Dans cette société “passoire”, on en vient même à soutenir que n’importe quel mode de parentalité peut sainement permettre à ses enfants de construire leur identité psychique, sexuelle, personnelle et sociale. Ce qui contredit les acquis psychologiques les plus élémentaires sur les processus de différenciation incontournables qu’appellent les repères de rôles, de sexes et de générations.
[ Jacques Grand’Maison, théologien dans La Presse, via Michel Dumais ]
Au secours, le retour des cathos réactionnaires !
Non, la rupture religieuse n’est pas “un marqueur de ce traumatisme historique, culturel et politique dont beaucoup de Québécois ne se sont pas remis.” La rupture avec le catholicisme est le signe de la fin de l’aliénation des Québécois et il faut maintenant reconstruire des valeurs et une société sur les ruines de la tyrannie obscurantiste. Jacques Grand’Maison ne regrette que l’époque bénie de l’omnipotence de son Église sur un troupeau de moutons pure laine Viarge.
Oui, il y a eu discontinuité historique, et c’est pour cela que l’on a utilisé le terme de Révolution. Et le passé appartient à l’histoire, seuls des dévots confits dans l’eau bénite peuvent envisager l’avenir dans le retour à la noirceur. Quelle navrance que de voir que sous prétexte de déboussolement passager, il nous faudrait revenir aux “vraies valeurs du passé”.
Il faut inventer l’avenir plutôt que d’ouvrir de vieux coffres à cadavres moisis. Jacques Grand’Maison fait appel à la confusion des genres, puisqu’il en appelle même au secours de la psychanalyse, pour desservir une même pitoyable cause : la chrétienté et le passéisme. Son texte n’est qu’un amalgame idéologique. L’héritage des générations passées n’est pas à rejeter, mais il n’est pas non plus à chercher dans l’asservissement à une administration hors-d’âge : l’Église catholique romaine.
Dieu merci (sic), il y a encore des bouffeurs de curés.
Bon, je promets de plus bouffer du curé ici, il ne faut pas tirer sur les ambulances !
Signé : le capitaine anticlérical et bouffeur de cuisses de grenouilles de bénitier. Et vive la République laïque !
P.S. Et vive le mariage des prêtres !
P.S. bis : Armez les canons, cathos à babord, tirez à boulets rouges, pentecôtistes à tribord !
P.S. ter : La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans coeur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple. Karl Marx, Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel (1843). Toujours d’actualité…
“Tout au long de cette vie tumultueuse où j’ai donné la joie sur d’innombrables sommiers dont j’ai oublié le nom, j’ai compris qu’on pouvait juger de la sensualité d’une femme, ou d’un homme, bien sûr, mais ce n’est pas tellement mon truc, simplement en observant son comportement à table. Prends-en de la graine, jeune dragueur qui m’écoute. Celle-là qui chipote devant les plats nouveaux exotiques, celle-là qui met de l’eau dans le pauillac, qui grimace au-dessus des pieds de porc farcis, qui repousse les myrtilles à côté du filet de sanglier, celle-là crois-moi, n’est pas sensuelle, c’est évident! Comment voulez-vous qu’une femme qui renâcle devant une saucisse de Morteau puisse prendre ensuite quelque plaisir… avec une langue aux olives ou des noisettes de veau?”
[ Pierre Desproges, Tribunal des flagrants délires, France Inter - via l’irremplaçable rouquine ]
Suite à la réflexion-réplique de Michel Dumais, je me permets de préciser ma position :
Toutes les fibres de mon être sont profondément empreintes d’athéisme. La libre pensée est mon credo, l’apostasie est mon prosélytisme, l’incrédulité est mon apostolat.
Le poids de l’histoire sur l’Église est énorme et ce n’est pas sans raisons que les prêtres font bonne figure dans la liste des décapités de la Révolution et des fusillés de la Commune. Les curés ont été de tous les conservatismes et ont été trop souvent du mauvais côté.
Je ne dis pas que l’on ne peut pas trouver quelques hommes de valeur parmi eux, d’autant plus de nos jours où le choix du ministère relève plus que jamais du plus grand dévouement, mais la majorité de la corporation m’effare.
Grand’Maison réclame l’héritage de l’histoire et prie contre les renégats qui veulent faire, soi-disant, du passé table rase. Grand’Maison ne fait que défendre sa crémerie et se désole du recul de la religion dans la société, ni plus, ni moins. Quant à l’héritage, il ne sent souvent pas très bon.
Je ne connais pas le chanoine Grand’Maison, tout ce que j’ai lu de lui tient dans la page de La Presse, et ce je que j’ai lu m’a fortement déplu. Je n’aime pas lire la phrase “Mais combien s’interrogent sur la portée mortifère du refus global d’hier et de l’utopique création ex nihilo d’un Québec moderne qui a balayé d’un revers de la main toute référence au Canada français historique, culturel et religieux”, je n’aime pas l’apposition “chrétiens ou d’idéologie laïque”. De façon plus large, tout ce texte est un tissu d’amalgames forts contestables. D’ailleurs, comment prétendre à cette rupture catégorique avec le passé et à ce Québec déraciné ? J’entends les mêmes diatribes ici… et elles sont injustes et partisanes.
Pour terminer sur une touche plus personnelle, mon père fut séminariste avant de défroquer pour rejoindre les rangs marxistes puis la psychanalyse (et je vois une logique dans ce parcours…). Alors ceci explique peut-être cela, et mes mots que je trouve jamais assez durs à l’égard du clergé. Chatouillez-moi un peu, et je pourrais volontiers me livrer au blasphème et au sacrilège.
La religion n’est pour moi pas un héritage, elle est un fardeau.
P.S. J’ai eu la chance de rencontrer des prêtres estimables, et qui ont grâce à mes yeux en tant qu’hommes, malgré leur croyance que j’estime erronée : c’étaient des prêtres-ouvriers. La hiérarchie a eu leur peau.
Blah ? Touitter !