Journal de bord

[…] Même le sexe chez la majorité des féministes et des lesbiennes-bi mainstream et populaire doit rester un truc consensuel et lisse, qu’on politise certes mais qu’on fait selon une forme d’essence féminine et d’aura mystique.

Ca m’emmerde. Je n’ai jamais su être une meuf propre et lisse. J’aime l’amour et le sexe de manière sauvage et masculine apparemment. Je me branle sur du porno hétéro en m’imaginant être à la place de ces mecs. C’est mal vu. En tant que féministe, je devrais jeter tout ça aux orties et dénoncer ça violemment.

Je dénonce ça politiquement. J’aime ça personnellement. Je n’ai pas envie de changer mes désirs pour qu’ils soit l’AOC du féminisme ou du militantisme queer. Allez bien voir ailleurs si j’y suis là dessus. Je baise comme je suis.

C’est vrai ça : pourquoi donc seul le sexe sauvage et dominateur serait masculin ? Pourquoi moi, je n’ai pas le droit de draguer, d’être agressive et méchante, et violente, pourquoi je ne peux dominer mais aussi séduire et aimer à MA manière ? Le BDSM serait un truc de mec. La sodomie serait un truc de mec. Les mots sales et les insultes seraient un truc de mec. On ne peut donc rien avoir qui soit à nous, en tant que meuf ? Tout tourne autour des hommes même quand on ne l’a pas voulu.

Je voudrai m’enfouir en elles toutes, dévorer leur chatte et faire exploser nos désirs. Je voudrai être cru et sauvage comme un mec. Parce que je suis une meuf je devrai rester digne et propre face à mon désir cru et bestial ? Vous m’emmerdez avec le privilège masculin surtout quand je tente de reprendre le pouvoir sur moi même.

[…] Je suis gouine. Chaque jour qui passe, malgré chaque queues dont parfois je rêve, chaque mec que je peux désirer, aimer ou baiser, je suis gouine. Et cette pensée, ce désir, violent et impétueux, libérateur de ma chair me rend féroce et fière. Je me sens libre comme l’air quand j’ai ma tête dans la chatte d’une meuf et que je l’a dévore comme si ma langue était plus forte que n’importe quelle bite masculine. Je me sens libre avec les doigts d’une meuf dans ma chatte, quand j’ai la sensation d’être prise et violentée jusqu’à plus soif et qu’elle me traite de tout les noms. Je me sens libre quand je me branle en imaginant des partouzes, des orgies, des fouets, de la cire et des cris, des pleurs de joie et des murmures, des râles d’agonies.

Vous ne m’enlèverez pas ça. Vous ne politiserez pas ça. Vous ne me forcerez pas à jouir propre, sagement et poliment, avec des mots convenable. Vous ne m’offusquerez pas en me disant que ma manière de séduire est trop masculine, trop viril, tout au plus m’attristerez vous sur votre vision de la féminité toujours et uniquement passive, soumise et docile quand j’essaye de construire une féminité entière et propre à moi même. Vous ne serez pas les flics de mes fantasmes et de mon désir. Ni vous, ni aucun mec qui s’imagine se branler sur ma sexualité et mon identité.

Fear The Lesbians Desire.

Chatte et agonies : “Du sexe en tant que meuf queer”. Via Krysalia.