Éditeurs HTML
J’ai codé mes premiers sites à la main dans SimpleText vers 1995, c’était pénible. Après, je suis passé à un éditeur spécialisé, mais toujours pas wysiwyg, qui facilitait pas mal le travail : PageSpinner, qui existe encore aujourd’hui. J’ai testé les tout premiers éditeurs wysiwyg, de vraies catastrophes (Adobe PageMill, Microsoft FrontPage). Puis, il y a eu en 98 la révolution Cyberstudio de l’éditeur Golive et l’avènement Dreamweaver de Macromedia.
Je suis resté avec Cyberstudio qui correspondait bien à mes habitudes de travail. Adobe a racheté la compagnie, et je me suis dit qu’ils faisaient le bon choix.
Aujourd’hui, je dirige un département de création de sites Web et tous les postes carburent avec Golive. On a dans notre portefeuille de dossiers, un site de documentation technique destiné à un intranet. Tout en bon vieux HTML avec dans le cahier des charges une compatibilité avec Netscape 4.04 sous Windows 95 (et oui, même en 2002 ! et c’est pour l’une des plus grosses entreprises françaises). Plusieurs milliers de pages truffées de tableaux de données avec tout plein de colspan et de rowspan. Si nous n’avions pas un outil tel que Golive, mais seulement un BBedit, je démissionnerais tout de suite.
Alors quand je lis aujourd’hui des coups de gueule comme celui de Cybercodeur, je suis partagé entre amusement approbatif et agacement. À quoi bon relancer encore cette gué-guerre? Parfois, à lire certains, je me dis que nous ne vivons pas sur la même planète. Ce débat est vieux comme le wysiwyg, et pas le wysiwyg pour le Web, mais celui pour la PAO au milieu des années 80, quand les photocomposeurs défendaient la supériorité de leur outils fonctionnant à base de balises !
Je pense qu’il ne faut pas être excessif et ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Oui, c’est vrai, les éditeurs wysiwyg permettent, entre des mains inexpérimentées, de concevoir les pires calamités. Oui, les éditeurs wysiwyg ne dispensent pas de l’apprentissage du code, et le marketing qui tente de faire croire le contraire est fallacieux. Mais, non, Golive n’est pas une “petite merde innommable”, c’est un outil très puissant et très complet, et qui permet de faire des prodiges avec des mains expertes. Il a ses imperfections, la pire étant d’être toujours en retard, et son implémentation du XHTML et des CSS est à mon avis bien décevante. Mais c’est un outil indispensable quand il s’agit décliner et de gérer les centaines de pages de gros sites. La vision du code HTML est assez indigeste au bout d’un moment, truffé qu’il est dans nos langues d’entités pour le codage des signes diacritiques, surtout au bout du 100e fichier que vous manipulez dans la journée. Avec le wysiwyg, vous avez une vision assez proche du rendu final et vous pouvez vous concentrer sur un volet qui a son importance : le texte, le contenu, l’ergonomie. De plus, ces usines à gaz comme Golive et Dreamweaver offrent de très puissants outils de gestion de sites, des fonctions rechercher-remplacer au travers l’intégralité du site, sans ouvrir les fichiers et qui fonctionnent autant en mode source qu’en mode prévisualisation, des fonctions de débogage syntaxique du code source et le contrôle des balises employées en fonction du doctype, des outils de travail collaboratif pour les équipes, et j’en passe. Il ne faut pas l’oublier, ce sont aussi des outils de codage à la main très appréciables.
Le wysiwyg a un dernier avantage, économique et stratégique, il permet de confier à des employés moins qualifiés (et moins coûteux) la déclinaison de pages (qui se résume à de la saisie de texte et/ou des copier/coller entre un traitement de texte et Golive) et de décharger les développeurs de ces tâches plus ingrates, afin que ces derniers se concentrent sur le coeur de leur métier et qu’ils ne démissionnent pas au bout de deux semaines. Ainsi, il y a la création et la production, et ce ne sont pas les mêmes métiers. Mais si il y a une grande âme qui veuille bien décliner mes milliers de pages dans BBedit et qui acceptera d’être payée le salaire minimum, je n’y vois pas d’objection.
Pour terminer, quelque soit l’outil, c’est l’utilisateur qui fera la différence.
karl
Laurent,
cela fait combien de temps que tu n’as pas utilisé BBedit. :) Je te cite: “outils de gestion de sites, des fonctions rechercher-remplacer au travers l’intégralité du site, sans ouvrir les fichiers et qui fonctionnent autant en mode source qu’en mode prévisualisation, des fonctions de débogage syntaxique du code source et le contrôle des balises employées en fonction du doctype”
Car à part le mode wysiwyg de tout. Mais ce n’est pas tout à fait cela l’important. Tous les outils sans exceptions, ne réussissent pas le pari d’un véritable Web. J’y reviendrais plus tard, il faut que j’aille au Tech Plenary du W3C.
Laurent
“Mais ce n’est pas tout à fait cela l’important. Tous les outils sans exceptions, ne réussissent pas le pari d’un véritable Web. J’y reviendrais plus tard.” J’ai parfois l’impression que Karl botte toujours en touche… Il faut toujours qu’il élève le débat dans des stratosphères supérieures ;-) En tout cas, bon voyage.
CYBERcodeur
Salut Laurent,
Je suis d’accord avec toi que cette gué-guerre a déjà fait couler suffisamment d’encre (ou d’octets), mais que veux-tu, c’est comme les oppositions entre MAC et PC… c’est voué à un éternel recommencement.
Comme j’ai pris la peine de le mentionner dans la première partie de mon coup de gueule, je n’ai rien contre les gens qui utilisent un éditeur WYSIWYG et qui savent s’en servir. C’est simplement que j’en ai marre de nettoyer du code produit par des incompétents avec des outils de ce genre… je suis un développeur Web, pas une ménagère. Quand je veux faire du ménage, je préfère faire ma vaisselle.
Si vous utilisez GoLive et parvenez à concevoir des pages propres (et je crois suffisamment en toi pour ne pas en douter), conformes aux standards, je ne peux que t’en féliciter. Seulement, contrairement à DW, je n’ai jamais entendu parler de GoLive comme étant un éditeur capable de produitre du code conforme aux normes du Consortium. Je ne demande qu’à être confondu. :)
Mon problème est beaucoup plus lié à l’incompétence d’amateurs qui s’improvisent concepteurs qu’aux instruments eux-mêmes (FrontPage exclu bien sûr). Quand tu passes de nombreuses heures à nettoyer des fichiers de merde, ça a tendance à affecter ton moral :)
Laurent
Et bien moi je dis : c’est pas tous les jours drôle d’être développeur Web !
Laurent
Avec Golive, c’est comme avec tous les éditeurs, wysiwyg ou pas, il faut être expérimenté pour savoir ce que l’on peut utiliser et ce que l’on ne peut pas. Golive fait du code très propre si on sait l’utiliser et sauf rares exceptions (contenus dynamiques csobj) n’ajoute aucun balisage propriétaire. Mais combien ont pris la peine de lire son épais manuel d’utilisation… Golive est très configurable et permet de se créer un environnement adapté à chaque projet, je n’en demande pas plus. Exemple parmi d’autres : il est possible de supprimer des palettes les fonctions non compatibles avec le doctype déclaré, qui dit mieux ?
karl
Je botte pas en touche ;) je suis en plein meeting… journées intéressantes mais pas proche du clavier.
BBedit a un vérificateur de syntaxe, il te permet également d’ajouter la bonne balise en fonction du bon doctype et de même pour chaque attribut sur chaque élément.
Mon propos n’était pas de dire que Golive, Dreamweaver ou BBEdit, etc… sont meilleurs les uns que les autres. Mon propos c’est de dire qu’il y a des choses que l’on peut faire ou pas dépendant du contexte.
Un éditeur HTML pour un auteur Web et un développeur Web ne sera pas forcément le même. Et même en faisant cette dichotomie bien rapide on en oublie encore des possibilités.
Un éditeur HTML wysiwyg actuellement ne fait pas son job. Pourquoi ? Parce-qu’il propose à Monsieur/Madame tout le monde des balises ET c’est complètement absurde.
Un éditeur HTML devrait gérer les paragraphes tout seul, devrait ,par exemple, faire de l’analyse de ton texte quand tu le tapes.
Exemple tu tapes une phrase et il voit à un moment que tu as ouvert des guillemets et que tu les as fermés en mode simple, il ajoute une balise “q” si c’est inline ou “blockquote” si c’est un bloc sans demander à l’utilisateur, voulez-vous ajouter un q ou blockquote.
En mode expert, il devrait envoyer une boite de dialogue, nous avons détecté une citation, avez-vous un auteur dans le texte ? Avez une référence sur le Web, etc. Ainsi il serait d’ajouter automatiquement un markup évolué ainsi que les attributs cite.
C’est cela ce que devrait faire un éditeur HTML pour Mr/mme tout le monde. Il devrait également gérer les feuilles de style tout seul.
Maintenant un éditeur HTML pour un développeur de sites Web en agence… devrait IMHO être un éditeur HTML texte, car lorsque l’on développe des gabarits, des morceaux de sites, il n’y a rien de mieux pour établir la structure d’une page.
Dans les environnements d’édition collaboratifs actuellement, on minimise actuellement les possibilités des auteurs afin de gérer l’uniformité d’un site. Et on reproduit les fonctionnalités sémantiques (même si mal fait) d’un éditeur qui devrait être correct. Exemple l’utilisation des pages Web avec formulaire afin de placer les bons textes aux bon endroits.
Un domaine qui n’est pas standardisé du tout actuellement, et qui est à mon avis dans un grand besoin d’organisation afin de déterminer les pratiques, c’est le domaine des CMS. XHTML 2.0 va dans ce sens pour l’attribut “content editable” qui permet de déterminer ce qui va être authorisé à l’édition.
J’aimerais tant pouvoir en discuter encore et encore.
Dans la réalité du terrain aujourd’hui, il est tout à fait possible de mettre en oeuvre des solutions qui approchent de cela, mais la plupart du temps c’est plus un problème de connaissances, de culture des agences Web. Je me souviens de longues discussions avec les DA de l’agence Web où je travaillais avant.
Avec les intégrateurs HTML, c’était beaucoup plus facile car plus près du code et plus loin des écrans 21”. Un autre problème des agences, la sacralisation des DA, plutôt que de les mettre dans une équipe avec un dialogue de tous les participants, l’intégrateur HTML est souvent dénigré. J’ai toujours tenté d’essayer de faire remonter l’info des intégrateurs afin de rééquilibrer les 2 parties, mais cela demande une volonté politique et un dialogue….. ET UN APPRENTISSAGE.
La plupart des gens ne savent toujours pas faire du Web en agence. Ils connaissent le front-end mais ils ne connaissent pas le pourquoi de l’élément. C’est un peu comme si quelqu’un savait organisé une typo et composé une page avec de jolies couleurs graphismes sans savoir lire et écrire. C’est un peu dommage.
pokémon
hihihi ca marche?
Blah ? Touitter !