Journal de bord

lundi 3 février 2003

Jeanne d’Arc était rousse

Alors que je débarquais de mon navire par belle nuit de pleine lune, mon attention fut attirée pas un fracas métallique. Sur le quai, se dressait en armure, une hallebardière brandissant un fier étendard. Des rayons séléniens soulignaient les rougeoiements de sa chevelure caressée par la brise. Frémissante du courroux des justes, me toisant du haut de sa cuirasse, elle déclara impérieuse “Il faut bouter l’Anglois hors de notre douce langue !”. Saisi de stupeur, je répondis :
— Plait-il ?
— Ah ! que ton impudence excite mon courroux !
— Quel temps à mon exil, quel lieu prescrivez-vous ?
— Fusses-tu par-delà les colonnes d’Alcide, je me croirais encor trop voisin d’un perfide.
— Chargé du crime affreux dont vous me soupçonnez, quels amis me plaindront, quand vous m’abandonnez ?
— Va chercher des amis dont l’estime funeste honore l’Albion, flétrit notre langue je l’atteste ; des traîtres, des ingrats sans honneur et sans loi, dignes de protéger un méchant tel que toi.

Misérable parmi les misérables, j’avais provoqué la légitime irritation de l’hardie chevalière par quelque libelle sur mon modeste carnet. C’est donc le coeur gros que je regagnais mon navire, que je fis dévirer les aussières, et que je mis cap sur l’étoile éclairant ma défaite.

Bon, blague à part, je reprendrai pour miens les mots de la rouquine : “Les anglicismes gratuits et inutiles ne sont justifiables ni chez l’un, ni chez l’autre. Mais plutôt que de mutuellement citer leurs forces langagières respectives et bien réelles, et d’y puiser inspiration afin de préserver une langue qui le mérite, nos deux peuples coqs ne trouvent souvent rien de mieux à perpétrer que l’ergotage de ses pairs, en cherchant le pire coupable des deux. Pendant ce temps, l’envahisseur rigole et tisse la toile qui nous perdra.”

1. Le 3 février 2003,
grande rousse

;) On ne pourra cependant jamais vous accuser de ne pas connaître vos classiques ! Quelle bonheur de venir en vos eaux ce matin, j’ai tout d’abord ri à gorge déployé, surtout lorsque qu’à pleine sortie des effluves d’un court sommeil, j’ai reconnu Phèdre (Je dois avouer que ça n’a pas été instantané…). Et puis, j’ai poursuivi ma lecture et j’ai souri, doucement. ;)

Bonne journée et salutations à l’habitant du clapier :))

2. Le 3 février 2003,
grande rousse

Et rassure tout de suite la galerie… ma gorge est bel et bien féminine..j’ai donc ri à gorge déployée et non déployé ;))

3. Le 3 février 2003,
Laurent

Donc, nous confirmons : la Jeanne n’a pas de pomme d’Adam…

Mon lapin, je crois que l’on parle de toi dans le premier message… Dis bonjour à la dame !

4. Le 4 février 2003,
Le lapin

Bonjour belle dame à la chevelure rousse! Et oui ma petite marmotte est férue de littérature française mais il appartient à une espèce en voie de disparition même en France. Les classiques ne font plus recettes… Quqnt à moi, je retourne dès aujourd’hui là-bas avec des produits culturels bien de chez nous. Vous en saurez sans doute plus dans les semaines qui suivent. Restez à l’écoute !

Blah ? Touitter !