14 octobre 2012,
Krysalia

“Est-ce que toutes les lesbiennes sont condamnées à être des harpies pour cause de “manque de bite” ? “

certains le croient dur comme fer… parce que forcément, ces nanas énervées qui n’aiment pas les hommes n’ont pas encore rencontré le gourdin qui saura les mater et les faire entrer en sidération fervente :/.

C’est toujours cette même peur d’être inutile, d’avoir un engin qui reste là pendouillant, sans personne qui s’en occupe. Si les femmes peuvent jouir seules (ou ensemble sans hommes), que faire du fantasme de la matraque magique qui dispense le plaisir au bon vouloir de son propriétaire tout puissant ? S’autoriser un seul doute à ce sujet, est-ce le début de l’impuissance ? Peut-on prendre un tel risque ? (Insérer ici un H aspiré de suspense insoutenable, tintintintin).

Je n’ai pas vu l’apparence de ce trudeau (je ne vais même pas chercher), mais je doute que le fait qu’il soit petit ou qu’il soit gros soit vraiment à l’origine de ce qu’il appelle “de l’humour”. En revanche je serais prête à parier - vu comment le sujet le travaille et comment il en parle surtout - qu’il a de gros problèmes avec ce qu’il pense de son pénis et de ses capacités :/… Qu’il arrête un peu de se mettre la pression, ça fera des vacances aux victimes de son flagrant sexisme.

2. Le 14 octobre 2012,
Martine

Pathétique et triste. Son message de “justification” ne justifie rien. Tout ce qu’il admet vraiment, c’est que sa chanson était ratée. C’est dingue de penser qu’une personne intelligente et relativement sensible n’arrive pas à concevoir que l’argument “mal baisée” puisse être machiste et complètement dépassé. L’humanité me décourage. J’aime mieux les chats ;)

3. Le 14 octobre 2012,
Laurent Gloaguen

@Krysalia : c’est amusant que tu fasses référence au pénis de l’humoriste, il a justement créé une chanson “J’ai une grosse graine”, comme s’il devait en convaincre le monde.

(Graine = bite. “S’faire manger la graine” = se faire sucer.)

J’suis p’t’être pas le plus beau, ni l’plus intelligent. J’suis p’t’être pas un héros, j’ai p’t’être même pas d’talent. Oui, mais j’ai une grosse graine

Une grosse graine. Oui, vraiment une grosse graine, une grosse graine, une hostie d’ grosse graine.

4. Le 14 octobre 2012,
Krysalia

ah oui quand même, dis donc… Un gros mélange de superstition et de méthode Coué :D. Ca laisse pantois.

5. Le 14 octobre 2012,
OlivierJ

La remarque “mal baisée” a longtemps été réservée aux femmes, je me garde de l’utiliser, mais je me suis déjà fait plus d’une fois la remarque pour des hommes (et quand on sait la frustration que ça peut engendrer chez un homme quand il lui manque ce genre de satisfaction…).

6. Le 15 octobre 2012,
padawan

Je plussoie OlivierJ, l’expression « mal baisé » fonctionne tout aussi bien avec les hommes et n’est réservée aux femmes que dans l’esprit de certains. (Avant que Martine ne réagisse, ça ne lui enlève pas son caractère machiste dès lors qu’elle est utilisée largement contre les femmes.)

7. Le 15 octobre 2012,
Karl, La Grange

Il a une grosse graine, et un tout petit pois…

Blah ? Touitter !

Hou la menteuse

Honnête homme égocentrique

Les femmes seraient plus enclines au mensonge que les hommes. C’est en tout cas ce que l’on pourrait déduire de cette étude qui établirait que la testostérone favorise l’honnêteté.

Malheureusement, la testostérone favorise aussi l’égocentrisme. Sans oublier que l’hormone rend aussi chauve…

Je crois qu’il ne faut pas tirer de conclusions hâtives de ce genre d’études. Les chauves ne sont pas tous des honnêtes hommes égocentriques.

[Source photo.]

1. Le 15 octobre 2012,
Yaume

Hum, on pourrait le déduire à condition d’oublier qu’il n’y avait pas de femme dans cette étude …

C’est juste que des hommes ayant reçu un surplus de testostérone serait plus honnêtes (ou moins cupides d’ailleurs ou ayant plus peur de se faire prendre) que ceux qui ont leur taux habituel. [voir ont moins de chance puisque les lancés de dés n’étaient pas filmés/contrôlés]

Blah ? Touitter !