Journal de bord

vendredi 26 octobre 2012

L’enfant n’est pas un droit

[…] Pour connaître plusieurs couples homos, je sais qu’ils sont des parents comme les autres, ni pires, ni meilleurs. Leurs enfants ne semblent pas traumatisés ou rejetés. C’est pour cela que je suis favorable à l’adoption et à la PMA pour les couples homosexuels.

Cependant, j’y mettrais un bémol. Un enfant n’est pas un droit, je le répète. On ne décide pas d’avoir un bébé comme on décide de changer de canapé. Devenir parent signifie s’engager à donner à son enfant tout ce dont il a besoin pour devenir un adulte épanoui. Et ce dont il a besoin est énorme et exige de ses parents du courage et de l’abnégation. Ce n’est pas tous les jours marrant, ni facile, loin de là.

La nature, qui est décidément bien faite, veut qu’on oublie vite ces efforts quand on voit nos enfants nous sourire et grandir heureux… Jusqu’à leur prochaîne bêtise, leur prochain rhume, voire, malheureusement, bien pire.

Alors, aux couples homosexuels comme à tous les couples qui se tournent vers l’adoption ou la PMA, je voudrais demander de réfléchir vraiment, profondément à leur projet d’enfant. C’est un engagement à vie, profond et exigeant que vous signez. L’enfant n’est pas un droit, c’est un don, une merveille, un miracle, etc., mais pas un droit.

J’aimerais que tous les couples prennent aussi le temps de réfléchir à ce désir d’enfant, cela éviterait peut-être des drames et des délaissements. Malheureusement (ou heureusement, peut-être, je ne sais pas), quand un couple est naturellement fertile, la réflexion se réduit souvent aux questions pratiques.

Le blog du monde qui avance, Delphine Dumont : “L’enfant n’est pas un droit”.

L’adoption et la procréation médicale assistée sont des parcours longs et complexes. Faire gicler un pénis dans un vagin est extrêmement facile et rapide.

Il en ressort que les enfants adoptés comme ceux issus de la PMA sont presque toujours ardemment et longuement désirés par des parents réfléchis, courageux et ultra-responsables. Quand je vois le phénomène des adolescentes en cloque en Grande-Bretagne, je ne suis pas immédiatement frappé par le sens des responsabilités.

Qui ne s’est jamais fait la réflexion dans la file d’attente d’une caisse de supermarché que certains congénères hétérosexuels auraient mieux fait de s’abstenir de se reproduire pour le bien-être commun et l’avenir de l’humanité ?

Les réflexions de Delphine sur l’engagement, le courage et l’abnégation doivent s’adresser de fait prioritairement aux couples hétérosexuels standards.

Je pense que le problème de fond avec la question “l’enfant est-il un droit” est qu’elle est juste conne, et ne peut donc apporter la moindre réponse pertinente. Même s’il m’arrive de penser parfois qu’il faudrait des permis de procréation… Pensée négative qui démontre en soi l’inanité de la question.

1. Le 26 octobre 2012,
Yann Le Du

Je ne mettrais pas l’adoption et la PMA sur le même plan.

Pour l’adoption, il s’agit d’enfants qui sont déjà là, et qui ont besoin de parents. Et c’est en effet le parcours du combattant : la vie des demandeurs est quasiment mise à nue. On peut donc supposer que ceux qui finissent par obtenir l’agrément sont effectivement à la hauteur.

Mais pour la PMA, il s’agit de faire venir un enfant qui n’existe pas. Et comme pour la naissance naturelle, il n’y a pas cet œil extérieur qui juge de l’intérêt de l’enfant. Ça reste long et compliqué, et il faut effectivement être courageux et déterminés… Mais cela fait-il pour autant de meilleurs parents ?

2. Le 26 octobre 2012,
remib

Les humains, c’est costaud comme de la mauvais herbe…

Désolé de m’épancher mais l’enfant est-il un devoir ? Faut-il faire des enfants pour leur inculquer nos propres idées afin que nos propres idées résident plus longtemps dans la société (comme des memes) ?

Pour revenir sur le sujet, j’imagine mal des homosexuels abandonner leur enfant au mois de juillet avant de partir en vacances à Ibiza. Il me semble que c’est un peu le sous-entendu de l’argumentation “vous ne vous rendez pas compte des responsabilités”. Quand on connaît la résilience de certains enfants de parents hétérosexuels, je ne peux pas imaginer que l’adaptation ne soit pas possible… d’ailleurs elle est possible… Comment gagner la confiance des détracteurs ? Des stages obligatoires, un brevet d’éducation affectif, euh je rigole, pitié… ?

Par contre, je comprends le sentiment « c’est pas un droit !» . C’est pas un droit, c’est un devoir pour hétéro comme homo… et c’est pour ça que ça m’emmerde à titre personnel…

3. Le 26 octobre 2012,
ossobuco

Pareil pour les tortues de Floride, encore trop de gens en font sans réfléchir que ce n’est pas un droit mais surtout un sacerdoce. En plus ça pue. Alors ils les balancent dans les toilettes. Mais elles ont la vie dure. Alors on les retrouve dans l’écosystème français. Où elles mangent la laine sur le dos des tortues françaises (quand elles leur piquent pas leur pain au chocolat).

4. Le 26 octobre 2012,
remib

A la base je voulais mettre un blink qui clignote en rose fluo “ce n’est pas un droit, c’est un devoir !” …. ah le markdown…

5. Le 26 octobre 2012,
anita

En fait c’est pire que ça. On peut être des parents ultra conscientisés, vachement déterminés, refléchis et ultra-responsable et faire n’importe quoi. Parce qu’en fait, on est vachement parent avec tout ce qu’on ignore de soi et qui justement, arrive en pleine figure à tes mômes parce que t’as pas filtré. Et ça, ça les éduque grave. Dans un sens où l’autre, qu’ils prennent ou rejettent avec beaucoup d’énergie.

Et on peut faire à 16 ans un môme un soir de beuverie et s’en tirer fort honorablement. Quant à l’amour, j’ai coutume de dire que c’est une tarte à crème. Si ça suffisait, il y a des zillions de pages de blog qui disparaitraient immédiatement.

J’ai tendance à trouver qu’on mélange allègrement éducation et filiation. Je ne vois pas en quoi fantasmer sur ci (voir fig a )ou ça (voir fig b ) et jouer à la bête à 4 pieds avec tel ou telle, modifie notre façon d’être contenant et fiable pour un petit d’homme. Par contre, faut arrêter de raconter des craques aux enfants adoptés ou médicalement procrées. Qu’il y ait quelque part inscrit que quelque soit notre genre, il ne fait qu’une moitié de l’humanité, je suis assez pour. Donc, je vais sans doute me faire décapiter, mais je suis aussi contre les modes de filiation qui falsifient la conception que je le suis vis à vis de toute espèce d’adoption plénière qui raye l’histoire antérieure, le pays, la langue, le prénom… Ça, j’suis désolée, mais chaque fois que je l’ai professionnellement rencontré, ça faisait des trucs ultra pas simples.

6. Le 26 octobre 2012,
Maxime

« Faire gicler un pénis dans un vagin est extrêmement facile et rapide. »

Laurent, tu as une expérience d’éjaculateur précoce hétérosexuel ?

7. Le 26 octobre 2012,
remib

@anita, la plénière a été créé aussi en fonction de l’intérêt du parent qui abandonne son enfant… ce qui n’est pas rien… [les tortues… euh…]

8. Le 26 octobre 2012,
remib

la plénière évite aussi les infanticides… et vu la caisse des retraites, il n’y a pas de petit travailleur… désolé…

9. Le 26 octobre 2012,
remib

Êtes vous nataliste ou malthusien ? c’est une bonne question pour un entretien d’embauche ?

10. Le 26 octobre 2012,
anita

@remib : de même façon qu’il peut être spécifié que le père n’est pas connu, on aurait pu spécifier que la mère ne l’est pas, ou a désiré accoucher sous X. Ce qui n’est pas la même chose que de dire qu’elle/il n’a jamais été. On voit bien que la question de dire à un enfant qu’il a été adopté a été longtemps vécu comme infranchissable jusqu’à… ce que les adoptions transcontinentales et les visibles différences de carnations rendent la question bien plus facile aux parents qui n’avaient pas le choix.

11. Le 26 octobre 2012,
anita

@ remib 2 : c’est l’accouchement sous X qui protège de l’infanticide, pas l’adoption en elle même-qui peut rester simple.

12. Le 26 octobre 2012,
remib

@anita, je suis d’accord, il faut avoir confiance en l’adaptabilité des humains

13. Le 26 octobre 2012,
samantdi

Je suis vraiment d’accord avec anita (c’est ma copine, mais ce n’est pas la raison!)

Etre un gamin ultra-désiré n’est pas un gage de vie heureuse (hélas ou tant mieux ?)

14. Le 27 octobre 2012,
Luce Luciole

Heu alors comment dire ? “L’enfant n’est pas un droit” Oui, c’est vrai. En même temps “le désir d’enfant est légitime”. S’interroger sur son désir déjà faut être capable de s’interroger sur soi, alors là, on sait que c’est pas donné à tout le monde. Bref, est ce que ça fait vraiment avancer le chmilblic ?

Je ne pouvais pas envisager ma vie sans enfant. Sans connaitre cette expérience et pourtant la vie a fait que j’ai du d’abord y renoncer avant de devenir maman quand je ne le croyais plus possible. Puis le père de ma fille est mort. Et de nouveau je dois renoncer à l’image de la famille rêver pour bâtir avec la famille réelle. On fait ça tout le temps non ? Rêver, se confronter au réel, renoncer, vivre, avancer. Qu’on soit Gay ou hétéro change pas grand chose, qu’on fasse un enfant vite ou par des chemins compliqués. Et les enfants de même, comme des individus qu’ils sont. Moi j’ai eu des parents nocifs, pourtant, ils ont contribué à faire de moi ce que je suis et ben ça va, je vie et même des fois j’existe. On s’adapte, on grandit, on se cherche et avec un peu de chance on se trouve avant de mourir.

Alors pour revenir au début, le désir d’enfant est un droit. Une fois que l’enfant est là, c’est le droit de l’enfant qui commence. Mais seulement quand il est là, parce qu’avant, tout n’est que fantasme. je crois…

15. Le 28 octobre 2012,
Marico

Je suis une “childfree” : je ne veux pas me reproduire. Pour de multiples raisons qui vont de mon rapport au corps jusqu’aux questionnements sur l’avenir de l’homme, en passant par le rapport à l’enfant dans notre société actuelle. De plus en plus, les gens respectent ma décision, mais les childfree ont la vie dure. Bref.

Au hasard d’une émission de radio sur la PMA, une gynéco avait dit quelque chose de très juste : “avoir un enfant n’est pas un droit, c’est une POSSIBILITÉ, et les femmes de notre temps l’oublient trop souvent”.

Je trouve cela très juste. Pas envie de décrédibiliser l’action d’adoption (qui me paraît légitime) : c’est courageux de vouloir s’occuper d’un petit être qui n’a pas ton sang mais qui a besoin d’une famille, hétéro ou pas d’ailleurs. Pour la PMA, j’ai toujours trouvé cela violent, pour le corps et le couple. Enfin, pour la procréation naturelle (celle avec laquelle, finalement, j’ai le + de problèmes), beaucoup de gens se retrouvent victimes de choses que j’exècre : la désinformation sur la contraception, la pression sociale, l’éducation, les croyances, en gros tout ce qui fait “oublier” la maxime citée plus haut : “la procréation est une possibilité”, on ne devrait pas revendiquer la paternité / maternité selon moi.

16. Le 28 octobre 2012,
ossobuco

« Avoir des enfants est un droit, s’en débarrasser est un devoir. » (La Rochefoucauld)

Blah ? Touitter !