Journal de bord

lundi 3 mars 2003

Éditeurs HTML

J’ai codé mes premiers sites à la main dans SimpleText vers 1995, c’était pénible. Après, je suis passé à un éditeur spécialisé, mais toujours pas wysiwyg, qui facilitait pas mal le travail : PageSpinner, qui existe encore aujourd’hui. J’ai testé les tout premiers éditeurs wysiwyg, de vraies catastrophes (Adobe PageMill, Microsoft FrontPage). Puis, il y a eu en 98 la révolution Cyberstudio de l’éditeur Golive et l’avènement Dreamweaver de Macromedia.

Je suis resté avec Cyberstudio qui correspondait bien à mes habitudes de travail. Adobe a racheté la compagnie, et je me suis dit qu’ils faisaient le bon choix.

Aujourd’hui, je dirige un département de création de sites Web et tous les postes carburent avec Golive. On a dans notre portefeuille de dossiers, un site de documentation technique destiné à un intranet. Tout en bon vieux HTML avec dans le cahier des charges une compatibilité avec Netscape 4.04 sous Windows 95 (et oui, même en 2002 ! et c’est pour l’une des plus grosses entreprises françaises). Plusieurs milliers de pages truffées de tableaux de données avec tout plein de colspan et de rowspan. Si nous n’avions pas un outil tel que Golive, mais seulement un BBedit, je démissionnerais tout de suite.

Alors quand je lis aujourd’hui des coups de gueule comme celui de Cybercodeur, je suis partagé entre amusement approbatif et agacement. À quoi bon relancer encore cette gué-guerre? Parfois, à lire certains, je me dis que nous ne vivons pas sur la même planète. Ce débat est vieux comme le wysiwyg, et pas le wysiwyg pour le Web, mais celui pour la PAO au milieu des années 80, quand les photocomposeurs défendaient la supériorité de leur outils fonctionnant à base de balises !

Je pense qu’il ne faut pas être excessif et ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Oui, c’est vrai, les éditeurs wysiwyg permettent, entre des mains inexpérimentées, de concevoir les pires calamités. Oui, les éditeurs wysiwyg ne dispensent pas de l’apprentissage du code, et le marketing qui tente de faire croire le contraire est fallacieux. Mais, non, Golive n’est pas une “petite merde innommable”, c’est un outil très puissant et très complet, et qui permet de faire des prodiges avec des mains expertes. Il a ses imperfections, la pire étant d’être toujours en retard, et son implémentation du XHTML et des CSS est à mon avis bien décevante. Mais c’est un outil indispensable quand il s’agit décliner et de gérer les centaines de pages de gros sites. La vision du code HTML est assez indigeste au bout d’un moment, truffé qu’il est dans nos langues d’entités pour le codage des signes diacritiques, surtout au bout du 100e fichier que vous manipulez dans la journée. Avec le wysiwyg, vous avez une vision assez proche du rendu final et vous pouvez vous concentrer sur un volet qui a son importance : le texte, le contenu, l’ergonomie. De plus, ces usines à gaz comme Golive et Dreamweaver offrent de très puissants outils de gestion de sites, des fonctions rechercher-remplacer au travers l’intégralité du site, sans ouvrir les fichiers et qui fonctionnent autant en mode source qu’en mode prévisualisation, des fonctions de débogage syntaxique du code source et le contrôle des balises employées en fonction du doctype, des outils de travail collaboratif pour les équipes, et j’en passe. Il ne faut pas l’oublier, ce sont aussi des outils de codage à la main très appréciables.

Le wysiwyg a un dernier avantage, économique et stratégique, il permet de confier à des employés moins qualifiés (et moins coûteux) la déclinaison de pages (qui se résume à de la saisie de texte et/ou des copier/coller entre un traitement de texte et Golive) et de décharger les développeurs de ces tâches plus ingrates, afin que ces derniers se concentrent sur le coeur de leur métier et qu’ils ne démissionnent pas au bout de deux semaines. Ainsi, il y a la création et la production, et ce ne sont pas les mêmes métiers. Mais si il y a une grande âme qui veuille bien décliner mes milliers de pages dans BBedit et qui acceptera d’être payée le salaire minimum, je n’y vois pas d’objection.

Pour terminer, quelque soit l’outil, c’est l’utilisateur qui fera la différence.

1. Le 3 mars 2003,
karl

Laurent,

cela fait combien de temps que tu n’as pas utilisé BBedit. :) Je te cite: “outils de gestion de sites, des fonctions rechercher-remplacer au travers l’intégralité du site, sans ouvrir les fichiers et qui fonctionnent autant en mode source qu’en mode prévisualisation, des fonctions de débogage syntaxique du code source et le contrôle des balises employées en fonction du doctype”

Car à part le mode wysiwyg de tout. Mais ce n’est pas tout à fait cela l’important. Tous les outils sans exceptions, ne réussissent pas le pari d’un véritable Web. J’y reviendrais plus tard, il faut que j’aille au Tech Plenary du W3C.

2. Le 3 mars 2003,
Laurent

“Mais ce n’est pas tout à fait cela l’important. Tous les outils sans exceptions, ne réussissent pas le pari d’un véritable Web. J’y reviendrais plus tard.” J’ai parfois l’impression que Karl botte toujours en touche… Il faut toujours qu’il élève le débat dans des stratosphères supérieures ;-) En tout cas, bon voyage.

3. Le 3 mars 2003,
CYBERcodeur

Salut Laurent,

Je suis d’accord avec toi que cette gué-guerre a déjà fait couler suffisamment d’encre (ou d’octets), mais que veux-tu, c’est comme les oppositions entre MAC et PC… c’est voué à un éternel recommencement.

Comme j’ai pris la peine de le mentionner dans la première partie de mon coup de gueule, je n’ai rien contre les gens qui utilisent un éditeur WYSIWYG et qui savent s’en servir. C’est simplement que j’en ai marre de nettoyer du code produit par des incompétents avec des outils de ce genre… je suis un développeur Web, pas une ménagère. Quand je veux faire du ménage, je préfère faire ma vaisselle.

Si vous utilisez GoLive et parvenez à concevoir des pages propres (et je crois suffisamment en toi pour ne pas en douter), conformes aux standards, je ne peux que t’en féliciter. Seulement, contrairement à DW, je n’ai jamais entendu parler de GoLive comme étant un éditeur capable de produitre du code conforme aux normes du Consortium. Je ne demande qu’à être confondu. :)

Mon problème est beaucoup plus lié à l’incompétence d’amateurs qui s’improvisent concepteurs qu’aux instruments eux-mêmes (FrontPage exclu bien sûr). Quand tu passes de nombreuses heures à nettoyer des fichiers de merde, ça a tendance à affecter ton moral :)

4. Le 3 mars 2003,
Laurent

Et bien moi je dis : c’est pas tous les jours drôle d’être développeur Web !

5. Le 4 mars 2003,
Laurent

Avec Golive, c’est comme avec tous les éditeurs, wysiwyg ou pas, il faut être expérimenté pour savoir ce que l’on peut utiliser et ce que l’on ne peut pas. Golive fait du code très propre si on sait l’utiliser et sauf rares exceptions (contenus dynamiques csobj) n’ajoute aucun balisage propriétaire. Mais combien ont pris la peine de lire son épais manuel d’utilisation… Golive est très configurable et permet de se créer un environnement adapté à chaque projet, je n’en demande pas plus. Exemple parmi d’autres : il est possible de supprimer des palettes les fonctions non compatibles avec le doctype déclaré, qui dit mieux ?

6. Le 4 mars 2003,
karl

Je botte pas en touche ;) je suis en plein meeting… journées intéressantes mais pas proche du clavier.

BBedit a un vérificateur de syntaxe, il te permet également d’ajouter la bonne balise en fonction du bon doctype et de même pour chaque attribut sur chaque élément.

Mon propos n’était pas de dire que Golive, Dreamweaver ou BBEdit, etc… sont meilleurs les uns que les autres. Mon propos c’est de dire qu’il y a des choses que l’on peut faire ou pas dépendant du contexte.

Un éditeur HTML pour un auteur Web et un développeur Web ne sera pas forcément le même. Et même en faisant cette dichotomie bien rapide on en oublie encore des possibilités.

Un éditeur HTML wysiwyg actuellement ne fait pas son job. Pourquoi ? Parce-qu’il propose à Monsieur/Madame tout le monde des balises ET c’est complètement absurde.

Un éditeur HTML devrait gérer les paragraphes tout seul, devrait ,par exemple, faire de l’analyse de ton texte quand tu le tapes.

Exemple tu tapes une phrase et il voit à un moment que tu as ouvert des guillemets et que tu les as fermés en mode simple, il ajoute une balise “q” si c’est inline ou “blockquote” si c’est un bloc sans demander à l’utilisateur, voulez-vous ajouter un q ou blockquote.

En mode expert, il devrait envoyer une boite de dialogue, nous avons détecté une citation, avez-vous un auteur dans le texte ? Avez une référence sur le Web, etc. Ainsi il serait d’ajouter automatiquement un markup évolué ainsi que les attributs cite.

C’est cela ce que devrait faire un éditeur HTML pour Mr/mme tout le monde. Il devrait également gérer les feuilles de style tout seul.

Maintenant un éditeur HTML pour un développeur de sites Web en agence… devrait IMHO être un éditeur HTML texte, car lorsque l’on développe des gabarits, des morceaux de sites, il n’y a rien de mieux pour établir la structure d’une page.

Dans les environnements d’édition collaboratifs actuellement, on minimise actuellement les possibilités des auteurs afin de gérer l’uniformité d’un site. Et on reproduit les fonctionnalités sémantiques (même si mal fait) d’un éditeur qui devrait être correct. Exemple l’utilisation des pages Web avec formulaire afin de placer les bons textes aux bon endroits.

Un domaine qui n’est pas standardisé du tout actuellement, et qui est à mon avis dans un grand besoin d’organisation afin de déterminer les pratiques, c’est le domaine des CMS. XHTML 2.0 va dans ce sens pour l’attribut “content editable” qui permet de déterminer ce qui va être authorisé à l’édition.

J’aimerais tant pouvoir en discuter encore et encore.

Dans la réalité du terrain aujourd’hui, il est tout à fait possible de mettre en oeuvre des solutions qui approchent de cela, mais la plupart du temps c’est plus un problème de connaissances, de culture des agences Web. Je me souviens de longues discussions avec les DA de l’agence Web où je travaillais avant.

Avec les intégrateurs HTML, c’était beaucoup plus facile car plus près du code et plus loin des écrans 21”. Un autre problème des agences, la sacralisation des DA, plutôt que de les mettre dans une équipe avec un dialogue de tous les participants, l’intégrateur HTML est souvent dénigré. J’ai toujours tenté d’essayer de faire remonter l’info des intégrateurs afin de rééquilibrer les 2 parties, mais cela demande une volonté politique et un dialogue….. ET UN APPRENTISSAGE.

La plupart des gens ne savent toujours pas faire du Web en agence. Ils connaissent le front-end mais ils ne connaissent pas le pourquoi de l’élément. C’est un peu comme si quelqu’un savait organisé une typo et composé une page avec de jolies couleurs graphismes sans savoir lire et écrire. C’est un peu dommage.

7. Le 3 juillet 2005,
pokémon

hihihi ca marche?

Blah ? Touitter !

Esprit critique

La plupart des blogues carnets francophones se sont fait l’écho de la création d’un nouveau site consacré aux blogues cyber-carnets : PointBlog. L’initiative est tout à fait intéressante mais j’ai cependant un regret : la reprise d’articles traitant du sujet est parfois faite sans esprit critique et sans mise en perspective, se conformant à une unique et seule source sans analyse contradictoire.

C’est ainsi que j’ai sursauté en lisant le billet intitulé “Instapundit le New York Times du blog”. Parler d’Instapundit, c’est assez difficile à éviter lorsque l’on aborde le phénomène blogue carnet, tant il pointe à la 5e place devant Dive into Mark sur le Top Weblogs et qu’il est cité à peu près partout. Mais laisser entendre que c’est l’équivalent du New York Times au niveau de la blogosphère, c’est prêter à ce site une certaine autorité et une certaine vertu journalistique, ce qui n’est en aucun cas la réalité.

Parler d’Instapundit sans parler des opinions politiques de son auteur Glenn Reynolds, auteur que l’on présente comme un expert “aux analyses passionnantes”, et sans parler de l’usage polémiste et politique qu’il fait de son blogue, je trouve cela pour le moins partial et pas sérieux, voire limite scandaleux. Car Glenn Reynolds jouit d’un statut quasi-divin au sein de la tribu des warblogs : son blogue est la tribune et la vitrine par liens interposés de toutes les diatribes vindicatives, de tous les brûlots, de tous les factums inspirés par les faucons va-ten-guerre de l’extrême-droite américaine. Son blogue n’est pas une oeuvre de journaliste, c’est une poubelle propagandiste. Pour parler crûment, la lecture de Instapundit est souvent à gerber. Voilà, ça a le mérite d’être dit. Et j’aurais aimé lire sur Pointblog, que Instapundit, sans ignorer son succès, était (pour le moins) sujet à caution et à controverse.

P.S. Glenn Reynolds serait un libertarien, vous savez comment cette espèce nuisible me fascine… Des doryphores, vite, une sulfateuse !

P.S. bis. À voir :
Warblogger Watch

1. Le 3 mars 2003,
jm
2. Le 4 mars 2003,
Sam

Pointblog illustre parfaitement la tendance lourde du journalisme français (et c’est un ex-journaliste qui le dit) : une incapacité à s’engager dans une opinion ou une critique, et une propension à l’auto-censure automatique bien-pensante. On ne fait que relayer l’information et l’opinion d’un tel, plus éventuellement une opinion antagonsite. À charge au lecteur de trier le bon grain de l’ivraie. Mais il n’en a pas forcément les moyens intellectuels, ni même les moyens tout cours : comment vais-je savoir que Glenn Reynolds, aussi célèbre et influent soit-il, est en fait un vil ’libertarian’, sinon par hasard ?

3. Le 5 mars 2003,
cyril

Je crois au contraire que c’est vous qui commettez l’erreur… Dans la news publiée, l’accent est mis sur la célébrité de l’auteur et le succès de son blog, qui sont tous deux des faits. Pourquoi donnerais-je mon opinion quant a l’intégralité de son contenu ? Je le fait une seule fois, en effet, par rapport à l’analyse de Reynolds sur le blogging en tant que phénomène, qui me semble intéressante. Je ne cherche pas à défendre le discours de Reynolds, mais vos reproches peuvent s’appliquer à vous-même. Cela me choque par exemple que vous le trouviez “scandaleux”, sans étayer vos arguments d’un seul exemple. Et pour répondre à Sam, “À charge au lecteur de trier le bon grain de l’ivraie.” : bien évidemment ! Préfériez-vous des analyses toutes faites, expliquant au lecteur ce qui est bien et mal, et conduisant obligatoirement à l’émergence d’une pensée unique ? Les blogs sont - aussi - là pour apprendre aux lecteurs à se faire leur propre opinion. Vouloir donner le sien est légitime de la part d’un blogger, mais il faut tout de même séparer la réalité du commentaire, ce qui n’est hélas pas le cas de nombreux blogs, mélangeant faits et prises de position…

4. Le 22 mai 2003,
K.

Encore heureux que le journaliste ne fasse que relayer les opinions et ne s’implique pas plus que ça dans la vie de la cité. C’est aux universitaires et aux politiques de propager et défendre des idées. Le journaliste n’est qu’une double paire d’yeux pour voir et d’oreilles pour entendre, couplée à la bouche et aux mains pour raconter. Je ne me vois comme rien de plus qu’un simple témoin qui explique le plus fidèlement ce qu’il a vu, ou plutôt ce qu’il a cru voir. A aucun moment je ne ressens une quelconque légitimité à dire aux autres comment ils doivent comprendre et considérer les choses, malgrè mon tas de diplômes inutiles en science politique Soit en dit en passant, l’action du journaleux sur l’information est loin d’être neutre, de la simple titraille à la hiérarchie de l’info… Enfin, c’est comme ça que moi - à tort ? - je le vois…

Blah ? Touitter !

Retour du meilleur système de jouebs au monde

Capitaine Bonhomme est heureux de vous annoncer le retour du Club Barbie …des jouebs ! Non, non, sérieusement, il se réjouit car il est pour la diversité et la pluralité !